Test Avatar : Frontiers of Pandora – le jeu est-il à la hauteur des films de James Cameron ?

Léo Martin | 18 décembre 2023 - MAJ : 18/12/2023 15:54
Léo Martin | 18 décembre 2023 - MAJ : 18/12/2023 15:54

En prenant en compte la situation assez instable d'Ubisoft, on a le sentiment que la firme française a urgemment besoin de rassurer avec de nouvelles licences fortes. Leur prochain jeu Star Wars a beaucoup de poids sur les épaules pour cette raison, mais plus encore, c'est Avatar : Frontiers of Pandora qui a la tâche, en cette fin 2023, d'impressionner. Toutefois, en l'absence d'un Far Cry 7, on était un peu méfiant et on pouvait craindre que la compagnie ait produit un titre jumeau, lui donnant juste l'apparence des films de James Cameron dans l'espoir d'un succès facile. Que vaut donc cette adaptation du monde Pandora ?

Ubisoft voit la vie en bleu

Les mondes ouverts ont longtemps été l’un des terrains de jeu privilégié d’Ubisoft, mais la critique a souvent pointé du doigt une évidente redondance dans le game design de l’entreprise. C’est d’autant plus flagrant quand on le compare avec d’autres titres beaucoup plus inventifs en la matière, sorties ces dernières années (comme, au hasard, Elden Ring). 

Du côté des titres étiquetés Ubisoft, cela fait maintenant un peu trop longtemps qu’on y constate les mêmes problèmes. Interfaces velues qui gâchent le panorama et assistent trop le joueur. Carte du monde constellée d’informations et d’objectifs qui désacralisent l’exploration. Et autres joyeusetés du même genre. Cela concerne les Assassin’s Creed, mais également (et surtout) les Far Cry, auquel Avatar : Frontiers of Pandora semblait beaucoup (trop) ressembler. 

 

Avatar : Frontiers of Pandora : photoL’épreuve du feu

 

On aurait eu tort de ne pas se méfier. Le jeu s’est vendu comme un FPS mettant en scène un groupe de résistants qui se soulèvent contre des forces tyranniques, tout ça dans un cadre sauvage. On collecte, on chasse, on se bat. Bref... Far Cry. Heureusement (et c’est la très bonne surprise du jeu), les ressemblances s’arrêtent à peu près là. C’est déjà beaucoup, diront certains. Certes, mais cela n’amoindrit pas pour autant les efforts de Massive Entertainment (le développeur) pour s’émanciper de la formule Ubisoft classique.

Des efforts générés en réaction aux critiques ? On ne saurait le dire, mais en tous les cas, le studio n’a pas menti lorsqu’il disait en interview que sa priorité était de tout miser sur l’immersion. Avec cet objectif en tête, le game design d’Avatar : Frontiers of Pandora paraît en effet plus agréable et pousse l’exploration dans le bon sens. Un point vital pour tout bon jeu en monde ouvert. Fini la carte surchargée d’indications ou l’interface confuse. Le titre d’Ubisoft épure enfin ses outils pour permettre au joueur de profiter du magnifique monde qui l’entoure. Celui d’un Pandora parfaitement restitué. 

 

Avatar : Frontiers of Pandora : photoPandora la nuit, c’est assez enchanteur

 

C’est loin, mais c’est beau

Dès les premiers pas dans l’univers luxuriant de Pandora, il sera fort difficile de ne pas être ébloui par sa beauté et sa précision. La planète exotique imaginée par James Cameron est esthétiquement parfaite, et c’était sans doute l’un des enjeux les plus difficiles pour le studio. Passer après la claque visuelle d’Avatar 2, ce n’était pas une mince affaire. Et il faut saluer le travail qui a été ici fourni pour réussir l’exploit de rendre justice à un tel environnement. Évidemment, la collaboration avec le studio de production de James Cameron a dû être d’une grande aide.

De plus, Avatar : Frontiers of Pandora ne se contente pas d’être somptueux, mais gagne en richesse tout au long de son exploration grâce à un décor très dynamique et réactif. Celui-ci répond à des changements de climat, de biomes et à un cycle jour-nuit fort bien réalisé. La verticalité de la carte et sa variété rajoutent à sa densité et enfin, Ubisoft relève avec succès le défi de donner envie au joueur de se perdre dans l’un de ses mondes. Voilà pour ce qui est de la réussite du jeu. Maintenant... pour le reste, c’est plus compliqué. 

 

Avatar : Frontiers of Pandora : photoAprès le vol à dos d’hippogriffe, voilà un autre rêve de réalisé 

 

bien essayé, mais...

Virtuellement, le jeu a un socle solide. Et si vous êtes fan d’Avatar, il marchera encore mieux sur vous. C’est déjà assez suffisant pour le distinguer d’un simple ersatz de Far Cry et c’est chouette. Cependant, malgré ses qualités formelles, le nouveau titre d’Ubisoft peine encore et toujours à impressionner sur le fond. En premier lieu, le scénario d’Avatar : Frontiers of Pandora – bien que s’inscrivant de façon assez organique dans l’univers de la franchise – ressemble trop à une histoire annexe des films.

On comprend la timidité des développeurs à ne pas vouloir trop en faire, pour que leur jeu conserve sa place dans le canon de la franchise et qu’il ne dérange pas les plans de James Cameron. Malheureusement, cela cantonnera leur œuvre à sa place de produit dérivé plutôt qu’à une véritable aventure imprévisible et évoluant dans ses propres dimensions épiques.

