Black Panther : Wakanda Forever - pourquoi c'est presque un bon Marvel

Déborah Lechner | 8 novembre 2022 - MAJ : 08/11/2022 18:41
Déborah Lechner | 8 novembre 2022 - MAJ : 08/11/2022 18:41

Avec Black Panther : Wakanda Forever, Marvel devait relever un double défi : gérer la mort de Chadwick Boseman et faire en sorte que la Phase 4 se termine mieux qu'elle a commencé. 

NOTRE CRITIQUE  ÉCRITE DE BLACK PANTHER 2

Black Panther : Wakanda Forever était une suite attendue au tournant après le succès du premier volet, mais aussi et surtout un film endeuillé et un exercice aussi complexe qu'inédit pour le Marvel Cinematic Universe. À la suite au décès en août 2020 de l’acteur Chadwick Boseman, le personnage de T’Challa et par extension son Black Panther ont dû être retirés du scénario, amenant le récit loin des sentiers battus de Marvel.  

 

 

Le film est donc projet à la fois bicéphale, dense et fascinant, qui n’évite malheureusement pas certains écueils habituels de la franchise, mais se démarque de toutes les autres productions par une dimension humaine et sentimentale devenue trop rare dans le fatras super-héroïque de la firme. Et comme Déborah est plutôt sensible à ce genre d'approche, elle détaille tout ça par une analyse sans spoilers.  

Tout savoir sur Black Panther : Wakanda Forever

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commentaires
Flo
15/11/2022 à 13:46

"Mais qu'est-ce que tu me Wakanda ?!"

- Une bande dessinée, un héros, une nation imaginaire, des envies de scenarii plus ouverts au Monde. Et toute la symbolique simple, fière et amusante qui en découle.
- Un film assez autocontenu qui transpose cela sur grand écran, contenant aussi bien le cœur de son réalisateur qu'un aréopage d'héroïnes étonnantes, d'antagonistes excitants et d'une esthétique inédite. Et touche le monde entier en lui offrant quelque chose d'à la fois évident et peu vu.
- Quelques analyses bien souvent simples, ou surtout médiocres, comme sur tous les blockbusters Tout Public (trop bon pour être vrai). Qui ne comprendront jamais le plaisir du spectacle global et sérialisé, brut (fidèle aux comics Marvel d'ailleurs, souvent exégètes du dessin brouillon et biscornu), sans l'arrogance de se prendre pour une élite de la beauté et de l'orfèvrerie.
Les admirateurs forcenés de superbes images cinématographiques ne sont toujours pas assez les bienvenus - ils ne sont pas des masses, cela dit.

Idem pour cette suite, même malgré le drame injuste de la mort d'un comédien alors en plein état de grâce. Son histoire s'écrivant ainsi à l'aune des futurs films qu'il n'aura jamais pû tourner. Et des épisodes auxquels son incarnation de T'Challa ne participera pas.
Dans une Phase IV de Marvel Studios, "qui dérange, tellement elle expérimente en faisant tout ce qu'il ne faudrait pas faire"... Qui a édicté ça ? ce qu'on a le droit de faire ou non ? Qui sont ceux qui se moquent vraiment de l'intelligence émotionnelle des spectateurs ? Qui accusent et jugent exagérément, mais en utilisant eux-mêmes des éléments de langage qui se croient plein d'esprit ?

Exemple de réflexion caricaturale et naïve : si ça a de l'expérience et des centaines de millions de dollars de budget, faut forcément que ça soit maîtrisé de A à Z, et devenir de plus en plus sophistiqué.
Non, du flan... C'est la sincérité qui compte, l'implication et le fait d'aller jusqu'au bout d'une idée, sans honte, sans ne parler qu'à un seul public (ancien) en snobant les nouveaux émergeants, sans se croire plus intelligent qu'on ne l'est et sans non plus de mépris.
Rien de mal à avoir une structure industrielle qui marche, et qui étale ses compétences sur la durée au lieu de la concentrer d'un coup... et qui a décrété qu'on n'avait pas le droit de faire ça ? Il n'y a pas Un type de cinéma, unique... il y a Des types de cinéma, divers et normalement accessibles à tout le monde (selon les âges).
Et selon les évolutions des modes de diffusion - là aussi, c'est quelque chose qui s'étale dans le temps (est-ce un tacle de dernière minute, maladroit, à la France qu'on y voit passer là ?).

