Ant-Man et la Guêpe : Quantumania - critique du Star Wars honteux de Marvel

Alexandre Janowiak | 14 février 2023 - MAJ : 15/02/2023 18:48
Alexandre Janowiak | 14 février 2023 - MAJ : 15/02/2023 18:48

Après une Phase 4 de quasi-transition n'ayant pas franchement conquis le public ou la critique, Marvel relance son MCU avec Ant-Man et la Guêpe : Quantumania. Un troisième volet des aventures de l'homme-fourmi Avengers toujours réalisé par Peyton Reed et mené par Paul Rudd accompagné d'Evangeline LillyMichael DouglasMichelle Pfeiffer et Kathryn Newton. Le moyen parfait selon Kevin Feige de lancer la Phase 5 et de présenter le grand méchant succédant à Thanos, aka Kang le Conquérant, joué par le talentueux Jonathan Majors. Une réussite ?

chiant-man

Dans les derniers instants de Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, un personnage achète un gâteau qui n'a pas franchement une belle allure (et il le sait). Malgré tout, il repart avec et lorsqu'il le goûte enfin, il comprend qu'il avait bel et bien raison : il est dégueulasse. Finalement, cette histoire de pâtisserie ressemble peu ou prou à ce que nous vivons avec le MCU.

Depuis 2008, Marvel nous annonce une ribambelle de films, avec des cinéastes plus ou moins intrigants, des promotions plus ou moins alléchantes et des promesses faramineuses... et même si on n'y croit jamais trop, on plonge dedans. Résultat, quasiment chaque fois, on se fait avoir, finissant par découvrir la supercherie au moment de la goûter. Et ainsi, on troque la grande apocalypse du Multivers promise par Doctor Strange 2 par un train fantôme indigne d'un Luna Park, on bazarde le retour des grands méchants de Spider-Man dans No Way Home pour un rassemblement de cosplayeurs de luxe et on sacrifie l'aventure épique, pop et colorée de Thor dans Love and Thunder pour un conte de Noël lourd, bruyant et vain.

 

 

La liste est évidemment bien plus longue (on pourrait parler de ce pauvre Black Panther : Wakanda Forever et de son univers aquatique instantanément ringardisé par Avatar 2 quelques semaines plus tard), mais la formule marche particulièrement bien avec le dernier venu, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, donc.

Après tout, dès les premières images balancées pour la promotion du film, ça ne sentait pas le grand cru. Marvel et son grand manitou Kevin Feige teasaient toutefois une aventure inédite dans le royaume quantique et surtout l'arrivée du grand successeur de Thanos avec Kang le Conquérant. Mieux, en lançant la Phase 5, Ant-Man 3 annonçait le début d'une nouvelle ère et se présentait comme la première brique d'un tout nouvel arc palpitant. Une belle théorie-promesse de plus dans l'univers Marvel qui va rapidement partir en fumée.

 

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : photo, Evangeline Lilly, Paul Rudd"On est tous les deux dans cette galère Evangeline"

 

peyton bide

Le fait qu'Ant-Man 3 commence rapidement est pourtant assez engageant, d'autant qu'on pouvait craindre la sempiternelle heure perdue sur Terre à se faire des blagues et ressasser les anciens films. Si l'on ne peut pas totalement éviter des saillies humoristiques lourdingues devenues une tradition marvelienne (oui, des gens confondent encore Spider-Man et Ant-Man, rigolez), elles ont le mérite de ne durer qu'une quinzaine de minutes (du moins sur Terre, l'humour naze est bien au rendez-vous tout au long du film). Et alors, suite à une expérience de Cassie qui tourne mal contre leur gré, notre troupe se retrouve aspiré dans le royaume quantique.

En quelques secondes, les cinq personnages sont séparés en deux groupes : d'un côté, le trio familial des Van Dyne-Pym (Janet, Hank et Hope), et de l'autre, Scott Lang et sa fille Cassie. Sur le papier, rien de spécialement original, mais Ant-Man et la Guêpe : Quantumania a le mérite de nous transporter aux confins d'un nouvel univers qui sera l'unique décor du reste du film. Visuellement, le film est donc assez inédit dans le MCU, car même si le monde quantique a été exploré à quelques reprises, il n'a jamais eu autant d'espaces pour se dévoiler.

