Love, Death & Robots : le premier ratage total de David Fincher ?

Simon Riaux | 21 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 21 mars 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

À l’heure où les projets d’anthologies se multiplient, voir David Fincher et Tim Miller chapeauter une collection de courts-métrages de science-fiction était particulièrement alléchant. Love, Death & Robots se présente donc comme une collection de dix-huit histoires courtes, rassemblées sous le pavillon Netflix.

 

photo"Lucky 13"

 

LES CREATURES DE L'ESPRIT

Sur le papier, tout était réuni : un réalisateur surdoué et prestigieux, un spécialiste des effets spéciaux déjà passé derrière la caméra (pour Deadpool) et rompu à l’impertinence, oeuvrant pour un géant du streaming doté d’une assise financière l’autorisant à produire confortablement des projets audacieux. Malheureusement, si le résultat se voudrait une résurrection punk de l’esprit Metal Hurlant, le résultat tient plutôt du mauvais trip potache.

Pourtant, le premier contact avec Love, Death & Robots semble prometteur, tant le court-métrage L’Avantage de Sonnie se pare d’atour visuellement éclatants. Récit en image de synthèse, dont la direction artistique évoque par endroits celle de la saga Dishonored, il jouit d’un niveau de finition et d’une finesse de rendu plus qu’appréciable. Les propositions suivantes s’avèrent majoritairement satisfaisantes sur le plan technique, malgré quelques choix discutables.

 

photo"Good Hunting"

 

Si les segments animés sont presque tous variés et enchanteurs pour la rétine, on s’étonne (et on regrette) du nombre de propositions qui cèdent à la tentation du photoréalisme. Le résultat a beau être régulièrement saisissant, il condamne fatalement beaucoup de ces récits à se ressembler, en plus de convoquer régulièrement le fantôme de la Vallée de l’Etrange. Ainsi, et malgré une poignée de trouvailles, quelques très impressionnantes compositions, un sentiment de monotonie s’installe rapidement.

Sentiment d'autant plus regrettable que quasiment tous les épisodes essayant de s'extraire de cette équation "réaliste" proposent des univers plutôt attrayants, ou à tout le moins bénéficiant d'un minimum de singularité. Il faudra néanmoins nuancer ce constat, les intrigues humoristiques bénéficiant clairement de moyens (ou de techniciens) très inférieurs aux récits plus ambitieux en termes de spectacle. Un constat qui n'handicape que modérément des créations comme Three Robots, mais souligne cruellement l'écriture fainéante de certains autres, comme Alternate Histories.

 

photo "Sucker of souls"

 

FINAL PITRERIE

Le véritable problème de l’anthologie provient de l’inconsistance de son écriture. En l’état, difficile de croire que quelqu’un a passé plus de sept minutes à rédiger la plupart des épisodes, tant ceux-ci se contentent de recycler paresseusement d’énormes clichés et situations vus mille fois ailleurs et autrement mieux traités. Love, Death & Robots va même jusqu’à proposer des récits invraisemblablement similaires, dans leur construction, voire leurs twists.

Ainsi, au moins deux courts-métrages se focalisent, sans une once d’originalité, sur des vagues de monstres à repousser, comme si regarder de gros bourrins flinguant à tout va de l'alien générique était le summum de la créativité en matière de SF.

 

photo"Ice Age"

 

Malheureusement, la série ne se contente pas d’aligner les vignettes scénaristiquement indigentes mais techniquement maîtrisées, et va jusqu’à renier progressivement sa promesse initiale. Annoncé comme un projet remuant, provocateur et un poil subversif, Love, Death & Robots ressemble au rêve humide d’un adolescent des années 90.

Gros bœufs surarmés accompagnés de petites pépées à la cuisse hospitalière, personnages féminins vachement plus à l’aise avec l’exhibitionnisme que les équations quantiques, gore jamais justifié… Passé une demi-douzaine d'épisodes, on s'attend à entendre les auteurs péter et décapsuler une bière en guise de générique.

Au-delà de l’épaisseur thématique, c’est bien la quasi-uniformité de l’ensemble qui pose problème. Avec 18 chapitres au programme, il y avait de quoi varier les sensibilités et proposer aussi bien des délires de bourrin que des explorations un peu plus originales. Las, hormis Good Hunting et Zima Blue (plaisants mais en rien révolutionnaires) on a beaucoup de mal à trouver des récits qui ne relèvent pas de la cinématique de jeu vidéo luxueuse et vaine.

 

photoThe Witness

 

Agacement suprême, ce best-of des stéréotypes les plus dépassés de la SF se paie même le luxe de passer parfois tout près de la sévère redite, voire du plagiat pur et simple. Ainsi, difficile de ne pas voir dans Ice Age un pompage grossier de certains courts développés par le studio O.A.T.S. de Neill Blomkamp (dont l’originalité n’était déjà pas l’atout premier). Il en va de même pour quantité de créations, qui se contentent de singer ici un jeu connu, là d’apposer un twist ultra-prévisible à un concept foireux.

Love, Death & Robots est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 15 mars.

