Netflix est prolifique mais que valent toutes ses nouvelles séries télévisées sortis en 2017.
Netflix est sûrement une des chaînes (plateforme) les plus productives dans le monde de la télévision. En pleine expansion depuis quelques années, elle multiplie les créations originales. En 2017, elle en a mis en ligne plus d’une vingtaine pour le meilleur et le pire.
Ecran Large a décidé de revenir sur la grande majorité d’entre elles et de les trier en tris catégories : les meilleures, les moyennes et les pires. Attention, ici il n’est pas question de parler des nouvelles saisons de Stranger Things ou House of Cards mais bien des nouvelles séries Netflix de 2017. Seules quelques-unes n’ont pas pu être traitées : Wormwood, Atypical, Disjointed ou Suburra entre autres.
MEILLEUR
MINDHUNTER
GODLESS
CASTLEVANIA
Alors ok, la saison ne fait que quatre épisodes, mais Castlevania mérite que l’on revienne dessus tant le traitement est inespéré. Alors que l’on attendait une adaptation ciné depuis 20 ans dans la plus grande crainte, Netflix nous offre un petit bijou, certes trop court mais qui fait rêver pour la suite.
Sombre, violente et cruelle, elle respecte l’esprit de la saga vidéoludique et nous surprend en n’adaptant pas Symphony of the Night comme on pouvait s’y attendre mais Castlevania 3. Une idée particulièrement intelligente et très distrayante qui pêche cependant par un humour parfois un peu déplacé. Rappelant volontiers la série Spawn dans son ton, elle est à conseiller à tout fan des jeux, comme à ceux de vrai fantastique gothique. En plus, c’est tellement court que c’est vite plié. Une saison 2, vite !
Notre bilan complet de la saison 1.
La bonne surprise Netflix de l’année
OZARK
La série Ozark a été rapidement comparée à Breaking Bad lors de son arrivée sur Netflix. Il faut dire que les deux shows comptent quelques similitudes et pas des moindres : un père de famille pas très heureux travaillant secrètement pour un cartel de la drogue mexicain, un questionnement sur l’économie souterraine, une réflexion psychologique sur la famille…
Difficile de dire que Ozark est du niveau du show emblématique de AMC mais il reste une des meilleures surprises de l’année 2017 chez Netflix. Jason Bateman, plus connu pour ses comédies, est excellent dans ce rôle dramatique. Il s’avère également être un talentueux metteur en scène lors des quatre épisodes qu’il réalise notamment avec quelques jolis plans-séquences dont la construction rappelle parfois True Detective. Certes, l’histoire patine un peu trop durant ses 10 épisodes pas toujours bien rythmés, mais la série monte crescendo sur ses deux derniers épisodes et offre un grand final plein de tension. La saison 2 devrait arriver pour cette année.
Jason Bateman est nommé au Golden Globes pour sa performance : mérité !
13 REASONS WHY
La série créée par Brian Yorkey, adaptée du roman de Jay Asher, aura été l’un des petits phénomènes de l’année. Cette variation du teen movie, qui tourne autour du suicide d’une adolescente qui laisse derrière elles treize cassettes destinées aux camarades qu’elle estime coupables de son malheur, a de grandes qualités. Sans se vautrer dans la complaisance ni pencher trop durement vers la noirceur, elle trouve un certain équilibre pour dessiner les méandres de l’adolescence, notamment grâce à des acteurs solides. C’est bien interprété, touchant et même étonnamment frontal parfois.
Alors certes, 13 Reasons Why alourdit souvent trop le trait sur la psychologie des personnages et souffre d’un prétexte dramatique un peu artificiel mais c’est bien peu devant ses nombreux atouts et son petit côté addictif.
AMERICAN VANDAL
La plus belle surprise de Netflix vient sans aucun doute de sa série American Vandal. Avec cette série, la plateforme décide d’auto-paradier son excellent show Making a Murderer en en reprenant les codes et en les pastichant. Ici, pas de meurtres mais une affaire de vandalisme : des pénis ont été dessinés sur les voitures des professeurs et tous les soupçons se portent sur un élève Dylan Maxwell parce qu’il a « un passif de dessinateur de pénis ».
