Resident Evil 4 remake : pourquoi c'est toujours le parfait best of de la saga culte

Geoffrey Crété | 19 mars 2023
Geoffrey Crété | 19 mars 2023

Le remake de Resident Evil 4 rappelle que cet épisode est considéré comme l'un des meilleurs de la saga culte Resident Evil, et celui qui représente peut-être le mieux la franchise Capcom.

NOTRE TEST DU REMAKE RESIDENT EVIL 4

Depuis que Capcom s'est lancé dans les remakes de Resident Evil avec Rebirth en 2002, c'était le rêve, le fantasme, et la destination finale d'une grande partie des fans : le remake de Resident Evil 4. Sorti en 2005, après Resident Evil Zero et Resident Evil : Code Veronica, Resident Evil 4 a eu l'effet d'un coup de tonnerre dans le ciel d'Umbrella, et est rapidement devenu un favori des fans.

En déplaçant l'action dans des décors inédits, en repensant entièrement le gameplay, en ouvrant de nouvelles portes dans la mythologie tout en s'accrochant aux acquis (notamment le personnage de Leon S. Kennedy), cet épisode a été celui de la renaissance de la saga. Celui qui a redéfini l'identité Resident Evil dans la fureur et le sang, et créé un nouveau modèle que les épisodes suivants ont tous essayé de plus ou moins copier, de Resident Evil 5 (dès le début, avec la maison prise d'assaut) à Resident Evil : Village (même ambiance, mais plus à l'est).

Dix-huit ans après, le retour des ganados et las plagas est donc un rendez-vous incontournable. Et la réussite de ce remake, à ranger aux côtés de l'excellent Resident Evil 2 en 2019, ne fait que rappeler à quel point Resident Evil 4 est un petit monument dans le genre.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Et on explique ici pourquoi et comment on décide d'un partenariat chez Ecran Large.

 

 

1. RE-RENAISSANCE

Le succès et l'amour ont probablement un peu fait oublier à quel point Resident Evil 4 est le fruit d'un développement compliqué et donc passionnant, où le jeu a muté plusieurs fois avant de prendre forme. Dans une version, Leon affrontait des monstres dans un château Umbrella. Dans une autre, il tombait dans le paranormal avec des fantômes, notamment un homme armé d'un crochet. Une autre idée a carrément été transformée en Devil May Cry.

Convaincu que la franchise se zombifiait, Shinji Mikami, l'un des papas de la série, voulait la réanimer. C'est grâce à ces tests, ces échecs, ces idées et surtout ce temps que Resident Evil 4 a pu voir le jour. Un peu comme s'il était né grâce aux cadavres de ces essais avortés, ce qui est presque poétique pour un jeu sur des expérimentations génétiques. Et dans une industrie qui dicte si souvent le médiocre en mettant les délais en priorité, c'est presque un miracle, particulièrement au sein d'une telle franchise.

 

Resident Evil 4 : photoResident Evil 4 version 2005

 

En parfait miroir avec l'original, le remake de Resident Evil 4 est au contraire né comme une évidence. Officiellement annoncé en 2022 après des années de rumeurs, il a été fait du même bois que Resident Evil 2. Il utilise le moteur graphique RE Engine, créé pour Resident Evil 7 et utilisé depuis sur chaque épisode de la saga. Le moule était là, ne restait plus qu'à le réutiliser. Si Resident Evil 4 était en 2005 le début d'une nouvelle ère, le remake est en 2023 la suite logique et douce d'une saga qui a pu continuer et grandir grâce à lui. La boucle est bouclée.

D'autant que le remake de Resident Evil 4, à sa manière, a lui aussi retenu des leçons. En 2020, le remake de Resident Evil 3, lui aussi une évidence sur le papier, faisait pale figure par rapport à celui de Resident Evil 2. En coupant beaucoup de passages et en réduisant l'aventure à l'extrême, le retour de Nemesis n'avait pas appliqué la méthode des remakes de Resident Evil 1 et 2. Capcom l'a de toute évidence entendu. RE4 version 2023 fait donc machine arrière pour mieux avancer, et retrouver l'équilibre idéal : la fidélité mais pas la simplicité, la nostalgie mais pas la facilité, la modernité mais pas la trahison. C'est le meilleur des deux mondes.

