Ragnarök sur Netflix : oui, la fin est une honte absolue et ça n'a aucun sens

La troisième saison de Ragnarök a finalement rejoint le catalogue Netflix, et affirmer que le final est une abomination serait un euphémisme.

Cela est bien connu, il arrive que certaines séries se terminent suffisamment mal pour donner envie de localiser le pont le plus proche sur Google Maps. Game of Thrones, Les Sopranos, Dexter, LOST, Supernatural... les exemples ne manquent pas, mais il semblerait que certains producteurs considèrent plutôt cela comme un défi à relever qu'un exemple à ne pas suivre. 

C'est ainsi qu'il est désormais possible de compter la série créée par Adam Price à ce palmarès de l'indigence narrative. Ce n'est pourtant pas le temps qui a manqué aux individus investis dans le projet, étant donné que deux années séparent cette troisième salve d'épisodes de sa prédécesseure. Mais puisque dans la vie, tout est possible, Ragnarök a proposé un final si foireux que l'on débat encore le pourquoi du comment. 

Attention : spoilers sur la  fin de Ragnarök !

Hello darkness, my old friend

origin story

Que l'on s'entende, Ragnarök n'a jamais prétendu être une série culte. Néanmoins, la promesse initiale a su faire preuve d'une certaine originalité, mêlant plus ou moins adroitement préoccupations adolescentes, problématiques modernes telles que le dérèglement climatique, la pollution, ou encore la lutte des classes, et mythologie nordique.

Impulsée en 2020, la série s'articule autour de Magne, de son cadet Laurits et de leur mère Turid qui retournent à Edda après de longues années d'absence. Suite à sa rencontre avec une étrange employée du supermarché local, l'aîné de la fratrie semble brusquement doté de nouvelles aptitudes jusqu'à s'avérer être la réincarnation du dieu Thor. 

Sans surprises, Laurits se présente par la suite comme la réincarnation de Loki, tandis que les Jutul, initialement présentés comme de puissants industriels, sont en réalité des Géants – ennemis historiques des dieux. Dans l'ombre, affrontement et fin des temps prophétique se profilent peu à peu.

"Oh take me back to the start"

"Je suis malade, complètement malade"

Inutile de tourner cent-sept ans autour du pot : la blague est aussi déconcertante que de mauvais goût. Plutôt que de poursuivre son récit et de le conclure par le fameux affrontement final tant attendu, Ragnarök a préféré prendre une direction narrative sans la moindre pertinence avec le reste de la série.

C'est ainsi qu'au cours des quinze dernières minutes de la troisième saison, le spectateur apprend sidéré que les évènements décrits depuis le début n'étaient que le fruit de l'imaginaire malade de Magne, et que celui-ci souffre en réalité de schizophrénie paranoïaque. 

L'analogie entre un monde régit par des forces surnaturelles et la maladie mentale n'est pas dénuée d'intérêt, et a même déjà fait ses preuves ; on pense par exemple à l'excellente Mr. Robot, à la saison 9 de Dallas (qui pour être "annulée" a été transformée en rêve), ou plus récemment The Crowded Room. Mais ce genre de twist implique d'avoir été réfléchi dès la genèse du projet, lequel doit par la suite être construit en conséquence – ce qui, de toute évidence, n'a nullement été le cas de Ragnarök.

Twilight, chapitre 5 : Révélation

Alors que s'est-il passé ? La question est d'autant plus légitime qu'il était prévu depuis 2021 que cette troisième saison conclurait la série. Une fois cela à l'esprit, comment diable justifier d'achever la série avec une révélation aussi incohérente ? Car c'est bien là le souci majeur de ce final : il contrarie toute la continuité de Ragnarök, et de surcroit, sort tout simplement de nulle part. 

Pour reprendre l'exemple de Mr. Robot, le spectateur est perpétuellement soumis à la perception d'Eliott ; dans le cas de Ragnarök, nombreuses sont les séquences à ne pas figurer Magne mais à faire mention des Dieux et des Géants malgré tout. Imputer la faute à l'eau polluée d'Edda, et prétendre à une hallucination collective aurait semblé plus logique qu'une schizophrénie proposée au spectateur comme on tirerait un lapin blanc du chapeau magique. 

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Dans le même genre, on a déjà eu droit à la fameuse bataille finale de Twilight, laquelle s'est avérée n'être qu'une vision présentée à l'antagoniste en guise d'avertissement. La déception fut grande, et les enjeux engagés, réduits à néant. Non seulement cela insulte l'intellect du spectateur et piétine son éventuel investissement émotionnel, mais cela fait également preuve d'un manque de respect effarant envers la série elle-même.

Et le pire, c'est que producteurs et scénaristes ne se sont même pas donné la peine de raccrocher les wagons à un moment ou un autre, tant et si bien que même en cherchant midi à quatorze heures, cette révélation n'apporte rien au récit, et joue inévitablement en sa défaveur. Franchement. Quelle idée foireuse.