Elementaire : surprise, le Pixar n'est pas un gros bide, finalement

Déborah Lechner | 15 août 2023
Déborah Lechner | 15 août 2023

Alors qu'il était bien parti pour être le plus gros flop de l'histoire de Pixar, le film Élémentaire a eu un parcours des plus surprenants au box-office.

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Avec la sortie en salles écourtée d'En Avant et son repli en VOD dès mars 2020, Disney et Pixar ont fait partie des premières victimes collatérales de la pandémie de Covid-19. Depuis, le box-office mondial a repris des couleurs, mais le studio à la lampe (au même titre que Disney) peine à revenir dans la course et semble surtout payer la stratégie hybride de diffusion de la maison-mère, qui a modelé de nouvelles habitudes de consommation en dehors des salles de cinéma. 

Après le crash de Buzz l'Éclair du côté de Pixar et celui, plus inquiétant encore, d'Avalonia du côté de Disney, Elémentaire semblait bien parti pour planter le dernier clou du cercueil au vu de son démarrage misérable. Mais ce bide annoncé a finalement conjuré le sort en mettant fin à une série d'échecs commerciaux (en plus de redonner un peu de chaleur au catalogue). 

 



LE box-office d'élémentaire

Elementaire a coûté 200 millions de dollars, un budget incomplet auquel il faudrait ajouter les frais marketing qui n'ont pas été communiqués. En ne prenant en compte que la facture de production, il s'agit cependant d'un des films les plus chers de Pixar avec Buzz l'Éclair, Toy Story 3 et 4, Le Monde de Dory ou Luca. A l'exception de Raiponce (260 millions), c'est aussi plus cher que la quasi-totalité des longs-métrages animés de Disney, notamment les derniers : Avalonia (180 millions), Encanto (150 millions), Raya et le dernier dragon (100 millions) et La Reine des Neiges 2 (150 millions). 

 

Élémentaire : photoLes gouttes d'eau les plus chères de Pixar

 

Côté box-office, Elémentaire a récolté en huit semaines d'exploitation un peu plus de 443 millions de dollars dans le monde, dont 150 millions à domicile. D'après Screenrant, le film avait besoin d'atteindre les 400 millions de dollars dans le monde pour devenir rentable, c'est donc chose faite avec même un petit supplément. En comparaison, pour le même budget, Buzz l'Éclair a plafonné à 226 millions (dont 118 millions à domicile) et En Avant à 141 millions (dont 61 millions à domicile). 

Cela n'en fait pas un succès incroyable comme pouvaient l'être Toy Story 4 (1 milliard), Coco (814 millions) ou Vice-Versa (858 millions), mais cela lui évite d'être étiqueté comme un autre échec cuisant. Le box-office mondial s'approche, voire dépasse certains films Pixar prépandémiques, en particulier Le Voyage d'Arlo (332 millions dont 123 à domicile) et Cars 3 (383 millions dont 153 millions à domicile).

Mais le plus stupéfiant n'est pas d'en être arrivé là, mais plutôt d'être revenu d'aussi loin, étant donné que dès le départ, tous les voyants étaient au rouge pour Élémentaire.

 

Élémentaire : photoDénouement inattendu

 

Mauvais départ pour pixar

En plus d'être réalisé par Peter Sohn, soit le réalisateur du Voyage d'Arlo – qui était le plus gros échec de Pixar avant la crise sanitaire –, le film d'animation n'a récolté que 29 millions de dollars pour son week-end d'ouverture aux États-Unis (soit le marché et la fenêtre d'exploitation souvent déterminants pour le succès ou l'échec d'un film et les gains qui reviennent au studio). Au-delà d'être un score catastrophique pour n'importe quel blockbuster de son calibre, il s'agit tout simplement du pire démarrage de l'histoire pour un long-métrage Pixar.

 

Élémentaire : Photo"BOUUUUH"

 

En comparant avec le bas du panier : le désargenté Buzz l'Éclair a démarré avec 50 millions de dollars et En Avant (sorti au pire moment possible) a commencé avec 39 millions de dollars. Pour trouver un démarrage similaire, il faut remonter au premier Toy Story de 1995 qui, hors inflation, avait aussi gagné 29 millions sur ses trois premiers jours d'exploitation, marquant de fait une terrible régression économique pour le studio. 

Les chiffres n'étaient pas plus encourageants en France : moins de 427 000 entrées pour son premier week-end en salles, soit là encore le pire démarrage pour un Pixar dans l'Hexagone. Mais tel Rocky qui refuse d'être mis K.O, Elémentaire s'est relevé et a fait preuve d'une endurance remarquable tout au long de son exploitation, et ça dès sa deuxième semaine en salles.