 

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : photoUn nouvel univers très moche

 

Entre un monstre en forme de soleil, une immense bactérie affamée, des chevaux à trompe, des raies volantes ou des araignées-chiens-démogorgons capables de se dupliquer, Ant-Man 3 propose un petit bestiaire amusant, déployant peu à peu l'étendue du monde quantique. Et même si l'on n'arrive jamais à se repérer réellement dans tout ce bordel (avec les rochers flottants, les chutes de laves infinies et cet horizon indistinct), il y a quelque chose de particulièrement excitant à explorer cet univers... du moins dans un premier temps.

L'exploration exaspère très vite, notamment à cause de la tenue visuelle de l'ensemble. Les effets spéciaux n'ont jamais été le fort de Marvel et au vu de leurs méthodes de travail controversées, cela n'a plus rien d'étonnant. Mais avec Ant-Man 3, l'enfer esthétique s'accroît, alors même que Peyton Reed avait promis une révolution grâce à l'utilisation du Volume (la nouvelle technologie d'ILM derrière The Mandalorian entre autres). Finalement, le monsieur a avoué avoir jonglé entre le Volume et les fonds verts, pour un résultat d'une laideur sans appel. Eh oui, sans profondeur, le monde subatomique n'a aucun relief et le rêve d'un ailleurs se transforme finalement en visite poussive d'un plateau de tournage mal calibré.

 

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : photo, Jonathan MajorsQuand tu t'emmerdes sur ton siège de ciné

 

HERE WE GO AGAIN

Une débandade esthétique qui trouve sûrement son apogée dans le personnage de MODOK. Outre son origin story proprement ubuesque – les fans de comics seront sûrement ravis de cette revisite inattendue (non) – et la lourdeur de son écriture (les dialogues, ce n'est vraiment pas possible), son allure est un échec monumental digne des plus grands nanars, surpassant aisément l'immonde Mr. Electric de Les Aventures de Shark Boy et Lava Girl, voire détrônant l'horreur du Roi Scorpion de The Rock dans Le Retour de la momie.

Et si Ant-Man 3 ne ressemble pas à grand-chose, Peyton Reed est sans aucun doute le grand coupable de ce fiasco. Avec son pouvoir (grandir-rétrécir en fonction des situations), Ant-Man est théoriquement une mine d'or d'idées graphiques (la scène de la baignoire du premier volet en est une des preuves, minime soit-elle). Or, Peyton Reed ne parvient jamais à mettre sa mise en scène au service du potentiel de son super-héros. Et en étant incapable d'aligner une échelle de plan en 2h05 de métrage, il foire tout en permanence.

 

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : photo, Michelle PfeifferUne introduction qui donne envie d'y croire (un tout petit peu)

 

Résultat : le monde quantique est tellement mal foutu qu'il est franchement impossible d'avoir un quelconque repère spatial crédible pour situer les personnages. À tel point qu'on ne distingue plus, par moment, si Ant-Man est très grand ou très petit, annihilant l'intérêt même de son pouvoir. Un comble. Et ce crash artistique n'est que le premier d'une longue liste de désenchantement. Si l'on ne dira rien de précis sur le scénario pour éviter les spoils (de toute façon, les enjeux commencent là où le film se termine), on peut en revanche affirmer qu'il prend les spectateurs pour de parfaits abrutis.

En premier lieu, il ne fait littéralement rien de ses personnages. Alors que Scott et Cassie sont enfin réunis dans un film, leur périple en duo était l'occasion parfaite de développer plus en profondeur leurs regrets, rancoeurs ou nouveaux espoirs. Il n'en sera finalement rien, le récit se contentant de phrases toutes faites sur la famille ou l'amour. Même chose pour le trio Pym-van Dyne qui se regarde dans le blanc des yeux pendant la moitié du film au gré de ses rencontres avec des personnages secondaires inutiles (coucou Bill Murray). Le personnage de Janet succombe même à l'assommant "il faut que je vous dise quelque chose... mais attendons encore quelques scènes", histoire de remplir le film de vide.

