Transformers : Rise of the Beasts – critique où l’Optimisme Prime

Antoine Desrues | 6 juin 2023 - MAJ : 13/06/2023 12:16
Antoine Desrues | 6 juin 2023 - MAJ : 13/06/2023 12:16

Après le foutraque Transformers : The Last Knight, Michael Bay a rangé les Autobots et Decepticons d’Hasbro dans le coffre à jouets, avant que le spin-off Bumblebee ne vienne relancer la franchise des “robots in disguise”. Dans la continuité de ce reboot pas vraiment assumé, Transformers : Rise of the Beasts signé Steven Caple Jr. remet Optimus Prime au centre de l’équation, cette fois accompagné par les Maximals de la série Beast Wars. Vous n’avez rien compris ? Pas grave, le fanboy de la rédac’ d’Ecran Large est là pour vous expliquer.

La vie est moins Bay

“Appel à tous les Autobots et aux lecteurs d’Ecran Large !” On ne le dit jamais assez : une critique de cinéma n’a nullement pour but d’être “objective”, mot désobligeant qui résumerait toute œuvre à un consensus, à la moyenne algorithmique d’un agrégateur d’avis à la noix, voire à un résumé Wikipédia. On peut néanmoins comprendre cette mouvance à l’heure où tout le monde s’accroche à sa franchise préférée comme à un marqueur essentiel de sa personnalité, au point de réfuter tout argument qui irait contre son avis. Sauf que justement, la sensibilité de chacun y devient d’autant plus importante, sans que cela ait à sacrifier toute pensée critique.

Si cette introduction est de vigueur, c’est parce que l’auteur de ces lignes doit bien admettre avoir un faible pour la franchise Transformers. Au-delà de sa raison d’être purement mercantile et de son lore simplet – du moins en apparence –, la marque n’a cessé de développer un doux héroïsme naïf, quelques idées loin d’être bêtes (l’immigration d’aliens ayant détruit leur propre planète par la guerre), et le pouvoir purement cinégénique de ces robots capables de changer de forme. Certes, ces deux premiers points sont loin d’avoir été la priorité de Michael Bay, mais les adaptations sur grand écran des jouets d’Hasbro ont permis au roi du kaboom de profiter d’un terrain d’expérimentation sans bornes.

 

Transformers: Rise of the Beasts : photo"Je voulais juste lui montrer mes gros canons"

 

Passionné par ces créatures de synthèse et le magma de métal qui les compose, Bay a fait de Transformers un véritable ballet mécanique à la limite de l’abstraction, sublimé par l’hétérogénéité de son montage erratique et sensoriel. Pour beaucoup, la franchise a trouvé dans les blockbusters éreintants de l'auteur de Bad Boys une porte d’entrée, et ce malgré sa beauferie assumée, couplée à son attrait très limité pour la mythologie de la licence.

Depuis le flop du chaotique Transformers : The Last Knight, il va sans dire que la saga se cherche, surtout maintenant qu’elle a perdu son maître à bord, qui lui donnait au moins une direction esthétique. Pour être franc, Transformers : Rise of the Beasts est assez prévisible à ce niveau-là. Bien que le long-métrage soit solide sur le plan technique (notamment en termes d’effets visuels, forcément très présents), Steven Caple Jr. (Creed II) ne cherche jamais à retrouver la flamboyance de Bay, bien que celui-ci soit resté producteur lointain de la franchise.

 

Transformers: Rise of the Beasts : photoBuddy car movie

 

Voiture-bélier (et autres animaux)

Pour autant, il y a presque une sorte de miroir négatif qui se dresse entre cette énième suite déguisée en reboot et ses prédécesseurs. Là où le mollasson Bumblebee essayait de se démarquer par sa manière de repomper vainement E.T., Rise of the Beasts sait que son public vient chercher un film d’action spectaculaire. La formule galvaudée de blockbuster régressif n’a pas à paraître si péjorative, surtout lorsqu’elle s’attaque littéralement à des jouets qu’on rêve de voir s’entrechoquer. La projection de cinéma devient la matérialisation de notre imaginaire enfantin, et le film devient dès lors un contrat de confiance passé avec des autorités que l’on espère compétentes pour mettre en scène nos fantasmes.

Alors oui, d’un point de vue purement cinématographique, on y perd au change. Rise of the Beasts fait un effort pour se montrer lisible et parfois épique, mais sa fabrication est très loin de la folie visuelle de son modèle, notamment dès qu’il s’agit de jouer sur la profondeur d’environnements sur lesquels les robots semblent platement calqués. Pour autant, le long-métrage a le mérite de corriger pas mal des problèmes inhérents à la vision de Michael Bay.