Il y avait un plan, évoquant un deuil bref qui verrait le retour amer d'une fratrie royale... Il y a eu une évolution, et l'inclusion du deuil réel et définitif (au moins dans cette continuité là - ce n'est pas compliqué du tout à comprendre).
En osant à nouveau "faire ce qu'il ne faut pas faire", alors que l'histoire des super-héros de comics nous a prouvé mainte et mainte fois que c'était possible, et intéressant :
Qu'est-ce qu'on devient quand on a perdu l'espoir incarné ? Comment on trouve le moyen de continuer à avancer, alors que l'univers (étendu), avec ses obstacles envieux et ses personnages nouveaux arrivants, frappent à la porte... avec leurs propres espoirs potentiels.
Et bien on fait, on utilise, on ne stagne pas sur tous ses acquis, tout en en gardant suffisamment pour ne pas perdre son identité, car on n'est pas des révolutionnaires.

Qui de l'œuf ou de la poule est arrivé le premier ? Choisir de piocher dans les légendes précolombiennes pour mieux laisser l'Atlantide à "Aquaman", et ensuite engager un acteur latino en conséquence ? Ou l'inverse, découvrir cet acteur capable de jouer le jeu, et adapter tout son royaume en fonction ?..
Choisir de piocher dans des histoires existantes où la sœur prend difficilement la place du frère, et où il existe un antagonisme improbable entre des nations séparées par des kilomètres de terres... Pourquoi pas, dès le moment où il existe une construction narrative permettant de mêler ses scenarii en un...
Choisir de tourner très difficilement avec des contraintes physiques, en gardant une date butoir (quoique possiblement mouvante), et de ne pas être à 100% de netteté visuelle, ni d'avoir le temps de créer de l'image très virtuose... c'est à dire choisir d'être toujours là au rendez-vous des salles (et des abonnements), comme un évènement festif populaire et régulier, avec la responsabilité de faire en sorte que ça ne soit jamais trop imparfait...
Les esprits chagrins ont beau s'en plaindre (en ont-ils vraiment assez, ou bien sont-ils jaloux de ces succès sans faille ?), il s'agit bien ici d'un type de "film monde", ne se contentant plus d'un héros, d'une amoureuse, d'un vilain, d'une ville urbaine et hop on compose et on tourne.
Non maintenant on a la possibilité de croiser des franchises, et donc à la fois un film Black Panther Et un film Namor Et un film sur Riri Williams (avec même un petit peu de teasers pour "Secret Invasion" et "Thunderbolts").

Alors on a un Namor déjà souverain établi, avec plus de menton (poilu) et de colifichets, et moins de front (originellement si haut qu'on le croirait botoxé)...
Portant sensiblement la marque de sa productrice Victoria Alonso (jolie réinterprétation latine du nom du protagoniste) très très impliquée dans le studio.
Fidèle à un caractère fier, arrogant, violent, versatile, puissant. Un peu trop tendre par moment, mais ce n'est pas bien grave si on s'éloigne de son modèle comics, parangon de machisme adolescent lourdingue.
Quant à la pertinence à voir Ryan Coogler le mettre en scène avec son peuple aquatique, et s'éloigner beaucoup de l'univers du Wakanda malgré que s'y créé une sorte de "cousinade"... elle est toute trouvée si on tient compte qu'il s'agit de deux peuples forts et cachés, gardant de grandes traditions tribales.
Et qui sont ainsi proches de l'extermination, ou de la soumission, bref de la disparition totale à cause de la menace des états industrialisés (pas uniquement occidentaux). Une extinction glaçante, alors que la famille royale wakandaise elle-même se dépeuple à vitesse grand V.
Cette thématique offensive doit particulièrement tenir à cœur du réalisateur, donnant des airs de thrillers géopolitiques hélas toujours pas aboutis (la poursuite à Boston n'est pas excitante, les arcanes du pouvoir sont bien trop survolées).

Certes la future Ironheart est placée dans l'intrigue en en devenant un enjeu, mais aussi en reprenant la place de jeune fille noire inventrice, non conventionnelle et insolente, qui était dévolue jusque là à Shuri.
Cette dernière étant le fil rouge passionnel du film, à l'évolution surprenante qui la voit devenir un personnage aux contours plus rudes, encore plus en butte aux traditions de son pays.
Permettant de ne jamais trop s'éloigner de toute cette histoire de Deuil, grand thème (Pixarien) de cette Phase IV. Laquelle avait débuté en explorant des étapes telles que le Marchandage dans "WandaVision" (avec "Black Widow", il s'agissait déjà d'histoires où des femmes prenaient le temps de parler avant de passer à l'action), jusqu'au Déni récemment dans "Thor - Love and Thunder" - donc non, "Black Panther - Wakanda Forever" ne rachète rien du tout de cette année 2022. Il va dans la même direction mais en regardant les choses différemment.
Ici c'est plus la Colère qui domine, d'une Reine Mère impitoyable à une fille en quête de revanche. Mais même quand arrivent des batailles trop numérisées entre armées belliqueuses, on finit toujours par revenir à ce côté intimiste, en un mano à mano sans pitié émulant le final de "Volte-face". Qui, s'il ne raconte effectivement rien de nouveau par rapport au précédent film ou même à la fin de "Captain America - Civil War", se permet alors de boucler la boucle en se mettant dans les mêmes pas. Juste d'une autre manière, furieuse, mais toujours en cherchant sa façon de trouver la résilience.
Les comics ont toujours fait ça, avoir des trouées sérieuses, sentimentales ou gracieuses, existantes à contrario d'un gros barnum bariolé et peu subtil.

