Batman : quel est le meilleur thème musical du Chevalier Noir ?

La Rédaction | 19 mars 2022
La Rédaction | 19 mars 2022

Avec ses nombreuses adaptations au cinéma, Batman est le super-héros avec le plus de thèmes musicaux différents. Mais pourquoi sont-ils tous importants ?

De tous les super-héros, qu'ils viennent du roster DC ou Marvel, il est clair que Batman reste l'un des plus populaires, et celui qui inspire le plus les auteurs du monde entier. Côté cinéma, quelle que soit l'approche autour du Chevalier Noir, on peut percevoir une tendance : le thème musical du personnage est toujours intéressant et unique.

 

 

 

C'est pourquoi, après notre analyse détaillée de la bande-originale de The Batman, la rédaction d'Ecran Large s'est réunie pour étudier chaque morceau définissant le Croisé Capé au sein de ses diverses adaptations cinématographiques. Et de Danny Elfman à Michael Giacchino en passant par Hans Zimmer, il y a du beau monde ! Forcément, on s'est tous écharpés pour décider quel était le meilleur, mais plutôt que de faire un classement vain et futile, on a privilégié une approche chronologique pour ce bel exercice mélomane.

Batman : Le Film

 

 

Qui a fait ça ? À l'origine, la série télévisée Batman des années 60 s'est offert les services de Neal Hefti pour composer la célèbre chanson de son générique. Néanmoins, c'est le compositeur Nelson Riddle qui a pris en charge la musique au sein même des épisodes, au point de devenir une référence dans le domaine.

Au fil du temps, l'artiste s'est même démarqué pour la qualité de ses thèmes musicaux pour la télévision, à commencer par Route 66, le morceau iconique de la série Les Incorruptibles. Influencé par l'écriture orchestrale, mais aussi le jazz et le rock des sixties, Riddle a eu mine de rien un impact certain sur la sonorité de certains films et séries cultes de cette période.

 

Batman : Le film : photo, Adam WestDe la bombe, baby !

 

Pourquoi ça reste instantanément dans le crâne ? Nanananananana Batmaaaaaan ! Impossible de ne pas fredonner en quelques secondes les notes de cette basse, de cette guitare électrique et de ce choeur si caractéristiques. Clairement inspirée par les films d'espionnage de l'époque, la chanson de Batman est un modèle d'efficacité, dont le swing marque la légèreté volontairement kitsch du justicier incarné par Adam West.

Pour autant, son adaptation sur grand écran fait appel à un orchestre pour adapter ce leitmotiv reconnaissable. Certes, le morceau n'en devient pas soudainement un sommet de noirceur zimmerienne, mais il se révèle plus incarné et héroïque, incluant au fur et à mesure une sensation de danger.

En assumant de démarrer sur une rythmique de marche militaire (épaulée par quelques élans de trompettes ringards mais amusants), Nelson Riddle développe un morceau enjoué, forcément désuet après le passage en force d'autres compositeurs, mais finalement très en accord avec le Bat-spray anti-requins et tant d'autres joyeusetés improbables héritées des comics. À vrai dire, qu'on aime ou pas Batman : Le film, on ne peut qu'admirer la logique totale de sa démarche, y compris dans sa musique.

Batman et Batman, le défi

 

 

 

Qui a fait ça ? Pour illustrer musicalement le retour du Chevalier Noir au cinéma après 26 ans d’absence, Warner. Bros ne pensait définitivement pas à Danny Elfman. À l’époque, le compositeur est rangé dans la case des musiciens de comédies, même s'il a déjà travaillé sur une dizaine de films. Heureusement, Tim Burton croit en son alter ego musical avec qui il a déjà collaboré sur Pee-Wee Big Adventure et Beetlejuice. Les deux sont en harmonie artistique et partagent la même vision de Batman, ce qui est un bon début quand on doit adapter un personnage aussi populaire.

D'ailleurs, pour s'imprégner de l'intention de son collègue réalisateur, Elfman s'est promené dans le décor gothique de Gotham City. C’est justement dans un vol de retour du studio qu’il a eu la première idée du thème, qu’il a enregistré en murmurant dans son dictaphone assis sur les toilettes de l’avion. Lorsqu’il a fait écouter le thème de Batman aux producteurs de la Warner, ils n'ont plus eu aucun doute sur ses compétences.

