Flashpoint : le brillant multivers animé que DC n’aurait jamais dû oublier

Owen Carrel | 23 juin 2023
Owen Carrel | 23 juin 2023

Dix ans avant The FlashDC avait réussi son pari avec La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint, modèle d'adaptation et de multivers. 

DC et les reboots, c’est une longue histoire d’amour, et l’arrivée du carnage The Flash au cinéma est là pour nous le rappeler. En comics, les “crises” multiverselles servent souvent de table rase pour l’éditeur, de Crisis on Infinite Earths à Doomsday Clock. Le Flashpoint de 2011, écrit par Geoff Johns, constitue ainsi une étape de publication majeure pour DC, qui a lancé la ligne New 52 grâce à lui.

Que le talentueux département d’animation de DC et Warner s’en empare semblait donc logique, mais qu’il le fasse seulement deux ans après sa publication paraissait bien plus risqué. Pourtant, Justice League : Le Paradoxe Flashpoint est tout simplement une leçon d’adaptation, qui sublime son matériau d’origine tout en lui rendant un hommage sincère.

 

La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint : photoQuand tu veux t'empêcher de voir The Flash

 

Dark Flash

Saluer Le Paradoxe Flashpoint, c'est avant tout saluer le génie du postulat de Flashpoint, qui en fait un si brillant récit de multivers : un parfait mélange entre intrigue intimiste et enjeux pachydermiques. Barry Allen brise l'espace-temps, mais c’est avant tout pour sauver sa mère : toute l'intrigue orbite autour d’un dilemme terrible. Car en annulant le Flashpoint, Barry sait qu’il retrouvera l’univers où il est orphelin (sa mère a été assassinée et son père est injustement accusé de son meurtre).

La présence d'Eobard Thawne, alias le Reverse-Flash, dans l’histoire laisse à penser qu’il sera logiquement l’antagoniste responsable du chaos, surtout après l'introduction du long-métrage (on y reviendra). Mais il s’agit en réalité de Flash lui-même, qui devient presque le méchant du film. Incapable de se souvenir de ses actions, Barry est confronté à son adversaire, et le choc est aussi important pour lui que pour le spectateur quand Thawne lui assène des vérités pesantes (il aurait très bien pu tuer Hitler par exemple). 

 

La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint : photoIt was (not) me Barry

 

Le Paradoxe Flashpoint est donc un film de multivers révolutionnaire, mais il est avant tout motivé par la progression d’un héros qui doit apprendre à lâcher prise, et accepter ce qui est. Les enjeux sont énormes (car Barry mène une course contre-la-montre s’il ne veut pas détruire l’existence elle-même), mais ils sont aussi grandement resserrés : c’est la quête initiatique d’un héros, au sein d’une enveloppe épique et grandiloquente. 

 

La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint : photoAprès avoir vu The Flash

 

Multi-cool

Il ne faut pas croire pour autant que Flashpoint ne s’amuse pas de son multivers justement. Mais il le fait avec un plaisir sincère, et nullement embarrassé par une volonté cynique de caméos (coucou The Flash). Contrairement aux comics dont il s’inspire, le film d’animation plonge tête la première dans la violence graphique, et sublime ainsi la dramaturgie de son récit d’origine, principalement au travers de l'impitoyable Wonder Woman, qui exécute brutalement Steve Trevor ou les enfants Shazam (oui, oui, des enfants). 

 

La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint : photoAnger Woman

 

Sa meilleure idée, directement tirée du comics, est évidemment son Batman, dans un monde où c’est Thomas Wayne qui a enfilé la cape noire et Bruce Wayne qui a mordu la poussière. C’est un Chevalier Noir plus violent, qui n’hésite pas à tuer, auquel se retrouve confronté Barry, qui doit qui plus est le convaincre de l’aider. Mais aussi l'opportunité d'une scène sublime dans l'épilogue (là encore issue des comics), où Flash donne à son Batman une lettre écrite de la main de son père. Deux Batmen cèdent à l'émotion, et c'est toute la magie des univers parallèles qui opère. 

Le comics comme le film ont marqué par leur ambition délirante et leur impact durable sur leurs univers respectifs. Mais sa volonté de multivers est surtout propice à la construction d’un monde fascinant, où les chemins suivis par la Justice League ont été complètement parasités : Superman n’a jamais atterri au Kansas et a été récupéré par le gouvernement américain, Wonder Woman et Aquaman sont pris dans une guerre sans merci, les ennemis de Flash sont devenus des super-héros...

 

La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint : photoBute-man

 

Le vrai Paradoxe Flashpoint

La plupart des qualités du Paradoxe Flashpoint restent héritées du crossover culte de Geoff Johns. C’est d'ailleurs le cas de la plupart des films d’animation DC. Pourtant, c’est dans ses choix d’adaptation que le film termine d‘être une réussite absolue. Le tout en se débarrassant de quelques éléments qui ne sont pas fondamentaux, et en développant un peu plus son monde dystopique. C'est ici que réside le vrai paradoxe Flashpoint : en épurant le récit qu'il adapte, le film a réussi à rendre son univers plus dense. 

