Ant-Man 3 : pourquoi MODOK est l'une des pires horreurs de Marvel

Comment en est-on arrivé au point où Marvel croit judicieux de faire MODOK en grosse tête volante dans Ant-Man et la Guêpe : Quantumania ? Ce vilain était-il seulement adaptable ?

Dès la première bande-annonce d'Ant-Man 3 où l'on apercevait furtivement MODOK (pauvre Corey Stoll) sans son masque doré, notre innocence tremblait des genoux. Et Marvel n'a pas menti, car le méchant qu'affronte Scott Lang (Paul Rudd) est bien terriblement laid et rejoint la liste des défauts de ce troisième Ant-Man. Mais était-ce évitable ?

Déjà en comics, MODOK n'a pas un physique de playboy en plus d'avoir un sale caractère. Ainsi, l'adapter était prendre un risque et à un minimum calculer. Fallait-il en faire une copie exacte pour les écrans, ou réinventer son apparence pour le rendre plus crédible (et pas nécessairement moins affreux) ? D'autant que MODOK n'est pas le premier défi du genre pour le studio, qui s'en était plutôt bien sorti jusque-là. Alors comment Tête d'œuf aurait-il pu fonctionner dans un film ? Et le pouvait-il seulement ?

pas komod

Le visionnage d'Ant-Man 3 donne des envies d'auto-énucléation avec une cuillère, en grande partie à cause de MODOK. Ce gros bébé irradié au visage étiré comme une bulle de chewing-gum sur le point d'éclater n'est pas aidé par des effets spéciaux au rabais. Si le film avait un semblant de crédibilité, MODOK a roulé dessus avec son crâne mal texturé.

MODOK, en haut à gauche

Son apparence s'accompagne d'une écriture le tournant en victime de cour de récréation. Devenu une super-arme au service de Kang le Conquérant (Jonathan Majors), MODOK, anciennement Darren Cross/Yellowjacket (le vilain d'Ant-Man, l'un des plus anecdotiques du MCU), est un bras droit très peu utile. Toutefois, il a quand même l'honneur d'avoir un arc narratif – de rédemption qui plus est–, chose dont beaucoup d'antagonistes de Marvel ne peuvent pas se vanter.

Le seul aspect du MODOK des comics qu'a gardé le MCU est son côté vilain pitoyable, souvent ridicule et jamais vraiment pris au sérieux. Mais dans Ant-Man 3, on ne se moque pas du personnage, mais de son traitement artistique bâclé et nanardesque. On rit donc en grinçant des dents du film plus que ce qu'il veut nous faire ressentir. À la différence des planches de BD où l'écriture en méchant misérable de MODOK sert un personnage haineux, antipathique et entouré de gens voulant sa mort (dont sa propre organisation criminelle, l'AIM).

De générique à gênant

le ridicule tue

Pour que MODOK prenne forme à l'écran sans susciter rire et larmes de sang chez les spectateurs, peut-être aurait-il mieux valu renforcer l'idée qu'il est une création de Kang à son service, sans lien avec Yellowjacket. Par la même occasion, le sort de MODOK en monstre esclave de son Frankenstein aurait incarné la perversion dont est capable le vilain des prochaines Phases du MCU. Malgré tout ça, sans sa relation destructrice avec ses sbires de l'AIM, le laideron débarquant du Big Deal perd beaucoup de sa particularité.

Si le lundi matin avait un visage

Pour ce qui est de sa tête de Funko Pop des horreurs, MODOK est généralement dessiné avec le visage ridé et des expressions grimaçantes, comme une poupée Chucky passée au micro-ondes. S'il peut faire rire par sa dégaine (et il est même souvent moqué par les autres personnages), il est surtout effroyablement repoussant, voire horrifique. Sans faire du délit de faciès, il a la tête de son CV, celui d'un tyran pathétique. Encore une chose à côté duquel est passé le film.

Néanmoins, il subsiste un problème de taille plus gros que sa bouille d'ange fripée. Car MODOK a également une personnalité très clichée, et donc difficilement adaptable sans paraître grotesque. Il est de ce genre de vilain à rire grassement en complotant de sombres plans pour dominer le monde. Ce caractère de PDG du CAC 40 donne peu de place à l'empathie. Cependant, la série Marvel's M.O.D.O.K y était parvenue en ajoutant de nombreux personnages secondaires et en tournant à la caricature de cartoon le méchant. Est-ce le prix à payer pour une adaptation d'un vilain à l'esthétique aussi débile ?

Robot ChiMODOKen

trahison

MODOK s'illustre par l'éclatant échec de son passage des comics aux écrans de cinéma. Pourtant, d'autres personnages reviennent également de loin avec des designs pas faciles à assumer en prises de vues réelles. On pense par exemple à Ego, le père de Peter Quill incarné par le charismatique Kurt Russell dans Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, représenté comme une planète à moustache et barbichette dans les comics.

Le cas Arnim Zola est peut-être celui qui ressemble le plus au problème MODOK. Ce scientifique de Crâne Rouge est interprété par Toby Jones dans Captain America : First Avenger, pour ensuite revenir en superordinateur dans The Winter Soldier. Cette seconde apparition est une réinterprétation du design des comics, à savoir un androïde avec un écran dans le ventre. Le MCU a revu cette idée de manière très pragmatique en faisant de Zola un programme au visage s'imprimant sur une machine informatique de la Guerre froide.

Minitel, ce vilain impitoyable

Pour que ces personnages soient plausibles dans les films ou séries Marvel, ils ont passé plus de temps que d'autres dans la case "adaptation". Et cette simili-trahison nécessaire est peut-être ce qu'il manque à MODOK dans Ant-Man 3. D'ailleurs, ce corps difforme a été revu avec classe dans le jeu vidéo pétard mouillé qu'est Marvel's Avengers, preuve que MODOK n'était pas inadaptable.

Toutefois, ce choix artistique pour MODOK dans le MCU relève peut-être d'une autre variable que nous n'avons pas prise en compte. En effet, le metteur en scène de la trilogie sur l'Homme-Fourmi, Peyton Reed, a défendu le plan culotté de MODOK. Marvel Studios a donc peut-être juste mauvais goût. Et à ça, tout l'argent du monde et les meilleurs artistes d'effets spéciaux ne pourront rien changer.