Malgré un bon travail d'ambiance esthétique et sonore, l'action de ce film connait encore un certain déficit de fluidité, de vélocité, de viscéralité (les plans-séquences ne marchent toujours pas très bien)... Et de clarté - l'omniprésence de scènes sombres, non stylisées, n'aide pas réellement à donner un aspect plus grave à cet opus de toute façon poignant, dénué de tout chantage à l'émotion...
Les comédiens ont une implication qui est variable, la plupart dévorant l'écran avec force et second degré (on s'y permet même un clin d'œil jouissif à une scène culte de "Predator")... d'autres étant sous-utilisés, faute de plus de temps (avec un Daniel Kaluuya pas disponible, Danai Gurira n'a plus qu'à devenir un relief comique et la rivale de Attuma ? Michaela Coel s'est-elle au moins amusée ? quand verra-t-on les réactions des civils ?).
Un certain caméo se permet même de contredire un fantasme de fans de reprise du rôle de T'Challa, en appuyant bien sur l'importance du caractère d'un personnage pour justifier qu'une icône ne devienne pas superficielle.

2 h 30, des arcs narratifs parallèles en attente de développement et une flopée d'épilogues "à la Seigneur des anneaux" peuvent paraître bien lourds, pour un film émotionnel, même pas conclusif à une franchise.
Peut-être que c'est parce-que plus la grosse conclusion d'une Phase cherchant à marier la flamboyance avec la sobriété. Ainsi, le traditionnel générique de fin marvelien récapitulatif est remplacé par une flambée symbolique, placée entre deux scènes pleines d'une tendresse mélancolique.
Résultat : c'est toujours suffisamment une réussite. Enthousiasmante, oui.

Gods of Egypt whgich are Fallen One
09/11/2022 à 16:46

ah la pose franc maçonne dite "la resurrection d'Osiris" en pleine face, comme les pharaons, sur la photo de l'article, ..
combien de fois ils l'ont faite dans l'opus numero 1 et dans le 2, la Redaction?

çà n'a rien a voir avec un Wakanda, plutôt avec l'Egypte des Pharaon sont les franc maçons sont friands

Kinké
09/11/2022 à 14:34

Super compte rendu vidéo - bravo et merci !

Myst
09/11/2022 à 10:43

Le décès de l'acteur est bien triste, mais je trouve qu'ils mélangent trop le personnage et la personne. De mon point de vue, on a tellement pas eu le temps de s'attacher a Black Panther, que sa mort dans un film n'a d'impact que parce-que l'on sait que l'acteur l'est également.

Pseudo2
08/11/2022 à 23:38

A cause de ces trucs, ça va faire 8 ans qu'on a pas eu de nouveaux films du réalisateur exceptionnellement prometteur de fruitvale station et creed.

C'est ça qui reste le plus répréhensible avec le MCU : retenir pendant des années des putain de bons artistes sur des projets qui seraient les mêmes réalisés par Rodriguez, Shawn Levy ou Brett Ratner.

Je suis content que Coogler soit millionnaire, mais mec, refais des films s'il te plaît.

Lemillion
08/11/2022 à 23:18

Chadwick black panther boseman manquera dans une certaine mesure sont introduction dans civil war étais parfaite ensuite viens le premier opus de black panther qui a été une énorme déception, et la, suite aux décès de l'acteur ils veulent le remplacer par çà soeur qui pour moi n'a pas le charisme pour être ce personnage, mais je pense que ce choix est plus un choix féministe qu'autre chose.

Lemillion
08/11/2022 à 23:06

Perso je sait pas si il sera meilleur que le premier opus qui étais deja pas terrible mais ces sur que chadwick boseman manquera dans une certaine mesure . A mes yeux chadwick black panther boseman étais parfait dans sont introduction dans civil war alors que quand le premier opus de black panther est arrivé ca été la douche froide donc personnellement je n'attend pas du ce film.