Christopher Nolan s'en prend violemment à Netflix en marge de la promotion de Dunkerque

Jacques-Henry Poucave | 20 juillet 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 20 juillet 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Réalisateur de Dunkerque, fervent défenseur des salles de cinéma et de la pellicule, Christopher Nolan s’est exprimé au sujet de la politique de Netflix. Et il n’a pas retenu ses coups.

Dans une longue et passionnante interview accordée à Indiewire, le metteur en scène, actuellement sous les feux des projecteurs à l’occasion de la sortie tonitruante de son guerrier Dunkerque (dont vous retrouverez ICI notre critique), le metteur en scène s’est exprimé au sujet d’un des nouveaux acteurs de l’industrie cinématographique.

 

Photo Christopher Nolan

Oui, forcément, Imax 70mm et Netflix, ça ne fait pas super bon ménage

 

 Et sans surprise, Nolan a sorti la sulfateuse, ce qui n’étonnera personne, son cinéma étant par définition totalement incompatible avec le modèle Netflix, puisqu’il s’envisage comme exclusivement conçu pour la salle et une diffusion idéalement pensée via support analogique (pellicule), alors que le numérique semble avoir définitivement gagné la partie.

« Netflix a une étrange aversion pour les films de cinéma. Ils mènent cette politique inconséquente visant à ce que tout simultanément en streaming et en salles, ce qui est évidemment intenable économiquement pour le modèle des salles. »

Pour autant, le cinéaste fait mine de ne pas rejeter en bloc les nouvelles formes de distributions émergentes, et cite en exemple le modèle d’un des concurrents de Netflix.

 

Photo Christopher Nolan

 

 

« On peut remarquer qu’Amazon est très satisfait de ne pas faire la même erreur. Les cinémas ont une fenêtre de tir de 90 jours (aux Etats-Unis). C'est un modèle parfaitement viable. C’est génial. »

Un argument assez limité, tant on doute de voir Amazon collaborer avec les distributeurs et exploitants de cinéma si l’entreprise parvenait à rassembler une clientèle de spectateurs comparable à celle de Netflix.

Et quand on interroge l’artiste sur le ralliement de nombreux cinéastes de premier plan au géant de la SVOD, il leur envoie un petit missile des familles en balayant la question d’un revers de la main.

 

Photo Christopher Nolan

 

« Je crois que l’investissement que fait Netflix dans des réalisateurs intéressants serait plus admirable s’ils ne servaient de curieux produit d’appels afin de provoquer la fermeture des cinémas. »

Oubliant au passage que des pans entiers de population n’ont pas ou peu accès aux salles, et que son argumentation les condamne à tout simplement se priver de cinéma, Christopher Nolan plante son dernier clou dans le cercueil de Netflix en expliquant que la société ne propose finalement rien de nouveau.

« J’ai grandi dans les années 80, la naissance de l’édition vidéo. Notre pire cauchemar dans les années 90, en tant que réalisateurs, c’était que le studio retourne sa veste et nous sorte « Tu sais quoi ? On va le sortir en vidéo plutôt qu’au cinéma ». Ils ont toujours fait ça. Ça n’a rien de nouveau. »

 

Photo Dark Knight Rises

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commentaires
MystereK
23/07/2017 à 18:27

En même temps Netflix investi SON argent dans la production de film, alors ils en font ce qu'îls veulent. Il y a 400 films produits par ans aux USA, est-ce qu'ils trouvent tous le chemin vers les salles de cinéma. Non ! Seul les films pour lesquels les producteurs croient à un potentiel srtent en salle, pour les autres, cela sera le BluRay, la VOD ... ou rien.Christopher Nolan a la chance que tous ces films auront une sortie en salle, mais il devrait se rappeler que cela n'a pas toujours été le cas, combien de personnes ici on vu Following en salle en dehors d'un festival ? Il faut tous les vecteurs de distributions possible pour que le cinéma vive et le futur est loin de n'être que la salle, sans que cela soit la faute de Netflix, mais de la production.