Magnifiquement raconté à travers des interwiews, des reconstitutions de scènes, des cliffhangers ou twists bien lancés, le mockumenteur qu’est American Vandal s’approprie parfaitement les codes du documentaire criminel. Extrêmement drôle, elle arrive à passionner son spectateur pour une enquête totalement improbable. Même si l’affaire est totalement délirante, la série traite très sérieusement son sujet, lui conférant une grande importance au fil des épisodes et des conséquences loin d’être anodines. Même si son final se révèle assez moralisateur, American Vandal est clairement le show le plus délirant de Netflix.
Mais qui a dessiné les pénis ?
MOYEN
LES DÉSASTREUSES AVENTURES DES ORPHELINS BAUDELAIRE
WET HOT AMERICAN SUMMER : 10 YEARS LATER
Inconnu chez nous, le film Wet Hot American Summer fait l’objet d’un véritable culte depuis sa sortie aux USA en 2001 et se pose en digne successeur des productions National Lampoon. Détournant les films de camps de vacances avec intelligence il a donné lieu à deux mini-séries, sorties coup sur coup sur Netflix, un prequel et une suite.
Reprenant les mêmes comédiens et la même équipe, la franchise Wet Hot American Summer est une hallucination totale qui part d’une histoire de moniteurs de camp des plus basiques pour rapidement se transformer en complot mondial avec Reagan, sondes spatiales, chanteurs christiques et personnages transformés en cyborg. Si la suite patine un peu parce qu’engoncée dans trop de bons sentiments, le prequel quant à lui est un délire non-stop et hilarant tout autant que touchant. Second degré (voire troisième), quarantenaires qui interprètent des ados et qui en sont très conscients, bonne humeur et bande-son qui déchire, Wet Hot American Summer est assurément une œuvre à découvrir, mais qui demande une certaine préparation pour entrer dans son délire. Mais si c’est le cas, c’est assez délicieux.
NOLA DARLING N’EN FAIT QU’À SA TÊTE
Spike Lee se livre à un exercice excessivement périlleux : livrer le remake d’un des films qui le fit connaître, sous un format sériel, adapté à un New York contemporain. She’s Gotta Have It (en version originale) traite toujours de Nola Darling, femme et quasi-super-héroïne, se débattant son héritage culturel, son statut de femme, son métier d’artiste, son désir de liberté, et son choix de ne rien renier de son goût pour le polyamour et la pansexualité.
Visuellement somptueuse, parfaitement interprétée, bourrée d’énergie et sexuelle en diable, la série de Spike Lee est sans contexte ce qu’il nous a offert de meilleur et plus vivace depuis des années. Les heures passées en compagnie de Nola Darling s’écoulent avec délice. Pour autant, on s’agace parfois des tics du metteur en scène, de ces appartés aux spectateurs passablement ringard, ou de ces hashtags foireux qui éclosent ici et là, sans oublier deux trois raccourcis thématiques parfois un peu faciles. Enfin, on regrette que dans sa volonté de magnifier la femme afro-américaine, libre, indépendante et conquérante, Lee n’use pas plus d’un procédé narratif de base, à savoir la mise en place de conflit et d’enjeux tangibles. Oui, Nola Darling est géniale et oui, on aime passer du temps avec elle. Mais on aimerait bien qu’il lui arrive quelque chose.
Nola Darling n’en fait qu’à sa tête… un peu trop même
THE PUNISHER
On croyait Netflix désormais incapable de traiter dignement ses super-héros Marvel, à fortiori alors que l’arrivée prochaine du service maison de streaming de Disney semble condamner à moyen terme l’alliance forgée il y a quelques années. On est allés un peu vite en besogne, ainsi qu’en témoigne ce spin-off de Daredevil consacré au Punisher, qui parvient à gommer plusieurs handicaps de ses prédécesseurs. Grâce à un point de vue sombre et adulte sur le sort des vétérans et la violence du traitement qui leur est infligé, grâce à un comédien habité et des séquences d’action extrêmement fortes, The Punisher assure au spectateur amateur de grosses pétoires, de cordites et de traumas en tout genre de passer un bon moment.
Malheureusement, Netflix persiste à produire des shows héroïques de 13 épisodes, tous longs de près d’une heure, et finit une nouvelle fois par remplir son récit n’importe comment. Qu’il s’agisse de sous-intrigues parfaitement débiles (Micro…) de retournements qui n’ont d’autres buts que de faire perdre du temps au récit pour meubler ou tout simplement d’atermoiements qui viennent parasiter le discours de l’ensemble (les armes c’est pas bien, et la guerre c’est mal, enfin pas quand c’est pour transformer les méchants en chipolatas maison). Pas désagréable du tout donc, mais encore enfermé dans un système qui interdit à la narration d’adopter un rythme qui lui serait propre.
