Les Gardiens de la Galaxie 3 : critique du dernier espoir pour Marvel
Après l'euphorie d'Avengers : Endgame, Marvel s'est réveillé avec une méchante gueule bois baptisée Phase 4, jusqu'à carrément tomber dans le coma avec sa Saga du Multivers. Avec ses Spider-Man 3, ses Thor 4 et ses Ant-Man 3, la méfiance ou le désintérêt sont presque devenus des réflexes d'autodéfense. Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 de James Gunn permet-il de baisser la garde ? Si le fait d'annoncer une belle réussite divisera certainement, on pourra sûrement se mettre d'accord sur le fait que c'est loin, très loin d'un énième échec.
je s'appelle gunn
Après un déferlement de produits lisses et interchangeables, il était temps qu'un film redonne un peu de vitalité à l'univers bien distendu de Marvel. Étant donné que Taika Waititi n'a pas transformé l'essai avec l'horripilant Thor : Love and Thunder, et qu'il ne restait que quelques gimmicks de Sam Raimi dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness, cette tâche ne pouvait incomber qu'à James Gunn.
De sa formation sur les bancs gluants de Troma à son avènement hollywoodien, le cinéaste cultive un style généreux, cradingue et immature qui a largement participé au succès des deux premiers volets des Gardiens de la Galaxie. Mais même si les deux précédents opus sont souvent cités parmi les meilleurs du MCU (Écran Large ne faisant pas exception), la crainte que James Gunn finisse lui aussi complètement écrasé sous le cahier des charges strict de Marvel n'était pas infondée.
Son épisode spécial Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses Fêtes était une pastille anecdotique et plus consensuelle que ce à quoi l'auteur a pu habituer son public, tandis que le film devait répondre à plusieurs impératifs scénaristiques : le retour de Gamorra après Endgame, l'arrivée d'Adam Warlock après la scène post-générique des Gardiens de la Galaxie 2, l'origin story de Rocket et la conclusion de la trilogie. Le risque était donc de se retrouver avec un scénario surchargé et peu place pour laisser sa mauvaise troupe exister.
COME AND GET YOUR LORE
Heureusement, avant d'être un film de Marvel, Les Gardiens de la Galaxie 3 est un film de James Gunn. Un des rares, sinon le dernier, à écrire et réaliser ses films et à ne pas être un détail au générique. De fait, son dernier volet est bien plus solide que toute la Phase 4 ou la Saga du Multivers, du fait de son identité marquée qui l'éloigne des autres programmes insipides et inconséquents du genre. Cette singularité s'exprime toujours à travers les obsessions de l'auteur, en particulier son attrait pour le body-horror comique, que ce soit avec un Groot monstrueux, des créatures répugnantes ou une planète entièrement organique.
C'est visqueux, c'est improbable, ça tâche, c'est outrancier, ça fait rire en même temps que ça dégoûte, bref, c'est du James Gunn où qu'on pose les yeux. En plus de ça, la direction artistique est travaillée pour donner vie à un univers tangible qui ne hurle pas sa nature numérique. Les effets spéciaux – s'ils ne sont pas toujours impeccables – ne veulent énucléer personne et assurent un spectacle cosmique auquel on ne croyait plus. Les idées de réalisation germent, tandis que l'action (si souvent conspuée chez Marvel) compte enfin des scènes de combats lisibles, inventives et sans montage agressif ou désorientant. Le meilleur exemple reste ce faux plan séquence numérique ludique et impressionnant dans un couloir exigu où la bande décime ses ennemis avec une classe d'enfer.
Une scène qui a dû coûter chair
De son côté, Adam Warlock, le méchant que le public "attendait" depuis près de six ans, a lui aussi souffert ou bénéficié (au choix) de l'impertinence de James Gunn. Son traitement divisera certainement, entre la déception de voir un être surpuissant relégué au rang de figurant comique, et la symbolique du geste, qui envoie balader les fameux impératifs scénaristiques. Pour autant, s'il aime les tourner en dérision, James Gunn aime ses personnages et le déclame tout au long du film, qui n'a de cesse de les apaiser et de les faire grandir. Car les thématiques du film sont bien l'émancipation, l'évolution et la guérison.
James Gunn revient ainsi à son attirance pour les marginaux et les êtres cassés. L'introduction sert d'ailleurs de note d'intention autant que d'ordre du jour : Rocket chantonne tristement le morceau Creep de Radiohead, pendant que Peter Quill noie "encore" son chagrin dans l'alcool et le déni. Et c'est peut-être là le plus fort : James Gunn, celui qui revendique le plus son ton de sale gosse irrévérencieux, est aussi celui qui suscite et gère le mieux l'émotion, qui avait tendance à se perdre.
