Starfix : le magazine légendaire est de retour

Le célèbre magazine Starfix revient d'entre les morts le temps d'un numéro qui s'annonce dantesque.

"En fait, Starfix a capté immédiatement un public désœuvré, qui n'avait pas vraiment d'organe de presse, à part peut-être L'Écran Fantastique, mais L'Écran Fantastique, auquel je participais à cette époque, c’était les fantasticophiles parlent aux fantasticophiles, c'était vraiment entre nous, quoi. Alors que je pense que ce qui a fait la différence avec Starfix, c'est qu'il a ouvert vers un public plus large", nous expliquait Christophe Gans lorsque nous l'avions rencontré suite à la ressortie de son Pacte des Loups.

En 2023, le magazine s'apprête à s'ouvrir à un public plus large encore. À l'occasion de ses 40 ans, il revient pour un numéro spécial maous en forme de mook, financé, comme c'est désormais l'usage, par une campagne de financement participatif sur Kiss Kiss Bank Bank. Pas question de revenir à une publication régulière au sein d'un marché (la presse écrite culturelle et spécialisée) en grande souffrance, mais d'invoquer à l'aide d'un pentacle numérique la fameuse "starforce", cette fois-ci accompagnée de rédacteurs du précieux site ChaosReign, l'un des nombreux héritiers de l'esprit Starfix. 

COMEBACK

Christophe Gans, Doug Headline, François Cognard, Hélène Merrick, FAL, Christophe Lemaire sont de retour et le programme est dense, entre actualité et nostalgie bien placée. On y trouvera des interviews en cascade (George Lucas, Ken Russell, Simon Rieth, Gabriele Mainetti et d'autres artistes de renom qu'on se gardera de révéler), des dossiers thématiques et même une discussion entre Christophe Gans et le dieu du cinéma télougou S.S. Rajamouli. Et c'est sans compter les deux couvertures réversibles, dédiées à Indiana Jones et à RRR, soit deux représentants idéaux, anciens et contemporains, du cinéma populaire défendu par la revue.

Car Starfix était un petit miracle, accompli au début des années 1980 par Doug Headline, qui cherchait un pendant cinématographique à Metal Hurlant (lequel s'est aussi offert récemment un comeback grâce au crowdfunding), ainsi que par Christophe Gans, jeune auteur de fanzine employé à l'Ecran Fantastique. Le tout s’est fait sous la houlette de l'un de ses employeurs, Scherzo Vidéo, qui voulait éditer son propre magazine pour promouvoir ses titres et battre la concurrence Hollywood vidéo sur son propre terrain. Le succès fut fulgurant, dès le premier numéro, sa couverture du festival d'Avoriaz, la mise en avant du grand prix Dark Crystal et la première interview officielle d'un jeune fou du nom de Sam Raimi.

Choose your fighter

Ils n'étaient pas rebutés par son manque d'expérience et pour cause : Gans est devenu rédac' chef à 21 ans à peine. Le goût de l'équipe pour un cinéma fantastique libre et son ton rafraichissant inspiré du journalisme gonzo à la Rolling Stone n'ont pas plu à tout le monde, y compris au sein de l'industrie hexagonale. Mais ils ont assurément influencé des cinéphilies, voire des cinéastes, jusqu'aux auteurs eux-mêmes puisqu'ils sont nombreux à avoir contribué à la diversité du cinéma français après la fin du magazine en 1990.

Celui-ci est déjà revenu en 1997 sous le titre Starfix Nouvelle génération. En 2011 naissait Starfix production, puis en 2017 des soirées double programme, au cinéma et sur Paramount Channel. Enfin, en 2016, le livre Le Cinéma de Starfix réunissait les plumes parmi les plus célèbres de l'histoire de la revue. Cette nouvelle résurrection a pour elle de se réemparer de l'actualité avec le même état d'esprit, comme pour rappeler que la presse cinéma spécialisée n'a rien perdu de sa fougue quarante ans après et donner envie à une nouvelle génération de marcher dans ses pas, malgré la situation actuelle.

Le Convoyeur, grand film d'un ancien de Starfix, Nicolas Boukhrief

Et ils ont raison : L’Ecran Fantastique propose toujours des numéros thématiques de qualité, Mad Movies, lui aussi à l'aide du financement participatif, édite des hors-séries essentiels en plus de sa publication mensuelle. Quant aux fanzines de la grande époque, ils trouvent leur équivalent dans les sites, chaines et autres podcasts tenus par des amateurs passionnés que l'ogre Google n'a pas encore corrompus. Starfix n'est pas mort, ses descendants non plus.