La bande originale du film a marqué un tournant dans la carrière du compositeur. Une évidence à présent quand on voit l'aura culte de la musique de Batman et de Batman, le défi. Les deux compositions font partie intégrante des succès des films et de la réécriture noire et torturée du justicier pour les années à venir. Batman n'est que le premier super-héros à être marqué par les partitions d'Elfman puisqu’il a composé les bandes-originales de Spider-Man 1 et 2, Hulk de Ang Lee, Avengers : l’ère d’Ultron, Justice League, et prochainement de Doctor Strange in the Multiverse of Madness.

 

Batman : photoDes décors inspirants

 

Pourquoi c'est le thème ultime de Batman ? Quelques notes discrètes ouvrent le thème, cinq notes qui vont se répéter, allant jusqu'à se superposer en canon, le tout en créant un crescendo, comme s'il s'agissait d'une silhouette sortant de l’ombre. Cette montée en puissance, c’est aussi la naissance de Batman, partie d’une idée qui prend forme dans l'esprit d'un orphelin traumatisé, grandissant avec un désir de vengeance et de justice. La solennité du thème est renforcée dans Batman le Défi où Danny Elfman ajouter des choeurs qu'il avait utilisés pour la première fois dans sa filmographie de compositeur dans Edward aux mains d'argent.

L'apogée du crescendo aboutit sur la suite explosive du thème. L’enchaînement trépidant des notes illustre la combativité de Batman à la manière d'une marche à la sonorité héroïque. On y perçoit une violence qui se déchaîne contre les criminels, mais aussi dans son for intérieur.

 

Batman : Photo Michael Keaton, Jack Nicholson"Tu veux savoir comment tu auras ces cicatrices ?"

 

Bruce Wayne est un homme complexe aux multiples facettes, comme l'illustrent les répétitions du thème avec différents instruments et intensités variables. Cette vivacité musicale laisse place à une mélodie mélancolique et sombre, plus représentative d'un Bruce Wayne taciturne et seul dans son manoir isolé de la ville. La tonalité poétique de cette dernière partie est typique de l’univers de Tim Burton. En tout cas, l’esprit gothique et noir du thème a redéfini Batman, dont l’entêtante musique du film de 1966 lui collait à la cape depuis un moment. Grandement inspiré par le travail de Bernard Hermann, le sublime thème d'Elfman est devenu le nouvel hymne du Croisé Capé.

Repris et réarrangé par Shirley Walker, la cheffe d’orchestre de Danny Elfman, le thème ouvrira les épisodes de Batman, la série animée et Batman et le Fantôme Masqué, associant plus encore la musique culte au Chevalier Noir. C'est d'ailleurs le thème d'Elfman qui accompagne les apparitions du Chevalier Noir dans les jeux Lego Batman et Lego Batman : DC Superheroes, malgré le travail de Hans Zimmer entre temps.

Batman Forever et Batman & Robin

 

 

 

Qui a fait ça ? Elliot Goldenthal, qui a notamment signé les partitions de Simetierre, Alien³ ou Demolition Man, mais qui s'est surtout fait connaître pour avoir remplacé George Fenton à la dernière minute sur la musique d'Entretien pour un vampire, qu'il a composée en 14 jours et qui lui a ramenée une nomination aux Golden Globes et aux Oscars.

Quand il est choisi pour réaliser Batman Forever, Joel Schumacher engage Goldenthal avant même que le scénario soit écrit. À la base, le compositeur est censé reprendre bêtement le thème de Danny Elfman, mais la Warner a demandé au réalisateur de s'éloigner de l'atmosphère sombre et gothique de Tim Burton. Le film étant plus coloré, plus léger et destiné à un jeune public, les deux hommes se mettent d'accord pour réinventer Batman jusque dans son thème.

Avec l'aide de tout un tas de professionnels de la musique de film, dont Robert Elhai, le chef d'orchestre qui l'accompagne depuis toujours et qui deviendra un vétéran de l'industrie et de l'arrangement musical, il compose la musique en quelques mois et offre une nouvelle identité musicale à Batman, plus profonde que les films ne le laissent espérer.