Touk
22/07/2017 à 13:29

@Kirkoo

C'est pas un peu simpliste ?
Y'a Suicide Squad ok, mais y'a aussi eu les Batman de Nolan et Mad Max : Fury Road produits par la Warner par exemple. Deadpool a été fait au sein du système aussi.
Et le cinéma dont tu parles (qui coûte cher) c'est une partie du cinéma, pas "le cinéma". On parle de blockbuster, mais à côté des films à 120 millions ou plus, y'a plein de choses qui existent. Souvent plus folles, audacieuses, extrêmes, dérangeantes, libres. De la même manière que Joss Whedon est plus libre quand il fait Beaucoup de bruit pour rien qu'Avengers 2, Netflix a annulé Sense8 car trop cher, et aura sûrement moins peur d'annuler Girlboss (pourtant très dispensable) qui doit avoir un budget minime à côté.

Quand on voit le trailer de Bright (projet de David Ayer, réal de Suicide Squad, récupéré par Netflix après les refus des studios), pas sûr de sentir une bonne et honorable liberté et audace artistique. Evidemment à juger face au film, mais ce que je veux dire c'est que Netflix n'est pas ce paradis absolu. Le showrunner de House of Cards a été plus ou moins viré parce qu'il refusait d'obéir aux directives...

Les organismes de contrôle "prude, conservateur et conformistes" se sont bien penchés sur le cas 13 Reasons Why, série Netflix sur le suicide d'une adolescente, qui a été pris dans une polémique par rapport à quelques scènes un peu "extrêmes". Netflix a il me semble rajouté des avertissements sur la série, en réponse. Donc personne n'est intouchable. Et le cinéma a ses outils (la classification notamment) pour exister face à ces "organismes". Qui, de toute façon, existeront et trouveront un moyen d'exister, peu importe ce qu'il y a en face (ciné, Netflix, Amazon, etc).

Kirkoo
22/07/2017 à 13:15

Hello tous,
Moi ce qui me gêne dans le discours de Nolan c'est qu'il ne prend pas en compte le facteur économique de l'industrie du cinéma actuel. C'est à dire qu'un film passant au cinéma coûte tellement cher que les producteurs brident sans cesse les réalisateurs pour que les film soient tous publique. On se retrouve dès lors avec des films pâles et aseptisé. Loin les paires de fesses, loin les belle poitrines, loin les fumeurs, loin les gros mots, Etc ... Sinon le film serait bloqué pour certain âges par les organismes de contrôle trop prude, conservateur et conformiste.
D'où une palette de films de merde dans les salles actuellement. À l'image de "suicide squade" où les super méchant sont super gentil. Cherchez l'erreur.

Tallysse
21/07/2017 à 10:38

Ils vont faire la même erreur que le Jeu vidéo et la Musique. A refuser d'évoluer pour sauver ses cacahuètes, on en rate Spotify et Steam.

Quel branleur le Père Nolan.

MystereK
21/07/2017 à 10:24

"Complémentarité."

Oui, c'est pour cela que je dis, VIVE TOUT, peu importe le vecteur pourvu que l'on puisse voir des films. On dit la même chose, vous avec un peu plus de mots que moi.

Barbo
21/07/2017 à 00:51

@MysteryK

Que Nolan oppose apparemment ciné et Netflix est une chose. Que quelqu'un décide d'en faire autant, en est une autre.
Rien n'oblige à suivre la pensée ou le raisonnement de Nolan, chacun a une opinion.

De nombreux films sont dispos uniquement en salles, puis en DVD-BR, et pas encore sur Netflix. Complémentarité. De la même manière qu'un fan de série ne consomme pas exclusivement HBO, Showtime ou AMC.

Je ne disais pas que ces réal viennent du ciné pour affirmer que tu disais le contraire... c'était là encore pour dire que tout cela co-existe. Sans ciné, pas de Netflix. Et sans Netflix, pas de (entrer le nom d'un film/série que vous adorez). Le ciné offre plein de films mauvais (selon les goûts), et Netlflix aussi.

D'où ma seule pensée face à tout ça : complémentarité, coexistence, voire co-dépendance. Rien de plus.