Bienvenue à Raccoon City
Dans Les Gardiens de la Galaxie 3 l'humour, toujours bête et méchant, est lui aussi mieux maîtrisé, avec un tempo comique travaillé et une direction de casting plus exigeante. L'humour excessif chez Marvel est devenu une norme, chaque moment un tant soit peu grave ou sérieux devant automatiquement être désamorcé par une raillerie. Mais Gunn rappelle que les vannes peuvent coexister avec des moments dramatiques, voire tragiques dans le cas de Rocket. Comme les propos du réalisateur, la bande-annonce ou certaines affiches le laissaient entendre, cette histoire est cette fois celle du raton laveur. Tout le scénario s'articule autour de son passé déchirant et de la douleur qu'il renferme, et prend donc une dimension profondément triste et sérieuse.
Même le surjeu de Chukwudi Iwuji colle bien au personnage
À ce titre, le Maître de l'Évolution est un méchant des plus sinistres, qui indigne autant par sa cruauté que ses desseins vains et immoraux. Un poil caricatural quand il s'en prend à des enfants après les animaux, il est un vilain qu'on aime détester : cruel, mégalomane, fort, et rancunier. À ce propos, mettre à l'écran des bébés animaux tout mignons n'est pas une facilité ou un argument de vente. Il s'agit d'attendrir pour mieux toucher et apitoyer ensuite, soit un procédé presque aussi sadique que celui du méchant lui-même.
Toutefois, cet équilibre entre humour et drame entraîne paraxodalement l'un des déséquilibres majeurs du film : les flashbacks sur la vie de Rocket sont les segments les plus intéressants et déchirants du récit, et prennent fatalement l'ascendant sur le reste de l'histoire, située dans le présent. Par conséquent, les différentes missions qu'accomplissent les Gardiens, que ce soit une évasion de prison ou un braquage, ne sont que de sympathiques séquences dont les enjeux sont moins passionnants que le parcours personnel des membres de la bande.
Peu importe que les personnages aient des poils, de la fourrure, des antennes ou un problème avec le second degré, il n'est question que d'humanité et de solidarité dans ce troisième volet. Il ne s'agit pas de sauver une planète ou le Multivers, d'arrêter un gros méchant qui menace le monde, mais de sauver l'un des leurs. Tout simplement.
Les Gardiens de la Galaxie 3 est sans doute l'un des meilleurs films produits par Marvel depuis longtemps, mais on imagine aussi que ce sera l'un des derniers. Si la saga doit continuer, ce sera forcément sans James Gunn, qui a rejoint la Distinguée Concurrence chez Warner pour lancer son DCU, et c'est exactement avec ce film qu'on réalise tout ce que Marvel a perdu.
Lecteurs
(3.9)11/10/2023 à 05:18
Je déteste les films de supers héros et en particulier les productions marvel.
Les gardiens de la galaxie, la seule série de films qui m'a à chaque film fait passer un bon moment. Sans JG aux commandes ça va être du carnage comme disney et marvel savent faire. Un attrape c...
05/10/2023 à 23:10
Rocket :-)
21/07/2023 à 13:17
Pas le chef d’œuvre annoncé.
Alors ok, Gunn sait quoi faire de sa caméra et fait par moment du vrai bon cinéma là où beaucoup se seraient contenté de fabriquer des images.
Ok, plus d'émotion, un rien de psychologie, des personnages qui s'affirme. Pratt commence même à avoir un vrai bout de charisme.
Ok c'est généreux et inventif.
Mais ça coince toujours avec l'humour bas de plafond qui vient sans pitié désamorcer de très bonnes scènes.
Il y a un esprit Blanche neige embarrassant. On s'attend à ce que les monstres et les puppies viennent repasser nos chemises?
Groot me fait penser aux méchants des séries live japonaises des année 80, Spectreman, sors de ce corps!
La boum finale, trop longue, fini par créer une gêne.
Bref, j'ai passé de très bon moments entrecoupés de bonnes grosses déceptions.
Dommage!!!
17/07/2023 à 05:35
Ben probablement le meilleur des 3, le seule point négatif c'est le traitement d'adam warlock qui est un chouia ridicule, mais l'histoire est vraiment poignante, y a un petit côté "ile du docteur moreau", ou ce fou veux "perfectionner" les gens, on rigole pas mais certaines scènes sont à vous tirer les larmes, et le maître de l'évolution, ben il est vraiment facile à détester, une belle ordure.
