Predator : Le jour du chasseur - critique du Prey futuriste de Marvel

Arnold Petit | 28 août 2023 - MAJ : 28/08/2023 19:04
Arnold Petit | 28 août 2023 - MAJ : 28/08/2023 19:04

Comme les Xénormorphes, les Yautjas ont le droit à leur propre série de comics maintenant qu’ils ont quitté l'éditeur Dark Horse pour passer sous la houlette de Marvel. Et contrairement à l'infâme Alien : Les liens du sang, qui était un carnage sans précédent, Predator : Le jour du chasseur par Ed Brisson (Iron Fist, Ghost Rider) et Kev Walker (Doctor Strange, Docteur Aphra) est une belle promesse pour lancer cette nouvelle ère éditoriale.

Predator : Nemesis

Avec ses dreadlocks, son casque qui cache sa gueule de porte-bonheur pleine de mandibules et son équipement futuriste meurtrier, le Predator s'est imposé comme une des créatures les plus mythiques du cinéma de science-fiction et de la culture populaire. Mais malgré sa longévité, son histoire à l'écran ou dans les comics a été aussi longue qu'inégale. Si Predator : Concrete Jungle, Aliens vs Predator ou Batman vs Predator ont marqué les esprits et la mythologie des Yautjas, beaucoup d'autres titres consacrés à la créature de Stan Winston ont été publiés chez Dark Horse et sont heureusement tombés dans l'oubli (comme Alien vs Predator : Troisième guerre des mondes et ses Xénormophes tenus en laisse par des Yautjas, entre autres).

Maintenant que le monstre a rejoint Marvel en même temps que l'Alien, une nouvelle ère éditoriale débute pour le Predator. À l'image du film Prey réalisé par Dan Trachtenberg, Predator : Le jour du chasseur tente de renouveler la franchise avec audace tout en conservant ce qui en a toujours fait l'essence : le monstre, la chasse à l'homme, la violence et le rapport entre l'homme et son environnement. Et cet équilibre entre originalité et classicisme apparaît dès les premières pages, qui présentent le personnage principal et son origine après un sanglant combat.

 

Predator : Le jour du chasseur : photoTartare de Yautja

 

Déjà, le scénario se déroule dans un futur plus ou moins proche, où l'humanité a atteint un niveau technologique lui permettant d'explorer d'autres galaxies. Une époque que la saga a rarement explorée au cinéma ou dans les comics, et qui donne une ambiance proche d'Alien avec ses vaisseaux et ses mégacorporations. Mais Ed Brisson renverse également les enjeux et les rôles entre proie et chasseur avec son héroïne, Theta, qui chasse les Predators pour venger sa famille, massacrée sous ses yeux quand elle était enfant.

Seule dans son vaisseau, la jeune femme tente de comprendre les habitudes et le mode de vie des Predators pour les tuer et récupère ensuite leur équipement pour constituer sa propre collection d'armes et d'armures. Son caractère badass et sa façon de s'approprier les rites des chasseurs extraterrestres rappellent évidemment Machiko Noguchi, l'héroïne d'Aliens vs Predator recueillie par les Yautjas qui a appris à vivre selon leur culture. Mais à mesure que Theta avance dans sa quête vengeresse et que des souvenirs de son passé ressurgissent, son histoire prend un ton beaucoup plus personnel et tragique, qui évoque surtout Prey et le parcours de la jeune Naru.

 

Predator : Le jour du chasseur : photoSurvivre, tuer, recommencer

 

INTERSTELLAR

Cependant, Predator : Le jour du chasseur s'éloigne rapidement de la simple histoire de vengeance de départ pour devenir une ambitieuse épopée spatiale, une violente histoire de traque à travers les étoiles qui emmène Theta de planète en planète pour chasser les Yautjas jusqu'à ce qu'elle retrouve celui qui a tué sa famille. Les deux auteurs exploitent totalement ce nouveau cadre futuriste à travers de nouvelles races extraterrestres, des vaisseaux plus ou moins imposants et les environnements hallucinants qu'observe Theta.

