Justice League : l'horrible série que tout le monde a oublié

Tout le monde l'a oublié, mais il existe une série des enfers mêlant Justice League, Batman de 1966 et Star Wars Holiday Special : Legends of the Superheroes.

Depuis quelques années, les adaptations de comics super-héroïque sont dans une pente glissante. Ant-Man 4, She-Hulk, Black Widow, Black Adam, Shazam 2 et The Flash sont les symptômes d’un Hollywood trop gourmand. Et avec le film consacré au sprinter en rouge de DC, on pensait qu’un nouveau palier dans le malaise cinématographique avait été atteint. Pourtant, dès les années 80, parmi les Superman de Richard Donner ou la série Wonder Woman, il y a aussi eu le programme fauché Shazam!, le téléfilm au rabais Captain America et surtout Legends of the Superheroes. Ce projet est un avant-goût de l'enfer aux airs de Justice League et Star Wars Holiday Special.

Diffusée à la télévision en 1979 sur la chaîne NBC (et inédite en France), la série de deux épisodes de Hanna-Barbera Productions permet de relativiser les dernières sorties de Marvel et DC tant sa qualité visuelle, son ton et sa forme équivalent à un ponçage des yeux à la feuille de verre. Néanmoins, Legends of the Superheroes marque une première dans les adaptations de comics en réunissant un casting hallucinant de héros et vilains en prises de vue réelle, le tout dans l'ambiance de la série Batman de 1966.

Justice league : fin du game

Le premier épisode a un synopsis des plus basiques puisque des vilains se sont réunis pour détruire la Terre. Dans cette réunion du Mal, on retrouve l’Homme-Mystère (Frank Gorshin revient dans le rôle après Batman de 1966), Mordru, Sinestro, Giganta, Dr. Sivana, Solomon Grundy et Weather Wizard. Mais comme juste faire péter le monde n’est pas très drôle, la bande de criminels va laisser une piste pour donner une chance aux héros de les arrêter. Finalement, les gentils gagnent après un combat complètement à la masse.

Les films de super-héros vus par Scorsese

Pour le second épisode, les créateurs de la série Joseph Barbera et Bill Carruthers ont eu l’improbable idée de rassembler les super-héros et leurs ennemis sur un plateau télé dans le cadre d’un roast (concept où un invité est moqué par des proches). Et comme ça n’est pas suffisant pour faire éclater le baromètre de la gêne de tous les spectateurs, des sketchs lunaires viennent agrémenter l’émission. On y voit par exemple Giganta et Atom discuter de leur relation amoureuse, ce qui est forcément très (très) drôle puisque lui est minuscule et elle gigantesque.

En somme, la série est une succession de scènes plus hors-sol les unes que les autres, comme cette course-poursuite en jet-ski avec un Mordru aux airs de Viking à la plage, ou lorsque la vieille Minerva veut embrasser Captain Marvel – l’alter ego de l’enfant Billy Batson on le rappelle. Sans oublier la présence de Retired-Man (l’Homme à la retraite dans la langue de Booba), sujet de blagues tordantes (non) sur les vieux. Enfin, si l’AVC était un sketch, ce serait lorsque la mère d’Hawkman fait allusion aux fientes qu’il laisse dans son lit.

Le meilleur effet visuel de la série

décès U

L’idée de Legends of the Superheroes vient d’une envie d’adapter le cartoon Super Friends, une série portée sur la bienveillance et la gentillesse. Finalement, le projet va évoluer pour être porté par de véritables acteurs interprétant plusieurs personnages encore jamais incarnés à l’écran. Pour les plus connus, on peut mentionner Green Lantern et son ennemi Sinestro, Black Canary, Hawkman et Flash.

À leurs côtés, Adam West redevient le Batman de la série de 1966, accompagné d’un Burt Ward de plus de trente ans en slip vert de Robin, ce sera d'ailleurs la dernière apparition du duo d’acteurs dans ces rôles. Aussi, Captain Marvel (Shazam désormais) figure parmi les invités, mais n’est pas celui de la série diffusée trois ans plus tôt. Le plus irréel est la présence de Brad Sanders, seul comédien afro-américain du casting, là pour interpréter… Ghetto Man.

Reconstitution du célèbre meme

Toutefois, Aquaman est l’un des illustres absents, ainsi que Superman et Wonder Woman, dont leurs droits étaient réservés respectivement aux films avec Christoper Reeves et à la série avec Lynda Carter. Eux ont échappé au massacre, mais pour le reste des acteurs et actrices de Legends of the Superheroes il a fallu faire avec un scénario niais et vide. Ainsi, cela donne lieu à des performances éteintes ou surjouées à l’excès.

Bien sûr, les effets spéciaux sont aussi un désastre de kitch lumineux appuyé par des bruitages de synthétiseur, une esthétique parfaitement années 80 dans ce qu'il y a de pire. Et ce n’est pas du côté des costumes que nos yeux ensanglantés vont se reposer, car, bien qu’ils soient fidèles aux comics, ceux-ci sont faits avec un budget réduit. À contrario, ceux de la série Batman de 1966 paraissent bien moins ringards. D'ailleurs, au milieu des collants extramoulants et des masques trop grands, Adam West doit faire avec une cagoule de Chevalier Noir sortant de sa cape afin de ne pas gêner le micro. Cela donne au Protecteur de Gotham un air de justicier mal remis de la veille.

Ce n'est pas une Comic Con, c'est une vraie série

Legends of the Superheroes est un OVNI prouvant que c’était loin d’être mieux avant. Désormais, on regarde ces deux épisodes avec une curiosité malsaine, mais déjà à l’époque l’émission n’a enchanté que le très jeune public. Ainsi, il est peu étonnant que la série n’ait jamais été rediffusée par la suite, la faisant tomber dans les tréfonds de l’oubli qu’un futur film sur le Multivers n'osera certainement jamais déterrer.