Okja, Cloverfield, Annihilation... 10 films Netflix incontournables

S'il ne fallait retenir que dix films sur Netflix.

Netflix est désormais partie intégrante du décor. Entré dans les consciences, les salons et les réflexes des cinéphiles et consommateurs, le service de vidéo à la demande a changé bien des choses, et s'est posé en véritable challenger face aux studios américains, comme l'a encore récemment prouvé la vente de la superproduction Mowgli par la Warner à Netflix.

Alors que pro et anti-Netflix s'opposent régulièrement autour de la qualité des films (originaux ou pas) disponibles, la rédaction propose une liste de 10 films à voir. Dix exemples très différents, qui méritent le coup d'oeil.

 "Tu pensais vraiment qu'on était dans ce classement face de troll ?"

ANNIHILATION 

C'est quoi : Une mystérieuse zone qui échappe aux lois physiques et scientifiques s'est créée autour d'une météorite. Lorsque son mari militaire parti en mission en revient transformé, Lena décide de partir l'explorer à son tour avec une équipe d'expertes. Elles y découvrent un endroit incroyable, aussi étrange que dangereux.

Pourquoi tu dois le regarder : Parce que ça ne ressemble à rien d'autre, ou presque. Deuxième film d'Alex Garland (connu comme scénariste de Danny Boyle sur 28 jours plus tard et Sunshine) après le succès d'Ex Machina, l'adaptation du roman de Jeff VanderMeer est un voyage au-delà du réel d'une beauté saisissante, qui questionne les notions de culpabilité et destruction. Tour à tour angoissant, envoûtant, effrayant et déchirant, le film avec Natalie Portman, Tessa Thompson, Jennifer Jason Leigh et Oscar Isaac a décontenancé voire agacé de nombreux spectateurs. Mais c'est aussi sa force : assumer des partis pris, un rythme, une ambiance, et résonner plus fort encore avec ceux qui se laissent porter. La musique de Ben Salisbury et Geoff Barrow, la photo de Rob Hardy, se conjuguent pour offrir un des climax les plus beaux et étranges de ces dernières années, lequel fera oublier les quelques errances et lourdeurs du film.

Ça te plaira si tu aimes : The Fountain, Premier contact, Under the Skin, Upstream Color, les univers étranges entre Cronenberg et Tarkovski.

OKJA 

C'est quoi : Le dernier film en date de Bong Joon-ho, où il narre un conte cruel et contemporain, qui confronte une enfant, un cochon géant transgénique et une multinationale carnassière vont s’affronter.

Pourquoi tu dois le regarder : Pour bien réaliser l’étendue du talent du metteur en scène de Snowpiercer, le Transperceneige et Memories of murder, pour profiter d’un casting riche, enthousiaste et parfois outrancier, pour rester bouche bée devant un conte capable de mélanger une poésie naïve à l’étonnante pureté et la déconstruction d’une forme de violence du quotidien rarement remise en question. Le cinéaste est un critique intelligent et humain du libéralisme. Prenant toujours le parti du plus faible, il nous offre une fable qui n’oublie jamais le grand spectacle.

Ça te plaira si tu aimes : Babe, The Host, La Souris, Plague Dogs.

WAR MACHINE 

C'est quoi : L’adaptation en fiction des déboires du général McChrystal, chargé de redresser une situation catastrophique en Afghanistan. Sa personnalité, sa méconnaissance totale du terrain, des hommes et des enjeux, ainsi qu’une bureaucratie délirante le mèneront à la catastrophe.

Pourquoi tu dois le regarder : Parce qu’après le film de gangster (Animal Kingdom), la SF post-apocalyptique (The Rover), David Michôd vient nous rappeler qu’il est un maître en devenir et un démentiel directeur d’acteur. Il signe un pamphlet tour à tour hilarant et glaçant, contre un impérialisme aux petits pieds, rendus suprêmement toxique par la médiocrité de ses exécutants.

Ça te plaira si tu aimes : In the Loop, La Mort de Staline, L'Exercice de l'État, We are four lions, Veep.

LE RITUEL 

C'est quoi : Ils sont copains, et pour honorer la mémoire d’un d’entre eux récemment disparu, ils vont marcher en forêt. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’ils vont à la rencontre d’une vilaine bête et des autochtones qui lui vouent un terrible culte. 

