The Batman : les origines du méchant du film révélées dans un comics à ne pas rater

Journal de bord d’un vilain de Batman

Publié sous la marque aux contenus plus matures Black Label de DC, The Riddler : Année Un n’est pas un comics ordinaire. En effet, le lire, c’est comme feuilleter les pages du journal intime qu’aurait pu faire Paul Dano dans sa préparation pour le rôle de l'Homme-Mystère – à la manière de Heath Ledger pour son interprétation du Joker dans The Dark Knight.

Et le style si particulier de l'artiste Stevan Subic participe à cette image de plongée dans un crâne harassé de réflexions et en pleine mutation. Entre collages, peintures, lumières diffuses créant des ambiances cauchemardesques, un cinquième chapitre prenant littéralement l'apparence d'un bloc-notes ou le visage de Paul Dano pour représenter le Riddler du comics, cet enchevêtrement de techniques artistiques et d'idées illustre parfaitement l'introspection de cet esprit psychotique se créant un alter ego criminel.

De gentil innocent à sociopathe terroriste

L’Homme-Mystère sur le divan

La principale surprise du comics est l’écriture précise et en retenue de Paul Dano. Sans jamais tomber dans d'interminables tirades sur la vie et le pouvoir d'achat, le récit se contente de l'essentiel pour alimenter plus encore que dans le film les motivations de ce solitaire désabusé. Expliquée dans The Batman, la version extrême de la croisade du Chevalier Noir menée par le Riddler prend plus de sens dans la mini-série en s'imprégnant d'un événement à la hauteur de ce tueur encore expert-comptable.

En de nombreux points, ce Riddler à bout dans une Gotham crasseuse rappelle Travis Bickle rôdant à travers New York dans Taxi Driver. Se dessine alors devant nous la vision d'une ville gangrenée par la criminalité dans laquelle les plus pauvres se battent les miettes comme des rats – une comparaison faite par le comics en écho à l'une des énigmes du film. D'autant que cette visite du fief de Batman se fait par les yeux d'un esprit malade pour qui les ombres cachent des monstres, ce qu’appuient les illustrations sublimement horrifiques de Subic.‌

Métro 8, heure de pointe

Un Riddler sans Mystère

Malheureusement, cette aventure s'engouffre dans les moindres recoins du cerveau tordu du Riddler. Aussi, à trop vouloir tout expliquer, il n’y a plus rien à suggérer. Désormais, on connaît la vie du vilain de ses premiers jours dans le monde jusqu'à quelques secondes avant le début de The Batman. The Riddler : Année Un souffre donc d'un chapitre en trop, celui raccrochant le plus les wagons avec le métrage DC.

Toutefois, l'écriture de Paul Dano parvient toujours à éviter d'entacher l'œuvre de Matt Reeves. Constamment sur le fil du rasoir, à deux doigts d'amoindrir les effets de The Batman, le comics joue véritablement avec le feu, mais ne se brûle jamais. Il n’en reste pas moins qu’après lecture, il y a un syndrome The Killing Joke, le comics d'Alan Moore et Brian Bolland dévoilant les origines du Joker. Si l'histoire est une réussite, elle ne laisse plus aucun secret à un personnage qui mérite d'en avoir.

Un jumpscare en comics

Épaulée par une identité visuelle folle de créativité et loin des standards du genre, la passionnante descente dans la folie du Riddler par Paul Dano complète tellement The Batman qu’elle lui retire tout son mystère.

The Riddler : Année Un est disponible chez Urban Comics à partir du 2 février 2024