Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn : critique Squad

Geoffrey Crété | 4 juin 2021 - MAJ : 20/10/2023 17:26
Geoffrey Crété | 4 juin 2021 - MAJ : 20/10/2023 17:26

Quatre ans après son apparition dans Suicide Squad, la Harley Quinn incarnée par Margot Robbie est de retour sans Joker, mais avec une bande d'(anti)héroïnes : Huntress, Black Canary, Cassandra Cain et Renee Montoya. Après le succès monumental de Joker avec Joaquin Phoenix, Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn est un coup de pied arc-en-ciel dans l'univers DC mené par Warner Bros.

HARLEY QUEEN

Harley Quinn n'a jamais été un personnage comme les autres dans l'univers DC. Née non pas dans les comics, mais sur les écrans, comme faire-valoir ultime du Joker pour Batman, la série animée, elle a peu à peu pris son envol jusqu'à défendre une place à part entière, au fil des épisodes et comics, traçant une route peu commune. Qu'elle se retrouve à la tête de son propre film, après avoir été le second couteau et quota mini-short de Suicide Squad, et avoir été liée à au moins deux projets (dont un centré sur elle et le Joker de Jared Leto), est finalement logique.

Parmi les seules survivantes artistiques du film de David Ayer, Margot Robbie mène donc la danse des Birds of Prey, un groupe d'(anti)héroïnes DC né dans les années 90. Et l'équipe débarque dans une phase étrange de cette galaxie au cinéma, entre Aquaman et Shazam! qui ont ralenti l'univers étendu après le désastre Justice League, Joker qui a ouvert une brèche inattendue auréolée de succès, et avant Wonder Woman 1984 qui arrive en juin. Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn de Cathy Yan est donc à traverser comme une parenthèse pop et légère, au charme certain, et aux limites évidentes.

 

photo, Margot RobbieAssurer son avenir et laisser le chaos derrière

 

DARK-EN-CIEL

Birds of Prey a déjà quelques atouts qui manquent cruellement à bien des productions du genre : du style, de l'ambition visuelle, et un désir manifeste d'habiller et enrober le moindre morceau de décor. La photo est signée Matthew Libatique, notamment connu pour son travail chez Darren Aronofsky (The Fountain, Black Swan, Mother!), mais également passé chez Marvel avec les deux premiers Iron Man ; et ça saute aux yeux.

La palette de couleurs est un plaisir pour la rétine, et toute la mise en scène repose sur ce jeu avec les décors, les costumes, les reflets, les lumières, les ombres, la fumée. D'un club plongé dans l'obscurité à un climax digne d'un film noir embrumé, en passant par les rues qui débordent de poubelles et de béton, Birds of Prey surnage dans la masse de superproductions aux allures de téléfilm. Cathy Yan va souvent trop loin, avec notamment une parenthèse musicale et une scène mouillée qui rappelle les grandes heures de Resident Evil : Afterlife, mais il y a un certain charme dans ce tunnel fluo qui déborde de paillettes, de cris, de ralentis et de coups.

 

photo, Margot RobbieSortez de la case prison et essayez de ne pas faire un téléfilm

 

ATOMIC BLONDE & BRUNES

Avec un budget de moins de 100 millions (à la Shazam donc, soit la fourchette basse du genre), Birds of Prey se défend bien côté spectacle. Hormis une exception qui semble à peine assumée à l'écran, il n'y a pas de super-pouvoirs à proprement parler dans l'histoire, et tout repose sur les coups - de pied, de poing, de batte, de maillet ou tout autre accessoire qui passe entre les mains des personnages. Pour tirer la baston vers le haut, Cathy Yan a amené Chad Stahelski, coordinateur de cascades passé réalisateur avec les John Wick, et là encore c'est une plus-value évidente.

Sans atteindre des sommets en termes de vivacité ou virtuosité, les scènes d'action menées par Harley Quinn, Huntress, Black Canary et les autres sont étonnamment claires, souvent amusantes, et parfois inspirées. Au minimum, le découpage est maîtrisé, solide, évitant l'épilepsie habituelle des films de super-héros qui dilue l'impact des chorégraphies. Au mieux, Cathy Yan emballe des moments savoureux, jouant avec un plaisir évident des mouvements et de la souplesse de ses personnages. Les bastons deviennent alors de petites danses absurdes (rien de mieux qu'un nuage de cocaïne pour renforcer les défenses immunitaires), rocambolesques (des rollers, des voitures et une moto), et même un peu violentes (il suffit d'une balle pour que Harley calme un adversaire).

