Evil Dead : notre classement de la saga, du pire au meilleur

La Rédaction | 22 avril 2023
La Rédaction | 22 avril 2023

A l'occasion de la sortie d'Evil Dead Rise, petit retour sur chaque opus de la saga initiée par Sam Raimi et Bruce Campbell.

"Hail to the king, baby !" Plusieurs dizaines d'années après le tournage à l'économie du grand classique de Sam Raimi, la saga Evil Dead continue d'éclabousser nos écrans. Comme à son habitude, la rédaction saisit l'excuse du classement pour revenir sur les aventures de Ash, Mia et Beth. Difficile d'ordonner des films parfois tout aussi joussifs les uns que les autres, la franchise ne comportant miraculeusement aucune brebis galeuse. L'équipe s'est donc affrontée à coups de tronçonneuses et de fusils à canon scié pour trouver un compromis, qui ne pourra jamais vraiment rendre justice à l'inventivité de ce festival de tripailles.

A noter que l'excellente série Ash vs Evil Dead, déjà largement chroniquée sur Ecran Large, ne fait pas partie de la sélection, pas plus que le jeu vidéo ou la comédie musicale (oui, ça existe). Cet article s'attarde uniquement sur les longs-métrages

 

 

5. Evil Dead Rise

Sortie : 2023 - Durée : 1h37

 

Evil Dead Rise : photo, Alyssa SutherlandMaman j'ai raté la leçon

 

Evil Dead Rise n'est pas si mauvais que ça. Le réalisateur et scénariste Lee Cronin (The Only Child) assure la mission avec un savoir-faire certain, et aligne en 90 minutes tous les morceaux attendus. En quittant la forêt pour s'installer dans un vieil immeuble en ville, il joue avec un décor urbain inédit dans la saga, et un véritable huis-clos. Et en se concentrant sur une famille avec une double histoire de maternité, il déplace les thématiques sur un nouveau terrain. Il ramène même un peu de cet humour noir à la Sam Raimi.

Mais si Evil Dead Rise n'est probablement pas un mauvais film d'horreur, c'est certainement un mauvais Evil Dead. Avec ses personnages d'ados sortis d'une mauvaise série Netflix, ses thématiques lourdingues et lourdement sous-développées, ses seconds rôles tellement transparents qu'ils sont réduits à deux scènes, et sa construction complètement artificielle (le flashforward du début), le film échoue là où tous les précédents avaient réussi : Evil Dead ressemble d'un coup à un simple film d'horreur, gentiment basique. C'est d'autant plus triste que le décor est sous-exploité, malgré la belle photo de Dave Garbett (déjà sur Evil Dead 2013 et la série Ash vs Evil Dead).

 

Evil Dead Rise : photo, Lily SullivanQuand t'as raté ton créneau pour la 6ème fois

 

Il y a plus de chair et de sang que dans Scream 72, mais au fond, c'est la même tambouille. Car Evil Dead Rise sait que son grand (seul) argument est précisément le gore. et mise tout dessus. Mais même là, c'est un petit échec, la faute à des effets trop numériques, et surtout un scénario qui tourne tellement en rond que la tension disparaît aussi vite que la joie de vivre des héroïnes. Il y a alors le sentiment que le film fait du surplace et que les démons prennent la pose, sans retrouver de folie furieuse et sauvage.

Evil Dead Rise ressemble finalement à l'antithèse du Evil Dead de 2013, en tombant dans quasiment tous les pièges que le remake avait évité (et en essayant pourtant de refaire quelques scènes, évidemment beaucoup moins bien).

 

4. evil dead 3 : L'Armée des ténèbres

Sortie : 1993 - Durée : 1h28

 

Evil Dead 3 - L'Armée des ténèbres : photo, Bruce CampbellAsh Got a Gun

 

A l'origine, Evil Dead 2 aurait dû raconter les événements de L'Armée des ténèbres, en envoyant Ash en l'an 1300 pour combattre les forces du Mal. Face à l'ambition du projet (et les craintes de Dino de Laurentiis), il a fallu attendre le succès du deuxième volet pour donner suite à son étonnant cliffhanger.