 

Batman Forever : photo, Val KilmerPlus de couleur et d'humour, mais pas moins de classe (pour la musique en tout cas)

 

Pourquoi c'est quand même vachement bien ? Parce qu'après le thème de Danny Elfman, il fallait réussir à imposer autre chose, et Elliot Goldenthal a parfaitement réussi. Quoi qu'on puisse penser du pas si terrible Batman Forever ou de Batman & Robin, la partition éclectique et singulière de Goldenthal est probablement une des meilleures choses à garder des deux Batman de Joel Schumacher.

Malgré les décors kitsch, l'humour foireux et les scènes totalement surréalistes, la musique conserve une étrange splendeur, démesurée comme le film, mais démesurément héroïque aussi. Plutôt simple en apparence, le thème imaginé par Goldenthal possède un souffle guerrier, mythologique, presque wagnérien, qui correspond parfaitement au Chevalier Noir, mais pas forcément à l'ambiance du film de Joel Schumacher.

 

Batman & Robin : PhotoJ'comprends pas, j'avais demandé à la Batmobile de jouer la Macarena

 

Alors que des gammes de violoncelles et de contrebasses entament une descente dans les ténèbres avec les bois pour une noirceur qui fait écho à la musique de Danny Elfman, Goldenthal opère un changement surprenant et révèle son Batman dans une orchestration de cordes qui surgit entre les oscillations faussement simples de la mélodie pour former quatre notes décisives.

La musique se développe, prend de la hauteur pour former un ingénieux contrepoint qui plane au-dessus des notes du début, puis, dans un déchaînement symphonique marqué par les cuivres, les quatre notes principales du thème se répètent et se déploient comme la cape du justicier au sommet d'un des toits de Gotham, avec des trilles de cor qui sonneraient presque une charge vers ses ennemis.

Ce n'est d'ailleurs pas une coïncidence si les deux dernières scènes des deux films comptent parmi les meilleures, lorsque les héros courent dans l'ombre en direction de la caméra sur le thème de Goldenthal. Ses compositions pour Batman Forever et Batman & Robin, exaltante et épique pour le premier, plus subtil et tragique pour le deuxième, l'installeront parmi les grands noms de la musique de film et comme un des compositeurs les plus innovants de son époque, à défaut d'être reconnu comme le seul successeur légitime de Danny Elfman après Shirley Walker.

La trilogie Dark Knight

 

 

 

Qui a fait ça ? James Newton Howard et Hans Zimmer. Bien qu’il s'agisse d'une collaboration, du moins sur les deux premiers opus puisque Zimmer a opéré seul sur Rises, on l'attribue souvent au compositeur allemand, à la fois symbole et instigateur de la suprématie de la musique synthétique à Hollywood. La trilogie a largement contribué à son statut de superstar de la musique de film et lui a garanti une place dans le coeur de bien des spectateurs, amateurs de BO ou non. Mais il ne faudrait pas amoindrir l'importance de Newton Howard dans le processus. C'est bien au duo qu'on doit ce thème désormais célèbre.

Pourtant, à l'origine, Christopher Nolan (réalisateur des trois longs-métrages) n'avait proposé le projet qu'à Zimmer. C'est lorsqu'il lui a parlé de la dualité du personnage que le musicien lui a proposé d'inviter son collègue. Cela faisait bien longtemps qu'ils souhaitaient travailler ensemble. De plus, Zimmer s'éloignait alors totalement des grands orchestres et cherchait à rester dans les expérimentations électroniques. Avec son ami à ses côtés, il pouvait mélanger les deux approches.

Ils assurent tous les deux avoir travaillé de concert, quand bien même la partition porte plus la marque du fidèle collaborateur de Nolan que de l’habitué des productions Disney. Et leur œuvre s’apprécie bien mieux avec au moins les deux premiers albums en tête. C’est en effet lors de The Dark Knight qu’ils ont finalisé le thème de Batman. "Il y a tout un thème qui a été écrit pour ne pas être dans le [premier] film, on pariait sur le fait que ce film marche assez pour qu’il y en ait un autre. Nous voulions que le personnage se développe. Il n’avait pas encore gagné ce thème !", expliquait Zimmer à Soundtrack.net. Et il faut reconnaître à la trilogie une grande cohérence musicale.

 

The Dark Knight : photo, Christian BaleDevenir enfin un héros... à tout prix

 

Pourquoi c'est très nolanien ? De toutes les bandes-originales qui ont accompagné le Chevalier Noir, celle de la trilogie de Christopher Nolan est peut-être la plus controversée chez les "béophiles". Elle caricature pour beaucoup, aux côtés d’Inception et de sa bande-annonce cacophonique, la méthode Zimmer. Le thème de Batman est particulièrement symptomatique de son style, constitué essentiellement de deux simples notes surboostées et accompagnées de percussions bien bourrines.

