Love, Death & Robots saison 2 : critique sans amour ni mort sur Netflix

Mathieu Jaborska | 17 mai 2021 - MAJ : 17/05/2021 18:06
Mathieu Jaborska | 17 mai 2021 - MAJ : 17/05/2021 18:06

Après l'échec artistique et commercial de Terminator : Dark FateTim Miller a définitivement fini de surfer sur la vague Deadpool. La saison 2 de Love, Death & Robots, série créée par ses soins et co-produite par David Fincher en personne, était donc moins attendue que la première, même si ses ambitions affichées titillaient sérieusement les amateurs d'animation et de science-fiction. Les 8 épisodes sont désormais disponibles sur Netflix.

1.5

La nature anthologique de Love, Death & Robots lui garantissait de diviser. Ainsi, notre critique de la première saison témoigne des désaccords qui ont agité la rédaction. Mais si cette première salve de courts-métrages laissait transparaître autant de qualités que de défauts, elle avait pour elle, comme toutes les oeuvres du genre, une diversité épatante. Entre réflexions métaphysiques, brefs sketchs parodiques et divertissement de gros calibre, elle balayait le spectre de la science-fiction avec une régularité inversement proportionnelle à sa générosité.

D'emblée, la saison 2 défait ce système efficace : les 18 épisodes sont réduits à 8. Et bien qu'un très relatif mélange des techniques et des styles visuels soit garanti par les chapitres 2, 5 et 6, il se dégage du panel présenté une impression d'uniformisation à laquelle échappait déjà de justesse la première saison. L'animation 3D est devenue la norme, les drames technologiques à twists une structure narrative réglementée (deux courts-métrages reposent sur l'exacte même mécanique !). Peu de ces aventures s'éloignent d'un schéma trop sage, qui n'impressionne plus personne.

 

photoQuand un robot domestique se retourne encore contre toi

 

Ainsi, certaines histoires, pourtant passionnantes sur le papier (Snow et le désert), s'avèrent finalement très prévisibles. Les deux seuls essais humoristiques (Le Robot et la vieille dame, La surprise de noël) sont quant à eux bien trop timorés pour briller. Enfin, la triste embardée horrifique (De si hautes herbes) est d'une telle faiblesse qu'elle s'impose peut-être comme le pire des épisodes. Les différentes visions de la science-fiction qui s'entrechoquaient avec fracas dans les 18 premiers chapitres laissent place au minimum syndical.

La pression du flux a-t-elle sacrifié Love, Death & Robots ? Suite au succès de la saison 1, Netflix a peut-être précipité la production de la suite, sans prendre en considération que l'animation, ça prend du temps. Surtout quand des studios comme Blur poussent à ce point le sens du détail. Difficile d'en être sûr, mais la série pourrait bien être une nouvelle victime du culte de l'immédiateté, particulièrement présent sur des plateformes de SVoD harcelées par des abonnés en manque de leur prochaine séance de binge-watching.

 

photoBrushing photoréaliste

 

Death and robots

Et si cette saison 2 sabote sa prédécesseure en sapant son ambition, elle accroit du même geste son plus grand défaut. Les démonstrations technologiques époustouflantes sont toujours au coeur de la série (d'ailleurs, la gestion impressionnante de la lumière de Module de secours rappelle forcément le photoréalisme ahurissant de L'âge de glace). Mais leur vacuité n'en est que décuplée. Pourtant parfois très belle, la majorité des courts proposés est totalement vide, si bien que seul le dernier épisode - le meilleur - semble raconter quelque chose. Quoi de plus logique, puisqu'il est adapté de la nouvelle du monstre J.G. Ballard ?

À force de viser l'esbroufe visuelle, la perfection animée, Love, Death & Robots perd peu à peu son identité. Il lui manque une pépite comme L'oeuvre de Zima, ou un gros spectacle ultra-jouissif. Il lui manque quelques gags bas du front et deux ou trois métaphores bien senties. Il lui manque une bonne dizaine d'effusions gore ou ne serait-ce qu'une fraction de bons sentiments. Bref, il lui manque l'humanité promise par son titre et qu'un simili-Blade Runner tout lisse ne saurait émuler.

 

photoIce, parfois sublime

 

Heureusement, quelques instants de grâce viennent faire relativiser le néant. Outre la poésie macabre du Géant noyé (par ailleurs réalisé par Tim Miller), directement héritée de la nouvelle dont il est adapté, la beauté glaciale de Ice transcende, par exemple, un scénario lui aussi très classique. De même, le monde post-apocalyptique de Snow et le désert étonne par sa richesse. Des preuves qu'avec un peu plus d'émotion et surtout beaucoup plus de temps, la série peut s'émanciper d'un carcan technique sans âme pour toucher son spectateur une nouvelle fois. Malgré la déception, on attend donc la saison 3 de pied ferme.

La saison 2 de Love, Death & Robots est disponible sur Netflix depuis le 14 mai en France. La saison 1 est également disponible sur Netflix.

 

affiche saison 2

Résumé

La générosité qui caractérisait la saison 1 a fondu en même temps que le nombre d'épisodes. Malgré quelques fulgurances visuelles, il ne reste plus de la série qu'une enfilade de démonstrations techniques vides.

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Lecteurs

(2.7)

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commentaires
Ozymandias
20/07/2021 à 23:34

J'ai adoré ce volume 2, passionnant !

