The Boys saison 3 : critique super méchante sur Amazon

Arnold Petit | 9 juillet 2022 - MAJ : 10/07/2022 06:22
Arnold Petit | 9 juillet 2022 - MAJ : 10/07/2022 06:22

Profitant de son immense succès, la bande de Billy Butcher est revenue tabasser du super-héros sur Amazon Prime Video. Après trois premiers épisodes de la saison 3 de The Boys plutôt réjouissants, est-ce que la série d'Eric Kripke produite par Seth Rogen et Evan Goldberg a tenu toutes ses promesses ? C'est moins sûr. 

Attention : spoilers ! 

A LITTLE PARTY NEVER KILLED NOBODY

"Je viens juste de voir des rushes qui sont, de loin, les putains de rushes les plus fous que j'ai jamais vus dans ma carrière. Ou peut-être de la carrière de n'importe qui" écrivait Eric Kripke il y a un an dans un tweet à propos de la scène d'Hérogasme présente dans le sixième épisode de cette saison 3. Et c'est vrai, en proposant une adaptation de cette orgie annuelle où les super-héros laissent libre cours à leurs pulsions et leurs déviances, The Boys a encore un peu plus repoussé ses limites.

Toujours aussi délicieusement méchante et gore, la série d'Amazon ne manque pas de générosité ou d'idées lorsqu'il s'agit d'exploser des têtes, d'arracher des bras ou de mettre en scène un combat entre deux personnages armés de vibromasseurs à l'effigie des Sept. Cette troisième fournée regorge de scènes aussi brutales qu'étonnantes et les scénaristes s'efforcent constamment d'offrir le spectacle le plus sanglant et le plus absurde possible à l'écran.

 

The Boys : photoÇa part casser des bouches et des culs

 

Cependant, au bout de trois saisons, le charme des débuts commence malheureusement à s'estomper. Ce qui était audacieux, irrévérencieux et transgressif n'est plus aussi choquant qu'auparavant (encore plus depuis que The Suicide Squad ou Invincible ont vu le jour) et n'a visiblement plus d'autre ambition que de faire rire bêtement. Sinon, quel était l'autre but de faire exploser un gars en se glissant dans son urètre ? 

Les séquences les plus surprenantes et réjouissantes se trouvent dans des touches plus fantaisistes que sadiques, comme un numéro de comédie musicale à l'hôpital, Kimiko (Karen Fukuhara) qui massacre des soldats sur le morceau Maniac, sans oublier les incrustations animées qui permettent de se plonger dans l'esprit dérangé de Black Noir (Nathan Mitchell). À côté, la débauche de nudité et de violence annoncée par les créateurs finit par ressembler à un nouvel argument promotionnel racoleur et ces tonnes d'hémoglobine, de sperme et de vomi vert fluo servent surtout à camoufler un scénario de plus en plus répétitif et bancal.

 

The Boys : photo, Tomer Capon, Karen FukuharaJ'aurais voulu être un artiste...

 

BOYS WILL BE BOYS

Pourtant, contrairement à la précédente, cette troisième saison démarre sans perdre de temps, installant rapidement les enjeux et les nouvelles dynamiques entre les personnages. Malheureusement, au terme des huit épisodes, la série donne encore une fois l'impression d'avoir tourné en rond et fait du remplissage pour revenir exactement au même point de départ, étant donné que tout ce qui a été introduit a été dégagé du scénario ou facilement désamorcé.

La saison veut créer des divergences morales entre les P’tits Gars, mais finit par réunir tout le monde dans le final, de même pour Hughie (Jack Quaid) et Annie (Erin Moriarty) qui se rabibochent après une nouvelle fausse crise dans leur relation. Le plus frustrant est probablement le report de la confrontation entre le Protecteur et Billy Butcher alors que les deux hommes avaient pourtant passé un pacte pour être certains de se mettre sur la tronche.

 

The Boys : photo, Karl Urban, Antony Starr"On va se taper à la récré ?"

 

Annoncé en grande pompe, le Petit Soldat ne tue aucun personnage majeur et repart sagement dans son caisson cryogénique après un combat contre Butcher. Jensen Ackles l'incarne véritablement comme la version misogyne et raciste du Captain America de Chris Evans (jusqu'à son intonation) et s'intègre parfaitement au reste du casting, mais hormis pour un rebondissement inattendu lâché à la dernière minute (et donc inexploité), le personnage n'apporte rien d'exaltant ou d'un tant soit peu original.

Pareil pour la redoutable Victoria Neuman (Claudia Doumit), présentée comme la menace fantôme depuis la fin de la saison 2, mais qui disparaît purement et simplement en cours de route pour revenir en force dans le dernier épisode et préparer la prochaine saison. Soit le même traitement réservé au pauvre Ryan, dont l'écriture vire à l'incompréhensible (son petit rictus inquiétant à la fin de la saison n'augure rien de bon).