Notre bilan complet de la saison 1.
Jon Bernthal excelle dans la série
DARK
La première création originale allemande Netflix était le phénomène de la fin d’année 2017. L’histoire d’une petite ville allemande où des disparitions d’enfants vont mettre à jour des secrets du passé des habitants et orchestrer une quête de la vérité entre passé, présent et futur.
Dark montre des ambitions folles notamment avec sa réalisation très soignée voire parfois virtuose. Le show s’avère plutôt impressionnant en terme de mise en scène et la photographie grisâtre de l’ensemble est une vraie qualité. Malheureusement, la série se veut plus complexe qu’elle n’est. Si le spectateur lambda peut se laisser porter par les péripéties temporelles du récit voire s’étonner des conséquences, celui adepte du genre ou un tant soit peu attentif est sans aucun doute vite ennuyé par les révélations scénaristiques assez basiques et convenues. La série reviendra pour une saison 2, une étape obligatoire après son cliffhanger final profondément racoleur.
Notre bilan complet de la saison 1.
Entrez dans cette grotte et vous pourrez le regretter
PIRE
GYPSY
Naomi Watts dans sa première série, ça donne envie. Gypsy, néanmoins, n’en donne qu’une : zapper et oublier. La série de Lisa Rubin est bien filmée, bien éclairée, et bien concentrée sur le visage de la talentueuse actrice. Elle démarre même autour d’une idée intrigante, où une psy au moins aussi névrosée que ses patients décide de s’immiscer dans leurs vies pour les aider.
Sauf qu’en dix épisodes, Gypsy se contente de recycler des motifs éculés un brin limités (la femme mariée mythomane et peu épanouie, tombe amoureuse d’une jeune fille rock’n’roll), sans rien raconter de réellement captivant ou fort. Le petit manège bourgeois tourne vite en rond, et prend presque des airs de parodie tant la série ne parle de rien, dans de beaux décors new-yorkais.
Naomi Watts jouant la tourmentée
GLOW
Il y avait Alison Brie, très aimée depuis Community ; le milieu méconnu du catch féminin ; et même la patine eighties pour surfer sur la vague du moment. A l’arrivée, il y a l’une des pires séries comiques de ces dernières années, d’une platitude navrante.
GLOW a envie de parler de l’émancipation des femmes (comme l’illustre brillamment la première scène du pilote, probablement la meilleure chose de la saison), mais tourne autour d’une banale histoire de copines séparées par la trahison (elle a couché avec le mari de l’autre). La galerie de seconds rôles étiquetés « hauts en couleur » ne fonctionne pas une minute, la narration est d’une mollesse impressionnante, et les paillettes des costumes kitsch ne suffisent pas à masquer le non-intérêt colossal de la chose. GLOW ferait presque passer Pitch Perfect pour un pamphlet féministe.
Alison Brie, seul atout de GLOW
GIRLBOSS
Porté par la jeune Britt Robertson (A la poursuite de demain) et produite par Charlize Theron, la série Girlboss pouvait nous offrir de très belles choses en s’intéressant à l’histoire vraie de cette jeune américaine devenue millionaire en vendant des vêtements sur ebay.
Malheureusement, le show de Netflix n’a strictement aucun intérêt. L’histoire s’avère finalement extrêmement ennuyeuse et profondément vaine. Les péripéties de la jeune créatrice tournent en rond et ses amours difficiles insipides n’ont rien de passionnants. Le personnage de Nasty Gal s’avère parfois touchant et plutôt marrant, grâce à la performance de Britt Robertson qui donne tout ce qu’elle a, mais cela ne suffit en rien à rendre le projet moins emmerdant. Girlboss a été annulée quelques semaines après sa sortie sur la plateforme dans la plus grande indifférence et ce n’est pas plus mal.
Britt Robertson tente de sauver Girlboss… en vain
SANTA CLARITA DIET
Vraie déception en bonne et due forme que cette histoire de Drew Barrymore transformée en zombie suite à un accident, et qui tente de trouver de la viande humaine avec l’aide de son mari dans une banlieue a priori idyllique. La présence au générique du génial Victor Fresco (créateur de la tordante série oubliée Better Off Ted) laissait augurer un cocktail ingénieux d’absurde et de satire, mais Santa Clarita Diet aura finalement été un pétard mouillé.