 

affiche

Tout savoir sur Love, Death & Robots

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commentaires
Fab rez
26/11/2019 à 00:41

A croire que l'auteur de l article a regardé d un œil la série et de l'autre était entrain de faire ses courses sur internet... Se sont des formats courts, comment peut on reproché une rapidité d écriture pour des formats aussi courts ? Personnellement j'ai adoré, il y a de nombreux clin d'œil à la SF des années 90 et 80, c'est assumé, décomplexé, c'est pas pour les biens pensants, c'est propre visuellement même si un peu inégale parfois entre certains épisodes. J'ai retrouvé un peu les sensations que j'avais eu en regardant les animatrix que j'avais adoré. Franchement Écran Large y a de quoi se demander si vous trollez pas les lecteurs... C'est pas la première critique assassine exagérée... On peut ne pas aimer, mais être objectif, ça fait du bien, deplus que les reproches faits sont justement le principes de ce qui a été réalisé.

Salé
24/09/2019 à 22:34

Tellement de sel, que l'article doit être signé par La Baleine c'est pas possible autrement ^^

Alex
19/07/2019 à 12:17

Pas beaucoup de propos de fond dans cet article.
On ressent plus le journaliste "humide" à l'idée d’écrire un article assassin.
Dommage j'aurais aimer lire un article plus technique, qui va vraiment chercher dans le détail les défauts de la série.

clarknova
12/06/2019 à 00:01

Entièrement d'accord avec le critique. Je me fais conspuer quand je dis ce que je pense de cette série, pourtant elle est objectivement très faible. Les histoires sont stupides (combien ? Trois qui forment des boucles sans fin ?).La mise en scène est sans queue ni tête. Elle ne dit rien à part sur l'histoire et ne fait que démontrer lourdement le niveau technique des animateurs. Graphiquement, c'est très inégal. Vraiment pas grand chose à sauver. L'histoire de l'artiste qui délire sur le bleu est la plus intéressante et il y a des idées graphiques et de mise en scène. C'est la seule que je sauverais du feu.

Moi pas d'accord de pas d'accord
09/06/2019 à 01:07

Etant moi-même animateur 3D, je peux affirmer sans le moindre doute que cette série est aujourd'hui ce qui arrive de mieux au milieu de l'animation. On a enfin des films d'animation trash, gore, crasseux et sans complexes, qui sortent des clous imposés par les grands studios type Pixar ou Dreamworks et qui sont médiatisés pour un large public EN FRANCE et BON DIEU que cela fait du bien. Oui, ca fait cinématique de jeu vidéo, oui les scénarios ne sont pas toujours incroyables, mais ce ne sont pas les scénarios qui sont importants ici !! Chacun d'entre eux tient en 2 lignes, et tant mieux ! Plus de place pour le graphisme, la recherche d'univers, pour le kiff quoi ! Sérieux, personne ne peut rester dubitatif devant cette série tant elle s'évertue à foutre une claque monumentale a chaque épisode. J'aurai tué une armée de petits chats pour bosser sur des épisodes comme "La décharge" ou "l'avantage de sonnie" ou "Les trois robots" ! ET DIEU SAIT QUE J'AIME LES PETITS CHATS !

Inconnu
31/05/2019 à 23:23

Mais Simon soit raisonnable voyons , allez prend tes goutes et au dodo ....

Fantasia
26/05/2019 à 11:59

Excellente série, gros coup de coeur pour The Witness. Je me demande vraiment comment un pseudo journaliste peut écrire un article aussi mauvais. J'espère qu'à l'heure qu'il est celui-ci écrit des articles pour Turf magazine.

Kriss
19/05/2019 à 00:20

Dommage, la critique"officielle" va encore à l'encontre de celles des spectateurs. En ce qui me concerne je le suis RÉGALÉ !!!
Effets visuels excellents, rythme soutenu, cul, gore, flingues, avec des références aux classiques de la SF, le pied intersidéral !

Anastriana
17/05/2019 à 15:49

Grande claque... whouaaaa.... Je me suis régalée ! Tout est rassemblé : beauté, humour, gore, onirisme, perfection. Même si 1 ou 2 sont un peu légés. Il y avait rien de très original dans certains mais je me suis faite surprendre par certaines fins !

Simon au chaumage
17/05/2019 à 03:57

Aie , mon pauvre simon ...
Je voulais parlé de la serie pour defendre mon point de vue par rapport a cette critique plutot infondé a mes yeux ...
Mais apres lecture des commentaires je pense que tu as compris que c'est toi qui est dans le faux ,90%des commentaires positif pour LD&R.
Je me demande meme si tu as regardé, et si c'est le cas je pense que tu devrais changé de job bien que tu te crois dans la stratosphere de je ne sais ou ( a mon avis tu es surtout perdu ).
Aucun besoin d'echangé d'arguments il ne s'agit pas d'un debat politique , tu aime ou pas mais pas besoin de sortir toute sorte de choses pour essayé d'influencé les gens a ne pas regardé. Ce qui d'ailleur n'auras pas fonctionné , une preuve supplementaire que tu es encore mauvais ici. Tchao pantin

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