Pourtant, qu’on apprécie ou pas ses compositions, force est de constater que le duo est parvenu au même accomplissement créatif que les autres artistes de cette liste : caractériser leur version de Batman. Les mélodies entraînantes de Nelson Riddle et le lyrisme décalé de Elfman n’ont pas leur place dans le Gotham-Chicago de la trilogie.

Au fur et à mesure que les films de Nolan abandonnent les archétypes de l’origin story super-héroïque pour se consacrer au thriller urbain, voire au film de guerre, l’hymne de Batman se fait de plus en plus brut et violent. Le Chevalier Noir frappe Gotham comme des doigts allemands sur un pauvre clavier de synthétiseur, tandis que l’orchestre hybride imaginé par les deux compositeurs se charge de conférer son humanité à Bruce Wayne.

 

The Dark Knight Rises : photoSubtil comme l'arsenal de tanks de Bruce Wayne

 

La dualité du récit se révèle très vite : la bande-originale de Batman Begins hésite encore à affirmer la puissance du héros, puis celle de The Dark Knight, à l'instar du personnage de Dent, assume sa nature bicéphale et oscille plus franchement entre force brute et équilibre (ce qui la rend forcément épique). Enfin, celle de The Dark Knight Rises se charge de revenir progressivement à un certain lyrisme, au cours du très beau morceau Rise. En parallèle, Batman se débarrasse de son costume.

Non content de parfaitement résumer la vision très froide, pour ne pas dire cynique, du cinéaste et de refléter l'évolution du protagoniste au cours de la trilogie, le duo est parti d'une idée très intéressante pour composer ce thème. Ces deux notes sont en fait le début d'un thème super-héroïque classique. Wayne étant ici un personnage tragique, qui n'a jamais su se reconstruire après la mort de ses parents, il n'a pas le droit à son envolée, à la fin de sa mélodie, transformée de fait en tonitruant diptyque. Condamné à rester dans l'ombre, il ne peut prétendre au statut de ses congénères. Si le rendu ne fait pas l'unanimité, l'intelligence de l'écriture reste louable.

Batman v Superman : l'aube de la justice

 

 

 

Qui a fait ça ? On ne présente plus Hans Zimmer, maître absolu des bandes-originales de blockbusters à Hollywood. Après la trilogie de Nolan, le compositeur est sollicité par Zack Snyder. Avec Batman v Superman : L’Aube de la justice le défi complexe est de réinventer l’univers musical du Chevalier Noir. Pour ne pas être seul dans cette galère, Zimmer fait appel au néerlandais Tom Holkenborg, plus connu sous le pseudonyme Junkie XL.

Les deux hommes avaient déjà collaboré sur un autre film de super-héros, The Amazing Spider-Man 2 de Marc Webb. Initialement, il est décidé que Junkie XL composera les thèmes de Batman pendant que Hans Zimmer se consacrera à Superman. Dans les faits, les deux compositeurs travailleront tout de même ensemble sur plusieurs pistes, en particulier sur le thème principal du Chevalier Noir intitulé Men Are Still Good (The Batman Suite).

 

Batman v Superman : L’Aube de la justice : photo, Ben Affleck, Henry CavillHans Zimmer et Junkie XL qui collaborent paisiblement

 

Pourquoi c'est le thème le plus symbolique de Batman ? Loin de l’inquiétante étrangeté du thème de Danny Elfman ou de la musicalité intense dont faisait preuve Hans Zimmer pour The Dark Knight, The Batman Suite réinvente bel et bien l’identité sonore du Chevalier Noir. Premier constat, le thème musical est bien plus long que les précédents, s’étalant sur près d’un quart d’heure.

Tout le morceau est composé autour de deux motifs récurrents. D'un côté des envolées mélodiques mêlant cuivres et violons. De l'autre, une partie plus atmosphérique reposant en grande partie sur les percussions. Un échange instrumental qui crée six boucles à travers tout le morceau. Pour schématiser, on débute par un thème sombre, presque angoissant, qui pourrait bien être celui d'un antagoniste. On bascule alors vers quelque chose de plus symphonique. Retour au thème sombre, nouvelle envolée puissante, et ainsi de suite.

