Vermines : critique d'un vrai film d'horreur avec des araignées de la mort qui tue

Geoffrey Crété | 27 décembre 2023
Geoffrey Crété | 27 décembre 2023

C'est l'histoire d'un immeuble envahi d'araignées absolument horribles, affreuses et monstrueuses. C'est aussi simple que ça, et pourtant Vermines est plein de surprises. Premier film réalisé par Sébastien Vaniček, et co-écrit avec Florent Bernard, c'est l'une des meilleures surprises de 2023,, avec Théo Christine, Sofia Lesaffre, Lisa Nyarko, Jérôme Niel et Finnegan Oldfield. Attention, possibles spoilers.

spider-man : no way out

Ça, c'est un film d'horreur. Un film qui ne fait pas de chichi, qui veut vraiment faire peur, et qui peut satisfaire un large public, comme il se doit. Au milieu d'une nuée de "films de genre français" souvent critiqués et boudés parce qu'ils piétineraient "le genre" pour en faire un simple prétexte, Vermines se démarque. Il arrive avec ses petites pattes et ses gros sabots pour remettre les pendules à l'heure de l'angoisse, de la manière la plus simple et efficace qui soit.

Vermines, c'est donc l'histoire d'un immeuble envahi d'araignées tueuses. C'est le point de départ et le point d'arrivée de ce pur cauchemar écrit par Sébastien Vaniček et Florent Bernard, où une bande d'amis incarnés par Théo Christine, Sofia Lesaffre, Finnegan Oldfield, Lisa Nyarko et Jérôme Niel essaye de trouver une issue à ce cauchemar. Parce que oui, le film est véritablement pensé comme un cauchemar, qui imagine le pire (et donc, le meilleur).

 

 

Vermines rappelle plus la géniale scène de la pharmacie de The Mist et ses araignées mutantes, que les petits classiques Tarantula, Arachnophobie ou Arac Attack. Finalement, et à moins de compter toutes les séries Z et autres DTV moisis, il y a peu de films d'horreur centrées sur ces charmantes bestioles. C'est aussi pour ça qu'il sort du lot et s'impose instantanément comme un petit classique du genre.

 

Vermines : photo, Lisa NyarkoSquid Game, de la gnognotte à côté

 

1001 pattes

Le b.a-ba d'un film d'horreur avec des araignées : il faut des araignées. Et plus elles sont nombreuses, vilaines et tueuses, mieux c'est. Sébastien Vaniček et son co-scénariste Florent Bernard ont bien compris ce principe, si simple et pourtant si difficile à assumer. Vermines n'y va donc pas par quatre chemins pour tisser une véritable toile du cauchemar, avec toute la cruauté, la générosité et la perversité nécessaires. 

Dans les chaussures ou les conduits d'aération, sous les vêtements ou sous la peau, petites et silencieuses ou énormes et véloces, ces charmantes bestioles se déploient partout pour cocher toutes les cases du cauchemar. En retenant la leçon du xénomorphe dans le premier Alien, les araignées se multiplient, grossissent et grandissent beaucoup trop vite et discrètement pour laisser une chance aux humains. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous – c'est la note d'intention de tout bon film d'horreur.

 

Vermines : photo, Théo ChristineAvoir littéralement une araignée au plafond

 

La barre de béton devient alors la tour de la terreur, verrouillée qui plus est, histoire d'enfoncer le clou dans le cercueil. Pas besoin d'être arachnophobe, tout le monde aura envie d'acheter un lance-flamme après avoir vu Vermines. De la première confrontation dans la salle de bain à la tentative de nettoyer le faux-plafond avec un insecticide, en passant par la scène absolument terrifiante du couloir, le film est déterminé à jouer sur toutes les peurs. Spectacle, sensations, sueurs froides : tout est garanti.

C'est d'autant plus fort que Sébastien Vaniček sait aussi marquer les pauses, que ce soit avec la vision d'une soirée TV solitaire qui a mal tourné, ou celle d'un homme condamné qui se défend avec des verres d'eau. Vermines n'oublie pas que dans la peur, il y a toutes les peurs – mourir, mourir seul, voir les autres mourir. Le désespoir rampe presque aussi vite que les araignées, et il suffit d'un plan sur le cadavre d'un personnage colonisé par les créatures pour mesurer l'étendue humaine du cauchemar.

 

Vermines : photoTerrifiant mouvement de caméra incoming

 

chercher la petite bête

Mais comme tout bon film d'horreur qui se respecte, Vermines a d'autres choses à raconter. Les vermines du titre, ce sont les araignées mais aussi les habitants de cet immeuble de banlieue – du moins aux yeux des forces de l'ordre, centrales dans la dernière partie du cauchemar. Tout le monde se retrouve là, sans forcément avoir voulu y arriver... ou avoir réussi à en partir. Parqués, encerclés, condamnés, les deux clans s'affrontent. Et ça tombe bien puisque la disparition de cette zone arrangerait bien le paysage.

