Overlord : on passe en revue les meilleurs nazis du cinéma

Simon Riaux | 25 novembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 25 novembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Méchant ultime, forgé dans l’horreur de l’Histoire extrêmement violente du XXe siècle, le nazi constitue un antagoniste total. Mû par de terribles ambitions, implacablement génocidaire, volontiers porté sur la cruauté, la torture et la manipulation, c’est un monstre absolu.

Et forcément, au fil des décennies, de drame en séries Z, le nazi est carrément devenu un type de personnage à part entière, avec ses prototypes et stéréotypes. Alors que débarquent Overlord et ses officiers du IIIe Reich expérimentateurs, l’occasion était trop belle de revenir sur les plus beaux salopards en costumes de cuir.

 

Quand Indiana Jones reçoit un autographe du führer

 

LE SUPER NAZI

C’est le grand méchant nazi. Une sorte de super méchant qui cumule un peu toutes les tares de l’antagoniste total. Rarement de première jeunesse, il est à la fois mature, redoutablement cruel et physiquement menaçant. Et sans surprise, c’est encore Indiana Jones qui lui aura offert ses plus belles incarnations.

Ainsi, on pense notamment à Vogel, (Michael Byrne) dans Indiana Jones et la dernière croisade, officier bavant toujours d’anticipation à l’idée de trucider Herr Jones, et ne se contentant pas d’envoyer des nuées de sous-fifres se faire démantibuler, puisqu’il prend volontiers part à l’action. Volontiers sardonique, ce type de salopard, auquel l’excellent Richard Sammel doit une partie de sa carrière n’est que très rarement l’adversaire principal du héros, mais prend toute sa valeur quand on lui confère un bon rôle de bad guy secondaire, qu’il éclairera de toute sa lumineuse méchanceté.

 

Duel de salopards

 

On en rencontre un exemple quasi-parfait dans Inglourious Basterds, lors de la scène de l’auberge, en la personne d’August Diehl, salopard souriant et retors. Même notre bon vieux cinéma français n’y a pas tout à fait échappé, comme le savent ceux qui ont vu le turbo-bourrin Frontière(s) de Xavier Gens, où de bons vieux fachos se dévoilent comme autant de nazis post-modernes.

 

LE SAVANT FOU

Le spectre des expérimentations nazies a marqué la pop culture, et infusé nombre de fantasmes en son sein. On pourrait d’ailleurs maintenir que la plupart des savants-fous intervenant dans les séries B à partir des années 50 sont des dérivés de la figure de l’expérimentateur nazi. On pense bien sûr au scientifique désireux de ranimer des têtes de dignitaires du IIIe Reich dans The Frozen Dead, ou à ces clones d’Hitler déferlant sur le monde dans Ces garçons qui venaient du Brésil.

 

Michael Fassbender (si si!)

 

Mais le savant-fou nazi est loin d’avoir disparu avec les années et demeure un objet de fascination. On en trouve un dérivé tardif dans Ouija 2 : Les Origines, mais aussi dans le frappadingue Frankenstein's army. Mais c’est peut-être Guillermo del Toro dans le premier Hellboy qui aura su le mieux transcender ces clichés pour nourrir la veine pulp de son œuvre.

Pour la caution scientifique, on repassera, mais l’officier explorateur revenu d’entre les morts de Blood Creek a effectivement des airs de savant-fou nazi. Au centre d’une série B franchement fun signée Joel Schumacher, il a en outre le mérite d’être un des premiers rôles de Michael Fassbender.

 

Frankenstein's army

 

LA NAZETTE PERVERSE

La Nazisploitation est bien loin de n’avoir enfanté que des enfants soldats mâles et bodybuildés. D’ailleurs, la première forme de ce sous-genre est un type de productions bien particulières, juchées entre goût du voyeurisme et softcore, qui annonçait déjà le torture porn. Il s’agit bien sûr du film de prisons de femmes, dont le représentant le plus emblématique demeure Ilsa, la louve des SS.

 

photo"Bonjour madame !"

 

Notons au passage que techniquement, Ilsa (Dyanne Thorne) est une savante folle, qui veut prouver que les femmes peuvent supporter plus de douleur que les hommes, mais son personnage a si durablement marqué qu’il aura généré ses propres avatars.

Incroyablement séduisantes, sexy, perverses et forcément dominatrices, les nazettes perverses ont continué de hanter les héros de la pop culture et de prélever leurs gamètes, comme en témoigne la formidable prestation d’Alison Doody dans Indiana Jones et la dernière croisade ainsi qu’une tripotée de persos secondaires et figurantes d’Iron Sky.

 

photoIlsa et le scientifique Kroenen ressuscitent Raspoutine au début de Hellboy

 

L’ADOLF HITLER

Ce vieil Adolf mériterait un dossier à lui seul, tant il aura été personnifié de différentes manières. Il existe grosso modo trois écoles de représentations du führer.

La naturaliste, telle que nous la retrouvons dans La Chute, qui tente une reconstitution la plus réaliste possible (quand bien même elle aura abouti à la création d’un des plus célèbres memes des Internets). La particularité est en quelque sorte de refuser la fictionalisation à outrance, ou toute forme de second degré vis-à-vis de la figure honnie du dictateur.

