Twin Mirror : après Life is Strange, une enquête entre Stephen King et Twin Peaks

La Rédaction | 29 novembre 2021
La Rédaction | 29 novembre 2021

Investigation prenant la forme d’un jeu essentiellement narratif, Twin Mirror est un des derniers nés du studio Dontnod. Pourquoi nous intéresse-t-il autant ? On vous dit tout. 

Dès le méconnu et pourtant passionnant Remember Me, le studio Dontnod imposa des thématiques et un désir de mêler les genres qui l'imposèrent comme un acteur à suivre de l'industrie vidéoludique. Mais c'est seulement avec Life Is Strange que surgit une reconnaissance méritée. Le jeu revisitait avec bonheur des univers connus des joueurs, les déclinant avec les codes alors mutants des jeux narratifs. Restait au studio à se frotter à un sous-genre aussi excitant que prometteur et risqué. 

Le jeu narratif se prêtant naturellement à l'interprétation et à l'introspection de celui qui tient la manette, il n'aura pas tardé à accueillir moult enquêtes, policiers torturés et serial killers en goguette. Restait à trouver une forme qui ne se contente pas de repiquer les identités remarquables du 7e Art, mais trouve son propre sillon, sa philosophie du genre. Un exercice de style que Dontnod maîtrise avec Twin Mirror.

 

Twin Mirror : photoEnnemi intime

 

INVESTIGUER LA NARRATION 

C’est peu dire qu’affirmer que la narration aura été un des plus passionnants chantiers du jeu vidéo de ces quinze dernières années. Longtemps embryonnaire, puis grandement inspirée des codes du cinéma quand elle déléguait cette fonction à des phases passives (les fameuses cinématiques), la narration est longtemps demeurée le parent pauvre du domaine vidéoludique, au mieux un espace de démonstration technique, au pire un expédient retirant au joueur le contrôle de la situation (et donc l’immersion qu’elle engendre). 

Un état des lieux qui aura subtilement évolué avec l’avènement de phases narratives construites autour des moteurs 3D des jeux eux-mêmes, amenant progressivement aux chocs engendrés par des productions telles que Bioshock ou encore les Dark Souls ainsi que leurs descendants. Conter devint soudain une affaire de maillage, un réseau de symboles, de légers indices et d’une multiplicité d’éléments permettant à un univers de se déplier au fur et à mesure de l’avancée de chacun, de se dévoiler à qui souhaite l’explorer. 

L’acmé de cette expérience aura peut-être été atteint avec Zelda : Breath of the wild, souvent considéré comme un chef-d’oeuvre de narration indirecte et immersive. Et pourtant, en parallèle de cette mouvance, une forme de narration, a priori plus classique, grandit à la manière d’une alternative radicale. Une alternative qui place la narration comme la focale essentielle de l’expérience proposée, laquelle se construit aux carrefours du jeu vidéo, du 7e Art et de la littérature. 

 

photoUne charmante petite bourgade...

 

C’EST DANS TA TÊTE 

Dans Twin Mirror, nous suivons Sam, journaliste d’investigation qui a dû quitter deux ans plus tôt la petite bourgade de Basswood, après la publication d’un article ayant entraîné la fermeture de la mine locale et la disparition d’un important bassin d’emploi. Quand son meilleur ami meurt dans un étrange accident de voiture, il revient au bercail et se lance dans une enquête qui l’amènera jusque dans les plus sombres recoins de son esprit. 

Il sera bien sûr question de récolter moult indices, de discuter avec tous les proches, témoins ou protagonistes des lourds secrets que la présence de Sam et la mort de son vieux copain font remonter à la surface, mais surtout, il vous faudra explorer votre palais mental. Nombreux sont les jeux qui se seront risqués à nous faire reconstituer des évènements passés, voire des scènes de crime, à l’instar des Batman de Rocksteady, qui nous proposaient de détricoter les carnages de divers super-vilain à coups de gadgets et de sens aiguisés. 

