As Bestas, Dédales, La Petite Bande... les nouveautés cinéma du 20 juillet

La Rédaction | 20 juillet 2022 - MAJ : 20/07/2022 11:30
La Rédaction | 20 juillet 2022 - MAJ : 20/07/2022 11:30

As Bestas, DédalesLa Petite Bande... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 20 juillet 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons). Avec le retour flamboyant de Rodrigo Sorogoyen, une affaire de monastère, des mini-écolos et le retour de Mike Nichols en salles.

 

As bestas : photo, Denis Ménochet, Marina FoïsLe duo gagnant

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE

As bestas

Durée : 2h17

 

 

De quoi ça parle : Antoine et Olga ont quitté la France pour s'installer dans une petite vallée de Galice, leur rêve de diriger une petite exploitation bio tout en rénovant des maisons pour redynamiser la région prend forme. Mais leurs bonnes intentions vont engendrer un conflit radical avec leurs voisins.

Pourquoi il faut le voir : Parce que chaque nouvelle création de Rodrigo Sorogoyen est une claque plus intense que la précédence. Découvert dans l'Hexagone avec Que Dios nos perdone il y a cinq ans à peine, le prodige espagnol a depuis marié la tragédie autant au film noir qu'au thriller politique. Après la mini-série Antidisturbios, où il laissait éclater la question de la violence policière aussi bien que le traitement des fonctionnaires par les institutions, il embrasse à nouveau un sujet dont l'apparente banalité lui permet de lever le voile sur les fractures du monde qui l'entoure.

Ici, un banal conflit de voisinage révèle les philosophies opposées puis irréconciliables d'individus luttant pour leurs valeurs, sans comprendre qu'elles les pousseront aux frontières de l'humanité. Sans juger ses anti-héros, mais en regardant leurs motifs, leurs démons et leurs élans avec une intelligence impressionnante, le metteur en scène emballe un récit imprévisible, orageux, débordant d'idées de mise en scène d'une rare puissance. Film de suspense, condensé d'horreur psychologique, enquête puis mélodrame bouleversant, As Bestas est une des plus puissantes propositions du cinéma européen de récente mémoire.

La note d'Écran Large : 4/5

DÉDALES

Durée : 1h58

 

 

De quoi ça parle : Une novice de 19 ans quitte en cachette son monastère pour régler une affaire urgente en ville. Le soir même, sur le chemin du retour, une agression fait basculer son destin. Marius, inspecteur de police, se charge de l’enquête.

Pourquoi il faut le voir : Parce que Dédales est un des thrillers les plus percutants de 2022. Découpé en une quarantaine de plans-séquences, le film réalisé par Bogdan George Apetri parvient à embarquer le spectateur dans une descente aux enfers en quasi-temps réel d'une tension ahurissante, sans jamais être dans la démonstration de force.

La caméra fait corps avec ses personnages, quitte à parfois déjouer quelques codes du polar, notamment en retardant l'agression pivot de son héroïne et en désamorçant le moindre mystère lié à l'enquête du policier, notamment en plaçant le spectateur comme témoin du crime. Bogdan George Apetri se désintéresse de la mécanique du genre pour mieux resserrer son attention sur la détresse de son héroïne et sur l'obsession de l'enquêteur.

En résulte un polar tendu, sensible et qui se conclut sur une bifurcation magique à la frontière du fantastique, d'une tristesse et d'une amertume bouleversante.

La note d'Écran Large : 4/5

La Petite Bande

Durée : 1h48

 

 

De quoi ça parle : Un groupe d'enfants de 12 ans décide de s'unir et élaborer un plan pour faire sauter l'usine de leur petite ville, qui pollue la rivière depuis des années, sans que personne n'agisse. Le plan était presque parfait, puisqu'ils se retrouvent vite avec le kidnapping du patron à gérer.

Pourquoi il faut le voirPierre Salvadori, c'est un petit trésor national. Depuis Les Apprentis en 1995, il a régulièrement prouvé sa capacité à créer et trouver la magie dans le quotidien, simplement grâce à des personnages décalés, et leurs rêves un peu hors-normes. Après En liberté !, probablement l'un de ses plus beaux films, il revient avec La Petite Bande, sorte de Guerre des boutons écolo, où il délaisse les adultes pour se concentrer sur une bande de mômes perdus dans leurs illusions.

