Dune 2 : les 3 (gros) problèmes que la suite doit régler pour être encore meilleure

La Rédaction | 26 février 2024 - MAJ : 28/02/2024 18:42
La Rédaction | 26 février 2024 - MAJ : 28/02/2024 18:42

Alors que Dune: Deuxième Partie arrive, retour sur le premier Dune sorti en 2021. Quels sont les problèmes et défauts qu'on aimerait que la suite règle ?

C'est le premier blockbuster digne de ce nom en 2024, perdu entre Madame Web et Godzilla x Kong : Le nouvel Empire pour rappeler à quoi peut parfois servir l'argent des studios hollywoodiens. Loin de l'ambiance Covid du premier Dune en 2021, qui avait été forcément freiné au box-office, Dune 2 a le champ libre pour embraser les sables d'Arrakis imaginés par Frank Herbert.

 

Notre avis en vidéo sur Dune 2

 

Et la sortie de Dune: Deuxième Partie avec Timothée Chalamet et Zendaya est l'occasion de refaire un point sur le premier film réalisé par Denis Villeneuve. À l'époque, on l'avait aimé, mais avec pas mal de débats dans l'équipe sur les faiblesses et problèmes, notamment sur la question de l'adaptation.

On revient donc sur 3 problèmes que Dune 2 devrait régler.

PS : on a vu Dune 2 (lire notre critique), mais cet article a été rédigé avant

 

Retrouvez notre vidéo-débat sur le premier film Dune :

 

1. développer les personnages, vraiment

Si Dune est réputé inadaptable, ce n'est pas uniquement à cause de sa temporalité particulière, de la singularité de son univers ou de la profondeur des thématiques qu'il déploie. Le problème vient également de la structure narrative et du nombre de personnages. Ayant à coeur d'approfondir la complexité politique de son récit, Herbert avait pris soin de développer fifres et sous-fifres, leaders en puissance et figures de l'ombre. À l'écrit, ils n'ont pas tous forcément beaucoup de chapitres pour eux. Mais ils ont la place pour exister. Au cinéma, non seulement la durée disponible est réduite, mais il faut en plus gérer l'exposition. Une difficulté dans laquelle Lynch s'était pris les pieds à l'époque.

Bien que Villeneuve ait une approche forcément plus pragmatique, sa volonté de respecter le roman à tout prix se retourne un peu contre lui. On aurait pu s'attendre à voir le nombre de personnages diminuer, les rôles étant redistribués, mais le cinéaste et ses co-scénaristes Eric Roth (pourtant auteur de Killers of the Flower Moon) et Jon Spaihts, ont choisi de garder tout le monde à bord, quitte à sacrifier leur épaisseur. Avantage marketing indéniable en revanche : c'est l'occasion d'engager la moitié des gros bonnets hollywoodiens.

 

Dune : photo, Oscar Isaac, Josh Brolin, Stephen McKinley HendersonPersonnages secondaires, arise !

 

C'est simple : les personnages ont pour la plupart une scène en commun, si bien que certains n'ont que quelques minutes de présence à l'écran. Une structure narrative extrêmement mécanique, qui dilue tout de même beaucoup l'implication émotionnelle du spectateur. Difficile de s'émouvoir du sacrifice de Duncan Idaho, quand celui-ci a à peine eu le temps d'échanger quelques répliques. Quant à Thufir Hawat, personnage artificiel clé du roman, il est relégué à l'arrière-plan et c'est bien dommage, puisqu'il est incarné par le très bon Stephen McKinley Henderson.

 

Dune: Deuxième Partie : photo, Léa SeydouxIl y a quand même un risque

 

Heureusement, la suite a peu de chances de commettre les mêmes erreurs, pour la simple et bonne raison que les enjeux y sont plus resserrés. Certes, de nouveaux personnages font leur apparition, comme le fameux Feyd-Rautha, mais la maison Atréides étant écartée de l'équation et Paul ayant définitivement trouvé refuge chez les Fremen, la guerre est beaucoup plus directe. Plus question de dérouler les intrigues politiques et de se perdre dans l'exposition. L'antagoniste est là. Reste à voir comment Villeneuve et ses équipes vont gérer l'ascension du héros, un sacré défi scénaristique.

 

Dune: Deuxième Partie : photo, Timothée Chalamet, Austin ButlerEn garde

 

2. mieux utiliser la musique de hans zimmer

Ça fait des années (décennies) que le nom de Hans Zimmer provoque de vifs débats. Hormis ses collaborations à peu près irréprochables avec Christopher Nolan (et encore, on sait que ça va débattre dans les commentaires), le musicien superstar est constamment critiqué pour ses tics, ses méthodes et ses recyclages. Normal : Hollywood semble penser qu'il est le seul compositeur dispo (avec Alexandre Desplat) depuis trop longtemps. On avait d'ailleurs consacré un podcast entier à Hans Zimmer d'ailleurs.

Dune était un projet de rêve pour lui, à tel point qu'il a justement préféré abandonner Tenet de Christopher Nolan pour aller sur Arrakis avec Denis Villeneuve (il avait déjà co-composé la BO de Blade Runner 2049 avec Benjamin Wallfisch). Et il a pris la mission très au sérieux, avec une ambition aux airs d'aveu d'échecs passés : la BO de Dune ne devait pas ressembler à ses autres BO.

