Fear Street Partie 2 : 1978 - critique qui campe sur ses positions sur Netflix

Raphaël Iggui | 9 juillet 2021
Raphaël Iggui | 9 juillet 2021

Fear Street - Partie 2 : 1978 reprend exactement là où le premier volet s'était arrêté, aux portes d'un postulat aussi excitant que la mythologie présentée. Sans surprises, son successeur reproduit les mêmes tares à l'identique, corrigeant certains aspects pour mieux échouer sur d'autres. On fait le point pour sa sortie sur Netflix avant l'arrivée du troisième et dernier volet.

Vendredi 13 organisé 

S'il arrive au genre du slasher de briller, c'est quand de bons réalisateurs s'emparent d'un concept aussi bêtement limpide pour le transcender par leurs pattes. Pour rappel, le slasher consiste à confronter une bande de jeunes souvent entre 15 et 25 ans à un tueur sanguinaire, souvent un colosse taiseux plus expressif à l'arme blanche. Il est possible d'y infuser un vrai sentiment de terreur diffus, une énorme dose de fun gore et sanglant, d'en faire un conte terrible sur les origines du Mal... bref tout est possible, tout est imaginable. 

Ici point d'imagination puisqu'on la même figure de tueur croisée dans tous les ersatz d'Halloween, la nuit des masquesVendredi 13... Si l'on enlève l'origine de sa pulsion meurtrière, ce nouveau boucher n'apporte strictement rien. Ironiquement, la seule mise à mort un tant soit peu drôle sera... la sienne (ne prenez jamais "se creuser la tête" au sens littéral). La moitié des meurtres se déroule hors champ et les autres font le minimum salarial du gore et du sanglant. Surtout, il n'est que rarement menaçant puisqu'il apparaît toujours aux besoins du scénario, semblant attendre dans un coin qu'on ait besoin de ses services

 

Photo"Vous avez demandé un tueur, veuillez patienter"

 

Une sous-utilisation de son antagoniste principale, mais également des autres figures du premier long-métrage. Toutes apparaissent lors du dernier acte, laissant entrevoir une fin qui aurait mérité d'être plus longue, plus sèche, resserrant les enjeux de survie autour de nos deux protagonistes luttant pour leur survie. Mais le film ne les emploie que comme figurants de luxe et mains d'oeuvre supplémentaire donnant lieu à une double mise à mort finale à la limite du nanar. Chaque coup supplémentaire arrache un éclat de rire plus bruyant tant la situation est passée de touchante à over the top. 

Et c'est sûrement le plus grand reproche à faire au film : au lieu de creuser son propre sillon en hybridant sa mythologie avec les apports de ses aînés, il préfère en faire une redite molle. Il bégaye des scènes et des poncifs qu'on a déjà vus ailleurs de manière plus éloquente. On se retrouve avec le même camp de vacances, les mêmes animateurs clichés (le beau gosse superficiel, les babpos-hippies experts en drogues, etc.) et le même buffet froid de tripes et de cervelles à massacrer. Mais l'envie n'y est pas vraiment, tout semble encore une fois placé sur des rails prévisibles. 

 

PhotoNos jours peureux

 

Netflix Uber Alles

Dès l'apparition des différents personnages à l'écran, difficile de ne pas deviner à l'avance qui va y passer et qui va survivre. C'est l'un des challenges principal du slasher, donner de l'intérêt à ces différentes morts. Mais le cahier des charges Netflix semble encore avoir frappé puisque les différents personnages et leurs relations (rivalités, amourettes, etc.) sont uniquement là pour remplir des fonctions, avant leurs morts rapidement expédiées. Le film en profite également pour glisser quelques scènes à l'érotisme digne d'une morgue moldave, et quelques échanges de salives qui n'émoustilleront que les jeunes collégiens. 

Au niveau de la mythologie, le film fait de la division Sunnydale / Shadyside, un ressort scénaristique gadget. Les gens de Sunnydale sont beaux et arrogants, et traitent tout le temps les gens de Shadyside de "Nerd" alors que ces derniers sont gentils, mais handicapés par une malédiction qui transforme les gens en tueurs sanguinaires. Une division manichéenne bien dommageable quand on voit la manière dont le film exploite la question de la précarité et du déclassement social à travers la relation conflictuelle des deux soeurs / personnages principales. Cette dernière est une des rares réussites du film et une des clefs de voûte de cet édifice cinématographique bancal. 