Par ailleurs, la violence cartoonesque amène une petite couleur bienvenue. Après Joker, Birds of Prey illustre comment le Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux États-Unis) peut enrichir l'univers DC, et servir son identité. Il y a quelques visages découpés, des jambes brisées, des corps écrasés et une hyène qui bouffe un tibia, et tout ça est traité avec une légèreté réjouissante, sans pour autant être étalé bêtement au premier plan.

 

photo, Margot Robbie, Mary Elizabeth WinsteadLe club des cinq : next generation

 

DEADPOULES

Birds of Prey a néanmoins de grosses limites dès sa conception, et pue le bête produit de studio à plusieurs niveaux. La posture punk d'adolescent attardé, servie par une voix off lourdingue et des écritures à l'écran, donne l'impression que le film a été assemblé par une équipe marketing pour un public pubère. La bande originale insupportable, qui inonde la plupart des scènes comme dans une boîte de nuit des enfers, va dans ce sens. Même chose pour la narration, qui use et abuse des flashbacks, pour rembobiner l'action et réunir peu à peu les éléments, comme dans un vain effort pour dynamiser l'intrigue avec des effets dignes des années 90.

Le film court après le cool absolu avec la force du désespoir, et se ringardise instantanément à mesure qu'il avance. Deadpool est passé par là, et Birds of Prey cherche clairement à reproduire cette formule, avec plus de style certes, mais au risque d'être irritant au possible dans ses pires moments. Il n'y a qu'à voir l'épilogue pour s'en convaincre.

 

photo, Margot Robbie, Ewan McGregorEn rose et noir

 

Ewan McGregor en Black Mask illustre bien la schizophrénie du film. D'un côté, il cabotine sans avoir l'occasion d'exister au-delà d'une vague menace ni avoir de vrai grand moment - hormis une tentative trop évidente et donc, ratée. De l'autre, il lui suffira de quelques plans et réactions, pour attirer la curiosité ou le rire. Il a d'ailleurs l'une des scènes classiques de méchant les plus amusantes du genre. Et c'est ce second degré, ce recul pas simple à gérer, qui sert le mieux Birds of Prey - lorsque c'est maîtrisé et bien dosé.

Dans ce Margot Robbie show, qui s'amuse en Carrie Bradshaw édition Ex & the City, Jurnee Smollett et Mary Elizabeth Winstead tirent leur épingle du jeu. Les deux ont un charisme qui occupe tout l'écran, dans les moments d'action comme dans l'humour - Huntress parle peu, mais a quelques-unes des scènes les plus réussies. L'improbable équipe formée avec Rosie Perez et Ella Jay Basco ne ressemble à rien, et c'est aussi pour ça qu'elle donne envie de la suivre.

 

photo, Mary Elizabeth WinsteadRamona forever

 

SUICIDE SQUAT

Et le DCEU dans tout ça ? La prudence est de mise dans Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn, avec quelques maigres clins d'oeil dignes de l'apparition de Superman dans Shazam. Le film se déroule bien après Suicide Squad, pas renié, mais clairement relégué au troisième plan. Et c'est même plus que ça : c'est quasiment un jumeau du film de David Ayer, ou du moins de ce qu'il aurait pu et dû être.

Le mélange entre l'urbain sombre et les néons pop, les personnages instables et explosifs réunis malgré eux, la narration resserrée dans le temps et l'espace, la présentation des héroïnes et leurs traumas... les points communs sont nombreux, comme si une leçon avait été retenue et que tout avait été bâti sur le cadavre d'un film qui a certes été un succès en salles, mais a tellement posé problème que sa suite ressemble à un soft-reboot et s'appelle The Suicide Squad.

 

photo, Margot RobbieI'm a survivor

 

Birds of Prey a minimisé les risques avec un budget plus raisonnable (presque deux fois moins que Suicide Squad), moins de personnages, et un opportunisme évident : un film réalisé par une femme, menée par des personnages féminins, qui tourne autour de l'émancipation d'un ancien faire-valoir.