 

Élémentaire : photoL'ascension a été rude

 

LE PIXAR MIRACULé

Aux États-Unis, le film n'a ainsi chuté que de 35% en deuxième semaine, loin des 61% de Buzz l'Éclair. Malgré un nombre de copies décroissant chaque semaine, le film s'est admirablement bien maintenu sur ses six premières semaines, ne réalisant que de petites baisses comprises entre 12 et 35%. 

En France, le film a suivi le même parcours avec un total de presque 2,6 millions d'entrées inespérées au vu du lancement, ce qui lui a permis d'avoisiner les chiffres du Voyage d'Arlo (2,7 millions d'entrées) et de tenir bon face au bulldozer Barbenheimer. C'est aussi plus d'entrées que pour Buzz l'Éclair et le blockbuster français Miraculous, qui n'ont attiré que 1,5 million de spectateurs chacun (malgré des attentes démesurées pour le second).

 

Élémentaire : PhotoPlus balaise qu'il n'y paraît

 

En ayant sûrement profité d'un bouche-à-oreille favorable et des vacances scolaires aux États-Unis, Elementaire s'est maintenu durant 5 semaines dans le top 5 national (The Flash n'y est par exemple resté que trois semaines) et ce malgré un nombre de salles décroissant à domicile. En s'écartant de Pixar pour englober tous les derniers films d'animation Disney, Elementaire possède aussi et surtout le box-office mondial et domestique le plus solide de la firme depuis la reprise. Des scores meilleurs qu'Encanto (256 millions dont 96 aux États-Unis) et Avalonia (73 millions dont 37 millions), quand bien même leurs budgets sont légèrement inférieurs, avec respectivement 150 millions de 180 millions de dollars hors marketing. 

Dire qu'Elementaire, au-delà d'être un bel ajout au catalogue est un vrai petit miracle n'a donc rien d'un euphémisme. Il faudrait cependant ne pas s'enflammer et prédire le retour de grâce de Disney et Pixar en salles. La flamme est certes ravivée, mais encore faiblarde comparée aux scores que pouvaient atteindre les longs-métrages avant la pandémie. Il reste donc à voir si le prochain Wish - Asha et la Bonne Étoile de Disney réussira lui aussi à se maintenir et à remonter la pente, ou confirmera que le succès tiède d'Elémentaire n'était qu'un sursaut de vie avant de replonger dans le coma. 

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commentaires
Kay1
17/08/2023 à 13:59

@Gegeleroutier Votre méthode de calcul est bonne , mais il faut multiplier le budget par 3 en comptant le budget marketing et les frais d’exploitation.
Il aurait donc fallait que le film fasse 600millions au Box Office pour être rentable. Toutefois je pense pas qu’on puisse dire que le film est un échec total, plutôt un petit flop.
Je n’ai pas vu le film donc je ne peux pas dire si c’est mérité.
Mais le fait est que le gros bide annoncé est au final un petit flop.

Gégéleroutier
17/08/2023 à 07:29

Pour qu'un film soit rentable il doit engranger 2.5 fois son budget, soit 500 millions de dollars.hors marketing. En ajoutant les 100 millions de celui-ci on arrive â 750 millions de dollars pour être rentable.

Soylent green
16/08/2023 à 21:50

Les gens ont eu peur au début d’un deuxième vice et versa (enthousiasme des psy et des critiques mais beaucoup moins des familles). Si vous rajoutez à cela le médiocre En avant et le très moyen El canto on arrive très vite à perdre une réputation et il y a peu de monde dans les cinémas. Sauf que les commentaires des premiers spectateurs étaient très favorables sur la qualité du dessin animé. Le bouche à oreille a donc fonctionné à fond : enfin un bon Pixar!

Altaïr Demantia
16/08/2023 à 19:45

@AffreuxSaleEtMéchant vous dites vraiment n'importe quoi,
On analyse des chiffres des taux des moyennes. Un studio mise une somme et il espère en tirer une autre, tout ceci est quantifiable au global. Pas besoin du détail comme la participation de la sponso du téléphone portable à déduire du coût réel non mais n'importe quoi qui s'en fout ?

Et franchement arrêtez avec vos multiples pseodo, en deux trois clics n'importe qui peut voir votre adresse IP vous êtes ridicule.

Jerome13004
16/08/2023 à 11:56

Le film est une jolie réussite, c'est réconfortant de se dire que le bouche à oreille favorable peut encore inverser les prévisions les plus pessimistes, surtout dans cet univers économique, très court-termistes, où la performance du premier week-end est une sanction quasi péremptoire sur le succès ou l'insuccès d'un film.