 

 

Hans Zimmer voulait des instruments et des sonorités inhabituelles pour le cinéma hollywoodien, et il a passé des mois à chercher et expérimenter afin de retranscrire au mieux l'univers extraterrestre de Frank Herbert – une ambition semblable à celle d'Interstellar à ce niveau. Avec l'aide de Steve Mazzaro et David Fleming, et bien sûr du réalisateur (l'idée des cornemuses pour le thème des Atréides, c'est Villeneuve), il a donc composé l'une de ses BO les plus intéressantes depuis ses collaborations avec Christopher Nolan.

Mais bien sûr, la musique de Dune a divisé. Au-delà des oreilles insensibles aux mélodies brouhahas de Hans Zimmer, la BO n'a pas vraiment le goût alien que le musicien semblait viser. Entre la voix entêtante du morceau Gom Jabbar, les percussions de Leaving Caladan, la douceur de Visions of Chani et The One, et la brutalité un peu chaotique de Arrakeen (proche de certaines musiques de Blade Runner 2049), il y a beaucoup de choses familières dans Dune. Ripples in the Sand résume assez bien cette sensation de best of Zimmer en quelques minutes.

 

 

Pourtant, il y a aussi des morceaux un peu magiques dans Dune. La lente montée en puissance de Herald of a Change est très belle, la fin de Sandstorm donne des frissons, Stillsuits embrasse parfaitement la dimension d'aventure mystique, et Paul's Dream condense en 7 minutes tout le meilleur et parfois le pire du style de Hans Zimmer – les excès font partie du jeu.

Que demander de Dune 2 ? Peut-être un meilleur équilibre entre les percussions guerrières et les envolées lyriques, les silences d'Arrakis et les nappes sonores spectaculaires. En somme, une meilleure utilisation du travail de Hans Zimmer, et un meilleur contrôle de son langage. Davantage de moments où la musique sera réellement au centre de la scène, et moins où elle sert d'habillage sensationnel un peu assommant.

Avec la trajectoire du messie Paul Atréides, la culture fremen, les manigances politiques et les affrontements titanesques du livre, Dune 2 a beaucoup plus de facettes que le premier. Ne reste plus qu'à espérer que la BO sera aussi riche que ce programme, et que Denis Villeneuve aura mieux dompté la bête Zimmer. Comme Christopher Nolan en son temps.

 

 

3. Plus grand, plus fort, plus fou

C'est l'un des problèmes inhérents à l'adaptation de Dune : le premier livre de Frank Herbert est lui-même divisé en deux parties, et la première a le devoir de développer toute l'exposition et la chute de la maison Atréides. Même si le niveau de concision et de précision de Villeneuve s'est révélé impressionnant, on sent aussi que cette approche a un peu coûté à l'échelle du long-métrage.

On pourrait même dire que le réalisateur a retenu quelques coups de manière stratégique. Au sein de la myriade d'informations du premier film, Dune 2 a le devoir de développer l'ambiance et l'exotisme si particuliers du livre, à commencer du côté de la maison Harkonnen, dont l'esthétique très marquée de la planète et de son architecture tranche avec le reste de l'univers. Pas simple de passer après les expérimentations biomécaniques d'H.R. Giger et d'Alejandro Jodorowsky, mais la promesse d'une séquence en noir et blanc et l'aspect brutaliste de la production design laisse espérer le meilleur.

 

Dune: Deuxième Partie : photoSession ménage

 

Plus généralement, Villeneuve a dû faire ses preuves avec le premier volet et, d'un point de vue technique et budgétaire, Dune 2 devrait avoir plus à offrir en ce qui concerne l'action et l'épique. Le plan avec les trois vers des sables fondant sur l'armée Sardaukar a suffi à rassurer sur ce point, montrant que le cinéaste semble plus à l'aise avec ses outils et son approche technologique.

Si le premier Dune était déjà formaté pour l'IMAX (au travers de caméras numériques labellisées), Dune 2 ajoute à son arsenal l'Alexa 65, l'une des caméras les plus en vogue du marché (et la Rolls-Royce pour le tournage en IMAX numérique). Dans la lignée de Christopher Nolan, Villeneuve se rêve en nouveau prophète du format large, et son méga-blockbuster sur les terres arides d'Arrakis pourrait bien être parfait pour ça.

Tout savoir sur Dune: Deuxième Partie

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commentaires

28/02/2024 à 07:04

Un article qui appuie la réussite finale des deux volets, la deuxième partie pouvant être considéré d’après moi comme une réussite d’un point de vue de la progression du héros, et surtout de la représentation des Harkonnen (le principal atout même du deuxième volet). Pas d’accord en revanche sur la musique, le premier volet était déjà fantastique en termes de design sonore

Dune pierre 2 coups
27/02/2024 à 11:06

Et du coup, vous pensez que Dune 2 a réglé ces 3 gros problèmes ?
Question rhétorique, car vu la critique de Dune 2 je pense que ou, mais juste pour confirmation ?

Dune pierre 2 coups
26/02/2024 à 20:29

Ah ok, le titre prête un peu à confusion : j'ai cru que ça parlait des "défauts" de Dune 2, et de ce que devrait être Dune 3 (Le Messie, s'il est produit) pour être meilleur...