 

Transformers: Rise of the Beasts : photoGorilles de métal dans la brume

 

Déjà, il embrasse avec générosité sa mythologie, sans pour autant se complaire dans une tonne de fan-service lourdaud. Excepté pour son final ubuesque, qui voudrait ouvrir les vannes d’un énième univers étendu opportuniste, l’ensemble se montre assez sobre. Cette fois, les Autobots exilés sur Terre (toujours menés par le valeureux Optimus Prime) découvrent l’existence des Maximals, des Transformers-animaux qui ont fui leur planète pour échapper à Unicron, une entité cosmique géante qui boulotte des astres au petit-déjeuner.

Pour empêcher son arrivée dans notre galaxie, tout ce beau monde apprend donc le travail d’équipe, en embarquant malgré eux dans l’aventure Noah (Anthony Ramos), un ancien militaire désœuvré de Brooklyn, et Elena (Dominique Fishback), une archéologue en manque de considération. De ce duo sommairement croqué, Rise of the Beasts puise son autre force : celle de dépeindre un New York cosmopolite en plein cœur des années 90, en convoquant dans son sillage une certaine contre-culture hip-hop (appuyée par le choix de chansons évidentes, mais jouissives). On est pour le coup loin des tendances “xénophobes pour la blague” du passé de la saga, et Caple Jr. s'approprie cet élément pour le mettre en perspective de cette race alien qui se cache pour éviter le rejet des humains.

 

Transformers: Rise of the Beasts : photoDes humains pas insupportables (pour une fois)

 

De prime abord

Bien sûr, l’idée ne reste qu’une simple ébauche passée l’introduction du film et de son contexte, et le résultat final se contente de construire une progression logique vers l’acceptation des autres et le combat “en famille” que ne renierait pas Dom Toretto. Pour autant, le réalisateur tient la barre de cette cohérence thématique, et en profite pour faire ce qu’aucun autre film Transformers n’a osé auparavant : effacer un peu les humains pour offrir un arc narratif consistant aux robots.

C’est même la première fois qu’Optimus Prime a droit à une telle évolution. Le leader des Autobots ne démarre pas cette aventure comme l’habituel parangon d’héroïsme béat et humaniste, mais bien comme un chef de guerre méfiant, qui souffre de porter le poids de son monde sur ses épaules. L'occasion pour son éternel doubleur, le génial Peter Cullen, de faire une nouvelle fois des merveilles avec sa voix caverneuse teintée de tristesse.

 

Transformers: Rise of the Beasts : photoChargeons ensemble cet énième faisceau dans le ciel

 

Sa confrontation avec son homologue Maximal, Optimus Primal (doublé par Ron Perlman, comme à l’époque du dessin animé Beast Wars), n’en est que plus réussie et marque la distinction idéologique des deux faces d’une même pièce, qui n’ont pas encore la même sagesse ni la même abnégation face au monde natal qu’ils ont perdu. Voilà ce qui fait la particularité de Rise of the Beasts : ce qu’il perd en virtuosité technique, il le gagne en cœur et en tendresse pour son univers, plus contemporain que jamais dans son rapport à la préservation d’une culture défunte.

Steven Caple Jr. a beau le traiter simplement, il développe son film avec la sincérité des dessins animés d’antan, avec une candeur qui nous rappelle pourquoi on a aimé Transformers. Cela passe par l’émerveillement que le cinéaste a lorsqu’il filme les paysages enivrants du Pérou (le lieu principal de l’action dans sa seconde moitié) ou par son amusement à mettre en scène Mirage (Pete Davidson), Autobot blagueur qui sert de sidekick au récit.

 

Transformers: Rise of the Beasts : photoMirage, à la fois sympathique et relou

 

Laissez-moi rêver que j'ai dix ans

Cette énergie n’est néanmoins pas sans contreparties. D’un côté, ce nouveau Transformers évite de prendre trop au sérieux ses MacGuffins et autres ressorts narratifs, et préfère condenser sur deux petites heures son histoire. Même s’il ne va pas toujours au bout de ses idées, le film enchaîne avec efficacité sa suite de péripéties rondement menées – en particulier une course-poursuite à flanc de colline, où la bataille se joue sur plusieurs niveaux.

De l’autre, cette précipitation a un impact non négligeable sur les personnages principaux, qui resteront à l’état d’esquisses mal dégrossies. Il en va de même pour certains des robots, négligemment limités à de la figuration de luxe (pauvres Bumblebee et Arcee, abandonnés sur la bande d’arrêt d’urgence).