 

The Boys : photo, Jensen AcklesSon racisme n'est même pas son pire défaut...

Au final, il ne reste que peu d'évolutions ou de personnages auxquels se raccrocher comme Kimiko et Frenchie (Tomer Capon) qui étaient plutôt effacés dans les précédentes saisons, mais qui continuent de faire battre le coeur de la série à chacune de leurs apparitions. L'autre bonne surprise concerne Stella.

En se retrouvant (littéralement) sous le feu des projecteurs face au Petit Soldat, la super-héroïne brille encore plus fort et incarne pleinement la lutte d'une génération qui se dresse contre des idéaux sexistes et dépassés, Hughie ayant enfin choisi de lui faire confiance et d'arrêter de la voir comme une demoiselle en détresse. Il n'empêche que, au final, The Boys reprend les mêmes schémas narratifs convenus et prévisibles que les productions dont elle se moque ouvertement.

 

The Boys : photo, Erin MoriartyGirl Power

 

THIS IS AMERICA

Cette troisième saison le prouve une fois de plus : The Boys n'est jamais meilleure que quand elle se sert de ses super-héros pervers et narcissiques pour écorcher l'Amérique et s'interroger sur les rapports entre le pouvoir et les encapés qui envahissent la culture et les écrans. De la même façon que le comics de Garth Ennis et Darick Robertson reprenait les codes de Marvel et DC pour s'en prendre aux éditeurs et aux dérives sécuritaires de l'Amérique post-11 septembre sous George W. Bush, la série s'inspire directement de l'industrie du divertissement et de la société américaine contemporaine pour en proposer une satire aussi incisive que pertinente.

Inévitablement, certains sujets se perdent au milieu des nombreuses intrigues et manquent de temps pour être approfondis, comme A-Train (Jessie Usher) s'opposant à un autre Super raciste, mais il est rare de voir une série de super-héros oser aborder frontalement ces questions, même en les noyant sous le sang et les tripes.

 

The Boys : photo, Jessie T. UsherWACONDA

 

De la cancel culture au féminisme en passant par la montée des idéaux fascistes et extrémistes, la désinformation, les violences policières, la gestion du Covid par le gouvernement ou la stratégie marketing de récupération de mouvements sociaux, la série brasse tous les thèmes qui secouent le débat public ou les réseaux sociaux et s'en donne à coeur joie pour démonter la société américaine dans son ensemble, sans retenue ou subtilité.

Les dernières minutes cristallisent d'ailleurs pleinement le fossé idéologique qui scinde l'Amérique (et le monde en général). Le Protecteur, en laissant exploser sa haine et sa mégalomanie dans une scène mémorable, devient donc le porte-parole de la tranche réactionnaire, suprémaciste et conspirationniste de la population. En espérant simplement que la série tiendra ENFIN ses promesses et apprendra de ses erreurs (et que les personnages apprendront des leurs).

La saison 3 de The Boys est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video.

 

The Boys : affiche

Résumé

The Boys se repose sur ses acquis et va encore plus loin dans la violence décomplexée et la satire politique contemporaine, en frappant où ça fait mal, mais cette troisième saison montre clairement que la série peine à se renouveler et à évoluer.

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Lecteurs

(3.7)

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commentaires
Nak Muay
16/07/2022 à 18:04

A chaque fois je me retrouve en désaccord avec écran large ,qui par exemple faisait une critique ultra positive d’une série de merde comme lovecraft country (qui au passage détruisait complètement l’œuvre du maître de providence …le pauvre hpl a du plus d’une fois s’en retourner dans sa tombe :/ ) ou d’une bouse comme le dernier matrix…Et pour une fois qu’on a une série ,pas exempt de défauts c clair, mais au moins divertissante (ce qui devient rare à une époque où notre quotidien c plutôt les pleurnicheries wokistes que nous servent Apple TV ou netflix ) elle se fait tapper dessus par la critique bien-pensante . Donc à mon tour de faire une critique super méchante et de dire au minable journaleu qui a pondu cette diatribe médiocre qu’au lieu de nous ennuyer (je reste poli )avec sa prose nauséabonde ,il devrait changer de job (voir même aller se faire mettre bien profond comme dirait ce cher butcher )…

epicbob
15/07/2022 à 00:31

Le Francais et Butcher sont deux caricatures improbables qui personnellement m'ont vite lassé, je pense que la série se porterait mieux sans ces personnages.
Avec eux la série risque de basculer dans du Casa del Papel...

