Godless : on a vu le western sauvage de Netflix
Que se passe-t-il quand Steven Soderbergh, qui nous a offert avec The Knick une des séries les plus éblouissantes de ces dernières années, Scott Frank, scénariste de Minority Report et Logan, et Steven Meizler, chef opérateur de The Girlfriend Experience, se retrouvent sous l’égide de Netflix ? La réponse s’intitule Godless, et c’est un putain de western.
MY BABY SHOT ME DOWN
Privée de sa population masculine par un tragique accident minier, la ville de La Belle est désormais une cité de femmes, bientôt cible d’un redoutable hors-la-loi et de ses compagnons d’armes, quand les habitantes accueillent un criminel renégat poursuivi par ses ex-complices. Alors que révélations, débats et changements de paradigmes autour des questions de genres et des rapports hommes/femmes secouent actuellement Hollywood, on pouvait légitimement craindre que Godless se soucie plus de s’inscrire dans l’air du temps que de se hisser à la hauteur de ses modèles.
Ces messieurs vont avoir fort à faire
Les râleurs en auront pour leurs frais, tant Godless s’impose comme une des plus belles et plus cinématographiques propositions faites par le genre quasi-patrimonial du western. Tout au long des sept épisodes qui composent cette mini-série, le trio créatif qui le dirige s’efforce de nous décoller constamment la rétine, au cours d’un récit qui prend toujours son temps, non pour dilater la narration, mais bien pour avancer ses enjeux comme autant d’implacables pions.
Et si on ne compte rapidement plus les images, plans, ou mouvements d’appareils qui nous laissent bouche bée, impressionnent par leur lyrisme, la capacité inattendue de leur composition à réactiver le mythe de la frontière ou tout simplement leur puissance épique, l’ensemble ne tourne jamais à l’exercice de style ou à la pose artificielle. Il faut voir Christiane Seidel se frayer un chemin à coups de colts dans une contre-plongée furibarde, ou Michelle Dockery enflammer l’image lors d’une confrontation finale enragée, pour sentir combien ce western, loin de seulement citer ses glorieux aînés, se plaît à leur infuser une énergie nouvelle, sorte de hargne à la Peckinpah réhaussée par un découpage nerveux issu d’un fantasme de comics.
Un des plans les plus saisissants de Godless
KISS KISS BANG BANG
Véritable festin visuel, Godless n’en oublie pas pour autant ses personnages, qui demeurent le cœur du récit. Si Jack O'Connell fait très bien le taf, comme à son habitude, sa partition ne surprend guère en regard de ce que le jeune comédien a proposé ces dernières années. C’est plutôt Jeff Daniels qui impressionne la pellicule, rappelant qu’un bon méchant est encore le meilleur exhausteur d’intensité dramatique à disposition des conteurs.
Son Frank Griffin, hors-la-loi mutilé, testant sans cesse son destin, au gré d’une réplique glaçante, qui s’imprime instantanément dans l’esprit du spectateur, est un mélange de perversité, de violence brute et de volonté de conquête qui en font un antagoniste rêvé, veule et séduisant. Daniels prend manifestement son pied à donner vie à cet être assoiffé de vengeance.
Du côté des femmes, ce sont Merritt Wever et Michelle Dockery qui proposent les plus belles compositions, lesquelles ne sont pas sans rappeler les grandes heures de l’exceptionnelle Deadwood. C’est d’ailleurs l’intensité de leur jeu et la finesse d’écriture de leurs personnages qui permet au rythme de l’ensemble de ne jamais trop se relâcher, substituant souvent à l’action un développement des protagonistes extrêmement soigné. Une intensité sourde, éminemment propre au western, qui pourra toutefois fatiguer les spectateurs en quête d’action frénétique.
06/09/2019 à 12:58
Super mini série Jeff Daniels est un vrai méchant avec charisme et une histoire.
13/05/2018 à 02:21
Excellente série qui m'a passionée de bout en bout, du moins jusqu'au final. Ce dernier épisode m'a donné l'impression de ne pas avoir été tourné par le même réalisateur que le reste du show.
Le tout m'a semblé vite expédié et nombre d'intrigues et de personnages n'ont pu être abouti de la manière qu'ils méritaient ! Dommage de finir sur ça..
04/12/2017 à 12:08
Hein ?!
On n'a pas vu la même série...
Ou pas dans le même état, tout du moins...
;-)
01/12/2017 à 18:04
Que la série soit bien réalisée ok...mais surprenant de ne voir aucune critique sur l'épisode finale où on voit une bonne centaine (voire largement plus) d'hommes de Griffin se faire tuer entre ceux morts dans la ville black et lors de l'attaque de La Belle...totalement incohérent.