 

La Chute

 

Il y a également la métaphore furibarde, dont l’illustration la plus parlante demeure sans doute Moloch d’Aleksandr Sokurov. Nous y suivons, le temps d’un week-end, un homme illuminé, reclus dans sa forteresse d’altitude, alors que la réalité file entre ses doigts. Ne s’inquiétant jamais vraiment de réalité historique et préférant concevoir un univers mental en proie à la folie, le réalisateur livre un chef d’œuvre absolument terrifiant.

Et enfin, il y a les Hitler de vengeance, ces petits bonhommes hystériques, que nombre de metteurs en scènes ont pris plaisir à façonner comme autant de revanches prises sur l’horreur de l’Histoire. Un des plus évidents demeure le führer dépeint par Tarantino, qui ira jusqu’à réécrire l’histoire et le faire mitrailler par Eli Roth dans Inglourious Basterds.

 

photoSpectral Hitler dans Moloch

 

LE VIEUX VICIEUX

Ce sont peut-être les plus inquiétants et redoutables, ceux qui rendent l’humour presque impossible. Bien sûr il y a des exceptions, l’ignominie du sous-fifre ventripotent de Black Book prête souvent à sourire, et Hans Landa (Christoph Waltz), d'Inglourious Basterds (encore), pour monstrueusement cruel qu’il soit, possède en lui cette énergie de mauvais toon qui le rend dangereusement délicieux.

Mais ces guignols infernaux, hommes sur la pente d’une vieillesse qui décomplexe tous leurs crimes, ont un pendant autrement plus complexe et inquiétant. C’est celui qu’interprète avec la fausse légèreté qui lui va si bien Kevin Bacon dans X-Men : Le commencement (tout en cochant certaines cases du savant-fou).

 

"Attendez la crème..."

 

Mais c’est surtout la figure monstrueuse qui attend d’être dévoilée, comme dans le terrible et méconnu Remember d'Atom Egoyan, ainsi que l’ombre qui plane sur Millenium - Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, en particulier dans la version de Fincher, qui fait du personnage de Stellan Skarsgård une quasi-résurrection de ce nazi prototypal.

Mais le plus grand des vieux vicieux fut sans doute interprété par Laurence Olivier dans Marathon Man. Ancien criminel revenu chercher ses diamants, capable de se fondre dans la foule comme d’égorger une ancienne victime en pleine rue, il incarne une vision quasi-invincible du Mal absolu. Personnage à même d’absorber tous les codes d’un monde au cœur duquel il se glisse pour mieux y distiller son venin.

 

 "Is it safe ?", la glaçante réplique psalmodiée par Laurence Olivier

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commentaires
Simon Riaux
27/11/2018 à 10:12

@StarLord

L'idée n'était pas d'être exhaustif hein. Et dans Dead Snow, aussi sympathique que soit le film (très en dessous de sa suite d'ailleurs), ils n'apportent rien de très distinctif à la figure du nazi. Ce sont des zombies quoi.

StarLord
27/11/2018 à 05:50

Un dossier sur les mechants Nazis et pas un mot sur Dead Snow??? Monumentale Erreur Simon Riaux! ^^

jerome
26/11/2018 à 19:52

Adolfo ramirez on peut le compter dans les nazis, ou pas ???? allez dites oui!!

Mad
26/11/2018 à 15:27

Je rajouterai les zombies nazis de Dead Snow 1 & 2 !

Number6
26/11/2018 à 10:13

Si je puis me permettre, je trouve le dossier, bien que sympa, un peu foutraque. Ou peut être trop court pour le sujet des nazi au cinéma. Bref ça manque de structure. M'en voulez pas Mr Riaux, rien de méchant. En espérant aussi qu'on vienne pas me dire, '' bah vasy tu haka fair un narticle toi... ''

Boddicker
26/11/2018 à 00:35

Et le meilleur et plus vicelard de tous : Malcolm McDowell dans le passage 1979.
Vous êtes pas à jour de vos classiques les gars, un peu moins de temps passé devant les "super héros" et star wars vous ferait du bien.
Cheers bitches!

Mad
25/11/2018 à 23:14

Excellent dossier !!

forceg
25/11/2018 à 21:58

je rajoute l'excellent : Ces garçons qui venaient du Brésil (1978)

Dirty Harry
25/11/2018 à 14:43

Un dossier quelque peu incomplet (mais peut être fait exprès pour que les lecteurs peuvent compléter), donc je relèverai que Mr Riaux a oublié Amon Göth, le tortionnaire qui se lève le matin pour tuer un enfant juif dans "la Liste de Schindler", le décadent SS tueur de femmes de "La Nuit des Généraux". Il y a par ailleurs une catégorie rare : les nazis sympathiques comme le meilleur ami de Rutger Hauer dans "Soldier of Orange" (Verheoven a toujours été bon pour montrer des nazis sympathiques - Sebastian Koch dans "Black Book" ou Neil Patrick Harris dans "Starship Troopers") mais surtout Thomas Kretschmann dans "Le Pianiste" qui a un manteau qui aide à lutter contre le froid polonais...

CooperPeaks
25/11/2018 à 14:12

Je me permettrais de rajouter à cette liste le personnage de Ian McKellen dans Un élève parfait, un des rares films tirés de Stephen King qui ne relève pas de l'épouvante (pour le coup, je trouve qu'il s'agit d'une des meilleures adaptations de l'écrivain bien que trop souvent oubliée lors des inévitables "tops").
Je trouve que la relation perverse et malsaine qui se développe entre le personnage principal de l'ado et celui de l'ancien nazi incarné par McKellen est génial, traitée avec suffisamment de finesse pour ne pas sombrer dans la caricature.