On pourrait y voir qu'une redondance assez déséquilibrée entre passages bruyants et silences. Cependant, la montée en puissance longue et épique vient trouver une conclusion sublime justifiant totalement la progression. D'autant que c'est tout le parcours de Batman qui nous est annoncé ici.

 

Batman v Superman : L’Aube de la justice : photo, Ben AffleckCertains l'aiment sombre

 

Le thème est plus long parce qu'on se trouve face à un Batman plus âgé, qui tient son rôle depuis de longues années. La composition est saccadée parce que notre héros est hésitant, et ses idéaux détruits le placent face à un dilemme constant. On le sait, l'arc narratif de Batman V Superman est tout d'abord pessimiste avant d'offrir au Batfleck une rédemption quasi divine. Le rapport religieux de Snyder à la figure super-héroïque s'exprime donc logiquement jusque dans la composition. Le morceau semble virer à l'incantation mystique lors de sa conclusion en apothéose.

Inutile de venir chercher une complexité hors du commun dans la musique. L'aspect cyclique rend le morceau très mécanique et prévisible, d'autant que les accords utilisés ne vont clairement pas réinventer le genre. Et pourtant, toute l'identité excessive et puissante du long-métrage est parfaitement incarnée sur l'album.

On trouve dans The Batman Suite l'amour de Zimmer pour les thèmes musicaux grandiloquents, presque criards, ainsi que la brutalité et le sentiment d'urgence de Junkie XL (coucou Mad Max : Fury Road). Un mariage explosif qui manque peut-être de finesse comparé aux précédents thèmes du Chevalier Noir, mais qui embrasse la vision jusqu'au-boutiste et mythologique de Snyder. Moins de subtilité, plus de noirceur et de symbolisme. Le DCEU selon Snyder en somme.

The Batman

 

 

 

Qui a fait ça ? S'étant d'abord orienté vers la musique de jeux vidéo (notamment sur l'adaptation du Monde Perdu : Jurassic Park), Michael Giacchino a rapidement été perçu comme l'un des héritiers les plus évidents de John Williams. Mais plutôt que de se complaire dans cette comparaison, le bonhomme est parvenu à se créer un style propre, dont l'orchestration ampoulée fait toujours appel à d'autres inspirations, que ce soit le jazz ou des sonorités électroniques.

De ses chefs-d'oeuvre pour Pixar (Les Indestructibles, Là-Haut, Ratatouille, Vice-Versa) à ses collaborations régulières avec J.J. Abrams (Lost, Star Trek), Giacchino s'est construit une sacrée famille de cinéma au fil des ans, lui permettant désormais de travailler sur certains des projets les plus prestigieux du moment. Après avoir accompagné Matt Reeves sur tous ses films (y compris ses deux Planète des singes, qui comptent parmi ses meilleurs travaux), il était on ne peut plus logique qu'il s'attelle au Chevalier Noir.

 

The Batman : photo, Robert Pattinson, Zoë KravitzUn Batou fragile ?

 

Pourquoi c'est le plus beau thème de Batman ? Si l'orchestre n'est jamais bien loin, le thème de Michael Giacchino pour le Chevalier Noir est d'abord orienté vers le piano, instrument idéal pour souligner toute la solitude d'un Bruce Wayne reclus dans son manoir. Alors que les violons viennent progressivement s'ajouter à la danse, le développement lyrique et mélancolique de la mélodie marque une touche d'espoir, celle d'un justicier qui se cherche une raison d'être.

Pour autant, derrière cette approche quasi-romantique, on retient principalement de la démarche de Giacchino la deuxième partie de son thème, leitmotiv entêtant et ultra-simple (quatre notes), qui se répète sur une rythmique martiale pour faire du Chevalier Noir une ombre menaçante.

 

The Batman : photoOn arrête le débat tout de suite

 

Avec intelligence, le compositeur fait de Batman un boogeyman de film d'horreur, mais surtout un être rongé par ses obsessions, tandis que les variations d'orchestration nuancent les multiples apparitions de cette ritournelle. Quelque part entre l'épure de Hans Zimmer et l'énergie d'Elfman, Giacchino trouve un équilibre incroyable, tout en y ajoutant des inspirations du film noir (le piano, encore une fois).