 

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : Photo Jonathan MajorsKang au milieu de ce champ de ruines

 

Infinitesimal WARS

Sur le papier, c'est une façon d'introduire le grand méchant de la Saga du Multivers qui aurait pu fonctionner, aussi banale et fastidieuse soit-elle. Enfin... si le film n'avait pas révélé le lien entre Janet et Kang dès son introduction. Car si les personnages attendent éperdument que Janet leur raconte ce qu'elle sait, le spectateur a déjà toutes les cartes en main depuis les premières minutes. Et forcément, tenter de créer une tension sur un élément déjà connu du public, ça ne sert à rien.

C'est pourtant ce qui était le plus excitant (s'il en est) concernant ce troisième volet de Ant-Man : l'arrivée de Kang. Et pour être tout à fait franc, Jonathan Majors est plutôt bon dans la peau du Conquérant, insufflant un réel charisme au personnage et une stature imposante. L'acteur est indiscutablement le point positif du long-métrage, laissant subsister l'espoir infime d'un sursaut futur pour son arc au sein de la franchise. Tristement, Kang le Conquérant n'est en effet jamais vraiment effrayant, voire à peine esquissé, dans ce Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, le film préférant plonger ses personnages dans un récit SF soporifique.

 

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : Photo Michael Douglas, Evangeline Lilly, Michelle PfeifferManque plus qu'Obi Wan et on y est

 

C'est d'ailleurs à la fois le grand pari fou du film et l'ultime preuve de son carambolage en règle. En choisissant d'écarter le côté super-héroïque pour foncer tête baissée dans une aventure de science-fiction guerrière, Ant-Man 3 est une pure expérimentation au sein du MCU. Une idée rafraichissante qui ouvre les portes d'une vraie bizarrerie, dévoilant l'étrangeté de l'univers Marvel comme rarement auparavant. Malheureusement, une bonne idée ne fait pas un bon scénario, et malgré un amour sincère de ses références, le film manque d'inventivité, de folie et de singularité à tous les niveaux.

Pire, entre les vaisseaux, les pistolets lasers, les bars branchés, les multiples espèces "aliens", les rebelles en cachette, l'armée gourde d'un Empire autoritaire ou la présence d'un grand méchant maitrisant une simili-Force, impossible de ne pas avoir la sensation de regarder un Star Wars du pauvre devant ce Ant-Man 3. Et c'est tout le problème : espérer renouveler sa franchise en pillant un autre univers (ou plutôt plusieurs avec L'aventure intérieure, John Carter, Flash Gordon...) est d'une fainéantise effarante et d'une ringardise embarrassante. Mais plus encore, c'est surtout le signe du mépris et du cynisme grandissant de Marvel pour ses spectateurs. Une honte.

 

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : Affiche

Résumé

Vide subatomique, laideur faramineuse, fou rire nerveux... Ant-Man et la Guêpe : Quantumania rate presque tout ce qu'il entreprend, et c'est un super-pouvoir en soi.

Autre avis Antoine Desrues
Si Marvel n'a plus envie de raconter quoi que ce soit depuis longtemps, on pouvait au moins espérer qu'Ant-Man 3 permette à Peyton Reed de prolonger ses expérimentations techniques testées sur The Mandalorian. Pas de chance : l'entreprise est d'un tel niveau de fainéantise que le grand spectacle en souffre plus encore que le scénario.
Autre avis Judith Beauvallet
Le cynisme d'une telle production qui ne se cache même pas de brasser des millions pour ne pas les réinjecter dans un film qui ressemble à un coloriage d'enfant de cinq ans devrait déclencher des révolutions.
Autre avis Geoffrey Crété
Ça aurait pu être un petit hommage amusant à L'Aventure intérieure, Tron, voire Jules Verne. C'est malheureusement une vieille soupe tiède qui réunit le pire de Marvel, et offre même quelques sommets d'hallucination de nullité.
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Lecteurs

(2.8)

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commentaires
Yoyo
10/08/2023 à 21:20

Je viens de le voir. Malheureusement je ne peux qu’être d’accord avec votre critique.
J’ai suivi tous les Marvel à ce jour… mais si il n’y a pas un vrai sursaut dans le prochain film, je vais laisser tomber. Depuis Endgame c’est devenu une corvée.

disney rime avec money
02/05/2023 à 11:16

vue en version pirate (qui est encore assez fou pour payer pour voir un marvel) et c'est bien éclaté au sol! Le dernier bon marvel c'était infinity war, il y a donc eu 12 navets depuis (allez 11, je sauve far from home aux rattrapages)........