Il y a bien quelques scènes et dialogues drôles, mais surtout la sensation d’un rendez-vous manqué, et d’une série qui manque d’un axe clair. Rythme mou, timing comique de sitcom ordinaire, situations attendues, mythologie peu assumée, acteurs dirigés comme dans Notre belle famille : la fausse bonne surprise de l’année.
Notre bilan complet de la saison 1.
Santa Clarita Diet reviendra pour une saison 2 malgré tout…
THE DEFENDERS et IRON FIST
Que dire sinon que la recette Netflix, qui apporta momentanément un peu de fraîcheur et de rugosité au genre aseptisé du récit super-héroïque, semble ici totalement à bout de souffle. Absence de cohérence, rythme pesant, comédiens dans le coma, combats indignes d’un mauvais épisode des Power Rangers, tout semble précipité, exécuté sans passion, comme sous la contrainte.
Incapables d’établir solidement une mythologie, manifestement peu désireux d’offrir un terrain de jeu digne de ce nom à leurs comédiens, ces deux shows paraissent rétrospectivement annoncer le divorce inévitable entre Disney et Netflix. Et si The Punisher est venu sensiblement nuancer ce constat, il faudra que Jessica Jones ne démérite pas pour que nous voyions dans l’entreprise autre chose qu’un progressif pourrissement.
Notre bilan complet d’Iron Fist et celui des Defenders.
» – Où est Iron Fist ? – Je sais pas et je m’en fou… »
BIG MOUTH
L’éducation sexuelle par Netflix, il fallait bien un jour que ça arrive et c’était donc pour 2017. Sortie en catimini fin septembre sur la plateforme, Big Mouth raconte les aventures d’adolescents à l’heure de la puberté et se base sur le passage à l’âge adulte des créateurs du show.
Cette comédie initiatique, crée par Nick Kroll et Andrew Goldberg (scénariste de Family Guy), est le cartoon trash de Netflix, trop même. Si sa vulgarité, sa décontraction de chaque instant et son humour politiquement incorrect marchent sur les premiers épisodes, la série devient de plus en plus gênante au fil de la saison. La vulgarité gratuite est terriblement agaçante et l’humour trash finit par être extrêmement lourdingue et embarassant. Ceux qui ont aimé pourront cependant se satisfaire de la deuxième saison commandée et prévue pour 2018.
plus d’article?
GLOW, elle est top cette série.
Entièrement d’accord avec votre article, je vais d’ailleurs m’attaqué à Atypical (seule que je n’ai pas vu), à l’exception de Glow que j’avais trouvé très sympathique, pas la meilleure série mais assurément dans les bonnes friandises.
La meilleure nouvelle série dans le lot, c’est bien sûr GLOW. D’ailleurs célébrée par à peu près toute la critique ici et ailleurs.
Après Mindhunter, DARK, Godless et surtout American Vandal sont absolument incontournables.
@Starfox
Oui. C’est à peu près ça.
‘tain mais vous faites comment pour regarder toutes ces séries ??
Vous allez le nez collé sur la téloche en permanence 24h/24, c’est pas possible autrement ??!
Glow dans les pires ???? On parle bien de la même série ?
J’ai bien aimé GLOW.
Ca se regardait facilement. Les persos étaient certes clichés, mais sans verser dans l’exagération, tout comme les arcs. Au moins, c’est une série qu’avec des gonzes qui ne m’a pas ennuyé, et qui peut plaire à un public masculin.
Dans une comédie dramatique, le drame domine. L’humour désamorce, embelli ou que sais-je le truc. GLOW ne se veut pas une comédie pure.
Alison Brie le seul atout de GLOW ? Je m’étrangle là. C’est l’ami Christophe, le rédacteur ? Parce que si c’est Simon, je serais déçu 🙂 Et Debbie, Carmen, Sam, et surtout Melrose. Tous à leur niveau donne bien le change.
J’ai adoré GLOW et BIG MOUTH, tous les deux excellents.
Santa Clarita Diet n’est pas aussi bon que ces derniers mais j’ai passé un très bon moment devant.
Mais je suis bien d’accord que Mindhunter et Godless gagne haut la main.
Par contre dans les séries non traitées, Atypical est excellente, et Disjointed est une grosse daube infame.