Curieusement, ça fait écho à un autre "film de genre français" sorti en 2023 : La Tour, de Guillaume Nicloux, dans le même décor mais avec le néant pur et simple à la place des araignées. Vermines en est pourtant l'antithèse à tous les niveaux. Normal : La Tour débordait de misanthropie, et détestait tellement l'humanité que les personnages étaient déjà morts à l'écran. Sébastien Vaniček et son co-scénariste Florent Bernard, eux, aiment les humains. Ils sont écrits simplement mais précisément, et le talent de Théo Christine, Finnegan Oldfield, Lisa Nyarko, Sofia Lesaffre et Jérôme Niel fait le reste.

 

Vermines : photo"On va nettoyer au karcher la cité"

 

Vermines va même plus loin que ça avec l'ultime blasphème du film d'horreur avec des araignées : les araignées ne sont pas que des vermines. Ici, la portée d'entrée de ces animaux si détestés (et déracinés), c'est la curiosité, l'admiration et le respect. C'est ce qui anime le personnage principal durant tout le film, malgré les épreuves (*euphémisme*) et la blessure amicale justement liée à cette passion. Et c'est ce qui permettra finalement aux survivants de s'en sortir, face à un choix légèrement terrifiant.

En prenant le contrepied des attentes, et en privilégiant une forme de douceur très à-propos, Sébastien Vaniček et son co-scénariste Florent Bernard ont pris le risque de bifurquer à quelques moments-clés du récit d'horreur. C'est peut-être cette volonté de sortir des sentiers battus qui affaiblit la dernière partie du film, avec notamment un climax qui mélange maladroitement l'illustration du propos et l'exécution du spectacle (une longue scène de chaos, mises à mort et fusillades dans un parking). C'est un peu frustrant vu la réussite impressionnante de Vermines avant ça. Mais ça ne saurait abîmer la réussite claire et nette de ce film de haut calibre. 

 

Vermines : Affiche française

 

Résumé

Ça, c'est un film d'horreur, qui n'a pas besoin d'un point bonus de soutien (ou pitié) parce qu'il est français. Vermines, ça démange, ça démonte, ça déchire. Et y'a intérêt que ça marche en salles, parce qu'on le mérite.

Autre avis Mathieu Jaborska
Que ça fait plaisir de voir une bonne grosse série B d'horreur bien de chez nous, efficace, généreuse et surtout qui n'a pas peur du premier degré. Espérons qu'elle attire moult arachnophobes dans sa toile. Car pour citer Guillaume Canet, "Si ce film-là ne marche pas, il n’y en aura pas forcément beaucoup d’autres aujourd’hui en France".
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Lecteurs

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commentaires
Bob
28/04/2024 à 10:21

Alors voilà.
On est en 2023, et il semblerait qu'il n'y ait pas moyen de faire un film sur les araignées un tant soit peu valable.
Ici, on reprend joyeusement tous les clichés : les araignées sautent sur les gens pour les attaquer, puis qu’apparemment, contre toute logique, elles ont identifié un être 20 fois plus gros comme étant une proie potentielle. Et puis elles sautent alors qu'elle font aussi des toiles, on a donc ainsi une araignée tisseuse avec un comportement type Salticidae, c'est génial.
Elles font bien évidemment des petits bruits, entre les castagnettes et la crécelle, c'est indispensable.
Forcément, elle passent par la plomberie car elles savent très bien nager, j'imagine, ou du moins elles ont une technique infaillible pour passer les siphons.
Bien entendu, elles pondent dans les gens, c'est bien connu, et puis elles entrent dans les cadavres aussi, tout le monde le sait.
Et puis, oh surprise! quand on en écrase une il y a plein de petits qui en sortent, c'est miraculeux.
Je veux bien faire un effort de mon côté pour admettre que c'est une espèce sociale, même si la probabilité était quand même grosso modo une chance sur mille que cela arrive.
Notons une petite touche comique quand même, puisqu'elles jouent à 1,2,3, soleil avec la lumière.
Passons sur leur évolution de taille en quelque heures...

On a donc là un énième film qui joue sur l'arachnophobie très répandue chez les humains et sur l'ignorance totale de ces arthropodes. Ignorance d'autant plus injustifiable si on en a peur à la base.

Bon. Moi j'aime bien le fantastique, hein. Mais là, c'est juste un ramassis de clichés usés jusqu'à l'os. En plus, ça ne créé aucune peur. Juste des sursauts, parce que le réal a confondu peur avec jumpscare.