Le travail d'adaptation du réalisateur Jay Oliva et du scénariste Jim Krieg est une brillante réussite. Le long-métrage se permet un petit prologue pour présenter ses enjeux, mettre la Justice League en vedette et annoncer le Reverse-Flash. Une manière efficace de comprendre le déchirement de Barry quand il découvre le sort de ses amis (notamment Hal Jordan, tué dans une mission kamikaze), et d’attirer plus facilement le public moins familier de l’historique des comics. Le film se sépare d’une grande partie des héros présentés par les comics (comme l’Élémentale, franchement dispensable) et se concentre sur Batman, Flash, Shazam et Cyborg.

 

La Ligue des Justiciers : Le Paradoxe Flashpoint : photoLe DCEU qu'on mérite

 

Enfin, il parvient à donner vie à son univers, en développant beaucoup de segments du comics : la scène de bataille navale entre Atlantes et Injustice League, la résistance de Grifter ou l’histoire du triangle amoureux tragique entre Wonder Woman, Aquaman et Mera. En lui donnant plus de corps, le coup fatal porté par Diana au Prince des Mers, nouveauté du film d’animation, résonne parfaitement dans ce récit infiniment tragique, et le désespoir de Barry dans le dernier acte se ressent encore davantage. Alors que tous ses amis s'entretuent autour de lui, il se lance dans une course finale contre lui-même, qui termine d'exposer les thématiques brillantes du long-métrage. 

Le Paradoxe Flashpoint est ainsi un exemple parfait de multivers réussi, qui resserre ses enjeux malgré une menace gigantesque, et ne tombe pas dans le cynisme des caméos et références. En prime, c’est un modèle d’adaptation, qui sublime le comics autant qu’il le complète. À peu près tout l’inverse de The Flash donc, et DC aurait mieux fait de se souvenir de cette petite pépite d’animation. Dix ans après Man of Steel, le DCEU s'est écrasé en vol, tandis que l'univers d'animation lancé par Flashpoint s'est achevé avec panache au travers de Justice League Dark : Apokolips War.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Insgardoced
27/06/2023 à 12:45

Cette période des comics animés était vraiment la meilleure !!!
Tous d’excellent film.
Doom, Flashpoint, war , Batman vs Robin et j’en passe.
Maintenant c’est film et animé qui sont nul !!!
Plus rien à regarder !!!

zetagundam
25/06/2023 à 10:55

Par contre, c'est la débandade chez DC Animation avec l'après et gore "Justice League Dark: Apokolips War"

zetagundam
24/06/2023 à 20:12

La bonne époque ou DC/Warner réalisaient des films d'animations de qualité ce qui n'est plus le cas aujourd'hui (la faute au manque de concurrents dans le domaine ?)
Sinon, comme d'habitude avec le cinéma de "super héros" les studios ont d'excellentes histoire en stock mais ils préfèrent partir sur du n'importe quoi

Marvelleux
24/06/2023 à 18:32

Je rejoins les propos de Telréan

Telréan
24/06/2023 à 12:45

@Blason
Excellente liste
Je n'ose pensé que tu as sciemment en oublié deux qui sont excellentissimes

-Batman: Mask of Phantasm (meilleur que The Batman par exemple)
-Justice League : Échec. Un de mes préférés

Birdy l'inquisiteur
24/06/2023 à 12:32

@ Blason : dans quel ordre faut il regarder tout ça (s'il y a une chronologie) ?

Blason
23/06/2023 à 22:52

L'univers de DC en animé bat tout simplement les dessins animés Marvel, qui sont trop enfantin et puéril. Les meilleurs films animés sont pour moi

Batman : Assaut sur Arkham
Flaspoint
Akopolis
Red Hood
The Dark Knight returns part 1
The Dark Knight returns part 2
Superman: Red Son
Justice League War
La Mort de Superman
Le Règne des Supermen
Le Fils de Batman
Injustice
La Ligue des justiciers : Dieux et Monstres
La Ligue des justiciers vs. les Teen Titans

Kay1
23/06/2023 à 19:28

Justice League War était bon, mais je le mettrai pas au même niveau que Flashpoint, Suicide squad : assault on Arkham ou Batman Under The Red Hood.

pheb
23/06/2023 à 17:20

Une des rares fois ou j'ai préféré le dessin animé à la bd

Cidjay
23/06/2023 à 17:07

Le meilleur film animé DC avec "Justice League - War"
(et Justice League Dark: Apokolips War qui terminait parfaitement la ligne, avant le récent reboot)