Pour rappel, ils sont censés être 30 et on les voit arriver à 30...
01/12/2017 à 10:42
J'ai regardé le premier épisode hier.
Contrairement à la liesse ambiante, j'ai trouvé le début confus et le reste extrêmement lent et sans surprise. L'ensemble des commentaires ici vont me faire regarder le deuxième épisode afin de voir...
Il est vrai que la photo est belle mais vingt secondes de chevaux projetant des éclaboussures sur les caméras, je trouve ça un peu racoleur.
29/11/2017 à 18:47
Bonsoir,
Bin je crois que tout est dit...
De la part de la rédac' et des intervenants...
Rien à rajouter...
Cette série est prenante...
Ses personnages sont poignants...
Le méchant n'est pas méchant, il est juste horrible...( Même si on peut lui trouver quelques circonstances atténuantes)
Il y a du balayage de caméra à la Iñárritu dans «the revenant» et la scène de gunfight...Le moment fatidique façon «impitoyable»...Prévisible mais tellement jouissif...
Quand je vois Martha, en robe d'époque, 1 Colt sur chaque hanche, dégainer et tirer à tout va dans les escaliers...T'ain ! C'est beau !
Et puis, contrairement à d'autres séries,les douilles sont éjectées et le recul est bien présent lors des tirs...( Si vous regardez bien, à une fenêtre, il y a une actrice qui a failli perdre une épaule d'ailleurs)...
Les épisodes oscillent entre 1h05 et 1h20, mais franchement, même si parfois l'on avance pas trop dans l'histoire, le temps passe très vite...
Merci pour ce moment...
Maintenant un truc m'a vraiment fait rire...
Je ne sais pas si cela est voulu ou simplement une coïncidence...
Vous avez (peut-être) remarqué que l'une des héroïnes est interprétée par l'actrice incarnant également Denise dans «The walking dead»...
A la fin du gunfight...
!!! SPOILER !!!
Elle se met à tirer sur les cadavres des «bandits» , sont frère ( le shérif) l'arrête en lui disant : « il sont déjà morts, pas la peine de les tuer 2 fois, petite sœur»
C'est moi ou l'allusion est trop belle pour être qu'une coïncidence ?
29/11/2017 à 16:41
C’est clairement la plus belle réalisation visible sur Netflix à date.
Mention spéciale aux scènes avec les chevaux. A ce stade, c’est une déclaration d’amour à l’animal. Absolument magnifique!!!!
29/11/2017 à 16:23
Super série en effet ! Le cast est impeccable de bout en bout, c'est pas vraiment 'féministe' pour répondre à @moi ci-dessous, les flashbacks sont distillés au compte-gouttes pour la compréhension de l'intrigue, bref, ça frôle la perfection !
29/11/2017 à 15:22
@Moi
Pour avoir regardé tous les épisodes, et sans trop en dire : non, ce n'est pas qu'une histoire de femmes, bien au contraire. C'est essentiellement une galerie de magnifiques personnages - et pas seulement féminins, loin de là - auxquels on s'attache assez vite.
Il est d'ailleurs regrettable que la série ait été "vendue" sous ce seul angle "féministe".
Comme le dit S. Riaux dans son article, le rythme lent pourra en rebuter quelques-uns. Mais les longs plans ne sont jamais là gratuitement et s'intègrent bien au développement du récit. On voit des réalisateurs qui ont pris leur temps pour développer une série comme ils la voulaient, et qui semblent faire preuve d'un véritable amour pour les lieux dans lesquels ils tournent.
Les deux premiers épisodes pourront paraître un peu longuets, mais là encore, tout est intentionnel et, rétrospectivement, ça s'emboîte parfaitement.
Pour moi, meilleure série western (et pas que !) depuis Deadwood.
29/11/2017 à 15:12
Très bonne série, Seul le final, aussi explosif soit-il, m'a laissé sur ma faim. Jeff Daniels au top, il ne fera pas mentir Hitchcock.
@Moi: Féministe pas vraiment. C'est avant l'histoire d'une relation père fils malsaine, et l'opposition entre les le héros et l'antagoniste (pour faire simple) qui sert d'intrigue principale. Les femmes qui sont laissées veuves s'en sortent sans hommes parce qu'elle n'on pas eu le choix, et elles peuvent même être mieux seules que mal accompagnées. Cependant, les hommes ont leur place dans ce monde. En résumé l'oeuvre ne se veut pas vraiment féministe et reste selon moi en équilibre à ce niveau. Enfin du fait de la faible importance des femmes dans le cinéma, cela peut surprendre de leur laisser autant de place, pour ma part en bien.