Dickonce
05/03/2023 à 20:01

Pauvre Corey Stoll... il n'a probablement rien dit à sa famille.

Si j’avais passé ces 2h05 à…
05/03/2023 à 19:46

récurer mes toilettes, je n’aurais pas perdu 2h05 de ma vie.

Je suis moi et pas vous
03/03/2023 à 18:29

Bonjour
Très déçu
Ne vous laissez pas avoir, la bande annonce nous laisse croire à un film de ouf alors que le film est pas si ouf que ça
Beaucoup de faux raccord et de choses qui ne tiennent pas la route
Ex 1: une personne parle de Spider Man alors que spider man est oublié de tous après les événements survenus dans no way home
Ex 2 : Modok, en ayant lu les bd le Modok du film est pourri. Dans les bd Modok est très puissant, mais dans le film il perd d'une façon très bidon et SURTOUT MODOK N'EST PAS DAREN c'est quoi se délire de mettre DAREN dans le rôle de Modok
A voir au moins une fois mais pas la peine d'aller au cinéma pour ce film

Bonnisseur de la bath
28/02/2023 à 17:37

@ Kingeddie, ce que tu n'as pas compris toi c'est qu'il est tout à fait possible de faire du divertissement pur de qualité sans se moquer de son public (Ready player one, le 1er Kingsman, une toute petite poignée de marvel, pour citer les rares exemples réussis de ces dernières années). C'est même un devoir quand on a ces moyens et ce budget. Et force et de constater que depuis Endgame, Marvel sort bouse sur bouse. Accepter la médiocrité sous le prétexte que ce n'est que du "divertissement" n'est pas un argument. Quand à la comparaison hors sujet avec le cinéma d'auteur français, je préfère revoir 20 fois La nuit du 12, Boite noire ou As bestas que de me taper un marvel mineur en salle.

Kingeddie
27/02/2023 à 20:34

Le problème d'Ecran Large, c'est qu'ils veulent absolument définir ce Ant-Man 3 pour quelque chose qu'il n'est pas et pas pour ce qu'il est en réalité : du pur divertissement ! Mis à part Jonathan Majors que je trouve un peu en dessous d'un charismatique Thanos et de la présence tiède de Bill Murray, tout le reste respecte les codes du divertissement grand public,avec ses scènes de poursuites,de batailles et d'humour léger...si vous cherchez le film d'auteur qui se la raconte pendant 2 plombes, n'allez pas voir Ant-Man, sinon, c'est plutôt sympa et quand on compare avec les productions françaises de ces 6 derniers mois, c'est carrément super....

Picasso sensei
26/02/2023 à 22:05

Vraiment pas terrible comme marvel, je viens de le finir et la déception est la... très previsible, trop même. Le pouvoir de kang superflu. A en se demander sérieusement si thanos n'était pas le meilleur vilain qu'à connu et que connaîtra le MCU. Et du coup est ce que endgame ne devait pas être le dernier film du MCU? Une magnifique conclusion détruite par la phase 4 et très probablement par la phase 5 à venir.

Fifi
22/02/2023 à 05:25

Bé on n'a pas vu le même film..Le problème de vos critiques est que vous avez des exigences fondées sur votre connaissance des BD et sur vos conceptions cinématographiques. En ce qui concerne le lien avec les BD, je ne vous rappelle pas l'histoire des 2 oies que racontait Hitchcock Quant à vos conceptions, elles sont respectables, mais sont elles compatibles avec les films de pur divertissement (question posée par quelqu'un qui a vu 13 fois l'Amour à Mort de Reisnais au ciné) ? J'ai vu un film très beau, rigolo avec des trous (je m'en doutais !!), avec de bons bourre-pifs ET le Chat de Schroedinger (il n'apparaît pas dans les sous-titres mais j'ai bien entendu sa mention quand Ant Man se multiplie à l'infini dans un univers .. probabiliste.. arf arf).. Et le plaisir de voir de merveilleux acteurs...Et vu que Kang me semble avoir de multiples versions de lui même, toutes sans inhibition, on sent que ça va péter par la suite. Ah oui, vous comparez aussi avec Star Wars.. mais Marvel garde ce que Star Wars a, à mon sens, perdu dans les derniers Épisodes : la capacité de créer des mondes étranges peuplés de créatures fabuleuses .. avec des trous...