De ce contraste entre cette toile de fond moyenâgeuse et les manières très directes de son héros venu du futur, Evil Dead 3 assume encore plus que son prédécesseur d'être une comédie. Autant dire que le public en a été quelque peu surpris lors de la sortie du long-métrage, et que son rythme global se perd parfois dans l'énergie de ses péripéties. Néanmoins, Raimi pousse dans ses retranchements la dimension cartoonesque de sa saga. Après avoir mutilé et malmené Ash, le corps malléable de Bruce Campbell en vient à se démultiplier, autant avec sa version maléfique qu'avec des excroissances miniatures. 

 

Army of Darkness : photoLes plus beaux

 

L'Armée des ténèbres en devient justement un film sur l'hybridation, sur le mélange des formes et des matières. Avec sa caméra qui s'accroche aux points de vue et aux angles les plus improbables, Sam Raimi se permet tout, d'une transformation de voiture en machine de guerre à un hommage flamboyant à Ray Harryhausen.

Mais surtout, derrière la comédie et la folie de son univers débridé, il fait d'Ash un vrai anti-héros. D'abord désagréable, menteur et égoïste, le personnage de Bruce Campbell a droit à un véritable arc d'évolution et de rédemption, sans perdre pour autant son côté sale gosse. Pas étonnant que les répliques les plus cultes de L'Armée des ténèbres aient été reprises par la suite pour leur aspect badass un peu kéké, notamment dans la franchise Duke Nukem. C'est parfois un peu foutraque, mais la générosité de cet Evil Dead 3 compense largement ses carences.

 

3. Evil Dead, le remake

Sortie : 2013 - Durée : 1h31

 

Evil Dead : photoWhy so serious ?

 

Le film ayant, comme tout remake, forcément divisé, sa présence sur le podium devant L'Armée des ténèbres ressemble à un sacrilège. Néanmoins, 10 ans après sa sortie, Evil Dead version Fede Alvarez reste l'un des films d'horreur américains les plus radicaux de son temps et un exemple de détournement horrifique quasi parfait.

Il n'avait pourtant rien pour lui à l'époque. Un recyclage à 17 millions de dollars d'un classique qui tire son génie artisanal de sa production fauchée et de la passion de ses auteurs, supervisé par un cinéaste uruguayen presque inconnu au bataillon ? Le tout au premier degré et sans le jeu en roue libre de Bruce Campbell ? Et puis quoi encore ? Sauf que c'est justement ce choix de prendre le contrepied total d'Evil Dead 2 et 3 qui en fait un grand film jusqu'au-boutiste, transformant la violence cartoonesque traditionnellement affiliée à la trilogie en orgie gore apocalyptique et même parfois carrément épique.

 

Evil Dead : photoThere will be blood

 

Les astres se sont alignés. La photo cradingue de Aaron Morton, la musique magistrale de Roque Baños, usant aussi bien de sons d'alarme que de coeurs entrainants (sans compter le tango), et surtout les effets sanglants ahurissants, pour la plupart réalisés sur place, sont à jamais des références dans le domaine... Tout converge, avec en ligne de mire rien de moins qu'une expérience de cinéma d'horreur absolue, un bain de sang au sens propre du terme. Et Alvarez de trouver une beauté pourrissante dans l'imagerie du genre, beauté qu'on cherche encore dans l'industrie américaine.

Chose rare : même le scénario participe à cette quête d'une mythologie horrifique chimiquement pure, usant du thème du sevrage et du cauchemar qu'il peut entrainer comme d'un prétexte pour imposer à son héroïne un authentique aller-retour en enfer. Sauf qu'elle ramène bien sûr l'enfer avec elle lors d'un final mémorable, culminant avec un plan de tronçonnage qui a fait date. De quoi ériger Mia et son interprète Jane Levy en nouvelles égéries du genre... Le temps d'un seul film, malheureusement.

