Halloween Ends : critique de l'ultime retour (lol) de Michael Myers

Mathieu Jaborska | 12 octobre 2022 - MAJ : 13/10/2022 17:34
Mathieu Jaborska | 12 octobre 2022 - MAJ : 13/10/2022 17:34

David Gordon Green, sous l'égide de Blumhouse et avec la bénédiction de Jamie Lee Curtis, avait ressuscité le Michael Myers du film de John Carpenter en 2018. Suite au succès de son Halloweenil s'était engagé à sensiblement augmenter son bodycount dans Halloween Kills, puis à clore purement et simplement son histoire dans Halloween Ends. Il a tenu sa première promesse (au prix de la plausibilité de son scénario), mais parviendra-t-il à tenir la seconde, autrement plus ambitieuse ?

The End is night

Personne n'est dupe : Halloween Ends n'est sans doute pas le dernier HalloweenJason Blum lui-même l'assumait pendant la promotion : bien que rien ne soit prévu pour le moment, il n'est pas né celui qui l'empêchera de faire revenir ce bon vieux Michael Myers, tant qu'il aura les faveurs du grand public. Le film de Gordon Green met plutôt un terme à sa trilogie, mais surtout à l'affrontement entre le boogeyman et Laurie Strode initié par John Carpenter. The Shape devra désormais (dé)composer sans sa némésis, du moins sans celle incarnée par Jamie Lee Curtis, laquelle semble en avoir enfin fini avec la franchise qui a fait d'elle une icône.

 

 

Et cela suffit amplement à donner un intérêt à cette conclusion. Les deux premiers films s'échinaient à reprendre le traitement du "mal absolu" à la Carpenter pour explorer ses répercussions psychologiques sur le long terme, sur la population d'Haddonfield et donc sur Laurie, symbole d'un profond trauma. Le troisième autorise enfin cette dernière à le dépasser et donc à éliminer la menace de Michael non pas dans la franchise, mais dans son esprit. Malmené dans le deuxième opus, Gordon Green ne sachant visiblement pas quoi en faire après la version de 2018, son personnage reste utilisé très maladroitement (la séquence qui ouvre le troisième acte est vraiment étrange) et demeure en arrière-plan, mais il redevient la clé de voute du récit.

 

Halloween Ends : photo, Jamie Lee Curtis"Sarah Conn... Euh, je repasserai"

 

Récit qui, en s'arrimant à cette approche très métaphorique, gagne clairement en audace. Plutôt qu'une bataille épique, le cinéaste et Chris Bernier nous racontent une guérison, quitte à carrément éjecter leur vedette masquée d'une grande partie du récit, voire – terrible sacrilège pour les inconditionnels de la saga – à lui enlever de sa toute-puissance. D'entrée de jeu, Laurie semble débarrassée de ses démons, participant même avec enthousiasme à l'ambiance festive d'Halloween. Une paix intérieure qui force le respect, étant donné la conclusion absurde du précédent volet.

Plus que jamais, Michael est une émanation de la psyché de l'héroïne. Tandis qu'elle s'éloigne de son emprise psychologique, il faiblit et il faut qu'un autre mal revienne la hanter (le mépris et l'ignorance des habitants de sa ville), pour qu'il ressurgisse des profondeurs, sous une autre forme néanmoins. L'idée désarçonne, nous refuse le carnage espéré, à un meurtre ultra-gore près, mais met en même temps à mal la dynamique qui a fait les grandes heures du slasher movie : la tension narrative entre la final girl et le boogeyman, soit une mise en pratique du fameux schéma narratif antagoniste/protagoniste.

En lieu et place d'une baston finale pleine de sang et de tripes, Gordon Green et son coscénariste choisissent de nous dévoiler l'agonie de Michael Myers, figure mythologique dépendante des règles du genre dont il a été couronné roi. Preuve que pour parvenir à vraiment achever une saga de slasher, il faut démonter un par un ses prérequis, et ce avec plus de rigueur que dans le dernier Scream.

 

Halloween Ends : photoLe masque de la mort blanche

 

Evil Dies tonight

Étonnant lorsqu'il justifie le retour de Michael et de ses meurtres, Halloween Ends revient vite sur des rails quand il tente de se connecter aux thématiques sociales de la nouvelle trilogie. Son mojo, "le mal engendre le mal", sert autant à réarranger les codes du slasher (les habitants de la ville créent de toutes pièces leur propre boogeyman, réveillant les angoisses de Laurie et par conséquent le mal, le vrai) qu'à en rajouter une couche sur les psychoses collectives et leur dangerosité.

Déjà dans Kills, reflet un peu trop évident des mouvements politiques de masse américains, le futur responsable de L'Exorciste n'y allait pas avec le dos de la cuillère. Ends a beau ne pas rivaliser avec la bêtise des pires retournements de situation de son prédécesseur, il ne lésine pas sur les dialogues appuyés, les situations forcées et les liens noués un poil trop rapidement. Le personnage joué par Rohan Campbell (un habitué des séries propulsé dans un rôle pas facile), au coeur des enjeux de ce troisième opus et du traitement très particulier de ses antagonistes, en fait les frais, englué dans une relation trop peu caractérisée avec l'un des protagonistes.