Résultat, lorsqu'on découvre The Batman, il y a comme une évidence qui émane de la relation entre les images et la musique. Normal, le compositeur a profité de son amitié avec Matt Reeves (qui l'a très tôt imposé sur le projet) pour écrire des morceaux avant même qu'aucun plan ne soit tourné. Cette démarche, malheureusement trop rare à Hollywood, s'est révélée être une bénédiction pour le réalisateur, qui a pu plonger toute son équipe (et ses acteurs) dans l'ambiance poisseuse de sa Gotham plus vivante que jamais. Tout simplement un chef-d'oeuvre !

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commentaires

25/03/2022 à 09:26

Le meilleur thème musicale de batman? Youtube- The Dark One (Dark Hybrid Music) a écouté avec ses écouteurs

FreakShit
23/03/2022 à 20:53

Un film animé , il y a l'énorme OST de Christopher Drake sur Dark Knight Returns .

Ethan
20/03/2022 à 21:26

@RobinDesBois
Si et après c'est la scène de moto :)
Les premières notes du thème instrumental de mi2 à la basse ou peut-être à la guitare ça envoie bien

RobinDesBois
20/03/2022 à 17:02

@Ethan J'avais complètement oublié qu'il avait composé la BO de MI2. C'est vrai qu'elle est très sympa et colle vraiment bien à l'esprit du film. Mon passage préféré comme beaucoup: la transition musicale qui passe de la cantate dramatique au thème rock après qu'Ambrose réalise qu'il vient de tuer son homme de main qui porte le masque d'Ethan et Ethan qui se barre en courant en retirant son masque le Bellerophon à la main. Du pur John Woo !

C.Kalanda
20/03/2022 à 15:24

Allez, pour The Batman dites moi que je suis pas le seul à avoir entendu la marche impériale de star wars tout du long…

Emynoduesp
20/03/2022 à 09:55

Je vote pour Elfman. Meme s il a chute dans mon estime en faisant le faineant nombriliste sur Justice League.

Et puis le rearrengement pour le generique de debut de Batman contre le Fantome Masque, des frissons.

Zimmer, je n etais pas grand fan, il faisait de bonnes partitions qu il gachait trop vite dans le petaradant. Il a mis de l eau dans son vin je trouve, beaucoup meme. Mais je ne suis pas non plus connaisseur de toute sa musicographie.

Les b.o de Forever et Batman et Robin, ne sont pas mauvaises non plus, mais dur de sauver des etrons avec de la musique.
Je peux faire caca en ecoutant du Rammstein ou du Mozart, ca puera toujours autant.

Pour the Batman, j ai pas vu encore et pour le peu que j ai entendu, ca a l air pas mal.

Globalement on a toujours ete bien servi musicalement sur Batman, pourvu que ca dure.

inspecteur clouseau
19/03/2022 à 23:04

Tous les Batman ont bénéficié de scores de hautes qualités.

Ethan
19/03/2022 à 20:56

@RobinDesBois
Prince des voleurs
Sur zimmer je t'invite à écouter
Mission impossible 2 Score- Nyah
Mission impossible 2 injection
Mission impossible 2 Nyah and ethan
Mission impossible 2 Seville
Mission impossible 2 thème musical

Et tu changeras peut-être d'avis
La première ma préférée

Ethan
19/03/2022 à 20:26

Les meilleures Trust de Prince et le thème orchestral musical de batman
Franchement le 1er Batman de Tim Burton c'est le meilleur
Tous les autres sont en dessous.
La belle Kim Basinger, la cathedrale de Gotham city, le joker de Jack Nicholson, le Batman trop classe de michael keaton, la bat mobile, l'avion, les prise de vue extraordinaires tel que l'avion devant la lune font que c'est le meilleur

Morcar
19/03/2022 à 18:58

Encore un excellent article sur les BO !! Pour ma part, j'ai beau apprécier les thèmes de Zimmer pour la trilogie Dark Knight, ou le récent thème de The Batman, je pense que malgré tout celui qui vient en premier à l'esprit de la majorité des gens quand on leur parle de Batman est celui de Danny Elfman.
Même pour le jeu LEGO Batman, alors que les Dark knight étaient déjà sortis, ils avaient repris le thème de Elfman. Celui de Le défi est encore meilleur. Et je ne dis pas ça parce qu'il s'agit pour moi du meilleur film Batman.

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