 

Resident Evil 4 Remake : photoResident Evil 4 version 2023

 

2. massacre à la tronçonneuse (et pas que)

S'il fallait un seul mot pour décrire Resident Evil 4, ce serait certainement "action". Ou : bastons, boucherie, explosion, déflagration, détonation, destruction, chaos, apocalypse. L'original avait passé les codes de la saga au napalm pour redéfinir la notion de cauchemar, et y ajouter quelques tonneaux de sang et chair pas très fraîche pour toucher des sommets d'adrénaline.

C'est pour ça que Leon traversait un remake de Massacre à la tronçonneuse, affrontait tout un tas de bestioles géantes (poisson, insectes, trolls), et croisait des cousins dégénérés de Wolverine parmi quelques magnifiques horreurs (instant traumatisme avec Verdugo, et les Regeneradors et leur respiration terrifiante). Loin de ses débuts de jeune flic à Raccoon City, le héros finissait dans un hommage à Rambo en passant sur le corps de 450 soldats environ, après avoir réduit la population espagnole d'environ 20%. Le massacre était total, et d'une folie mettant les nerfs à rude épreuve.

Resident Evil 4 était construit comme un tour de manège infernal, une attraction à sensations fortes qui ne s'arrêtait quasiment pas durant une quinzaine d'heures de jeu. Resident Evil 5 et 6 ont essayé de reproduire le miracle, mais rien n'a pu égaler la folie dantesque de cet épisode. C'est sûrement pour ça que la saga a ensuite calmé le jeu avec RE7 et RE8.

 

Resident Evil 4 Remake : photoChainsaw Man


Le remake a évidemment maintenu ce cap, mais avec deux atouts. Le premier : la vitesse. Resident Evil 4 version 2023 va évidemment plus vite et plus loin, avec des ennemis, des combats, des fuites et des folies qui tournent à plein régime. C'est le même moteur graphique que les précédents épisodes de la saga, mais le rythme tonitruant de RE4 reste incomparable. Rien que la scène du wagon dans la mine, qui rend hommage à Indiana Jones et le Temple maudit (et/ou Tomb Raider 3, oui oui), a été complètement réinventée dans le remake. De quoi donner des airs de train fantôme de Foire du Trône à la version 2005, et montrer à quel point le périple de Leon a été considérablement boosté.

Deuxième atout : l'harmonie. Le remake de RE4 n'est pas un bête copier-coller de l'original qui se contente d'aligner les mêmes décors, les mêmes affrontements et les mêmes séquences avec un travail simplement cosmétique. C'est un gigantesque puzzle où certaines pièces ont été déplacées, retirées, ajoutées et modifiées, pour soigner encore plus l'équilibre et chercher le rythme parfait.

Des arènes ont parfois été réunies en une seule, pour éviter un sentiment de répétition. Des ennemis ou boss ont été éjectés pour être remplacés et replacés ailleurs. Certaines mécaniques de gameplay ont été affinées ou carrément retirées pour redynamiser l'aventure. Les répétitifs QTE (désagréables en 2005, interdites par la loi gaming en 2023) ont laissé place à des moments d'action parfois entièrement nouveaux, et plus excitants. Et bien sûr, beaucoup de morceaux sont restés intacts, pour être scrupuleusement refaits dans les moindres détails.

 

Resident Evil 4 (remake) : photoLeon Kennedy et le temple maudit

 

Comme celui de RE2, le remake de Resident Evil 4 a compris que la réussite doit reposer sur la fidélité et la trahison, sans que l'un bouffe l'autre. Il faut pouvoir se débarrasser d'une phase de gameplay qui serait devenue injouable, il faut savoir réécrire des idées qui sont devenues bancales avec le temps, et il faut également reconnaître les passages intouchables qui font le sel de l'aventure. En somme, il faut savoir reconstruire sans tout détruire.

