Streaming, Covid, inflation... les cinémas confrontés à une crise économique historique

Axelle Vacher | 24 juin 2022 - MAJ : 24/06/2022 18:11
Axelle Vacher | 24 juin 2022 - MAJ : 24/06/2022 18:11

Selon plusieurs études, les cinémas européens sont au plus mal entre le Covid, le streaming et l'inflation. L'avenir de l'exploitation en salles est-il définitivement menacé ?

L'heure n'est décidément plus au beau fixe pour les salles obscures. Des affres pandémiques aux plateformes de SVoD qui fleurissent de ça et là sur la toile, en passant, en France, par la célèbrement décriée chronologie des médias dont les retors poussent certains studios tels que Disney, à passer outre la case "sortie au cinéma", l'exploitation européenne accuse une baisse de fréquentation monumentale.

Ce désamour du grand écran à travers l'Europe peut s'expliquer de multiples façons : en réaction aux fermetures consécutives des salles entre 2020 et 2021 (en France, les cinémas auront souffert une fermeture totale équivalente à 300 jours), les spectateurs ont dans un premier temps tout simplement perdu l'habitude de se rendre au cinéma.

Par la suite, l'inflation massive du coût de la vie à travers le globe, le tarif élevé des billets de cinéma selon les régions et les complexes d'exploitation, le port du masque obligatoire à une certaine période, et la programmation embouteillée à cause de la crise sanitaire, ont largement dissuadé les spectateurs de se rendre en salles au fil des mois. Enfin, les plateformes de streaming ont bel et bien subtilisé des spectateurs aux salles, et l'évolution des modes de consommations, couplée à l'élargissement régulier des catalogues de ces divers services, ne jouent définitivement pas en faveur des cinémas.

 

Strange World : photoDisney annonce OKLM à la France que son film de Noël ne sortira pas en salles, mais sur sa plateforme

 

Selon une étude menée par Comscore sur les chiffres de l'année 2021 (lesquels s'arrêtent au 21 décembre), les salles à travers l'Europe accusent ainsi une baisse de fréquentation historique. En résulte un bilan au box-office plus que mitigé : en France, la baisse est estimée à 55% par rapport à l'année 2019 (qui avait été une année particulièrement prospère pour les salles françaises et sert de repère depuis la crise du Covid), laquelle avait réuni quelque 213 millions de spectateurs, contre 95,5 millions en 2021. Et si ces chiffres sont alarmants, ils le sont toutefois bien moins que ceux de nos voisins européens.

Ainsi, le Royaume-Uni souffre d'une baisse de fréquentation des salles estimée à -58%, l'Allemagne, à -65%, et l'Italie, d'une estimation effarante chiffrant à -75%. De fait, et en dépit d'un faible regain d'intérêt à travers l'Europe (soit, une hausse estimée à 34,2% en 2021 par rapport à 2020, la terrible), grâce notamment aux grosses productions telles que Spider-Man : No Way home —unique métrage à avoir dépassé le cap symbolique du milliard de dollars de recette en 2021 —, les entrées demeurent indubitablement inférieures à celles de 2019.

 

Spider-Man : No Way Home : photoSpidey, héros du coin, et des salles d'exploitation

 

L'Unic (Union internationale des cinémas) évoque subséquemment une baisse de fréquentation des salles européenne estimée à -70%, soit une perte totale s'élevant (en comptant d'autres sources de revenus telles que la publicité, ou les évènements privés) à 19 milliards d'euros sur deux ans.

Le bilan est aussi ahurissant qu'une grande source d'inquiétude. En France, les professionnels ne peuvent que prévenir le danger ; le producteur Saïd Ben Saïd en appelle ainsi à la SRF (Société des réalisateurs de films) et aux états généraux du cinéma, à dépêcher une Assemblée générale le 25 juin afin d'interroger l'avenir même du secteur. De son côté, le cinéaste Pierre Salvadori (De vrais mensonges, Hors de Prix) a exprimé son désarroi sur les réseaux sociaux :

  

Top Gun : Maverick : photo, Tom CruiseTom Cruise sauvera-t-il les salles de cinéma ?

 

"L’idée même d’aller voir un film en salles disparaît. Quiconque se revendique cinéaste doit vivre cela comme un drame et doit se battre parce que la salle est la seule garantie d’une œuvre libre et singulière. […] Nous vivons un moment décisif et tragique. Nous ne pouvons pas rester en retrait."

Dominique Boutonnat, actuel président du CNC (Centre National du Cinéma et de l'image animée), avait donc beau exprimer fièrement que "le cinéma ne disparaîtrait jamais des salles" suite à la publication d'une étude conduite par l'établissement intitulé : Pourquoi les Français vont-ils moins souvent au cinéma ?, il semblerait que son optimisme ne concerne que lui.

Il ne reste désormais qu'à espérer que la multiplication des plateformes de streaming menant à une offre démesurée, l'arrivée des publicités sur Netflix suite à leur récente perte d'abonnés ou encore que les succès de blockbusters américains tels que Doctor Strange 2 ou Top Gun : Maverick qui s'apprête à franchir le milliard de dollars au box-office mondial, galvanisent un peu la fréquentation des salles à travers l'Europe. Même si malheureusement, on doute que cela suffise pour le moment.

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commentaires
Eddie Felson
26/06/2022 à 21:00

@Sébastien
On nous sert en salle comme en svod ce que demande/consomme le public! Le pire peut-être mais c’est malheureusement ce qui fait le plus souvent recette. Le coupable est le consommateur qui bouffe la même recette au kilomêtre.

