Avant Le Seigneur des anneaux et King Kong, les débuts sales, gores et méchants de Peter Jackson

Ange Beuque | 2 novembre 2023
Ange Beuque | 2 novembre 2023

Si vous avez pleuré devant l'étreinte de Sam et Frodon sur le versant enflammé de la montagne du Destin, vous pouvez rendre grâce à Bad Taste... bien que le premier film de Peter Jackson n'ait au premier abord pas grand-chose à voir avec Le Seigneur des Anneaux ! Ce coup d'essai fauché prend la forme d'un monument de bis dopé au système D. Sale, féroce, mais surtout virtuose, il suinte le cinéma par tous ses pores sanguinolents.

Aux spectateurs qui ne connaîtraient de Peter Jackson que la délicatesse d'un Créatures Célestes, la sensiblerie de Lovely Bones ou la démesure du Hobbit, Bad Taste risque de faire un choc. Pour son premier long, le Néo-Zélandais a en effet choisi la voie d'une comédie horrifique de science-fiction réalisée avec trois bouts de chandelles.

Finalisé en 1987 après plusieurs années de développement, cet ovni sanguinolent atterrit au marché du film de Cannes, où son ambition le fait remarquer au-delà de sa patine rustique. Bad Taste sera finalement distribué dans le monde entier et entame une tournée des festivals qui lui confère une certaine aura parmi les amateurs de fantastique décomplexé. Il fait surtout office de faire-part pour la naissance d'un réalisateur majeur.

 

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L'authenticité du système D

En lançant le film, mieux vaut faire le deuil des batailles impliquant des milliers de figurants, des décors grandioses et des CGI révolutionnaires. Il est plutôt inhabituel d'être doté de fonds substantiels pour une première réalisation, et même un cinéaste devenu aussi éminent que Peter Jackson n'échappe pas à la règle. Bad Taste est d'ailleurs pensé à l'origine comme un court-métrage d'une dizaine de minutes intitulé Roast of the Day ("Rôti du jour").

Emporté par son élan, il décide finalement d'en faire un long. Sauf que les moyens pour le mener à bien ne connaissent pas d'extension proportionnelle à l'allongement de sa durée : le budget initial n'est que de 25.000 dollars, même si la respectable commission cinématographique néo-zélandaise mettra au pot pour permettre sa finalisation.

 

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Avec ces moyens minuscules, Peter Jackson se retrouve logiquement en première ligne... mais également en deuxième, aux arrières-postes et à la logistique. Jugez du peu : réalisateur bien sûr, mais aussi producteur, directeur de la photographie, créateur des effets spéciaux, coscénariste et principal artisan du montage. Le tournage se déroule dans les environs du village où il a grandi, Pukerua Bay, au nord de Wellington. En plus de rétribuer les bénévoles avec de généreuses plâtrées de haricots, maman Jackson prête son four pour la cuisson des masques alien.

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commentaires
Bad Taste
03/11/2023 à 11:54

J’aime bien ce film.

shion
03/11/2023 à 07:09

Ahhhhh la bonne époque que de souvenir ^^

Franken
02/11/2023 à 18:54

Avant d'être une ode à la passion, à la débrouillardise et à une certaine forme de subversion, c'est avant tout le film d'une époque.
Qui permettait à des films de potes de trouver leur place dans des salles de ciné.
Et cette affiche !

Cidjay
02/11/2023 à 17:24

J'adore Bad taste, mais je préfère de loin Braindead ! dans le genre film débilo Gore, on ne fait pas mieux !

Stivostine
02/11/2023 à 17:01

"cet ovni sanguinolent atterrit au marché du film de Cannes"
Je m'en souviens encore, on avance dans le hall du palais et sur la droite une petite TV avec cette BA de 10mn complètement barrée, un gros choc pour une grosse attente, c'était en mai et je crois que le film est sorti en aout l'année d'après.

Nono a bons goûts
02/11/2023 à 14:12

Marrant aussi le chemin chrono pour un vieux qui a vécu ça. Ça ne surprenait pas tant que ça ceux qui avaient vu du Ray Harryhausen chez PJ dans ses chorégraphies gores extrêmement travaillées.

Ray Peterson
02/11/2023 à 13:30

Même si le film a méchamment vieilli, quelle prouesse quand même de mener ce projet jusqu'au bout! Des idées folles, des plans souvent de malade et un jeu de comédiens méga outrancier! Ça c'est Bad Taste. Et quand tu penses que le bonhomme va réaliser ensuite The Feebles et l'incroyable Braindead pfffff. Un artiste était vraiment né!

D'ailleurs c'est toujours l'éternel arlésienne pour que ces 3 premiers films sortent en Blu-ray dans des éditions convenables.