L'efficacité d'un tel remake repose sur cet équilibre : le petit plaisir de reconnaître un décor, un monstre ou une scène, et la petite excitation de ne pas reconnaître une séquence, d'être surpris par des ennemis, ou d'avancer en tremblant dans un couloir qui est étranger.

 

Resident Evil 4 (remake) : photoTrollhunters

 

3. l'âge de glacer le sang

En mettant un peu de côté Umbrella et en quittant les États-Unis pour s'installer en Europe (ce que Code Veronica avait déjà fait avant lui, mais le monde a trop vite oublié ce bel épisode), Resident Evil 4 avait retrouvé un nouveau souffle. Les manoirs, les rues et les laboratoires secrets avaient laissé place à une horreur largement à ciel ouvert dans les villages, les forêts et les marécages. Bien sûr, la tradition Resident Evil ramenait vite Leon dans les sentiers familiers avec un château Rubik's Cube et des sous-terrains high-tech, mais RE4 montrait un vrai nouveau visage de l'horreur, baroque et inattendu.

Le jeu devenait alors une sorte de voyage-cauchemar à travers le temps. Leon débarquait dans une campagne moyenâgeuse pour se frayer un chemin au milieu des hordes et des catapultes jusqu'à un château délirant, peuplé de moines pas très catholiques. Le vieux bâtiment dévoilait peu à peu des pièces et pièges high-tech, et après un passage par des ruines et des mines encore plus anciennes, l'horreur progressait jusqu'à un centre militaire et des laboratoires modernes. En une quinzaine d'heures, Resident Evil traversait quasiment toutes les périodes pour répandre le cauchemar à tous les âges (pierre, bronze, fer, et enfer tout simplement).

 

Resident Evil 4 Remake : photoLa forteresse noire

 

D'une certaine manière, Resident Evil 4 était un best of de tout ce qui était possible dans la saga, hormis la partie très urbaine, largement exploitée dans Resident Evil 6 par la suite. C'était donc un boulevard pour un remake, qui en a profité pour repenser l'équilibre entre le brutal et le grandiloquent – qui flirtait parfois avec des sommets de WTF incroyable dans l'original. En atténuant le côté Jeux olympiques/Hunger Games (les boulets géants des villageois en mode Indiana Jones, les innombrables pièges du château, les saltos arrières de Leon), le nouveau Resident Evil 4 revient plus souvent à la peur, pure et simple.

Le programme reste bien sûr chargé en péripéties de l'extrême et pirouettes qui défient la gravité, mais grâce à quelques réécritures bien pensées (par exemple, un décor totalement changé dans certaines scènes), les environnements semblent mieux définis, les espaces plus cohérents, et par conséquent l'évolution au fil des heures est plus satisfaisante.

 

Resident Evil 4 (remake) : photoLa salle d'attente du château

 

C'est largement dû à une mise en scène où la lumière joue un tout nouveau rôle, hérité du remake de Resident Evil 2 où elle redéfinissait tout les décors et le gameplay. La lampe torche est ici moins centrale, mais l'obscurité permet de remodeler les environnements pour mieux les séparer, tout en rythmant naturellement l'exploration.

Loin de la petite palette de couleur de l'original (en gros, du jaune et du gris), le remake offre sans surprise une plus grande variété, à tous les niveaux. Et là encore, ce n'est pas juste par principe : c'est ce qui permet au jeu d'être mieux découpé et construit, et de rester un immense plaisir de redécouverte.

 

Resident Evil 4 (remake) : photoCe tombeau sera votre tombeau

 

4. la PEUR au ventre

Enfin, dernier détail de taille : Resident Evil 4 remet la peur et l'angoisse au menu, grâce à plusieurs choix malins. Ça commence avec le point de vue sur les événements dès la scène d'intro, où la caméra reste accrochée à Leon au lieu de passer au villageois de l'autre côté de la fenêtre (un effet de mise en scène typique de Resident Evil). C'est la note d'intention d'un jeu qui ne lâchera quasiment pas d'une semelle son héros, en évacuant notamment des cutscenes sans lui, qui explicitaient inutilement certains éléments avec Saddler, Krauser et Ada. Un choix de narration qui va vers la simplicité et l'efficacité, et qui sert finalement l'écriture de tous les personnages.