Pourquoi Evil Dead est un remake quasi-parfait.

 

2. Evil Dead

Sortie : 1981 - Durée : 1h20

Evil Dead : Photo Bruce CampbellEt ce n'est que le début...
 

La conception d'Evil Dead a été si rocambolesque, et a demandé tellement de persévérance, de débrouillardise et de passion qu'elle aurait sa place dans n'importe quel guide de développement personnel. Si son scénario particulièrement sadique déverse des litres de faux sang sur ce pauvre Ash, Evid Dead n'en reste pas moins une belle histoire inspirante qui a commencé avec un budget dérisoire de 375 000 dollars (grappillés au terme d'une longue campagne de financement), et s'est terminé à Cannes avec l'approbation d'un certain Stephen King et l'attention de tout un cercle de cinéphiles.

C'était alors l'avènement d'un cinéaste malin et talentueux  – tellement qu'on s'est demandé si Sam Raimi avait déjà réalisé un seul mauvais film  mais aussi d'un sous-genre de l'horreur et du fantastique plus généreux et débridé. Dans ce premier volet fondateur, le réalisateur a posé les bases d'une mythologie qui a depuis été sans cesse réactualisée, mais aussi d'un style visuel et narratif particulièrement marqué qu'il portera au sommet avec Evil Dead 2.

 

Evil Dead : photo, Bruce CampbellLes choix de points de vue sont une autre force indéniable de Raimi 

Ce recours au système D et à l'expression "faire avec trois bouts de ficelles" a étendu le tournage sur 12 semaines et n'a pas été de tout repos, mais a permis au cinéaste de tirer profit de nombreuses limites techniques pour un rendu alors unique et novateur. Les meilleurs exemples sont ces travellings avant au ras du sol, où la caméra est personnifiée pour incarner et rendre tangible un Mal invisible, ou bien le procédé de la shaky cam qui a été baptisé à l'occasion et donne (comme le montage) son tempo infernal au film. Ainsi, les expérimentations et astuces de l'équipe sont autant d'anecdotes passionnantes qui justifient tous les superlatifs employés pour parler du film et de ce qu'il a apporté au 7e art.

Ce rejet de l'immobilisme, du cadrage académique, ou plus globalement d'un quelconque classicisme renvoie aussi à l'écran une frénésie et un chaos sans temps morts, qui illustrent parfaitement le calvaire des protagonistes. Si quelques clins d'oeil aux cartoons de Chucks Jones sont déjà perceptibles dans le jeu physique des acteurs, Evil Dead reste cependant une proposition sérieuse, encore loin du second degré et de l'humour slapstick de son successeur, ce qui a tendance à souligner davantage ses faiblesses. Néanmoins, si Evil Dead avait tout pour se casser les dents, Sam Raimi a fait preuve d'une maîtrise encore saluée et permis à son oeuvre de rejoindre les classiques adulés et pionniers du genre. 

 

1. Evil Dead 2

Sortie : 1987 - Durée : 1h25

 

Evil Dead 2 : photo, Bruce CampbellHache vs Evil Dead

 

S'il a des airs de remake déguisé, Evil Dead 2 est pourtant bien une suite du coup d'essai de Sam Raimi. Problème : New Line Cinema, détentrice des droits du premier film, a refusé que le cinéaste puisse réutiliser des plans pour le deuxième opus. C'est pourquoi le "récapitulatif" qui démarre Evil Dead 2 n'en est pas vraiment un, et réduit le nombre de personnages pour littéralement propulser Ash dans un univers de cartoon.

Qu'importe donc ce petit hoquet introductif, puisque l'histoire a retenu qu'Evil Dead 2 est non seulement le meilleur volet de la saga, mais aussi une relecture encore plus inventive de l'original. En mêlant cette fois l'horreur à un humour de slapstick assumé, Raimi a réinventé un genre tout entier avec une furie expérimentale. Au-delà de son amour pour le caoutchouc et les geysers de sang, l'auteur convoque la malice du cinéma des premiers temps, comme un retour aux sources cocaïné qui ne se prive d'aucune outrance.