 

Photo, Sadie Sink, Emily RuddLes Blues sisters

 

Les acteurs et actrices sont sans doute l'une des seules qualités du long-métrage. Bien qu'ils doivent se débattre avec des personnages et des répliques pas toujours finaudes, la plupart sont vraiment investis et cela se ressent même dans les passages les plus mal écrits. Le péché originel du long-métrage réside peut-être dans son écriture, pensée à mi-chemin entre le téléfilm et la série. Certaines informations importantes pour le contexte général et pour la suite semblent introduites au forceps, comme un grossier astérisque placé sur le côté de l'écran. Au-delà, les mentions faites de la mythologie semblent exister uniquement pour amener au volet suivant. 

Rebondissements téléguidés, réalisation purement illustrative, bien que moins timorée que le premier volet... Fear Street souffre finalement d'un gros défaut : son calibrage marketing. La trilogie semble n'être qu'un pur produit destiné au public adolescent connaissant peu ou pas les codes du slasher, mais plus habitué à l'univers des séries et leur fonctionnement.

Le climax qui annonce le troisième volet s'inscrit pile dans cette continuité, avec une fin qui laisse enfin espérer une apothéose digne de ce nom. L'univers est désormais établi et plus rien ne saurait entraver le terrible destin de Sarah Fier, option hectolitres de sang et malédiction centenaire à la clef. Reste à le prouver dans Fear Street - Partie 3 : 1666 avec plus de folie, d'envergure et de sincérité pour sauver cette catastrophe.

Fear Street Partie 2 : 1978 est disponible sur Netflix depuis le 9 juillet 2021 en France.

 

Affiche officielle

Résumé

Passé l'effet de surprise de Fear Street - Partie 1 : 1994, sa suite peine à convaincre. Prolongeant maladroitement sa mythologie tout en s'aventurant sur les terres du slasher, le film ne trouve aucune porte de sortie pour éviter son enlisement dans un récit aussi calibré bien qu'honorablement sauvé par quelques saillies sanglantes et un casting attachant. On reste sur notre faim, mais avec l'appétit ouvert pour le troisième volet.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(4.3)

Votre note ?

commentaires
Jojo
15/07/2021 à 06:53

J'ai bien aimé cette 2ème partie, ça ne réinvente pas la roue certes mais le côté plaisir coupable façon Vendredi 13 m'a beaucoup plu.

pc
14/07/2021 à 06:02

Classique mais efficace, pas vraiment d accord avec la critique. La trilogie monte en puissance. Curieux de voir le 3. Excellent casting.

kitano77
13/07/2021 à 08:30

perso, j'ai adoré, certes c'est pas les films de l'année
mais qu'est ce que cela fait du bien , de retrouver du bon slasher sans aucune prétention
au moins le film ne cherche pas effrayer son public comme conjuring 3, qui se plante complètement.

mais là, on a juste un bon divertissement, plein d'hémoglobine, avec une histoire en toile de fond qui est sympa,....bref sortez les pop corn installez vous et enjoy :-)

Morcar
12/07/2021 à 11:40

J'ai trouvé le premier sympathique, celui-ci plus classique. Pourtant dans ce volet, même si plusieurs morts sont hors champ, il y a quelques trucs osé à ce niveau quand même.

C'est amusant aussi de voir à quel point Marco Beltrami recycle pour cette trilogie sa BO du premier "Scream". Dans le premier, on retrouvait "Youth of America", et ici encore, j'ai reconnu une nouvelle interprétation du titre "Don't fear the reaper". Est-ce de la fainéantise ou juste la volonté de faire des clins d'oeil régulier au film de Wes Craven ?...

Mim
10/07/2021 à 23:33

J’adore vivement le trois en espèrent le 4

Kelso
09/07/2021 à 23:40

Je l'ai trouvé meilleur que le premier mais ça reste pas foufou et comme le premier, trop long, dans les deux films il m'est arrivé un moment où j'ai laché l'affaire et donc mon attention, après je pense que les ados qui ne connaissent pas les films références comme Vendredi 13, Halloween, Scream, etc... Trouveront leur compte là dedans et auront un réel plaisir en voyant ces films. Pour moi ça reste assez basique mais comme ça se passe en trois parties, on verra bien ce que donne la dernière , même si c'est celle qui m'attire le moins à cause de l'époque et du thème pour la conclusion.

Trac
09/07/2021 à 21:06

On est quand même loin des grands slasher de l'époque ... Ça surf sur la sauce du Revival mais ça le fait mal et puis les ados d'aujourd'hui c'est pas ça qui va les faire frissonner

Spidy
09/07/2021 à 20:25

Plus je vois cette actrice, sadie sink, plus je trouve qu'elle aurait été parfaite pour le rôle d'elie dans the last of us.

Kirito99
09/07/2021 à 19:41

J'ai beaucoup aimer le 2 encore plus que le 1 !

Fab1
09/07/2021 à 17:50

Vu les 2 films, c'est pas foufou mais ça se regarde, mes ados ont bien aimé mais ça manque de frissons dans l'ensemble.

votre commentaire