Gone Girl : critique évaporée

Christophe Foltzer | 9 janvier 2022
Christophe Foltzer | 9 janvier 2022

Gone Girl, ce soir à 21h10 sur France 2.

Chaque nouveau film de David Fincher est attendu comme le messie. Après un clinique, mais admirable The Social Network, et une explosion en règle des codes du remake bête et méchant avec Millenium - Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, on craignait que le choix d'un sujet comme celui de Gone Girl trahisse une petite forme. D'autant, qu'a priori, le casting se posait plus en interrogation qu'en évidence. Fincher a-t-il réussi son coup ?

GOOD FINCHER

Si le metteur en scène est connu pour son style bien particulier et ses effets impressionnants et novateurs, dès le départ, Gone Girl s'impose comme le film de la sobriété. Pas de surstylisation à outrance ou de mouvements de caméra impossibles, le film ne dérogera jamais à cette ligne artistique faussement timide. Car un sujet pareil (que nous ne dévoilerons pas) exigeait effectivement une économie d'effets de style et d'artifices.

En effet, comment embarquer son spectateur dans ce cauchemar éveillé, véritable analyse froide et tranchante d'un couple moderne perdu dans ses propres névroses et celles du monde, en satisfaisant le besoin de spectaculaire d'un public gavé d'images fortes et tape-à-l'oeil vides de sens ? Gone Girl se pose d'emblée comme un vrai film adulte, tel qu'on n'en a pas vu depuis très longtemps, et permet de prouver à qui en doutait encore que David Fincher est un exceptionnel réalisateur formel et subtil.

 

Photo Rosamund Pike, Ben AffleckBen Affleck et Rosamund Pike... dans le rôle de leurs vies ?


La trame du récit pourra sembler cousue de fil blanc et prévisible dans son dénouement, mais Gone Girl a cette incroyable capacité de surprendre même le plus malin de ses spectateurs et démontre avec une facilité déconcertante que connaître l'issue d'une histoire n'empêche pas de la vivre pleinement. Et, de ce point de vue, le film est une incroyable réussite. La dérive de ce couple n'étant qu'une excuse, David Fincher poursuit le dynamitage du monde actuel qui semble planer sur toute son oeuvre. Et il va encore plus loin cette fois en attaquant directement son public.

 

Photo Ben AffleckBen Affleck n'est pas au bout de ses problèmes

 

CAUCHEMAR EN PLEINE LUMIÈRE

Prolongement logique de The Social Network, le film détruit avec une violence inouïe l'empathie générale qui s'empare d'une société au moindre évènement un peu choquant pour oublier son propre vide et son repli sur soi. Mais, encore une fois, le film est protéiforme et ne s'attarde jamais sur cette thématique pour la surligner afin que tout le monde comprenne. Le message n'est pas là. Il n'est dévoilé qu'à la moitié du métrage, lorsque toutes les figures imposées par le genre ont été utilisées. Et là, le choc est total, l'empreinte dans l'esprit du spectateur durable, David Fincher bouscule nos psychés et nos coeurs comme il l'a rarement fait.

 

photo, Ben AffleckEst-ce que c'est toi Bruce Wayne ?


Bien sûr, un tel propos ne pouvait tenir la route sans un casting de premier ordre. Que dire si ce n'est que Rosamund Pike trouve ici son premier vrai grand rôle, qu'elle s'y abandonne totalement jusque dans les extrêmes et on parie sans problème que son interprétation restera dans les mémoires.

Pour ceux qui se posaient encore la question, Ben Affleck est exemplaire, excellent. Utilisé à bon escient (et par un vrai réalisateur/directeur d'acteurs), le comédien confirme l'orientation prise par sa carrière ces dernières années. Il arrive alors (avant de nouveaux ennuis...) à un stade de sa carrière où il se trouve en pleine possession de ses moyens et porte le film comme il l'a rarement fait. Le reste de la distribution est à l'avenant, les seconds rôles sont admirables et apportent chacun leur pierre à l'extraordinaire édifice que David Fincher construit avec minutie. 

 

Affiche française

Résumé

On pourrait disserter des heures sur ce film tant il est profond, complexe et d'une justesse qui fait froid dans le dos. Gone Girl ne se regarde pas, il se vit, pour le meilleur et pour le pire. David Fincher vient de signer un nouveau chef-d'oeuvre et probablement le film le plus important de son année. Il est de votre devoir de le voir maintenant.

Autre avis Geoffrey Crété
David Fincher en pleine maîtrise, avec un scénario passionnant et une Rosamund Pike impériable : Gone Girl est un diamant noir et un puits vertigineux.
Autre avis Alexandre Janowiak
Nouveau chef d'oeuvre pour David Fincher qui livre avec Gone Girl, peut-être son film le plus méticuleux et élégant, incontestablement un thriller passionnant et sophistiqué, d'une richesse sociale et cinématographique déconcertante.
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Lecteurs

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commentaires
Dododu92
07/05/2022 à 06:13

Un chef-d'œuvre, une écriture jubilatoire.
Un des meilleurs films que j'ai vu.

sylvinception
11/01/2022 à 12:49

Alors pour ceux qui se demande (encore ?) pourquoi les films du génial David Fincher ne sortiront plus que sur Netflix, merci de regarder (pour changer) les derniers résultats en date du box office.
Et vive le cinéma!! (lol)

Oldskool
09/01/2022 à 20:13

Merci aux commentires qui trouve cela bof, parce que devant tant d'enthousiasme des critques je me disais t'es peut-être passé à côté.

Jay
09/01/2022 à 14:49

@rientintinchti en quoi le film n'a pas de fin ?

rientintinchti
01/09/2021 à 17:31

Film nul et incomplet. Faut arrêter de trouver des excuses à ce film juste parce qu'il est de fincher. C'est nul, vain et ça n'a pas de fin.

Fab1
01/09/2021 à 16:29

Bon film bon thriller.

[)@r|{
27/11/2020 à 18:07

[L'ho visto al cinema.]...
Le film est excellent mais le gros problème de "Gone Girl", c'est qu'à la fin du film, on n'est qu'à mi-parcours du récit. Donc on reste sur sa faim, c'est le cas de le dire !
Il faut une suite pour finir l'histoire.

Ciao a tutti !

real
27/11/2020 à 12:06

2 semaines après sa sortie, découverte de "Gone Girl "en salles. Envie d'un bon Whodunit du samedi soir. Avec Fincher, je m'attends à du cousu main. Sauf que...en fin de séance, le nihilisme de la scène de fin plonge la salle dans la stupeur. Le public se lève trèèèès lentement au retour de l'éclairage, et se dirige trèèèèèèès lentement vers la sortie: KO. On se regarde avec mon voisin de rangée (un parfait inconnu !), aussi stupéfait que moi, avant d'échanger: "...hé bé ! ".
En regagnant la sortie, je demande au caissier si le film sera toujours à l'affiche la semaine prochaine, et lui fait part de ma surprise - et de mon abattement - devant la cynisme global du métrage. Il me répond: "Vous êtes pas le 1er à m'en faire la réflexion à la sortie". ^^

zetagundam
26/11/2020 à 22:15

@Gregdevil
Je ne les regarde uniquement quand le film ne m'intéresse pas

Gregdevil
26/11/2020 à 22:06

Encore un chef d'œuvre de Fincher.
Fau pas regarder les BA @zeta !

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