Et si son nouveau départ est traité avec la finesse d'une sitcom dans l'histoire, c'est peut-être parce qu'il raconte autre chose : Harleen Quinzel qui reprend sa vie en main, sans le Joker de Jared Leto, c'est comme l'univers DC entier qui s'affranchit des règles imposées par Marvel pour créer sa propre identité, sans s'en excuser ou y aller à reculons. Pour un résultat à l'image Harley Quinn : mi-charmant, mi-exaspérant.

 

Affiche

Résumé

Une parenthèse rose bonbon et un peu concon dans l'univers DC, qui souffre de beaucoup de fausses notes et d'une posture provoc bas de gamme, mais bénéficie d'une ambiance soignée, et de quelques charmantes idées dans l'humour et l'action.

Autre avis Simon Riaux
Derrière la provoc en carton et le féminisme soldé, on trouve des comédiens décidés à s'amuser et surtout, une réalisatrice, Cathy Yan, capable de transcender un cahier des charges lourdaud pour offrir un petit film d'action énervé et étonnamment vif.
Autre avis Mathieu Jaborska
En tant que film d'action bancal, mais parfois inventif, ça fait le taf.
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Lecteurs

(2.9)

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commentaires
LeRoiBoo
05/06/2021 à 13:21

Critique assez étrange, on a l'impression de pas voir le même film. Si le début et sympa, Tu t'aperçois au 1/3 du film que t'a déjà vu le scénario mille fois.
Le pire étant l’inutilité de l'ensemble de l'équipe avec une des actrices qui te dis au 2/3 du film qu'elle a fini ce qu'elle doit faire et se casse.
Sans compter la dernière baston mal cadré mal filmé et c'est mou en même temps c'est illisible.

Flo
05/06/2021 à 13:10

@Guigui2000 Il n'y aucune limite d'écriture ou de style ici, donc on fait ce qu'on veut et on se fiche des frustrations de ceux qui ne font que "salut c'est moi, 5 lignes et ciao".

zetagundam
05/06/2021 à 12:26

Ce film est un vrai calvaire à regarder

Deck
05/06/2021 à 10:11

On passe d'une blondie psychopathe punk, à punky brewster...
L'essence de ce qui tenait le 1er film est passé à la trappe.

Lucha-man
04/06/2021 à 23:25

Jesuis tellement contant quand n'est échappé à une suite

Flash
04/06/2021 à 18:47

J’ai finalement vu ce film et sobre en plus, j’en attendais rien et curieusement j’ai passé un bon moment.
La vulgarité ambiante et le rythme sont les points forts de ce délire et bien sûr, Mc Gregor irrésistible en folle psychotique.

Kay1
04/06/2021 à 17:08

Bon , je vais pas mentir , c'était Clairement pas le film de l’année , mais je m’attendais à bien pire .
Le film n’est pas aussi woke que l’on croit , certaines scènes d’actions sont plutôt cool , et le film peut être drôle par moment .

L’accent est beaucoup trop mis sur Margot Robbie / Harley Quinn alors que tous les autres personnages ont un meilleur background ( surtout Mary Elizabeth Winstead/Huntress qui pue le charisme , mais que l’on voit trop peu ).
Par contre , certes version de Black Mask est ridicule au possible , non seulement il n’est pas imposant malgré l’acteur et le sadisme du personnage , mais il ne semble guère compétent , et le fait qu’il est censé être un bon combattant est éclipsé.
Quand à Zsasz , la version de Nolan était plus impressionnante , c’est dire à quel point le personnage ne sert à rien . Le film est court heureusement , mais il n’a pas grand chose à raconter .

Bref c’est pas le plus mauvais film du DCEU , vu qu’on a eu le droit à Wonder Woman 1984 ( qui pour le coup est une sacrée purge ).

Kyle Reese
01/03/2021 à 19:37

J.ai essayé ... j’ai tenu 10 mns. C’est pas fait pour moi.
Après j’ai essayé le dernier Woody Allen, j’ai tenu 2 mns ... je ne comprend pas non plus. WTF ?

Castor
27/02/2021 à 20:43

Une bonne grosse daube à l'humour malfaisant !

Pseudo
27/02/2021 à 09:18

Nul à chier ce film . voilà

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