 

Twin Mirror : photoBienvenue dans votre cerveau

 

Ici, Sam devra régulièrement se retrancher dans un palais mental qui lui permet d’explorer les différentes hypothèses qui s’offrent à lui. Cette voiture est-elle sortie de la route après un virage périlleux ? Allait-elle trop vite ? S’est-elle enflammée après avoir percuté un arbre ? Comment en est mort le conducteur ? Le design de cette zone est également une réussite. Tout s'y confond, s'y dématérialise ou s'y éthère, composant des tableaux entêtants, évoquant une déviation lumineuse de L'échelle de Jacob, où les éclats d'un sculpteur démiurge auraient remplacés les tentacules.

Ces interrogations, mises en scène à la faveur de séquences oniriques plastiquement très réussies, propulsent ce qui aurait pu être un banal roman de gare dans le domaine de l’introspection policière, un terrain fascinant et glissant, tout proche de Twin Peaks

 

photoUn panorama évocateur...

 

IMMERSION POSSIBLE 

Alors que le joueur erre dans des circonvolutions de souvenirs, reconstitutions possibles de drames ou de crimes enfouis, ce sont tous les mécanismes d’immersion qui poussent Twin Mirror vers une certaine poésie littéraire, notamment via l’apparition d’un double particulièrement inquiétant, qui met systématiquement à l’épreuve notre interprétation des évènements. 

Faisant écho aux autres protagonistes avec lesquels nous interagissons, il entraîne cette enquête vidéoludique sur les rives du polar à l’ancienne, les codes du privé solitaire, tels qu’établis au XXe siècle par Raymond Chandler. Sauf que manette en main, bien sûr, les références se brouillent, et c’est désormais aux joueurs de les digérer. 

 

photoLa fausse tranquillité des témoins trop placides...

 

Ils le font grâce à une écriture qui alterne entre dialogues ciselés, rendant les personnages, y compris les plus secondaires, très attachants, car ils sont toujours ancrés dans un contexte et des conflits, parfaitement insérés dans une certaine mythologie américaine. On a beau penser ici à David Lynch, à un certain Silent Hill Downpour, le soin apporté aux caractérisations, ou tout simplement à l’incarnation des lieux est manifeste. Il n'est pas rare d'hésiter, en se remémorant tel ou tel passage marquant, s'il provient directement de notre expérience, de notre interprétation, ou des divers éléments méta-narratifs que le scénario met à notre disposition. Preuve que le palais mental où nous sommes régulièrement projetés contamine joliment la narration de ses multiples possibles.

Life is strange, à sa manière, hybridait déjà plusieurs genres, mêlant à l’âme du Teen Movie la liberté du jeu vidéo et l’angoisse existentielle du thriller, avec le succès que l’on sait. Avec Twin Mirror, Dontnod explore un autre mélange, également explosif et évocateur, celui de l’enquête narrative avec la sensibilité poétique qui a présidé par le passé à leurs plus belles réussites.

Twin Mirror est disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC (via Epic Game Store et Steam) + compatible sur PlayStation 5, Xbox Series X| S

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
16/08/2022 à 18:27

Pour rappel : tout est clairement indiqué et expliqué dans le lien de l'article, totale transparence sur notre fonctionnement
https://www.ecranlarge.com/partenariats

On est partenaires d'un film/série/livre/BD/jeu vidéo uniquement si on l'aime. Notre avis n'est pas à vendre, et ça commence toujours par : on a envie. Sinon, on aurait beaucoup plus de partenariats.

Dorian
16/08/2022 à 18:22

Les gens qui crachent sur l'article car le contenu est sponsorisé, j'espère qu'alors vous êtes membre premium hein. Car le site va pas survivre tout seul.

Anderton
06/12/2021 à 11:10

Pseudo volontairement provocateur...
Je n'ai pas lu le contenu de l'article mais peut-être que les gars de la rédac sponsorisent ce jeu car justement, il l'ont réellement apprécié...
Faut arrêter de croire que dire du bien d'une oeuvre, c'est forcément pour en tirer profit et/ou parce qu'on a été payé pour le faire...

Damien
01/12/2021 à 18:20

Toute cette lecture pour du contenu sponsorisé... Dégouté