Nico 78
30/05/2021 à 23:19

J ai regardé la saison 2 est apprécié l épisodes unité spéciale qui m'a beaucoup ému fort mais terminé bien cette sombre action monstrueux du genre humain, j ai apprécier aussi Noël mélange fantastique et horreur vivement la saison 3

toto82
21/05/2021 à 12:37

Personellement j'ai kiffé la saison un, par contre la saison deux je m'attendais a des hisoire beaucoup plus poussé

Anderton
19/05/2021 à 15:19

C'est tout le problème des séries anthologiques (Black Mirror, Electric Dreams...) : il y a du bon, de l'excellent et du moins bon surtout avec des épisodes complètement indépendants et d''une durée assez courte ; il est ainsi difficile d'immerger pleinement le spectateur et de lui faire ressentir toutes les émotions potentielles de chaque récit.
Pour ma part, j'avais gardé un bien meilleur souvenir de la 1ère saison avec des histoires très originales (L'Avantage de Sonnie, Les Trois Robots, La Revanche du Yaourt) ou des twists très surprenants (Le Témoin).
Pour cette saison 2, je suis resté sur ma faim pour certains épisodes,quand d'autres ne m'ont peu ou pas fait vibrer (peut-être est-ce dû aussi au binge watching : on regarde vite et beaucoup et on ne retient pas grand chose...). J'y ai même vu et retenu trop de références à des oeuvres de SF ou de l'animation, notamment :
/!\ ATTENTION SPOILER /!\
- "Le Robot et La Vieille Dame" très Pixarisé ;
- "Groupe d'Interventions" avec un monde à l'identique de celui de "Altered Carbon - saison 1" ( les nantis immortels en altitude, la masse dans les bas-fonds) mixé à un contexte social proche de celui de "Seven Sisters" ;
- "La Surprise de Noël" au ton très Burtonien (avec son oeuvre "L'Etrange Noël de Mr Jack") ;
- "Module de Secours" dont l'affrontement homme/machine m'a fait repenser à un épisode déjà moyen de "Black Mirror" ;
- "De Si Hautes Herbes" pendant de "Dans Les Hautes Herbes" (film Netflix adapté de la nouvelle de Stephen King).
Reste néanmoins que chaque épisode est un pur plaisir visuel utilisant des techniques d'animation puissantes, et très différentes, magnifiant les images.

Rail
18/05/2021 à 22:14

@CHHH l'ordre des épisodes changent pas selon l'utilisateur, d'où tu tient ça ? Je serais curieux de le savoir


18/05/2021 à 16:47

on va dire que c'est on aime ou pas...perso dans la saison 1 la majorité des épisodes étaient nazes pour moi et c'est la même chose dans la 2....

Courageux Mathieu
18/05/2021 à 15:05

@Arsh
Tu as tout à fait raison, les commentaires ne sont pas si malveillants. J'ai relu les commentaires de l'article de la saison 1 qui sont très virulents et j'ai fait une confusion !

@Belgianeer
Je ne suis pas d'accord, quand on s'attache David Fincher et Tim Miller, on n'est pas dans l'essai-erreur. De plus, les courts sont adaptés de nouvelles de SF. La nouvelle était une proposition, quand on décide d'adapter précisément cette nouvelle, ce n'est plus une proposition. On le voit bien, les scénarios sont bâclés et les courts ne sont que des vitrines.

Hedy
18/05/2021 à 14:48

Pour une saison deux il est prévisible que ça ne surprenne plus autant puisqu'on à compris le principe. Je trouve cette critique assez dure parce-que de 1 il y'a que 8 épisodes pour cette saison 2 et de deux je n'attends pas une révolution d'une série de courts-métrages. Pour moi LDAR 2 tient sa promesse tout en étant quand même un peu en dessous du premier.

GTB
18/05/2021 à 12:36

@Chris11> "Je ne comprends pas ta remarque, tu as raté la saison 1 ? Le fond, la forme, les persos et les scénarios, tout était hyper travaillé sur la S1, même si tous les épisodes ne se valaient pas, l'ensemble était une merveille, chaque épisode avait sa marque et son histoire."

Je ne suis pas d'accord justement. Je ne trouve pas que la saison 1 s'en sortait tellement mieux sur le fond. 2 ou 3 épisodes sur les 18 étaient un poil au dessus, mais globalement on était bien plus sur quelque chose qui se tient que quelque chose qui bouscule. Et je maintiens que le court-métrage est un exercice assez délicat qui laisse peu de latitude pour briller sur le fond. C'est un format extrêmement étroit, de pastille, un format d'essai. Parfois sensorielle plus qu'autre chose. Est-ce que Unit Image ont voulu bouleverser la SF avec Snow in the Desert? J'en doute. Le scénar se tient. C'est tout. En revanche, techniquement on voit peu cela dans le cinéma d'animation. Je crois que ça n'avait pas d'ambition plus prétentieuse que cela.
Je comprends parfaitement que cela ne suffise pas à certains. Je n'ai jamais dit le contraire. Mais pour regarder beaucoup de ce format, il me semble risqué d'y venir en attendant quelque chose pour lequel il n'est pas fait. Pour moi Love Death + Robots est simplement une autre voie d'expression de l'animation (CGI essentiellement) où elle n'existe qu'à travers la recette Pixar au cinéma. Bien sûr avec plus ou moins de réussite et de maitrise, les épisodes sont perfectibles, néanmoins quel(s) film(s) d'animation ressemble à ça ces 10 dernières années?

matackermann
18/05/2021 à 11:54

Bon, le truc pratique c’est que vue la durée des épisodes, on ne perdra pas trop de temps à se faire un avis de cette saison 2.
Perso, je trouve que ICE incarne parfaitement la problématique de cette saison : un style graphique au service d’un scénario qui manque singulièrement d’enjeux ou d’implication émotionnelle. En bref : tout ça pour ça ?

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