Sébastien
26/06/2022 à 20:52

P'être parce que les films sont de plus en plus merdiques. je dis ça, je dis rien.

Eddie Felson
26/06/2022 à 12:58

@Ethan
« ces gens ont perdu l'habitude de sortir »
….des consommateurs sur les rails de leurs habitudes qui, lorsqu’ils les quittent, sont déprogrammés et incapables de revenir en arrière! Ça pose question! On appelle ça comment déjà?

unplug the Matrix
26/06/2022 à 08:19

les marchands de VOD sont bientot en pleine crise, leur modele est mort, Canal Plus çà a pris du temps avant que leur modele se plante, les providers se seront crache beaucoup plus vite, un exemple de taille:Netflix,qui prepare l'introducution des coupures publicitaire;;; ils perdent des tas d'abonnes et du fric depuis un certain temps, ses concurrents vont connaitre le même sort

Ozymandias
26/06/2022 à 02:44

Article intéressant et commentaires également !
Perso j'adore aller au cinéma, si je le pouvais j'irais plusieurs fois par semaine. Mais malheureusement j'ai deux petites filles en bas âge et pas de famille pour les garder à proximité. Donc de temps en temps ma femme garde mes filles et je vais au ciné avec des amis mais je vais pas lui faire tous les 2 jours ^^. Pour compenser j'ai une bonne installation à la maison, même si je préfère le ciné.
Quand elles seront plus grandes on ira tous ensemble !

Ethan
26/06/2022 à 02:05

@Eusebio
Certains cinémas vont fermer je pense, certainement des réductions de personnels bientôt à prévoir.

@Eddie Felson
Tu ne peux pas excuser macron avec ses restrictions car celles-ci n'étaient pas toujours justifié comme par exemple ne pas pouvoir acheter un livre en magasin mais pouvoir aller acheter un seau de peinture au magasin de bricolage ou pouvoir commander en ligne.

Oui le numérique c'était son projet en 2017. Et il y est parvenu. Les gens s'abrutient devant les svod us.

Sur le paiement sans contact excuse moi mais ça existait déjà avant. Ce n'est pas apparu grâce à macron.

Par contre le ticket de caisse qu'il faut soit disant demandé au vendeur avant de payer devine à qui on le doit ça !

Avec lui c'est donner son adresse mail, son numéro de téléphone. Il nous a même forcé à avoir un pass sanitaire.

Effectivement les gens qui n'acceptaient pas le pass peuvent maintenant revenir au ciné seulement ces gens ont perdu l'habitude de sortir

Terryzir
25/06/2022 à 15:28

L’offre proposée n’est plus à la hauteur des espérances.
On navigue entre du McDo pour les yeux (Marvel & co), de la sousoupe populaire (les Tuches 24) et du téléfilm nombriliste sans envergure ni enjeu (Garrel, Desplechin, Ozon).
Tout ça à 14€ la place (tarif UGC les Halles)… Venez pas pleurer.
Vous récoltez ce que vous avez semé.

Eddie Felson
25/06/2022 à 14:28

@Tuk
« « « Tu te prends pour un psy ? C'est dingue de voir encore des gens sui essayent d'expliquer aux autres ce qu'il ne sont, ou ce qu'ils disent, Et ce, sans meme les connaitre » » »
Non pour le psy
Ce qui transparaît, après des mois d’échanges voir plus avec @Ethan, c’est son refus de reprendre le chemin des salles pour des raisons sanitaires/politiques qui reviennent systématiquement dans ses motivations pour ne plus y retourner. En conséquence, il me semble en effet qu’il ne soit pas plus attaché que cela aux salles tant il se met de barrières pour l’empêcher d’en retrouver le chemin.
Un constat et une appréciation! That’s all folks dude!

Eddie Felson
25/06/2022 à 14:22

Cher @Tuk
Tu dis avoir subi de la programmation 3 D dans une salle unique qui t’en a dégoûté et n’ayant pas d’autre choix de programmation en 2 d tu t’es éloigné du cinéma en salle du fait de n’avoir pas d’autre choix de programmation sur ton île! Ok, logique. Néanmoins, le context qui était le tient n’est pas, très loin s’en faut, celui de l’immense majorité qui comme moi avait le choix systématique entre une projo 2d et 3d et c’est sur ce fait que je maintien que la 3d n’est en rien l’une des raisons pouvant expliquer l’éloignement du public des salles depuis des années!

@DJserguey
Parceque voir un film en salle c’est sortir, il y a un avant et un après, apéro, restau, discussion entre amis sur le film avec qui l’on sort. C’est une sortie et non un acte de replie sur soi, d’enfermement et de consommation individuelle dans son coin.
Tu peux voir un concert sur ton écran plat aussi mais ça n’aura rien à voir avec l’expérience vécue par ceux qui y assistaient et que tu peux voir s’éclater sur ta dalle! Sortir, ressentir, échanger, partager, discuter… des verbes en mode « mind view » autour de nos écrans larges, de nos salles.

Tuk
25/06/2022 à 14:10

@Eddie Felson
après je crois juste que, et ça se respecte, cela ne relève pas d’un vrai besoin chez toi et point barre.

Tu te prends pour un psy ? C'est dingue de voir encore des gens sui essayent d'expliquer aux autres ce qu'il ne sont, ou ce qu'ils disent, Et ce, sans meme les connaitre l

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