Le grand gagnant est le grand méchant Saddler, bien plus effrayant car beaucoup plus mystérieux et lointain. Dans l'original, il passait son temps à ricaner et raconter son plan en appelant Leon en visio. Dans le remake, c'est une figure dans l'ombre, qui sort peu à peu dans la lumière. De quoi en faire un vrai bel antagoniste, dont l'apparence évolue au fil des heures et des ambiances.

 

Resident Evil 4 (remake) : photoQuand t'as pris deux hosties au lieu d'une

 

Tout le monde gagne au change dans le remake. Ada délaisse (un peu) sa panoplie de poupée Barbie espionne, grâce à une tenue légèrement moins ridicule et des réactions plus logiques. Luis gagne en humanité aux côtés de Leon. Et Ashley, devenue, malgré elle, le running gag pour certains fans de la saga, n'est plus la petite demoiselle en détresse qui passe son temps à crier et râler. En retravaillant sa relation avec Leon, grâce à quelques moments et événements nouveaux, le remake la rend plus touchante. L'infection par le parasite est également repensée pour créer quelques scènes bien plus tendues et intéressantes pour dessiner le duo.

 

Resident Evil 4 Remake : photoQuand tu repenses à la jupe que t'avais en 2005

 

Cette nouvelle approche se ressent aussi dans la mise en scène, qui met de côté les effets outranciers (au hasard, les ralentis) et remet l'église au centre du village : Resident Evil, ça fait peur. Et même si Resident Evil 4 donne d'abord des crises de tachycardie, le remake revient aux fondamentaux : la peur d'avancer dans un couloir trop silencieux, la peur de ramasser un objet qui va évidemment enclencher quelque chose, la peur de faire du bruit et attirer ce foutu Garrador. Et la peur de trop se faire confiance, en étant persuadé qu'on sait ce qui va se passer.

À ce niveau, le remake a bien placé ses pions. Parfois, il n'y a que quelques changements simples, comme face au terrifiant Verdugo, qui était déjà impeccable dans l'original. Parfois, c'est entièrement repensé, comme la phase où on prend le contrôle d'Ashley, qui recycle pour le meilleur les idées de l'original. De quoi explorer une tout autre facette de Resident Evil, et là encore enrichir le cauchemar.

 

Resident Evil 4 (remake) : photoAshley vs Evil Dead

 

C'est dans ces moments que le remake est particulièrement excitant. En jouant sur la familiarité d'un décor ou d'une scène, le jeu parvient à parfaitement piéger et surprendre. En respectant à la lettre certains passages fondamentaux, il arrive aussi à rendre hommage à ce monument de 2005 qui a tant marqué les mémoires. Et en réutilisant les meilleures recettes des précédents remakes, Resident Evil 4 continue à entretenir l'image de marque de la saga Capcom.

Ne reste plus qu'à espérer que le prochain sur la liste sera le trop méconnu Resident Evil : Code Veronica, qui mérite amplement une deuxième vie. Allez, on croise les doigts.

 

Tout savoir sur Resident Evil 4 (remake)

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commentaires
Mr Biohazard
26/03/2023 à 12:38

Moi mon coup de coeur Resident evil, c'est un épisode annexe a la série, c'est Resident evil Outbreak. Le principe de coopération en survie avec cette sensation de toujours se retrouver en situation compliquée était vraiment intègre au épisode File 1 et 2 et ça j'avais vraiment kiffé.

dsds
25/03/2023 à 21:15

@kyleReese
Si t'aime te faire escroquer par l'industrie videoludique c'es ton probleme

fdff
25/03/2023 à 21:14

c'es un remake feignan loin de la qualite du jeu de mikami, votre pub pour les anti creativite de capcom es une honte!

Kyle Reese
21/03/2023 à 11:11

Puisque c'est un game play qui me va beaucoup mieux que les précédents RE, et avant la révolution du 7, je pense que je vais me le faire celui là.