Bande originale : Lost (Série TV)

Stéphane Argentin | 21 avril 2006
Stéphane Argentin | 21 avril 2006

Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant Michael Giacchino exerce dans le monde de l'entertainment depuis bientôt 10 ans déjà. Approché par DreamWorks en 1997 pour composer les musiques du jeu vidéo Le Monde perdu tiré du film de Steven Spielberg, il continuera d'officier ensuite au sein de la division vidéoludique de ce même studio jusqu'à sa « révélation », deux ans plus tard, pour ses partitions (sans doute les meilleures jamais entendues pour un « simple » jeu vidéo) de l'excellent Medal of honor, un jeu très largement inspiré d'Il faut sauver le soldat Ryan.

Dès lors, la machine s'emballe et l'année suivante (au changement de millénaire donc), J.J. Abrams fait appel à ses services pour sa nouvelle série télé Alias. Quatre ans plus tard, c'est le géant de l'animation Pixar qui lui demande de prendre en charge la B.O. des Indestructibles pour laquelle il rend un hommage totalement assumé aux compositions jazzy de John Barry sur la saga des James Bond. Désormais pleinement reconnu pour son travail, Michael Giacchino partage à présent son temps entre les trois univers : le jeu vidéo (Mercenaries, Black), le cinéma (Esprit de famille, Sky High) et la télévision. Rien de bien surprenant dès lors que l'un de ses collaborateurs de longue date, J.J. Abrams, ait de nouveau fait appel à lui lorsqu'en 2004 il se lance dans sa nouvelle aventure télévisée : Lost.

Bien que Lost ait débuté sur la chaîne américaine ABC en septembre 2004 et au cours de l'été 2005 sur TF1, il aura fallu attendre mars 2006 (le 21 aux États-Unis et le 27 en France pour être plus précis) pour que la bande originale de cette série évènement atterrisse enfin dans les bacs. Mais le résultat valait bien la peine d'attendre puisqu'en effet, telles les meilleures cuvées se bonifiant avec l'âge, le parcours de Giacchino lui a permit d'ajouter toutes les cordes nécessaires à son arc afin de délivrer un score à la fois polyvalent mais néanmoins parfaitement homogène.

Sitôt le disque enclenché, le Main title et sa lente montée en puissance à une seule note tel un logo THX nous plonge d'entrée de jeu dans la quatrième dimension de ce Triangle des Bermudes télévisé suivi par la désorientation d'un mélange inquiétant piano / violon lors d'un réveil au bout milieu de nulle part (The Eyeland). À peine le temps de reprendre ses esprits que l'action se met alors en branle au cours de ce gigantesque sauve-qui-peut général qu'est The World's worst party beach (littéralement « La pire fête de plage au monde ») à base de lourdes percussions (tambour notamment) à l'occasion du fameux pilote le plus cher de l'histoire de la télévision et de sa séquence catastrophe anthologique en ouverture.

Les plaies ont tout juste le temps d'être pansées (Credit where credit is due) sur fond de violons mélancoliques qu'une autre course pour la survie débute alors face au premier mystère de l'île (la fameuse créature fantomatique) avec Run like, um… Hell ? dans un grand chambardement mêlant tambours, cymbales, triangle, harpe, trompettes… Une grande envolée symphonique en terre sauvage et hostile se met alors en route lorsqu'une petite expédition décide de partir sur les hauteurs de l'île pour tenter d'émettre un signal de détresse (Hollywood and vines) qui conduira encore à davantage de mystères (retour à la case départ ?).

En seulement six morceaux et un peu moins de 12 minutes, Michael Giacchino vient déjà de prouver son incroyable faculté à combiner tous les genres au sein d'un seul et même score depuis l'étrangeté de la SF jusqu'aux grands élans expéditionnaires en passant par la panique généralisée ou encore les meurtrissures de l'âme et du corps, soutenant parfaitement en cela le double épisode pilote de Lost qui vient déjà de happer le spectateur dans ses filets plurithématiques. Délaissant désormais complètement les musiques « boite à rythme » d'Alias qui, certes, collaient parfaitement aux différentes opérations secrètes trépidantes de Sydney Bristow, Michael Giacchino se focalise désormais uniquement sur des instruments dits « classiques », plus naturels et organiques, en symbiose parfaite avec les thèmes traités dans Lost et notamment les différentes introspections dramatiques des personnages sous forme de flashbacks qui font directement écho aux mystères auxquels ils sont présentement confrontés sur l'île – le magnifique thème mélancolique récurrent au piano Win one for the reaper (n°10).

Si cette B.O. officielle ne couvre hélas que 65 minutes sur les 18 heures d'épisodes de la première saison de Lost, elle propose en revanche un échantillon parfaitement symbiotique du contenu de la série et du talent de son compositeur Michael Giacchino, tout en laissant, espérons-le, la trappe ouverte à d'autres scores pour les saisons suivantes (comme c'est déjà le cas pour Alias) pour les survivants du vol Oceanic 815.

Track listing :
  1. Main title
  2. The Eyeland
  3. World's worst beach party
  4. Credit where credit is due
  5. Run like, um... Hell ?
  6. Hollywood and vines
  7. Just die already
  8. Me and my big mouth
  9. Crocodile locke
10. Win one for the reaper
11. Departing Sun
12. Charlie hangs around
13. Navel gazing
14. Proper motivation
15. Run away ! Run away !
16. We're friends
17. Getting Ethan
18. Thinking clairely
19. Locke'd out again
20. Life and death
21. Booneral
22. Shannonigans
23. Kate's motel
24. I've got a plane to catch
25. Monsters are such innnteresting people
26. Parting words
27. Oceanic 815

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