 

Avatar : Frontiers of Pandora : photoLe gameplay FPS est aussi peu excitant et les combats assez tièdes

 

Et même comparé à d’autres jeux à licence de cette année (comme Hogwarts Legacy et Spider-Man 2) qui arrivent à réimaginer leur propre mythologie, Avatar souffre d’être toujours trop sage. Alors certes la flore, la faune et toute la biologie cameronienne sont respectées à la perfection. Mais jamais le jeu n’a l’audace de proposer quelque chose de nouveau, d’introduire une nouvelle règle dans sa diégèse ou de créer quelque chose d’impactant. On est plus dans une sorte de simulation, que de véritable interpolation de l’univers.

Qui plus est, le contenu secondaire du jeu n’arrive pas à prendre corps, que ce soit narrativement ou de façon ludique, sans compter le côté rébarbatif des missions, propre aux mondes ouverts d’Ubisoft. Et on le déplore, car cela tue une grosse partie de l’intérêt du jeu. Les quêtes secondaires vont rarement être une source de stimulation et les nombreux camps d’ennemis seront plus pénibles qu’autre chose. Au final, le remplissage viendra presque à bout de l’excellente immersion du jeu (sauvée parfois par la musique originale de James Horner). Et le potentiel du titre sombrera dans un océan de fadeur, comme souvent avec les jeux sans génie. 

Test réalisé sur PS5. Avatar : Frontiers of Pandora est disponible sur PS5, Xbox series et PC. 

 

Avatar : Frontiers of Pandora : photo

Résumé

Avatar : Frontiers of Pandora est un pas en avant pour Ubisoft. L'entreprise doit innover et proposer des choses nouvelles pour convaincre et il réussit sa mission à moitié avec ce nouveau titre, qui est aussi une très jolie simulation du Pandora de James Cameron. Néanmoins, il leur faudra faire encore mieux à l'avenir, car on a dû parfois lutter pour garder la manette dans les mains. 

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C.Kalanda
18/12/2023 à 20:26

J’aurais sûrement tendance à vouloir défendre les causes perdues, et ce serait paradoxal vu la licence, mais Ubisoft l’est un peu plus et surtout je trouve assez « injuste » le caractère mitigé des retours. Je ne suis en principe pas grand amateur de FPS donc as forcément le meilleur critique. A l’inverse je rince un grand nombre de jeux d’aventure. Et j’ai trouvé ce soft parfait sur ce point. Je recommande d’ailleurs de le jouer en mode exploration, ou les objectifs sont à trouver par des indices et non pas par des assistants navigateurs. Le jeu, si on prend le temps de l’explorer, et très riche et immersif. J’ai l’impression de revivre mes premières expériences de monde ouvert (coucou outcast - dont la suite arrive bientôt d’ailleurs).
Alors peut être que ça devient répétitif ( j’en suis a plus de 10h de jeu, je ne ressens pas ça), peut être que pour un expert du FPS ça tient pas la route (je ne le suis ps et sincèrement je trouve le gameplay très excitant), mais c’est pour l’instant pour moi une de mes meilleures expériences de jeu de l’année, aux côtés du dernier FF, Baldur, Jedi Survivor, au dessus de Spiderman 2, SF VI.

Morcar
18/12/2023 à 16:44

J'y jouerai sans doute quand il sera disponible à un plus petit prix. N'étant à la base pas très amateur des films de Cameron (j'ai trouvé le premier sympa sans plus, le second m'a profondément ennuyé), je ne ressens pas le besoin d'y jouer à tout prix. Mais récemment, après avoir acheté Hogwarts Legacy pour ma fille, je l'ai terminé très rapidement et ai beaucoup aimé le jeu, alors que les films HP ne sont pas trop ma came non plus. Donc peut-être serais-je plus embarqué dans l'univers de Pandora en étant acteur et pas seulement spectateur.
La vue FPS me rebute cependant un peu. Je ne joue plus beaucoup aux jeux de ce type. J'accroche moins.

Léo Martin - Rédaction
18/12/2023 à 14:21

@MoNazou Bonjour ! On a pas forcément eu le loisir d'explorer tous les aspects du jeu dans cette critique, pour se focaliser sur quelques uns de ses points clé.
Entre autre, j'aurai pu évoquer les combats, qui personnellement ne m'ont pas trop convaincu, mais n'étant un fan absolu de ce genre de formule FPS, je me suis contenté de ne pas m'y attarder. La chasse, le craft, etc, sont bien intégrés au jeu mais sont aussi des points qui me semblent ne pas être très innovants, surtout pour ce genre de triple A.

Pour ce qui est de la coop, on a justement consacré un papier dessus ! On trouve effectivement que c'est un des points fort du jeu et qu'il en rend l'expérience bien meilleure.

MoNazou
18/12/2023 à 13:11

Malgré quelques point d'accord, je trouve que vous n'allez pas assez loin dans l'explication du jeu.
Il manque ici, je pense, le craft, la chasse, la fluidité et nervosité du gameplay en combat.

L'histoire n'est pas si mauvaise, ce n'est pas épique, mais peut être est ce aussi une mauvise habitude que l'on as a toujours vouloir plus.

Je la trouve au contraire bien intégré dans en faire trop justement, montrant un côté plus profond de la culture Na'Vi. Je ne suis pas particulièrement fan des films, mais je trouve ici une réelle complémentarité.

Malgré tout, il ne réinvente pas la roue, il est clair, une certaine répétition peut se sentir mais peut ne pas être aussi dérangeante que cela, tout dépend, surtout de notre manière de jouer.

Le jeu n'est pas fait pour être difficile, avant tout le grand public qui peut aller dessus, et c'est normal, comme pour Hogwarts Legacy par exemple.

Enfin, dommage de ne pas aborder le point de la coop, qui est très sympa, mais peut être n'avez vous pas deux personnes avec le jeu, ce que je comprend.

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