 

Evil Dead 2 : photo, Bruce CampbellSe couper avec une feuille de papier

 

Difficile aujourd'hui de ne pas retenir ce regard-caméra halluciné de Bruce Campbell en pleine démence, avant que les travellings improbables et les caméras débullées de Raimi ne subliment les élans burlesques de sa performance. En abordant une dimension lovecraftienne (et la folie inévitable de personnages dépassés par leur expérience du surnaturel) sur le ton de la blague, Evil Dead 2 en est aussi plaisant que dérangeant.

Ash devient ce bout de viande malmené d'une péripétie à l'autre, contraint à l'auto-mutilation et à la mutation entre les murs de cette cabane maudite. Tandis que l'objectif de Raimi semble prêt à s'immiscer dans les endroits les plus étranges et inaccessibles (notamment lorsqu'il prend le point de vue d'une main), sa mise en scène semble rebondir sur les limites du tangible, tout en jouant avec cette donnée en torturant son héros comme une poupée de chiffon.

Evil Dead 2 en devient alors un chef-d'oeuvre de frénésie, de mouvement pur et délirant (l'oeil expulsé), qui réveille l'inanimé et se plaît à être ouvertement grotesque, dans le sens originel du terme. Ça tombe bien, puisque le mot, centré sur la figure du dédoublement des formes et de leur hybridation monstrueuse, a d'abord servi à décrire des oeuvres tirées du Moyen-Age... soit pile l'époque où Raimi catapulte Ash sans autre forme de procès à la fin du film.

Tout savoir sur Evil Dead Rise

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commentaires
Big bram le cinéphile
08/03/2024 à 17:01

Le evil dead 1 c'est de l'art et ça j'adore.

Renard
30/04/2023 à 10:20

Top 3:

3- Evil dead
2- La série
1- Evil dead 2

Arno Ash
24/04/2023 à 23:12

1- le 2
2- le 1
3- le remake
4- Evil dead Rise
5-evil dead 3 trop cartoonesque pour moi.

Mkm
24/04/2023 à 14:46

le premier & le remake restent dans la collection; pas client de l'humour qui tache trop en avant pour les deux autres (meme si je leur trouve des qualités)

DUI
24/04/2023 à 00:11

C’est juste parce qu’il faut les classer.

4/ le remake
3/ Evil Dead
2/ Evil Dead 2
1/ L’Armée des ténèbres

Evil Nono
23/04/2023 à 22:45

Arf ! 1 - 3 - 2 - 4 pour moi. Le 4 étant le pilote de la série. Le reste n'a rien d'Evil Dead.
Le 1 est un vrai film d'horreur flippant et génial. Le 3 une grosse déconne. Le 2 la matrice de la "saga" au même titre qu'un Terminator 2 à vrai dire. On est davantage ds le confort fun que ds le viscéral. Le pilote de la série, un moyen métrage, est extrêmement bien vu et shooté par le maître. Voilà voilà. Bonne semaine à tous.

Deckeer
23/04/2023 à 19:42

le remake avant le 3 ! Complétement à coté de la plaque, revoyez vos classiques..
Hail to the king !

BIG BRAM
23/04/2023 à 10:18

J'aime tout les evil dead même la série mais le evil dead rise c'est un copié collé j'ai pas aimé nuls après j'an parle sur m'a chaîne YouTube BIG BRAM

kouza
23/04/2023 à 09:09

J'avoue je suis surpris de votre classement :) Evil Dead 3 pour moi en 1er.

Ash77
22/04/2023 à 19:59

Non mais sérieux, le troisième passe derrière un remake ???!!!
Mon classement des 3 Evil Dead (les autres ne m'intéressent pas) : le troisième film en première place, je l'adore !!! Le deuxième en... deuxième un classique, et le premier film en dernier.

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