Flo
18/02/2023 à 12:55

« Quantum dans le désert
Depuis trop longtemps
Tu t’demandes à qui ça sert
Toutes les règles un peu truquées du jeu qu’on veut te faire jouer… »

Évidemment, tout est truqué, tout est écrit à l’avance depuis des décennies… Pourtant chaques enjeux s’en trouvent un peu plus intimistes qu’on ne le croirait.
Mais d’abord, on ne devrait pas oublier à quel point cette franchise, dans un reflet étonnant avec l’univers Marvel, est à la fois grande et petite. Immense mais modeste. GiAnt-Man – et le cinéma d’Edgar Wright, bien sûr…
Avec la tentation du mépris surgissant souvent chez qui veulent trop trouver du sens intellectualisé, ou bien du héros bombant le torse comme un surhomme Nietzschéen.
Surtout quand les bandes-annonces laissaient entendre qu’il s’agissait peut-être d’un film avec plus de gravité, de pathos dramatique, avec sacrifices tragiques au programme etc… Bref, que c’était le standard « Épisode 3 conclusif », qui fait se pâmer les critiques y voyant l’opus de la maturité blablabla… Ça aurait été bien prévisible, et en fin de compte ça a été totalement déjoué – il semble peut-être y avoir eu quelques modifications finales, éliminant cette option.
Ce poncif de la construction en trois temps, début (naissance), milieu (vie) et fin (mort), Marvel Studios décide de ne pas le suivre pour ses franchises. Mais toutefois de la garder au sein de quasi chaque film, moins les scènes post-génériques bien sûr, pour ceux qui aiment les prolongations, vous êtes libres de choisir.

Car oui, ce qu’on y voit, c’est du vrai de vrai film d’aventure et de science-fiction, bien rythmé, avec une musique à tomber, ne faisant pas de trop longues ruptures de ton comiques, ce qui permet de toujours se relancer à temps.
Dans un univers imaginaire qui Enfin ne ressemble Pas une simple extension de notre monde, hormis quelques points communs immuables à tout endroit où il existe de la vie et des sociétés – de l’amitié, de la corruption, de la servitude et ceux qui la combattent…. et de l’alcool.
Des cieux emplis de nuées cosmiques en arabesques, une faune simili protozoaire, des autochtones pseudos humains ou drôles de monstres etc…
C’est réellement dépaysant là. Le travail des designers, choisi par le réalisateur et les producteurs, est à la fois psychédélique, à peine kitsch mais toujours lisible, que ce soient les décors réels ou numériques. Du vrai Pulp comme s’il en pleuvait, bien plus que dans un seul Star Wars (qui n’existait même pas à la création des comics Marvel).
Et qu’elle est la « Famille Robinson » qui va se perdre la dedans ?

Aucun protagonistes d’aventuriers clichés avec le Ant-Man choisi dès la début de cette franchise, Scott Lang, bien plus « sympathique mais courageux ahuri » que ne l’est Hank Pym. Comme un Peter Parker devenu adulte – et quoi de plus cool que Paul Rudd ?
Ce genre de héros qui triomphe en salles car il fait « vrai » – comprendre que comme le commun des mortels, il y a de quoi faire régulièrement les gros yeux devant toutes ces situations super-héroïques absolument absurdes…
Dans un bon film d’acteurs et leur alchimie, la mise en scène se calant alors sur leur jeu – ne définitivement plus confondre avec les films de mise en scène, où les acteurs sont assujettis à des cadres significatifs ultra préparés à l’avance, où la caméra ne peut pas être posée ailleurs.

