The Host : quand le réalisateur de Parasite réinvente Godzilla

Clément Costa | 8 décembre 2022
Clément Costa | 8 décembre 2022

Avec The Host, le roi du cinéma coréen contemporain Bong Joon-ho livrait un film de monstre qui mélange parfaitement cinéma politique et pur divertissement.

Si Parasite lui a offert une immense consécration critique et commerciale à l’international, cela fait bien des années que Bong Joon-ho domine le cinéma coréen. Révélé au public local grâce à Memories of Murder, son deuxième long-métrage, le cinéaste s'est surpassé trois ans plus tard avec The Host.

Ce film de monstre bénéficiait d’un budget record pour la production sud-coréenne de l’époque. Et son triomphe commercial démesuré a achevé de confirmer l’amour du public coréen pour Bong Joon-ho. Il faut dire qu’avec The Host, le cinéaste trouve un équilibre parfait qui l’accompagnera pour tout le reste de sa filmographie : un savant mélange de divertissement grand public et de vision d’auteur. Plus qu’un petit délire spectaculaire, son film est profondément politique et anticonformiste.

 

The Host : photoL'art du plan culte selon Bong Joon-ho

 

DARK WATERS

C’est probablement la première grille de lecture qui saute aux yeux quand on découvre The Host. le film s’attaque aux enjeux écologiques de façon évidente. Une thématique chère au cinéaste, qu’il explorera plus en détail avec ses œuvres suivantes, en particulier dans Snowpiercer et Okja. Le concept même de The Host est tiré d’un fait divers. Bong Joon-ho s’inspire d’un scandale écologique ayant secoué Séoul à l’aube des années 2000. L’affaire tournait autour d’un collaborateur de l’armée américaine à qui on avait ordonné de déverser de grosses quantités de formaldéhyde dans la rivière Han.

Le réalisateur va donc lier la naissance de son monstre à cet événement. C’est même sur cette séquence qu’il ouvre son film et nous confronte à l’acte délibéré de pollution avant même de nous présenter les personnages principaux. À l’image d’un Godzilla dont les origines impliquent systématiquement des essais nucléaires, la créature de The Host sera donc une création humaine qui incarnera une punition symbolique opposant l’homme à la nature.

 

The Host : photoA bigger splash 

 

Autre réflexion écologique distillée dans toute l’œuvre de Bong Joon-ho : on perçoit dans le film une réflexion sur notre rapport à la nourriture. Pas question pour le cinéaste de tomber dans le mélo moralisateur. Il le fait plutôt avec son humour noir caractéristique. À l’image de ces citadins qui mangent tranquillement du poulpe sur les berges avant l’arrivée du monstre tentaculaire. Il laissera également sa caméra filmer de façon faussement contemplative tous les détritus et les emballages comme les traces d’une civilisation disparue, lors des séquences nocturnes.

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commentaires
zetagundam
08/12/2022 à 18:11

C'est justement ce mélange des genres (comme souvent dans le cinéma coréen) que j'ai trouvé mal équilibré qui a fait que je n'ai pas réussi à apprécier le film

alulu
08/12/2022 à 17:23

Faut que je termine Parasite....m'a pas trop emballé mais par contre The host comme le voisin du dessous, une bombe ce film.

Mouais bof...
08/12/2022 à 12:55

Chef d'oeuvre absolu du genre.Parfait mélange des genres cinématographiques. Véritable incarnation de tout ce croisement .Ca passe d'une satire sociale ,politique , à un film fantastique , à un film comique jusqu'au climax d'horreur et au désenchantement avec cette scene finale qui déchire le coeur.

Les personnages sont extrêmement attachants dans un monde où l'homme est le créateur de son propre bourreau (les scientifiques créant un monstre effrayant). Ce réalisateur est juste un génie absolu .

Et cette justesse de filmer les laisser pour compte en Corée du Sud, film politique mais pas que. Il connait parfaitement les differents genres cinématographiques , et il n'oublie jamais de faire du cinéma .Le cinéma qui nous divertit et qui nous scotche au siège.