Pourquoi tu dois le regarder : Les séries B old school et soignées sont devenues une denrée rare, et celles traitant de rituels antiques et de monstres affamés font figure d’espèce en voie de disparition. À regarder si vous aimez les personnages bien campés, l’horreur cruelle et intelligemment filmée, ainsi que les monstres à l’apparence extrêmement travaillée. Et puis les personnages sont cools, notamment celui de Rafe Spall, qu'on cantonne trop souvent à des rôles de demeurés ou de méchants capitalistes veuls.

Ça te plaira si tu aimes : The Wicker Man, Relic, Blair Witch, tuer des gens dans les bois.

DEATH NOTE

C'est quoi : Adaptation d’un manga culte, à l’histoire complexe, où un jeune homme trouve un carnet qui lui permet, en y inscrivant des noms de provoquer la mort de toute personne dont il connaît le patronyme.

Pourquoi tu dois le regarder : Pour bien comprendre que ça ne sert à rien de réclamer à corps et à cri des adaptations de chefs-d’œuvre étant donné ce qu'Hollywood en fait. Tu peux aussi le regarder pour bien faire la différence entre le comédien qui officie ici, Nat Wolff, qui a le mérite d’exister, et son frère Alex Wolff, stupéfiant dans Hérédité. De même, si tu es toujours convaincu qu'Adam Wingard (You're Next, Blair Witch) est un des grands espoirs du cinéma de genre contemporain, tu as sans doute besoin de découvrir urgemment cette petite perlouze.

Ça te plaira si tu aimes : La souffrance et la laideur, ou alors si tu regardes en boucle 2 Girls 1 Cup dans ta cave depuis six mois.

MUDBOUND 

C'est quoi : Basé sur le roman éponyme d'Hillary Jordan, le film raconte l'histoire de deux familles de fermiers, l'une noire et l'autre blanche, dans la campagne du Mississippi. Se déroulant pendant et après la Seconde Guerre mondiale, elle décrit les vies assez proches des deux familles que tout semble pourtant opposer.

Pourquoi tu dois le regarder : Somme toute assez classique dans son déroulé, le film de Dee Rees a pour lui une véritable ambition narrative. Si elle n'est pas toujours maîtrisée et aurait mérité d'être plus resserrée, elle permet au film de portraitiser l'Amérique d'après-guerre à travers différents points de vue. Une peinture de l'Amérique questionnant évidemment les différences de traitement entre noir et blanc, et dénonçant les discriminations raciales de l'époque, qui se révèlent toujours d'actualité à l'ère Trumpienne. En plus de cela, le film bénéficie d'une photographie sublime de Rachel Morrison et d'un casting parfait : Garrett Hedlund, Jason Mitchell, Carey Mulligan, Mary J. Blige, Jason Clarke ou encore Jonathan Banks. A noter que c'est le premier film Netflix à être nommé aux Oscars (meilleure chanson originale, photographie, scénario adapté et second rôle féminin pour Mary J. Blige), ce qui en fait une date.

Ça te plaira si tu aimes : Sweet Country, Detroit, 12 Years a Slave, The Birth of a Nation, La Couleur des sentiments.

THE MEYEROWITZ STORIES 

C'est quoi : L'histoire de retrouvailles familiales conflictuelles entre trois frères et soeurs et leur père, un ancien artiste new-yorkais grincheux.

Pourquoi tu peux le regarder : Le long-métrage de Noah Baumbach (Frances Ha, Les Berkman se séparent) n'est pas un chef d'oeuvre, loin de là. Il ressasse énormément de clichés, sert une histoire familiale plutôt basique et n'offre pas grand-chose artistiquement parlant. Cependant, le film recèle de séquences particulièrement drôles : la scène d'ouverture percutante et agitée, la course-poursuite aux ralentis dans les rues de Manhattan, la bagarre entre frangins, une voiture explosée... A bien des égards, The Meyerowitz Stories réussit à être une petite comédie conflictuelle jouissive. Elle s'avère aussi assez touchante grâce à ses personnages en perdition personnelle : la jeune Eliza (Grace Van Patten), la soeur sacrifiée (Elizabeth Marvel) ou le patriarche aigri (Dustin Hoffman). Tous livrent des belles performances, à l'image du reste du casting porté par Adam Sandler et Ben Stiller. 

