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Pris au piège – Caught Stealing : critique d’Austin à New York

Par Mathieu Jaborska
27 août 2025

Spécialiste du dolorisme américain, Darren Aronofsky (Requiem for a Dream, The Wrestler, Black Swan, The Whale) s’essaye à la comédie avec Pris au piège (Caught Stealing), en salles ce 27 août 2025. En réalité, le réalisateur ne change pas complètement de registre : son adaptation du roman de Charlie Huston (qui se charge également du scénario) n’est pas tendre avec Austin Butler, Zoë Kravitz, Matt Smith, Regina King et toutes les vedettes à l’affiche.

Pris au piège - Caught Stealing : critique made in New York © Sony Pictures

New York I love you…

Pris au piège et le roman qu’il adapte, Trop de mains dans le sac, s’intéressent avant tout à un espace-temps : l’East Village, quartier new-yorkais, de la fin des années 1990. Le scénariste Charlie Huston et le réalisateur Darren Aronofsky y ont vécu à cette période. Période particulière, puisqu’elle se situe à cheval entre le bouillonnement populaire d’avant et la gentrification d’après, mentionnée directement par une Regina King très convaincante en flic locale.

C’est dans cet environnement chaotique que survit Hank (Austin Butler), un jeune barman qui n’a jamais vraiment digéré une faute commise quand il était jeune et insouciant. Alcoolique dans le déni, il s’accroche à sa petite amie Yvonne (Zoë Kravitz). Soucieux d’exploiter le multiculturalisme propre audit espace-temps, le scénario y balance aussi en vrac des criminels de tous les horizons, qui vont se tirer dans les pattes pendant plus d’une heure et demi : un portoricain maniaque de la gâchette joué par la superstar Bad Bunny, un vieux beatnik azimuté, des sadiques russes, un couple de juifs orthodoxes psychopathes et un punk tellement british que même Matt Smith a dû forcer son accent.

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L’ingrédient essentiel à tout film new-yorkais : un loft improbable de 50m2

La distribution est prestigieuse et elle constitue effectivement un argument de poids. Dès lors que des malfrats à la recherche d’une mystérieuse clé tabassent notre pauvre héros, tout le monde semble bien s’amuser devant la caméra. Mention spéciale à Nikita Kukushkin, savoureux en chien fou ultra-violent, et au duo formé par Liev Schreiber et Vincent D’Onofrio, de loin la machine à gag la plus efficace du long-métrage.

Bien sûr, Darren Aronofsky n’est pas le premier à balancer un quidam non consentant dans le tumulte des bas-fonds de la grande pomme. Peut-être pour anticiper une comparaison peu flatteuse, le réalisateur fait explicitement référence au chef-d’œuvre After Hours de Martin Scorsese, auquel il va jusqu’à piquer son acteur principal Griffin Dune. Mais on pense plutôt aux débuts de Guy Ritchie avec ses malfrats énervés et forts en gueule, la classe anglaise en moins.

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Punk tactics

…But you’re bringing me down

Pris au piège est donc un divertissement qui tient globalement la route, d’autant qu’il évite soigneusement les pièges de la tarantinerie faussement décomplexée. Loin des délires mégalo qui ont fait sa réputation, la mise en scène d’Aronofsky parcourt avec adresse les rues bordéliques, se feignant de travellings au drone utilisés avec parcimonie. Et plutôt que de nous infliger la caricaturale bande originale playlist, il a eu la géniale idée d’appeler le non moins génial groupe Idles, dont les morceaux originaux se mêlent organiquement aux compositions de Rob Simonsen.

Dans le premier acte, il fait même preuve d’une cruauté assez étonnante. Cette fois, les lubies du réalisateur (les addictions, la descente aux enfer) apportent un peu de gravité à un récit qui serait très inconséquent sans elles. Contrairement à certains de ses pairs, il malmène sérieusement ses personnages et ne leur pardonne effectivement pas leurs erreurs, noircissant un peu la traditionnelle quête de rédemption hollywoodienne, tout comme sa photographie granuleuse épaissit la menace des rues new-yorkaise.

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Merci à Zoë Kravitz de porter les sous-vêtements officiels Ecran Large®

C’est dans la deuxième partie que ça se gâte un peu. Le crescendo rythmique attendu est somme toute assez convenu et les petits arrangements du scénario n’arrangent rien. Passé une heure de film, les excentricités des personnages sont moins des ressorts comiques que des excuses pour arranger l’intrigue en fonction des besoins. Dommage également que les séquences d’action soient aussi chiches – on pense à la course-poursuite dans un décor atypique, un peu expédiée malgré son fort potentiel.

Pas de quoi s’ennuyer, mais pas de quoi s’accrocher à son siège non plus. Ironiquement, Darren Aronofsky a beau s’essayer à la comédie, ce sont bel et bien les traces de ses drames grandiloquents qui font la force de Pris au piège. Passées ces touches de noirceur, reste un spectacle très oubliable, mais pas désagréable pour autant.

Caught Stealing
Rédacteurs :
Résumé

Grâce à ses touches de noirceur et à l’enthousiasme communicatif de son casting, Pris au piège vaut à peu près le prix d’un billet de cinéma. Mais pas plus.

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Commentaires
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RiffRaff

Une bonne surprise, un coté Guy Ritchie débarque à Alphabet city pluôt sympa et un casting savoureux.

Flash

Pas pour moi, pas du tout fan de ce réalisateur.
dommage, le casting est sympa.

batmalien

Le réal et le casting m’intrigue, je regarderai ça 🧐

Ropib

Ah ok. Je vais tenter alors si c’est pas nul.