Saul Goodkube
16/08/2023 à 09:56

@AffreuxSaleEtMechant Bravo pour ce post qui élève enfin le débat sur ces batailles de chiffres qui n'ont aucun sens, basées sur des approximations et des données incomplètes lues sur internet. On calcule comme si on comptait des billes dans la cour de récré ("le film a coûté 12 billes, on a qu'à dire que le budget marketing est de 6 billes....").
Malheureusement, ça n'est pas qu'Ecran Large qui est à blâmer, ni uniquement l'univers cinéma, puisqu'on retrouve ces banalités sur tous les internets, concernant tous les domaines (les transferts de foot semblent être le mètre étalon de tout ce bullshit).

AffreuxSaleEtMéchant
16/08/2023 à 00:32

@Robin des Bois, Terminéator, et les autres...
Ce n'est pas parce que EL raconte régulièrement n'importe quoi sur qui a fait un succès ou qui a fait un flop, qu'il faut les croire. Leur méthode de calcul de dire que 50% des recettes US + 30% des recettes inter est plus ou moins égal à l’argent gagné par un film est surtout la preuve d'un simplisme incroyable et d'une incompétence en connaissances de production et de distribution.
Tout d'abord, tous les budgets de films sont gonflés (même les dépassements) par rapport au cout réel de fabrication d’un film. C'est un secret de polichinelle. Dans un devis de production, il y a les imprévus, les parts producteurs, etc... et ça représente déjà entre 10 et 15% du devis (parfois plus). En plus de ça, il y a les Tax Shelter, les apports nature en co-pro, les placements de produits (n’est-ce pas James Bond), etc... qui font aussi baisser le cout réel de fabrication du film. Pourtant tous les producteurs partiront du cout annoncé du film et pas du cout réel de fabrication du film. Donc quand un film est annoncé à 200 millions, son cout réel de fabrication est vraiment beaucoup moindre.
Sur les recettes, alors là, je mets au défi n'importe quel journaliste de dire exactement combien un film a gagné. C’est juste impossible. Déjà parce qu'il faut connaitre le cout réel de fabrication du film, mais surtout il faut avoir devant soit tous les contrats de distributions, merchandising, partenariat, etc... c'est donc juste impossible, sauf si on travaille aux services financiers et juridiques de l’ayant droit principal.
Même quand Disney, qui est une major (donc producteur et distributeur international), sort un film à l'international, il ne peut pas le distribuer dans tous les territoires, il doit passer par des distributeurs locaux. Quel le montant de la vente des droits à ce distributeur ? Quelles sont les conditions pour toucher l’ensemble de la somme ? Quel est le pourcentage des recettes que le distributeur local doit reverser à Disney ? etc… Multipliez ça par le nombre de territoires, ajoutez les droits de merchandising (pour les blockbudsters), les droits TV, PVOD, SVOD, VOD, DVD, Blu-rays, etc… et vous aurez une idée de la complexité. D’ailleurs, sur certains films (en France la très grande majorité même), rien que la vente des droits peut permettre de couvrir le cout de fabrication réel d’un film, avant même le tournage commence.
Bref, tous ça pour dire que c’est vraiment beaucoup plus complexe que les analyses simplistes lues ici (après je comprends qu’il faut faire du clic). Et oui, un film annoncé à 200 millions peut être largement rentable avec 400 millions de recettes. D’ailleurs, The Northman avec son budget à 90 millions (sans marketing) et ses 70 millions de recettes internationales avait été annoncé partout comme un horrible bide. Et pourtant… Focus et Universal ont annoncé qu’il était rentable et ils ont même signé le prochain film de Eggers ! comme quoi…

Kyle Reese
15/08/2023 à 21:49

Ce qui est rassurant c'est que les distributeurs ont maintenu le film pendant tant de temps. En même temps il n'y avait pas énormément de concurrence donc c'était vite calculé. Mais oui le film est très sympa, il mérite de ne pas avoir floppé.

@tlantis
15/08/2023 à 20:26

Et la dispo depuis quelques jours en téléchargement donc son parcours es presque fini

RobinDesBois
15/08/2023 à 20:18

« D'après Screenrant, le film avait besoin d'atteindre les 400 millions de dollars dans le monde pour devenir rentable, »

Pas plus ? Sachant que la prod récupère environ la moitié du prix du ticket aux usa et même un peu moins en Europe et beaucoup moins en Chine ça devrait donc être 400 M si le film était sorti uniquement aux USA.

Et les frais marketing sont facilement de 50 millions de dollars donc si on les prend en compte ne faudrait-t-il pas plutôt tabler sur les 500 M au boxe office pour être rentable ?

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