Ça te plaira si tu aimes : Frances Ha, While We're Young, toute la filmographie de Woody Allen.

BEASTS OF NO NATION 

C'est quoi : Alors qu'il vit paisiblement avec sa famille, le jeune Agu devient orphelin lorsque ses proches sont massacrés pendant la guerre civile de son pays (un Etat africain non-nommé). Il est alors enrôlé de force par le commandant d'une armée rebelle et transformé en enfant soldat.

Pourquoi tu dois le regarder : Beasts of No Nation est le troisième film de Cary Fukunaga, réalisateur derrière Sin Nombre et Jane Eyre (et aussi la saison 1 de True Detective). Avec les idées visuelles (un massacre ultra-stylisé dans un décor aux arbres rouges) et les envolées techniques (un plan-séquence labyrinthique dans les tranchées d'argiles) proposées par le cinéaste, la virtuosité du long-métrage atteste de la déliquescence de l'humain, de la dégradation psychologique de ses enfants soldats et la perte de leur innonence. Premier film original de Netflix, Beasts of No Nation manque sans doute, ici ou là, de rythme et est construit autour d'un scénario trop convenu pour impressionner pleinement. Mais grâce à sa mise en scène puissante et à son duo d'acteur marquant (Idris Elba et l'émouvant Abraham Attah), le film est un des plus passionnants vus sur la plateforme de streaming.

Ça te plaira si tu aimes : Le Dernier Roi d'Écosse, Johnny mad dog, Sin Nombre.

GERALD'S GAME 

C'est quoi : En week-end dans une maison isolée, un couple tente de réveiller leur amour avec un jeu sexuel. Gerald attache ainsi Jessie au lit... juste avant d'avoir une crise cardiaque. Elle est alors livrée à elle-même, sans personne pour lui venir en aide.

Pourquoi tu dois le regarder : Si Stephen King a été adapté dans tous les sens depuis des décennies, jusqu'au succès phénoménal de Ça, Gerald's Game mérite un peu d'amour. Déjà parce qu'il est réalisé par Mike Flanagan, à suivre vu l'intérêt de ses Oculus, Before I Wake et Ouija 2 : Les Origines - en attendant qu'il retrouve l'écrivain pour Doctor Sleep, suite de Shining. Dans Gerald's Game, il démontre à nouveau ses talents de mise en scène, avec des contraintes pas évidentes vu l'intrigue. Malin, le film instaure une ambiance délicatement angoissante, et joue habilement le suspense et la tension nés de cette situation grotesque. Et le film brille aussi grâce à Carla Gugino, excellente, qui porte avec conviction et grâce cette petite fable tordue qui flirte avec le fantastique.

Ça te plaira si tu aimes : Les films avec des gens piégés et pas très sereins, comme Panic Room et Buried. Les films qui jouent sur le trouble entre réalité et douce folie, comme Bug ou Paranoïa.

THE CLOVERFIELD PARADOX 

C'est quoi : Parce que la Terre subit une sérieuse crise d'énergie, une expérience est menée à bord d'une station spatiale en orbite. Mais la chose tourne bien évidemment au désastre. La station est téléportée ailleurs dans l'espace, et d'étranges phénomènes se produisent.

Pourquoi tu peux le regarder (si t'es de bonne humeur) : Parce qu'il y a bien peu de films du genre sur Netflix, que Life - Origine inconnue n'y est pas (encore), et qu'un bon amateur de SF ne pourra résister à l'idée de se jeter dessus. The Cloverfield Paradox, troisième entrée de la saga bordélique après Cloverfield en 2008 et 10 Cloverfield Lane en 2016, est sans nul doute le plus mauvais des trois, et souffre de beaucoup de problèmes à tous les niveaux. Reste que, à condition d'avoir ça en tête, ce petit film modeste et moyen est sympathique, voire un peu amusant avec le recul. Comme tout film spatial-catastrophe, le premier acte et le début du deuxième sont les plus divertissants, avant que l'aventure ne se morde la queue. Sans compter que pour un film tiède, le casting est chaud (Gugu Mbatha-Raw, Daniel Brühl, David Oyelowo, Chris O'Dowd, Zhang Ziyi, Elizabeth Debicki).

Ça te plaira si tu aimes : Voir des films moyens en te rappelant que c'est pas cher sur Netflix, et que donc tu es moins énervé quand c'est moyen.