28/05/2023 à 00:27
Très apprécié, et pour une fois une histoire qui garde un peu d'humanité, on l'avait oublié avec tous ces pouvoirs et tous ces super héros
Mais ça reste prévisible à bien des égards.
Quoi que la fin des gardiens (ou plutôt leur renouveau) est très touchante.
Je parie tout ce que vous voulez que Quill fera un cameo dans secret invasion...tellement prévisible.
27/05/2023 à 20:06
J'ai l'impression de ne pas avoir vu le même film que tout le monde. J'ai été tenté de quitter la salle à plusieurs reprises et ce pour plusieurs raisons :
- à mon sens, le film manque cruellement de rythme. Accoler une musique rock à 1 scene sur 3 ne donne pas du rythme, surtout si la scène dure 30 secondes.
- les méchants : la mère et le fils n'ont aucun charisme, ne font pas avancer l'histoire, ont des répliques tellement stereotypees que c'est gênant. Quant au méchant principal, il faut attendre 120min pour comprendre ses motivations... trop tard.
- l'histoire de Rocket et des animaux : au secours. On sait déjà qu'ils vont tous mourir. C'est digne d'un mauvais Disney et très embarrassant à voir.
- les gardiens : chris pratt est là sans être là, absent de son rôle, le regard presque vide. Gamorrha est assez insupportable.
Bref, beaucoup d'ennui et le plus faible des 3 films, je venais me divertir et jai trouve le temps particulièrement long. Si ça c'est le meilleur Marvel depuis longtemps, n'ayant pas vu d'autres Marvel depuis 3 ou 4 ans, le niveau doit effectivement être très bas.
07/05/2023 à 18:54
Enfin un bon Marvel. Gunn s'attache à ses perso et leur donnent une vrai âme. Jamais je n'ai eu autan d'empathie dans un film du MCU.
La scène en plan séquence est un must.
Bon c'est pas parfais, ya quelque longueur mais le tout est parfaitement maîtrisé.
07/05/2023 à 16:54
A y réfléchir, les Gardiens de la Galaxie constituent l’anti-Batman par excellence. Là ou celui ci est doté d’un corps de Dieu grec, mais solitaire et mélancolique, vivant pourtant dans un luxueux manoir, bref, à vrai dire issu d’un conservatisme gênant, les Gardiens sont tous des parias de la société, mais ils ne sont rien les uns sans les autres, ils sont pourtant drôles,m, squattant un vieux crâne fracassé, et d’un progressisme réjouissant.
Deux visions du monde des Super Heros!
07/05/2023 à 09:57
Le film a ses défauts, principalement un méchant raté aux motivations peu claires, mais il déborde tellement de générosité et de sincérité (notamment sur la cause animal) qu’on lui pardonne tout! Bravo Mr Gunn! Vous m’avez réconcilié (un temps?) avec le MCU.
06/05/2023 à 23:50
Beaucoup aimé le film malgré des défauts évident. Humour moins drôle que d’habitude, problème de rythme et d’équilibrage et film un peu trop long. On sent un leger mou parfois.
Sinon on a droit a une superbe mise en scène. Gunn sait vraiment très bien filmer. La scène de combat en plan séquence est une véritable master classe. L’arc de Rocket est excellent. Très sombre pour un Marvel. Voir creepy. L’impression d’être devant un film de Burton avec un petit côté film d’horreur. Son histoire est hyper émouvante et dérangeante dans le bon sens du terme. Ça interroge, les adultes et les enfants et c’est tant mieux. Certaines créatures sont dignes de celles des jeux Doom. La violence du film m’a surpris ainsi que le language. Gunn a été sûrement au bout de ce qu’il pouvait faire au sein du MCU. Gunn a mis énormément de cœur dans son film et ses personnages dont il est très attaché tout comme nous et ça se sent.
Pas gêné par le traitement de Warlock puisque je ne connaissais pas ce perso. Son côté adolescent abruti est sa seule faiblesse. Il est sorti trop tôt du cocon et n’est donc pas mature. Si cela avait été le cas rien de l’aurait arrêté alors why not. Bcq aimé l’évolution de Nebula ainsi que Drax avec les nouveaux enjeux vers la fin.
En tout cas un film riche en émotions simple mais puissantes. Ces gardiens auront été jusqu’au bout la belle surprise du MCU sortie de nulle part.
Ils me manqueront et je reverrais cette trilogie avec grand plaisir.