Decepticon
26/04/2024 à 01:07

Les - :
La hype, j'avais hâte... au final plutôt déçu. 7/10 imdb, pas compris. Pas surpris ni frissonné pdt le film, j'ai pas la mm sensibilité que la moyenne, que le rédacteur de la critique ?
Le reste du casting : moyen, la cité avec la moitié de blancs dedans, c'est cela ouuiii;
La femme de ménage asiat ds 1 cité oui bien suuur;
Le bledart qui parle un français impeccable sans accent;
La police méchante bouh et le capitaine arabe ou noir, en effet ça court les rues.
Durée 1 peu longue, 1h30 max aurait suffit
La scène finale ds le parking incompréhensible, dog fight ça canarde de partout, pas compris..

Une vie de cité romantique mais qui n'existe que dans la tête des bobo (gauchos ?)

Scène du couloir insensée, clairement ils auraient dû tous y passer ?

J'ai pas réussi à suspendre mon incrédulité suffisamment pour apprécier complètement.

Le heros Caleb, sa rebel attitude passe au début, ensuite ça devient lourd !



Les + : Hyper content de voir des films de genre français, si rare, et bien foutu sur la forme, Chapeau l'artiste pour un 1er film. Prenant un minimum, on est pris ds l'intrigue mm sauf vers la fin.
7/10 sur imdb, perso je mets 6 pour le film de genre français. Belle image. Pas vu bcp de films d'araignée, c'est le meilleur loin devant. Jérôme niel, finnegan et la soeur du héros, biens.

@tlantis
26/04/2024 à 00:48

Déçu du film m’attendais à mieux et aurais même préféré qu’il aille du côté du fantastic avec un chien qui se la joue the thing par exemple

Marc en RAGE
28/01/2024 à 07:14

Un film qu'on peux classé dans la catégorie Z comme NANAR.
j'attends toujours d'être surpris mais VERMINES aucune peur sursaut de mon siège. Le seul plan c'est nos acolytes doivent passer un long couloir infecté d'araignée la caméra tourne montre ce qui les attend à l'arrivée de ce couloir. Un film Z déjà oublié.
VERMINES ☆

Fox
17/01/2024 à 10:17

@Ozymandias

Il sort aujourd'hui en Suisse Romande (17 janvier).

Sascha
10/01/2024 à 09:59

Je l'ai cauchemardé, Vermines l'a fait.
L'un de mes cauchemars d'enfants a pris vie sur grand écran hier.
Pour un premier film, Sébastien Vaniček s'en sort très bien et place déjà un plan iconique et peu vu dans le cinéma français (la séquence dans la cave . parking est magistral).
Si certains trouvent le film vulgaire dans ses dialogues, il ne représente qu'une partie du film et est plutôt ancré dans la réalité.
Je rejoins totalement EL sur leur critique.
Je le conseille vivement.

Dario 2 Palma
04/01/2024 à 19:41

Les personnages du film sont bien plus effrayants que les araignées malheureusement, ils passent leur temps à se hurler dessus grossièrement et à pendre des décisions stupides, j'ai souvent décroché du film à cause de son scénario, de ses clichés et de ses dialogues indigents. Sur la forme il y a des effets spéciaux corrects mais le film fait un peu cheap avec ses cadrages étriqués et sa caméra qui tremblote pendant les (rares) scènes d'action, on ne peut pas dire que le format large soit très utile et bien utilisé ici. Au final une petite série B très moyenne.

[)@r|{
03/01/2024 à 18:07

On peut dire que c'est exceptionnel de voir un film d'horreur Français.

Pour ma part, j'ai vécu un moment plaisant en compagnie de ces petites créatures à huit pattes et je vous encourage à aller voir ce film.

Alors, si vous êtes effrayé par les araignées, ce film sera une excellente option de thérapie !


Buon anno a tutti voi !

galetas
02/01/2024 à 20:33

Un 1er métrage prometteur; quelques carences à souligner tel des passages obligés un peu convenus , un final légèrement confus et péniblement chorégraphié et une interdiction aux moins de 12 ans qui modère l'impact organique et gore de ses foutus bestioles.
GOOD JOB!

yo
02/01/2024 à 16:14

Alors autant sur la réalisation et la technique, pas grand-chose à reprocher à ce film (au budget sûrement minuscule), autant sur le fond ce n'est pas possible : le scénario n'est pas fini, les dialogues sont très bêtes et très cliché, les perso sont stupides et cette stupidité pourrie littéralement le message du film sur la nature et le racisme sous toute ses formes.
Quant au casting, il s'en sort vraiment pas mal étant donné les situations et dialogues grotesques, exception faite de ce pauvre Finnegan Oldfield qui se débat avec un personnage encore moins bien écrit et caractérisé que les autres.
Vraiment dommage car le film est plastiquement réussi, avec de bons effets spéciaux et des moments de tension efficaces, mais malheureusement écrit de façon beaucoup trop naïve, pour être poli.

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