D'autant que maintenant que j'y pense, tout le monde n'a pas de TV ou d'ordi (ou du moins, de qualité suffisante pour offrir une expérience de ciné digne de ce nom, image et son... entre celui qui a un ordinateur portable et celui qui consomme via un projecteur sur un écran dans son salon en 5.1, y'a une sacrée marge), donc Netflix c'est pas juste l'abonnement - si vraiment on parle coût et budget.
Par ailleurs, je m'interroge (sans jugement ou avis définitif et catégorique) : est-ce que Netflix ne casse pas l'expérience avec ce catalogue immense, ce choix énorme, qui pousse à consommer, zapper, enchaîner ? J'imagine que de l'utilisateur dépend énormément la "qualité" de la chose, de manière peut-être plus saisissante qu'au ciné (où bien sûr, celui qui écrit des sms et discute est différent du cinéphile ultra concentré qui préfère aller à la séance de 11h pour être tranquille)

@max

PLEIN de gens vont au ciné seul... chacun fait ce qu'il veut. Vais-je halluciner si pour toi aller seul voir un film est impensable ? Non. Je ne comprends pas du tout, mais chacun ses habitudes et sa vision des choses. Mais sache que plein de gens vont au ciné seul, et que tous ces gens ne sont pas forcément célibataires ou sans amis, pour continuer dans l'image.

john
21/07/2017 à 00:35

J adore le cinéma et ben justement n étant pas riche grâce à netflix j enchaine les films! Et je me régale!! Malheureusement le cinéma chez moi cest entre 9 et 18 euro la place ! Donc voila! La mort du cinéma me fait bien rire ce sont des chaînes de multiplex bien riches! Usine a pognon... Ils veulent du monde baissaient les prix!... J irais tout les jours , quasiment comme dans mon adolescences

rod
20/07/2017 à 22:56

"Christopher Nolan, réalisateur de blockbusters le plus coté du moment, chouchou des studios qui lui accordent des centaines de millions pour poser à l'écran librement ses idées, crache sur Netflix:
Son récit va vous surprendre."

MystereK
20/07/2017 à 21:51

"J'imagine que la majorité ici ne vit pas en Suisse, le site n'étant pas .ch."

C'est clair, mais Nolan parle aussi sans tenir compte des frontières, tout comme je le fais. Netflix n'a pas la même influence dans tous les pays et beaucoup en France et en Suisse qu'aux USA, alors si on lui réponds ici, je parle aussi du prix des billets en Suisse.

"Faudra noter que le réal d'Okja est né au cinéma, tout comme la réal de The Invitation. C'est pas anodin."

Jamais dit le contraire, mais le fait est que le réalisateur ayant de la peine à trouver financement pour un film, l'a trouvé chez Netflix, ce qui est tout à l'honneur de la société. Par ailelurs, les grands succès de Netflix sont presque tous issus d'auteur de cinéma. Mais c'est normal, le cinéma c'est le vecteur principal aujourd'hui, mais il ne le sera peut-être plus demain.

"Mais pourquoi opposer de manière aussi extrême ciné et Netflix ?"

Je n'oppose rien, c'est Nolan qui le fait. Moi je vais assez au cinéma pour dire que je paie mon tribut à cet art.

Et si je dis Vive Netflix, c'est tout simplement que de nombreux films, dont une partie de ceux que j'ai cité, ne serait pas visible en France ou en Suisse sans Netflix si vous n'avez pas le temps d'aller dans les festivals. Alors oui, Vive Netflix, comme Vive le cinéma, et VIve tous les moyen qui permettent de voir les films.

mmarvibear
20/07/2017 à 20:35

Nolan et Tarantino sont deux réalisateurs géniaux et il n'y a presque rien à jeter dans leur travail ( si vous me posez la question, "Jackie Brown" et "Mémento" sont à mettre au panier selon moi...).

Mais en ce qui concerne le reste, ils sont un peu hors-sol, il faut bien l'avouer. Tarantino a une passion pour les rendus VHS mais le temps des écrans cathodiques est passé. Et une image numérique rend bien plus justice au travail du cinéaste qu'une pellicule poussiéreuse au son craqué. Et si vraiment le réalisateur veut une image trouble et un son mono, bah avec le numérique on le fait facilement, hein...

J'imagine qu'ils sont atteint par le syndrome Francis Cabrel. C'était mieux avant. Et que s'ils avaient parlé dans les années 40, ils auraient loué la poésie du Muet et la supériorité du Noir et Blanc sur le Tehcnicolor...

On va voir en tout cas comment Nolan fera une fois la dernière pellicule argentique tournée...

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