Dans les meilleurs moments (c'est-à-dire au début du film), Pierre Salvadori raconte cette Petite Bande avec humour et tendresse, et surtout une petite folie étonnante. Aidé par le talent de ses jeunes acteurs (particulièrement Paul Belhoste, Colombe Schmidt et Redwan Sellam), il embarque dans une aventure rocambolesque, où tout semble possible pour ces petites gueules énervées et fragiles.

Dans les moins réussis (notamment vers la fin), le réalisateur semble piégé par son scénario, qui oblige tout ce petit monde à affronter la réalité, quitte à briser le sortilège quand vient le temps d'expliquer les motivations, et gérer ce joyeux chaos. La toute fin, où Salvadori tente de conjuguer fantasme et réalité, en est l'ultime démonstration. Dommage.

La note d'Écran Large : 2,5/5

 

Les RESSORTIEs COOLs

LE JOUR DU DAUPHIN

Sortie : 1973 - Durée : 1h45

 

 

De quoi ça parle : Alors qu’il est sur le point de trouver un moyen de communiquer avec les dauphins, un biologiste ne soupçonne pas que sa découverte puisse être détournée à d’autres fins.

Pourquoi il faut le (re)voir : Parce que c'est clairement un film OVNI ce Le Jour du dauphin, réalisé par Mike Nichols. Adaptation du livre Un animal doué de raison de Robert Merle, le long-métrage a été complètement oublié depuis sa sortie au cinéma en 1973, et pourtant, difficile de ne pas lui trouver un véritable panache. Passant du quasi-documentaire animalier dans sa première partie au thriller d'espionnage paranoïaque dans sa seconde, Le Jour du dauphin a, à la fois, quelque chose du délire nanardesque et du grand film incompris.

Parce qu'évidemment, voir George C. Scott taper la discute avec son dauphin peut paraître totalement ridicule au premier abord. Pourtant, au fil des minutes, le long-métrage dévoile sa réflexion écologique assez visionnaire sur l'impact funeste de l'homme sur la nature. Et mieux encore, la relation père-fils entre l'homme et le dauphin devient particulièrement émouvante, jusqu'à un final assez bouleversant pour quiconque se sera laissé porter par leur aventure rocambolesque.

La note d'Écran Large : 3,5/5

ce plaisir qu'on dit charnel

Sortie : 1972 - Durée : 1h38

 

 

De quoi ça parle : Les vies sentimentales de deux amis complètement opposés, Sandy et Jonathan, sur une vingtaine d'années entre quête amoureuse, confessions sexuelles et visions des femmes.

Pourquoi il faut le (re)voir : Bon, et puis, pour ceux qui n'ont pas envie de se fader ce trip d'anticipation, un autre film de Mike Nichols ressort également au cinéma : Ce plaisir qu'on dit charnelRéalisé en 1971, alors que le cinéaste peine à convaincre après les énormes succès de Qui a peur de Virginia Woolf ? et Le Lauréat, le long-métrage est une petite merveille de dialogue grâce au Sandy et Jonathan incarnés par l'excellent Art Garfunkel et surtout l'impérial Jack Nicholson.

Avec un humour extrêmement cynique, le long-métrage s'ouvre les portes d'un cinéma drôle et provocateur, notamment à cause du personnage de Jonathan. Jack Nicholson joue en effet un Don Juan machiste, méprisant les femmes à un niveau de politiquement incorrect stratosphérique (d'autant plus 50 ans plus tard), dont le film dénonce habilement l'hypocrisie (même si le récit porte un regard quasi-exclusivement masculin).

 

Ce plaisir qu'on dit charnel : Photo Jack Nicholson, Candice BergenLa première partie est la plus réussie

 

Et s'il ne montre quasiment rien de sexuel, le film est en revanche très cru dans sa manière de discuter de la sexualité, ce qui avait fait un sacré scandale à l'époque de sa sortie. Le film avait même été censuré dans l'état de Géorgie et le directeur du cinéma l'ayant diffusé condamné pour "distribution de matériel obscène", avant que la justice revienne sur cette décision. Avec seulement 1h38 au compteur, le film manque assurément de rythme, notamment dans sa deuxième partie, mais mérite le détour.

La note d'Écran Large : 3,5/5

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