Avec sa famille recomposée, mais composée de membres n’ayant pas le même niveau dans leurs arcs narratifs respectifs.
Hope Van Dyne ayant déjà atteint son but de devenir une combattante valeureuse (Evangeline Lilly est elle-même assez confinée dans cet emploi de femme très sûre d’elle), mais heureusement elle ne régresse pas pour autant.
Hank Pym idem, stabilisé en tant que mari/patriarche ouvert et protecteur, juste heureux ici de célébrer l’intelligence pratique des fourmis (Michael Douglas, force tranquille).
Janet Van Dyne serait plus la Guêpe en titre, en femme de tête au passif plus ou moins traumatisant, qui possède toutes les clés de l’intrigue (Michelle Pfeiffer, active comme on l’a rarement vu ces dernières années).
Et on finit par un duo père/fille entre Scott et Cassie Lang (Kathryn Newton, immédiatement attachante, l’héroïne qu’il nous fallait), qui passe par un début de passation de flambeau, bouclant la boucle avec le premier épisode (rare concession au genre « Épisode 3 », avec aussi la démesure et des scènes de bataille à plusieurs)… Jusqu’à faire revenir un ennemi représentant un échec et une peur ancienne, en le mixant encore avec un autre personnage Marvelien, monstrueusement jouissif, pathétiquement dangereux – c’est tout le concept des MODOK.
On distinguera ainsi le portrait de trois générations :
L’ancienne portant en elle (par honte empêchant toute communication) des fautes passées, malgré elle…
L’actuelle étant divisée entre l’action et la tranquille passivité…
La plus jeune étant plus concernée et révoltée.

Et qu’il s’agit depuis le premier film d’une sorte de version officieuse des 4 Fantastiques (une longue obsession pour Peyton Reed), mâtinée de film de petits hors-la-loi.
Rien d’étonnant alors de voir alors une famille d’inventeurs super-héroïques égarée dans d’autres mondes, ainsi qu’un antagoniste faisant aussi bien penser au Psycho-Man qu’à Rama-Tut… lequel n’était rien d’autre qu’un des avatars de Kang.
Personnage multiple, se réinventant constamment encore plus que tous les personnages de comics, mais enfermé dans une logique tenace : il doit conquérir, car il le désire ardemment et en a déjà trop vu. Originellement, l’époque des héros modernes est censé être Son grand trophée, mais insaisissable.
En attendant, il est surtout un seigneur guerrier impitoyable, concentré, sadique, démiurge fou (et même dingo s’il se plaisait à partir dans des délires narcissiques), refusant la faiblesse… Ne comprenant pas ce que peuvent faire une légion vertueuse contre un individu se pensant si supérieur grâce à ses connaissances. Un beau salaud dans toute sa splendeur, sans fêlures prétextes, que Jonathan Majors introduit avec une dangerosité absolument palpable.

Bref, on a bien une mise en place mystérieuse, avec du « pay-in », mais un paquet de termes scientifiques théoriques ardus (le début).
Du « pay-off » lorsque, à force d’être évoqué rien que par la peur, puis par des flashbacks, Kang montre très bien l’étendue de sa menace (le milieu).
Et une vraie résolution, musclée, assez satisfaisante et pas bâclée (la fin), même si un doute subsiste.
Autrement dit, c’est du vrai film, et pas un fourre-tout qui part dans trop de directions éparses.
Un peu classique dans ses situations, quelques fois inventif dans ses instants d’action (la séquence avec les doubles hypothétiques aurait pû faire un très bon climax de fin)… Et qui a la politesse de nous montrer des aventuriers qui sont du côté du Bien commun au détriment de l’individuel, et qui n’ont pas honte de profiter du moment présent malgré l’existence continue de dangers funestes.
C’est l’évidente proposition que fait le film, alors il est inutile d’en fantasmer une autre. Pas de grosse stimulation esthétique ou intellectuelle, mais une excitation empathique.

Un bon début de Phase, et toujours un bon moment à passer en salle.

« …Quand j’lui ai demandé « t’as tenu combien de films »
Il a répondu « passé trente »
J’m’souviens qu’il espérait tenir jusqu’à quarante ».

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