Mauny
14/07/2022 à 17:31

Je viens de finir la saison 3(vu sur 3 jours). Et je reste un peu perplexe. Déjà on commence à ressentir la nécessité d'allonger la série (ça marche, ca paie, donc ça doit durer). Ensuite, la série aborde des thèmes toujours intéressant mais le survolé (utilisation des médias, des réseaux sociaux, racisme, traumatisme de guerre et de l'enfance....) Mais ne va pas a fond... Ensuite le côté trash de la série reste plaisant, mais ça se repose trop la dessus. Le soucis, bah au bout de 24 épisodes, ça ne surprend pas plus que ça....et ça fait que la série reste bloqué dans son schéma. Idem, certaines choses sont trop mal amenées, mais le fils de Butcher/Homelander a une évolution un peu trop facile, et trop rapide.... Certains personnages sont trop en retrait par rapport à d'autres, et trop caricaturé. Le français en est le meilleur exemple, et l'histoire autour de Nina ne sert strictement à rien (en tout cas dans la série)....
Donc ça reste une très bonne série, mais j'ai le sentiment que les producteurs vont devoirs l'étirer jusqu'à l'épuisement (pour répondre au besoin d'argent ) et du coup vont se perdre... Je pense que c'est une série qui devrait maximum se terminer dans deux saisons.... Avec une histoire menée sur les 16 prochains épisodes....sous peine de devenir un nouveau Walking Dead a mes yeux... Un super postulat de base, un superbe matériau rincé et poncé inutilement....
3/5. Pour cette 3e saison en retrait des deux 1eres...

Richie
13/07/2022 à 23:41

" ça veut être subversif mais ça s'habille de tout les poncifs manichéens"

C'est vraiment bien résumé.

Inaritoo
13/07/2022 à 21:11

Hélas, je reste très mitigé sur cette saison .... plus que déroutante, surtout au regard du comics.

Autant je peux accepter certains écarts mais là c'est n'importe quoi, les scénaristes changent tout et sacrifient des personnages clés de manière surprenante.... notamment Black Noir.

On a donc une série assez bonne, notamment grâce à certains acteurs charismatiques (butcher, homelander, etc.) mais trop loin de l'oeuvre originale ce qui pour moi est un sacrilège

M
13/07/2022 à 18:55

Non mais j'adore les gens qui te font une putain d'analyse complète de la série pour, au final, dire qu'ils aiment pas. T'as l'impression qu'ils ont passé le reste de leurs temps à scruter le moindre défaut pour ensuite venir cracher dessus. Ca doit quand même être fatiguant d'être vous, hein les râleurs.

Omegaton
12/07/2022 à 20:43

une série sympa, elle divertie bien. je fais pas parti de ces gens qui râlent sauf quand c'est vraiment de la merde. dans la vie y'a les séries merdiques et les bonnes séries, y'a pas d'entre deux, il faut savoir ce qu'on veut dans la vie à un moment donné.

Marcel Pourst
12/07/2022 à 16:50

C'est dingue, la plupart des commentaires sont plus longs que l'article MDR,

Pour les commentaires qui sont aussi longs que "A la recherche du temps perdu" et qui sont négatifs, reconnaissez au moins que le travail fourni par Amazon vous donne beaucoup de temps à perdre justement.

Moi j'ai adoré la saison 3. Je reste Behat devant le travail accompli sur cette série... Qui ferais bien d'en inspirer deux ou trois autres si vous voyez ce que je veux dire ! (Oui oui Mickey je parle bien de toi !)

Nonoo
12/07/2022 à 14:48

Meilleur scène de cette saison c'est quand même The Deep qui se fout de la gueule de Gal Gadot avec la vidéo "Imagine", quelle rigolade :')

Lhommerover
12/07/2022 à 11:58

Cette série est tellement partie en steaks... ça veut être subversif mais ça s'habille de tout les poncifs manichéens relatifs au genre. Les pirouettes scénaristiques sont insultantes pour tout QI moyen. Le scénar entier de cette saison 3 ne sert à rien puisqu'on a pas avancé depuis la fin de la saison 2... Ah si Ryan est passé du côté obscur... Pour combien de temps?
Dans The Boys, il n'y a pas vraiment d'enjeu. On suit juste une bande de casseurs de Supers tourner en rond, et le Super en chef cabotiner... C'est cousu de fils blancs... Bavard... Répétitif.
Alors quand je lis qu'il faut savoir apprécier, ne pas chercher la petite bête, respecter le sacrosaint divertissement hollywoodien, même si ce dernier n'émane que trop rarement d'un élan artistique... Même si ce dernier est trop souvent d'une fadeur confondante... Brainstormé dans chaque détails, pourvu qu'il soit rentable... Je suis mitigé...
Il faut savoir se divertir, sans réfléchir dis l'autre... Sinon c'est que tu deviens un vieux c*n...
Analyse binaire, non?... Pour ma part être amené à réfléchir me diverti... regarder un film ou une série sans profondeur m’ennuie... Chacun sa vérité comme disait Pirandello.

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