Sangre - tome 3 : Hovanne l'irrésolue, la vengeance a du bon au Soleil

La Rédaction | 6 janvier 2022
La Rédaction | 6 janvier 2022

La vengeance est un plat qui se mange froid, paraît-il. Le 3e tome de Sangre sera l’occasion de le vérifier puisque notre héroïne s’y aventure au sein des terres glacées de Mi-Ho-Dwygg, royaume sous le joug d’une puissante aristocratie, au sein de laquelle se dissimule une meurtrière impitoyable.

 

 

Après le massacre en règle de sa famille, Sangre s’est jurée de venger les siens, et consacre son existence à la traque des impitoyables Ecumeurs, et en particulier de leurs sept redoutables leaders. Nous la retrouvons alors qu’elle a préalablement triomphé d’un mystérieux légat, puis de Fesolggio, l’inexorable fâcheux. Ces deux premières étapes sanglantes l’auront définitivement installée sur les rails d’une revanche implacable, et c’est plus résolue que jamais qu’elle entame la traque de sa troisième victime. 

 

Sangre - tom 3 : Hovanne l'irrésolue : couvertureEt pour voir Sangre d'un peu plus près, ilsuffit de cliquer ici !

 

DU SANG SUR LA NEIGE 

Devenue une tueuse plus que compétente, Sangre ne se contente toutefois pas de manier épées, couteaux et dagues dans le but de raccourcir ceux qui ont jadis occis les siens. Capable d’interrompre plus ou moins brièvement le temps, ce qui provoque chez elle des crises de cécité d’une durée variable, la jeune femme doit également composer avec une étrange tache noirâtre, qui grandit sur son rein droit. Marque des ténèbres qui menacent son équilibre, ne demandant qu’à aspirer l’âme en quête de vengeance, elle témoigne de l’évolution du personnage. 

En effet, l’enfant terrifiée que nous suivions dans le premier tome, tout comme la tueuse inventive mais encore bègue qui fit couler le sang dans la cité de Vaneste, semblent désormais bien loin, alors que l’obstinée affiche un sens du calcul, de la stratégie morbide, plus aiguisé que jamais. C’est d’ailleurs le premier plaisir de cette intrigue faussement classique. 

 

Sangre - tom 3 : Hovanne l'irrésolue : photoDangers de la pêche au silure

 

Depuis Le Comte de Monte-Cristo, on ne compte plus les vengeances au long cours à avoir fait les beaux jours de la littérature, de la bande-dessinée ou du jeu vidéo. Mais Arleston, en scénariste accompli, a l’intelligence de réutiliser ce schéma classique afin de nous donner à découvrir un monde complexe, des systèmes sociaux originaux, et surtout, l’évolution d’un personnage tour à tour puissant, traumatisé et altéré en profondeur par la nature de sa quête. 

Car Sangre n’a décidément rien d’un Terminator, au contraire. On appréciera d’ailleurs que ce 3e tome mette progressivement cette lame téméraire face aux conséquences de ses actes. En effet, peu importe sa soif de justice, ou combien elle s’efforce de maquiller de vertu ses appétits funèbres, sa quête répand irrémédiablement la mort autour d’elle. Au cours de cette nouvelle aventure, ce seront ses plus proches compagnons qui paieront les pots cassés, signe que les ténèbres s’approchent, et menacent plus que jamais d’engloutir cette combattante qui jamais ne recule. 

 

Sangre - tom 3 : Hovanne l'irrésolue : photoChauffer le chaud et le froid...

 

MORTS D’HIVER  

Si ce monde, ainsi que ses protagonistes prennent vie avec autant d’aisance, c’est grâce au duo qui préside à leur création. En effet, on retrouve Christophe Arleston côté scénario et Adrien Floch au dessin. Le premier fut le principal artisan du succès de Lanfeust, qui propulsa les éditions au Soleil au premier plan du 9e Art hexagonal. Le second collabore avec lui depuis la naissance de la saga Les Naufragés d’Ythaq (17 tomes, tout de même). Un suivi qui ne date pas d’hier, et se ressent à chaque case. 

L’échange, voire la fusion entre découpage, écriture, trait, est une évidence qui permet à Sangre de se renouveler à chaque tome, et de faire des merveilles en matière d’incarnation. De nouveau, le récit nous amène dans un espace et une société inédits. Et ceux qui peuplent ce 3e tome valent le détour. 

 

Sangre - tom 3 : Hovanne l'irrésolue : photoNivesque et ses airs de renaissance italienne sont bien loin...

 

Nous y croisons les Dwyggs, sorte de caste aristocratique habitant une région désertique et glacée, où survivent tant bien que mal, pris entre des conditions climatiques extrêmes et une faune vorace, les malheureux transis, des humains tristement banals au vu des circonstances. Le portrait d’une élite aux rites nombreux et volontiers décadents, insensibles aux rudes températures, et usant de cette particularité pour assoir sa domination fonctionne excellemment bien. 

Parallèlement, c’est l’occasion pour Sangre de renouveler en profondeur ses décors, son architecture et sa direction artistique en général. Tout ce petit monde est désormais nimbé de teintes bleutées, lesquelles se diffractent à l’infini sur les murs gelés d’improbables palais flottants. Nul doute qu’après cette revigorante vengeance hivernale, il nous tarde déjà de connaître la prochaine aventure de Sangre. 

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

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commentaires
Lagaffe
06/01/2022 à 20:43

Gosh! La case en plongé sur la barque est vertigineusement esthétique! Hâte de lire tout ça!