Search and Destroy : une réécriture d'un chef d'œuvre d'Osamu Tezuka sous acide

Flavien Appavou | 13 février 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Flavien Appavou | 13 février 2021 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Atsushi Kaneko nous livre une réécriture de Dororo, d'Osamu Tezuka en mode post-apocalyptique. Un polar peuplé de robot et de Yakuza dans lequel l'auteur s'éclate et nous en met plein la vue. Curieux ou fan, ce manga est un petit bijou. 

Tout le monde connait l'histoire de Dororo du "papa" du manga Osamu Tezuka. L'histoire de ce jeune homme complètement démembré par des démons qui lui ont tout volé en échange de la paix et de la prospérité sur la province où il est né. Ce vœu avait été formulé par son propre père pour éviter tout conflit. Il avait donc fait le choix de sacrifier son fils pour sauver "son peuple", et surtout sa fierté.

Le garçon fut né aveugle, sans jambes, sans bras, sans nez, sans langue... mais avec une furieuse envie de vivre. Petit à petit, il retrouve des parties de son corps en affrontant des démons dans un Japon médiéval. Dans sa quête d'intégrité physique, il fait la connaissance de Dororo. Le jeune homme découvre ainsi l'amitié et se construit aussi à l'intérieur. 

Ça, c'est pour l'histoire originale. Dans Search and Destroy, on reprend les mêmes bases, sauf qu'on y rajoute un monde post-apocalyptique où les humains cohabitent avec des robots après une guerre qui a ravagé tout le pays. Les truands et les yakuzas font la loi et les robots sont aussi intelligents que les humains. Dans un univers noir digne d'un polar, la personne qui cherche ses bouts de corps entame donc sa quête vengeresse à coups de lame et d'épée, digne d'un bon slasher. C'est un peu plus violent et donc moins dans la dentelle !

 

Planche 2, Atsushi KanekoHello You !

 

Atsushi Kaneko connu pour Soil chez Ankama ou pour Wet Moon et dernièrement Deathco chez Casterman, est un maitre du polar. Sa façon de découper les planches relève du génie. C'est précis et méticuleux. Tout est détaillé et rien n'est laissé au hasard. D'ailleurs, tout est très nerveux. On assiste à une vraie chasse à l'homme, méthodique, brutale et réfléchie. Cela se retrouve dans le dessin et aussi dans la narration. Les trames, souvent apparentes pour les impressions de vitesse, laissent place à la grandeur des planches, pour laisser souffler le lecteur. C'est aussi le moyen de montrer des décors incroyables, des personnages immondes et infects ou au contraire très beaux.

Ces variations de rythme permettent à Search and Destroy, d'être lu ou vu comme un film, les yeux font eux-mêmes l'animation. Et le talent de Kaneko est connu pour cela. Même si ces œuvres peuvent paraître fantasques ou lunaires, son talent de narration, d'encrage et de dessin captive et surprend à tous les coups le lecteur

Dans cette réécriture, les choix scénaristiques sont justes, malins, drôles et terriblement bien mis en scène. Un pur régal pour les mirettes. 

 

Planche1, Atsushi KanekoKill Bill version encore plus sale 

 

Encore une fois Atsushi Kaneko nous montre l'étendue de son potentiel dans une histoire sans temps mort où chaque détail compte. Lu et approuvé Search and Destroy est paru le 3 février 2020 chez Delcourt/Tonkam. Seulement trois tomes sont prévus pour le moment. Parfait pour les néophytes ou les fans qui cherchent à trancher dans les nouveautés !

Pour ceux qui veulent découvrir la version originale, une édition prestige incroyable est aussi sortie. Ainsi qu'un album hommage appelé Tezucomi où des auteurs du monde entier rendent hommage au Dieu du manga.

 

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commentaires
Lascar
13/02/2021 à 20:12

Blasphème total. Tezuka est un véritable génie. Il n'est pas le "papa" du manga mais son Dieu. Reprendre une de ses oeuvres phares et en faire ça me déprime. Il faut avoir un sacré talent pour rendre hommage à Tezuka en reprenant une de ses oeuvres. Naoki Urasawa l'avait parfaitement réussi en reprenant Astro pour en faire Pluto, mais Urasawa est lui-même un génie (Billy Bat, chef d'oeuvre absolu, 20 century boys bref tout).

rientintinchti
13/02/2021 à 16:22

Grand artiste. Je ne connaissais pas cette oeuvre. ça donne envie.
Merci