 

Transformers: Rise of the Beasts : photoLe guépard ne s'associe pas avec la coccinelle (enfin la Camaro)

 

Tout ça pour dire qu’entre l’héritage de la franchise, des précédents films et des contraintes de son cahier des charges, Transformers : Rise of the Beasts ne peut qu’inciter à voir le verre à moitié vide ou à moitié plein (ou à le vider lorsqu’on entend l'horrible chanson de MC Solaar pour le générique de fin). C’est pourquoi l’introduction de cette critique était nécessaire, afin de comprendre pourquoi son auteur régressif fera toujours primer l’optimisme.

Entre deux répliques sentencieuses de Peter Cullen et quelques plans de transformations inventifs et grisants, ce nouvel opus reste émaillé de fulgurances pour tout fan des “robots in disguise”. Difficile de ne pas saluer son climax, qui troque son absence d’originalité par son abondance d’idées cool, au point même de faire péter le thème musical iconique de Steve Jablonsky (Arrival to Earth) pour le plaisir des oreilles. “Fin de l’appel, on part ressortir les jouets.”

 

Transformers: Rise of the Beasts : photo

Résumé

Sans la maestria technique de Michael Bay, Transformers perd beaucoup de sa cinégénie mécanique. Mais Rise of the Beasts compense par le soin porté à son univers, et par l’efficacité de sa course effrénée. Imparfait et régressif, mais diablement satisfaisant pour les grands enfants en manque de gros robots.

Autre avis Mathieu Jaborska
Pour qui n'irait pas voir le film avec ses jouets préférés dans son cartable (comme Antoine, donc), ce énième Transformers est un sommet de feignantise générique. Ses auteurs n'essaient même plus d'expliquer leur clé-magique-MacGuffin ou de mettre en scène un semblant de rapport d'échelle. Le climax ressemble à une bande-annonce. Michael, reviens !
Autre avis Geoffrey Crété
Rien à signaler dans ce pur blockbuster gentiment insipide, ni intéressant ni énervant. Sauf peut-être une manœuvre hilarante pour copier-coller Marvel dans une dernière partie qu'il fallait oser.
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Lecteurs

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commentaires
Jerome13004
10/12/2023 à 20:05

Un grand jeu vidéo de bastion, trop long mais où il n’y a pas de manettes, les gentils ne meurent jamais et quand ils meurent ils ressuscitent.
Les méchants veulent détruire le monde, au début ils marchent à la fin, ils meurent…
Les Sfx sont plus jolis que le Marvel de base, mais comment se réjouir de scène où le seul éléments réels du décors est un vague fond de montagne …

Philhan
22/07/2023 à 21:42

Pour ceux qui ne l’ont pas vu au ciné, je vous conseil de ne pas le télécharger également.

@tlantis
12/07/2023 à 19:27

Sans la touchée bay le film en deviens chiant , les fx sont beau pour ce qui se fait actuellement.
La musiques manque aussi cruellement de moment épique et qui bouge .
Le film réaliser par un yesman sans tallent

Flo
13/06/2023 à 13:06

Pas transcendant, mais pas bêta au point de devenir la risée de la franchise...

Le problème avec cette série de films, c'est qu'à cause de Michael Bay, elle passe pour un terrain d'expérimentation (défoulatoire) pour auteurs... tout en se targuant de raconter une histoire particulière, avec une grande déférence envers tout ce qui a été créé dans les précédentes séries d'animation ou comics...
Lesquels reposent toujours sur une gamme de jouets, robots/véhicules ! Un truc complètement absurde.
Alors certes, Bay a pris la balle au bond, fait un peu de Amblin, trouve comment représenter ces robots en action réelle et fait beaucoup de plans signature, avec aussi son mauvais goût assumé... Mais sinon il ne touche en rien à cet univers, et Peter Cullen double toujours Optimus Prime, comme si aucune réappropriation était possible.

Voilà ce qui cloche : la stagnation. D'autant plus qu'après deux films ayant un arc narratif clair (avec le Allspark, la protection de Sam puis de Optimus en effet miroir), tout ce qui a suivi n'a fait que bégayer, encore et encore... Jusqu'à se contredire, oublier tout ce qui avait été établi avant, afin de créer des révélations artificielles. En casant des gags de one-man show tellement étirés qu'ils semblent challenger les super-héros dans le too much. Et des placements de produits et autres associations commerciales (les chinois dans le quatrième)...
Peu importe si on aime le côté déviant de Bay, celui-ci s'effondre dès le moment où il ose trop de vulgarité, tout en se devant d'être respectueux du caractère sentencieux de ses héros. Au lieu de les faire péter en morceaux, eux-aussi.
Il n'ira jamais jusqu'au bout de ça, et restera trop longtemps sur cette franchise.
C'en était trop, il fallait revenir à une échelle plus modeste, moins tape-à-l'œil.

