Transformers 7 : pourquoi cette fameuse fin fait très peur pour la suite

Le cliffhanger du nouveau Transformers n'est pas post-générique, mais pré-générique. Il n'en est pas moins farfelu... et aguicheur. 

Attention, énormes spoilers !

Depuis l'avènement de la formule Marvel, c'est une tradition à laquelle peu de studios dérogent : la scène post-générique donne un aperçu du destin de la licence concernée. Paramount joue évidemment le jeu dans son sympathique (selon le fanboy de la rédaction) Transformers: Rise of the Beasts, en salles depuis ce 7 juin.

À ceci près que la séquence en question, qui rappelle évidemment les débuts du MCU, est placée juste avant le générique, histoire que personne ne rate cette révélation pour le moins audacieuse (et de caler un sketch bien chargé en malaise entre Notorious B.I.G et MC Solaar).

Le réveil du Cobra

Suite à ses aventures, le valeureux Noah s'entretient malgré lui avec un mystérieux agent secret, qui lui donne enfin accès à la sécurité sociale et l'invite à rejoindre une société secrète spécialisée dans les menaces apocalyptiques. Incarné par Michael Kelly, le bonhomme semble à première vue appartenir au "Secteur sept", organisation qui gérait les invasions extra-terrestres bio-mécaniques dans les films de Michael Bay. Sauf que la carte qu'il tend à notre nouveau héros est frappée du symbole... G.I. Joe.

G.I. Joe, c'est une autre gamme de jouets Hasbro, bien connue des quarantenaires. Gamme développée autour du thème de l'armée et des Américains héroïques, sans peur et sans reproche qui la composent. Elle-même avait eu droit à plusieurs adaptations en bande dessinée, en jeu vidéo et bien entendu au cinéma, sous l'égide de la Paramount.

Michael Kelly réfléchit à ses choix de carrière après House of Cards

Des dizaines d'années après le film d'animation produit en 1987 pour compléter la saison 2 de la série A Real American Hero, les Joe ont eu les honneurs du grand écran. En 2009, un Stephen Sommers (presque) en fin de carrière réalisait G.I. Joe : Le Réveil du Cobra avec Channing Tatum, Jonathan Pryce et Dennis Quaid. En 2013, c'est Jon Chu qui a signé la suite, intitulée G.I. Joe : Conspiration et cette fois menée par Bruce Willis et Dwayne Johnson. Enfin, très récemment, en 2021, le spin-off Snake Eyes s'est concentré sur le personnage éponyme.

Les deux licences s'étaient déjà mélangées dans les rayons des magasins de jouets et en comics, chez Marvel, Dreamwave, Devil's Due et IDW. Les membres de Cobra (les méchants dans G.I. Joe) s'y alliaient avec les Decepticons pour s'emparer d'une centrale nucléaire hyper-puissante, ou y métamorphosaient les Transformers en machines de guerre terroristes. Et on ne compte pas la guerre délirante qui a éclaté entre les Joe et une Cybertron gouvernée par Mégatron sur fond de crise mystique, ni les dizaines d'autres péripéties développées par ces récits très pulp. Une source d'inspiration riche... mais un tantinet excessive.

Gros robots ? Check. Drapeau américain ? Check.

Conspiration(s)

L'idée d'un crossover cinématographique entre les deux franchises était dans l'air depuis plusieurs années. En 2014, en promotion pour Transformers 4, le producteur Lorenzo Di Bonaventura refusait de s'y résoudre, expliquant à Collider que les licences ne manquaient pas assez d'énergie (traduction : elles n'étaient pas encore périmées) individuellement pour envisager leur rencontre. Au spectateur d'en tirer ses propres conclusions...

En 2021, il changeait de version au micro de UPROXX : "Vous savez, la vérité, c'est que le studio a toujours été contre. Tous les exécutifs de Paramount ont été contre, parce que c'est prendre deux franchises pour n'en faire qu'une seule, mais je pense que c'est inévitable".

Le studio, qui compte encore les dollars amassés par Top Gun : Maverick... et comble le déficit du bide spectaculaire de Babylon, se serait-il tourné vers cette solution pour se sortir d'une impasse ? Les deux licences sont en effet loin d'être en pleine forme.

The chauves must go on

Les deux premiers G.I. Joe avaient fait des scores qui allaient de très décevants (302 millions de dollars de recette contre 175 millions de budget pour le premier) à passables (375 millions de recettes contre 130 millions de budget pour le deuxième). Et Snake Eyes, sorti alors que la crise sanitaire éreintait l'industrie, est une catastrophe industrielle : financé à hauteur, selon Variety, de 88 millions de dollars, il en a rapporté moins de la moitié ! La saga va avoir du mal à s'en relever, d'autant que les trois longs-métrages n'ont marqué ni la critique ni les esprits.

Quant à la franchise Transformers, elle est loin de sa gloire passée. Les quatre premiers films furent d'énormes cartons, dépassant même, dans le cas des opus 3 et 4, le milliard de dollars de recette. Le cinquième, assassiné par la presse et énormément de spectateurs déçus, a beaucoup moins marché. Une fois Michael Bay parti (il reste producteur), Paramount a tenté de jouer la carte du faux reboot gentillet avec Bumblebee. La réception critique fut plus douce, mais cela n'a pas suffi pour retrouver les cimes du box-office. Avec 467 millions de dollars récoltés à partir de 135 millions de budget, c'est un succès très modeste. La saga est encore dans l'attente d'un coup de boost salvateur. C'est probablement le rôle de ce cliffhanger.

"Va voir notre film stp"

Paramount nous concocte-t-il un Hasbro Cinematic Universe ? Faut-il s'attendre à voir débarquer au fil des spin-offs et autres crossovers la Rihanna de Battleship et Monsieur Patate ? Le personnage de Rainbow Dash de My Little Pony se transformera-t-il en magnat de l'immobilier dans l'adaptation du Monopoly ? Et surtout, qui de Optimus Prime, de Jem ou de ses hologrammes aura tué le colonel Moutarde dans la véranda avec un chandelier ? Réponse dans les mois ou les années à venir, du moins si ce Rise of the Beasts, grand retour au divertissement mécanique giga-bourrin, tient ses promesses financières.