 

Halloween Ends : photo, Rohan Campbell, Andi MatichakPour le Rohan !

 

Loin de se contenter de désamorcer la rivalité entre Laurie et Michael, pourtant la vraie singularité du long-métrage, le cinéaste persiste à accaparer les habitants d'Haddonfield pour appuyer sa démonstration, si bien que ce soit les personnages de Kills à peine réutilisés ou les nouveaux venus, ils sont autant d'outils complètement désincarnés, qu'on n'a même pas l'occasion de voir se faire trucider avec panache, le principe scénaristique président au film lui refusant d'être aussi généreux que ceux de 2018 et 2021.

Preuve en est du dernier acte, qui aurait du contrebalancer son manque d'originalité par sa portée symbolique. Non seulement il arrive comme un cheveu sur la soupe, mais ni la mise en scène, ni les réactions des personnages, ni même la musique ne prennent la peine de donner un peu de substance à une fin somme toute assez contractuelle. Seul importe le sourire apaisé de Jamie Lee Curtis, la final girl si émérite qu'elle a fini par outrepasser sa propre condition. Merci à elle !

 

Halloween Ends : affiche

Résumé

Passionnant quand il met en scène l'agonie symbolique d'un boogeyman légendaire, beaucoup plus maladroit sinon, Halloween Ends est à l'image du reste de la trilogie : très bancal, mais audacieux.

Autre avis Geoffrey Crété
Entre l'approche scolaire de Halloween 2018 et l'extrême grand-guignol de Halloween Kills, Halloween Ends essaie de trouver un point d'équilibre. Il confirme surtout que cette trilogie a avancé à tâtons, laissant derrière elle autant de cadavres que d'impasses narratives. La "fin" est donc gentiment rébarbative, malgré une belle idée (sacrifiée).
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Lecteurs

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commentaires
Lautattoo78
06/11/2022 à 11:53

Je suis un grand fan des Halloween avec Jamie lee Curtis mais celui ci est un véritable navet..super déçu du scénario avec un pseudo jeune psychopathe..dommage…..

Mike Myers
04/11/2022 à 13:48

Un étron sans nom avec une idée de scénario complètement débile. Ils ont réussi à faire pire que Kills cette bande d'incapables. Au moins ce dernier était fun dans sa débilité, ici l'ennui et l'indigence dominent. Une honte, et dire qu'ils ont décanonisé presque toute la saga pour cet étron !

LeRoiBoo
30/10/2022 à 18:47

Pareil que pas mal d'autres, j'ai vraiment aimé la trilogie. Même si le 2 était moins bon.
Et la fin était vraiment pas mal, même si un ti peu trop courte.

Weezy
21/10/2022 à 01:54

Je l'ai trouvé assez sympa et le fait qu'il sorte un peu de la routine du slasher classique est agréable. Le pari est osé mais vaut le coup. Le film est certes perfectible, notamment dans sa narration et la fin est très attendue mais ça a le mérite de tenter et de parfois réussir.

Real
14/10/2022 à 19:52

Il y aura les pro- et les anti Halloween Ends. Clairement. Perso, je trouve que la prise de risque du scenar, eclipsant le slasher basique, en valait la peine. Alors Myers, ici...vrai perso, ou métaphore de trauma ? Le forum est ouvert, mais ça aura au-moins été osé !

Bond
14/10/2022 à 00:33

Vu ce soir , agréablement surpris , pour fois on a pas un énième film qui ressemble aux autres , il y a une prise de risque ( ce qui pour l’époque est rare) après qu’on aime ou qu’on aime pas c’est l’affaire de chacun , pour ma part (même si tout n’est pas parfait) j’ai bien aimé

Icarus
13/10/2022 à 11:48

On pourra pas dire qu'il ny'a a pas eu de prise de risques !
Ca reste clairement en deça de Kills, visuellement sublime, gore à souhait, avec une vrai reflexion sur le vigilantisme et la contamination par la peur, et des personnages incarnés.
La on est quand même sur des moments turbo cringe avec la relation Allyson/Corey en mode teen drama malgré une super idée.
Même papy Carpenter est en retrait, et c'est bien dommage !

Mouais
12/10/2022 à 19:45

Ah mince, vu la bouse intersidérale qu'était le précédent film j'attendais pas du tout ce film, mais en voyant qu'il est son opposé ça donne presque envie !!

Halloween Ends n'est pas canon
12/10/2022 à 18:20

@ Halloween Sucks

Tout a fait, desfois avec le recul on se dit que des précédentes suites de certaines franchises ne sont pas si toc que ça, meme les zombies etait bien que mauvais plus intéressant. Halloween Ends est pathétique, abject, ridicule, c'est quoi cette histoire de copycat a la c*n qui sort de nulle part et qui prend les 3/4 du film ? Et cette fin... Oh mama...

Halloween Ends n'est pas canon
12/10/2022 à 18:18

@ kraven

Tout a fait d'accord avec toi, c'est juste lamentable, jamais j'aurais pût imaginer une bouse pareille comme "conclusion" En voyant cela ça donne pas envie qu'on ressorte freddy et jason si c'est pour le donner un traitement pareil.

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