Le scénario assume pleinement son format épisodique dans le style de The Mandalorian et prend le temps de caractériser son héroïne, de l'humaniser et de détailler ses doutes et ses ambitions pour qu'on s'y intéresse. C'est notamment le cas lorsqu'elle s'écrase sur une planète de glace isolée et ne peut plus compter sur Sandy, une I.A. qui représente sa seule compagnie et l'unique souvenir de ses parents. L'intrigue vire alors subitement au survival et les cases se remplissent de neige immaculée que doit traverser Theta, seule, perdue, la vengeance pour seule motivation.

 

Predator : Le jour du chasseur : photoStar Wars : A Predator Story

 

À mesure que Theta attire l'attention des Predators et qu'elle se retrouve traquée à son tour, l'atmosphère froide et inquiétante du début bascule progressivement dans l'action et l'horreur, avec des affrontements aussi bien dans les airs qu'au sol, et Kev Walker ne lésine pas sur les effusions de sang rouge ou vert fluo. Habitué de la violence depuis qu'il a fait ses armes sur Future Shocks, Judge Dredd et Rogue Trooper dans 2000 AD, le dessinateur capture parfaitement la puissance des Predators. Il fait un travail remarquable pour concevoir des armures et des apparences à la fois uniques et terrifiantes.

Certains combats qui manquent peut-être un peu de dynamisme se rattrapent par leur brutalité et leur efficacité, mais jusqu'au bout, les deux auteurs s'intéressent plus aux êtres humains qu'aux Predators et leurs parties de chasse.

 

Predator : Le jour du chasseur : photo"Couper la poire en deux" dans la culture Yautja

 

Pour donner encore plus d'ampleur au récit, Ed Brisson introduit alors d'autres vaisseaux et d'autres personnages. Malheureusement, ils n'ont pas le temps d'exister (ou de survivre) à côté de Theta, qui réapprend à sociabiliser et à créer des liens. Après avoir appris à vivre comme une Yautja, la jeune femme doit se raccrocher au semblant d'humanité qui lui reste pour s'en sortir, et c'est sans doute cette volonté de toujours mettre l'humanité au centre qui permet au récit de se distinguer de tous les précédents.

À côté des comics qui essaient constamment d'alourdir une franchise déjà bien chargée, et compte tenu des personnes qui la détiennent désormais, Predator : Le jour du chasseur est une surprise étonnamment agréable, qui mérite de trouver sa place dans la saga.

Predator : Le jour du chasseur est disponible depuis le 23 août 2023 chez Panini Comics en France

 

Predator : Le jour du chasseur : photo

Résumé

Avec son histoire de vengeance et de chasse aux Yautjas à travers les étoiles, Predator : Le jour du chasseur redonne un souffle inattendu à la franchise et représente un bel ajout à la saga, dans la continuité du film Prey.

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commentaires
Flo1
30/03/2024 à 13:04

Histoire prenante, bons dessins de Kev Walker, conclusion trop abrupte.

Louvr
28/08/2023 à 20:31

Il existe déjà une suite au comic qui ressemble un peu trop à predators dans lequel on retrouve tetha également mais qui est scenaristiquement plus faible que les opus dont parle l’article

Ghob_
28/08/2023 à 20:06

Les deux sont corrects ceci dit, donc cela reste à l'appréciation du rédacteur :)

Article intéressant d'ailleurs, l'histoire a l'air bien sympa en effet et bien que n'ayant jamais ouvert un comic book Predator, je me laisserais facile séduire par un album de ce genre-là. Mais comme la comparaison est faite à plusieurs fois durant l'article, je rebondis dessus : une adaptation ciné d'un tel récit pourrait une base intéressante pour partir sur toute autre chose. Fan du Predator au ciné depuis des décennies, j'ai toujours fantasmé sur un épisode se déroulant dans le futur, sur une planète exotique ou carrément sur la planète-mère de la race, quelque chose qui nous changerait vraiment de ce qu'on a pu voir depuis le 1e épisode... Du changement dans le cadre (voire l'époque) et des idées un poil différentes : c'est justement ce qu'a tenté Prey et c'est pour ça que malgré ses imperfections c'est un des meilleurs films de la franchise jusqu'ici, aux côtés des 2 premiers opus.

Vivement la suite donc, mais que les producteurs et scénaristes n'hésitent pas à jeter un coup d'oeil aux comics de temps en temps, je pene qu'ils pourraient y puiser de belles idées :)

Ui
28/08/2023 à 18:43

"qui réapprend à sociabiliser"
Je propose : qui réapprend à se sociabiliser

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