Netflix passe les 10 millions d'abonnés en France et critique (encore) la chronologie des médias

La plateforme communique ses chiffres pour la première fois en deux ans, et affirme avoir dépassé le cap des 10 millions d'abonnés dans l'Hexagone.

Si la crise sanitaire a su, un temps, amplement profiter au marché, la SVoD semble depuis peu en accuser le contrecoup. Alors que les cinémas sont confrontés à une crise économique historique, les diverses plateformes de streaming en ligne se livrent quant à elles une guerre sans merci. De fait, tandis que début 2022, Netflix accusait pour la première fois en une décennie une perte d'abonnés significative (évaluée à quelque 200 000 utilisateurs à travers le monde), le service de streaming n'a guère eu d'autre choix que de commencer à envisager tout un panel de nouvelles stratégies économiques en vue d'appréhender cette période transitoire.

C'est dans cet objectif que le co-directeur de la plateforme, Ted Sarandos, a par exemple confirmé lors du Festival international de la créativité (lequel s'est déroulé à Cannes au mois de juin) l'arrivée des publicités sur Netflix. Le fameux service semblerait également moins disposé à prendre des risques, et plus enclin à changer de stratégie en termes de production : soit, restreindre les cartes blanches accordées aux auteurs et subséquemment produire moins, mais mieux. Du moins, selon eux.

Réunion de crise dans les bureaux Netflix

des abonnements pas si pires

Du reste, il y a maintenant deux ans que Netflix semblait réticent à communiquer ses chiffres français. De quoi laisser entrevoir le doute sur le futur de la plateforme dans l'Hexagone. Toutefois, lors d'un entretien accordé au Journal du dimanche, Sarandos a finalement révélé que plus de 10 millions de foyers français seraient aujourd'hui abonnés aux services du N rouge contre 6,7 millions en 2020.

Cela représente non seulement 4,5% des abonnements totaux de la plateforme (selon Sarandos, Netflix compterait à l'heure actuelle quelque 222 millions d'abonnés à travers le monde), mais également une hausse des abonnements sur le territoire hexagonal de près de 50%. Un chiffre d'autant plus impressionnant dès lors que les consommateurs dits invisibles sont pris en compte.

Ainsi, selon le co-directeur de la plateforme, "un foyer représentant cinq comptes, le nombre [d'utilisateurs, ndlr], est donc encore plus élevé". Un marché potentiel qui, selon Netflix, justifie amplement l'étude d'un système à échelle mondiale visant à facturer les partages de compte.

Planifier son prochain coup...

chronologie chérie

Au-delà de son entretien au Journal du dimanche, Ted Sarandos était également présent au sommet Choose France ce lundi 11 juillet (instauré par Emmanuel Macron et dédié à développer l'attractivité de la France auprès des grandes entreprises internationales). Interrogé sur les raisons de sa présence à l'évènement, il a souhaité mettre en exergue le statut de "grand exportateur de culture française" auquel se répond la plateforme, appuyant son propos sur les "succès planétaires" de la série Lupin, ou encore du film Sans répit, de Régis Blondeau. 

De petites réussites économiques et culturelles qui, par ailleurs, valaient bien un nouveau tacle à la chronologie des médias, le fameux mécanisme français organisant la diffusion de films selon plusieurs fenêtres à l'issue de leur exploitation en salles. Si la refonte début 2022 plaçait Netflix en grand gagnant de cette nouvelle chronologie (permettant ainsi le passage plus rapide d'un film à la SVoD en contrepartie d'un engagement à financer le cinéma français), le système est toutefois encore bien loin de faire le bonheur du N rouge.

Les films qui arrivent (très) tranquillement sur la plateforme

Ainsi, lors de son entretien au Journal du dimanche, Sarandos n'a pas hésité à en remettre une couche sur le sujet : "Je pense que le délai approprié est de quelques semaines et non de quelques mois. Il faut s'adapter aux attentes des consommateurs. La France fait figure d'exception dans le monde, mais ce modèle n'est pas soutenable".

Un argument compréhensible à l'ère de l'immédiateté permanente, et déjà mis en avant par les grandes oreilles de Disney+, la plateforme ayant, rappelons-le, décidé de tout bonnement faire l'impasse sur la sortie de son métrage, Avalonia, l'étrange voyage, dans les salles françaises. Difficile toutefois d'imaginer que ces plaintes trouvent écho dans un futur proche, la chronologie des médias étant profondément ancrée dans le paysage audiovisuel français.