L'auteur Travis Knight avait choisi d'écrémer tout ça (façon "Casino Royale", sans se la jouer sérieux), avec moins d'humains, de robots, de militaires, de boums... et c'était d'une sensibilité superbe, bien équilibrée entre la reconstruction de l'héroïne et celle de Bumblebee. Mais un petit succès au box office, en conséquence.
Steven Caple Jr lui n'est pas un auteur réputé, plutôt un bon exécutant, avec quelques petites idées personnelles (comme dans "Creed II").
Mais dans son film comme dans celui de Knight, il n'y a absolument aucune réinvention. Car à la base, ça ne devait pas être un reboot mais un prequel, comme avec les films X-Men des années 2010.
Et comme avec eux, il n'y a pas énormément de disparités entre ces deux continuités, reprenant Tous les codes esthétiques établis par Bay. Pire au niveau du déroulé narratif, encore plus restreint dans les "Transformers" :

Les humains sont en petite recherche de sens, et le héros se compare un peu à eux.
Ils sont utiles parce-qu'ils sont courageux et... plus petits.
Les robots protègent des artéfacts cachés sur Terre.
Les méchants veulent le pouvoir.
(Les) Optimus est (sont) noble(s), il y a un comique de service un peu pénible, d'autres qui ne sont que des figurants sans personnalité.
Il y a des versions animales.
On se poursuit en secret, puis plus du tout, dans des paysages étrangement déserts, et on fait autant de résurrections que de sacrifices.
Grosse bastons et beaucoup de ralentis.
Célébration de l'amitié, de l'entraide entre gens d'apparences différentes.
Il faut détruire un portail ou équivalent... Stop !

Même si on est dans une autre décennie (avec plein de références d'époque au début, puis plus du tout)... tout est là, ça ne bouge désespérément pas.
À peine agrémenté de quelques codes venus des super-héros comme une armure, un placement de crossover - Anthony Ramos lui-même joue un personnage qui peut faire penser aussi bien à Miles Morales (Lauren Vélez y joue d'ailleurs sa mère) qu'au dernier Ghost Rider, Robbie Reyes (avec ses galères financières, son petit frère malade).
Comme si c'était fait pour les non-connaisseurs, et pour les fans - tant mieux pour eux.

On dirait donc un remake des Bay, avec les Mêmes visuels. Juste débarrassé de tout le côté "Gonzo" et putassier, avec ses personnages caricaturaux.
Mais si Caple Jr ne se passionne pas pour la création de plans renversants, au moins il s'intéresse vraiment à ses personnages. Bien qu'archétypaux, déjà vus un peu ailleurs, ils ont l'avantage de ne pas être des modèles américains un peu beaufs.
Encore plus que Hailee Steinfeld, ces héros humains sont des gens invisibilisés, qui vont aider des héros devant faire eux-mêmes profil bas. Ils sont doués et motivés, alors qu'on ne leur laisse pas l'opportunité de le montrer.
Et qui, à l'instar de Caple jr, font le job et le mènent à terme. Avec dignité.

En un sens c'est admirable... Classique, sans frime, à peine excitant.
S'adressant à nouveau aux enfants, comme au bon vieux temps.
Sympa quoi ?

Dr.ik
11/06/2023 à 21:25

Quelle bonne surprise ce transformers. Bon petit plaisir coupable et régressif. Ils vont loin dans le délir et proposent ce qui n a pas encore été fait (dans l univers des transformer). Des mécha bestioles bien animées et expressives, un humain qui prend part au combat, une proposition de cross overdose que j ai trouvé bien ammenée ( grace a son climax). Il a de très belles scènes d'action bien lisible tout au long du film, un climax généreux et il ne dure que deux heures, de façon a ce que mon petit cerveau puisse tout absorber et mes yeux tout savourer... alors oui, ça évite pas les invraisemblables et les soucis d échelles mais bon ça m a pas trop sorti du film. Je crois que c est le premier film de la franchise ou je n en ressors pas déçu.

Geoffrey Crété - Rédaction
11/06/2023 à 19:21

@Romu

Etant donné qu'on a défendu avec passion pas mal de Transformers : il va rien tomber de spécial, désolé.

Marc
11/06/2023 à 15:41

LE design des Transformer Beast Réussi l'histoire du déjà vu .

Romu
11/06/2023 à 15:26

Punaise ,l écran large a aimé ?...il va tomber quoi aujourd'hui ?

Candle
09/06/2023 à 14:56

Bumblebee (le film) vous donnait de l'espoir pour la suite de la franchise; Rise of the Beast le détruira. Cette franchise vient de mourir.

Tetsuo_ACDH
06/06/2023 à 23:10

Va falloir penser sérieusement à arrêter ces terribles jeux de mots. Ça devient lassant et peu inspirant. Vos critiques on gagné en qualité mais ces jeux de mots...

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