Netflix, Disney+... les plateformes de streaming piquent bien des spectateurs aux salles de cinéma

Mathieu Victor-Pujebet | 18 mai 2022 - MAJ : 18/05/2022 12:06
Mathieu Victor-Pujebet | 18 mai 2022 - MAJ : 18/05/2022 12:06

Une étude confirme que NetflixAmazonDisney+ et autres plateformes de SVoD empiètent bel et bien sur le public des salles de cinéma en France.

L'édition 2022 du Festival de Cannes est sur le point de débuter. Si la grande fête du cinéma est tous les ans aussi célébrée que conspuée sur la Croisette, elle reste un témoignage de l'impressionnante diversité et vivacité du septième art mondial, du grand drame d'un auteur reconnu au petit film d'horreur indépendant en passant par le gros blockbuster américain.

Un rappel annuel que le cinéma est loin d'être mort, malgré la pandémie de Covid-19, le téléchargement et les plateformes de SVoD. Mais pas mort ne veut pas dire hors de toute difficulté. La puissance des géants du streaming se fait en effet ressentir de plus en plus et effraie un certain nombre d'acteurs de l'industrie. Si certains affirmaient que les salles de cinéma et les plateformes de SVoD n'allaient pas se cannibaliser, une récente étude menée par l'IFOP aurait tendance à prouver le contraire...

 

Avatar : La voie de l'eau : photoAvatar arrive-t-il déjà trop tard pour sauver la salle de cinéma ?

 

Loin du périph, loin des salles

Il s'agit d'une étude commandée par l'Association française des cinémas d'art et essai (Afcae) qui cherchait à démontrer l'impact de la montée en puissance des Netflix, Amazon, Disney et compagnie. Sur la période du 31 mars au 5 avril, l'IFOP a alors interrogé 2 000 individus âgés de 15 ans minimum censés être représentatifs de la diversité de la population française.

Un échantillon qui a permis de relever des chiffres précieux à une époque où il n'existe pas encore d'alternative pertinente que le peu d'informations fournies par les studios pour prendre connaissance du succès ou de l'échec de leurs productions. Et les chiffres sont assez éloquents : 32% de la population française irait au moins une fois par mois au cinéma contre 39% en moyenne moins d'une fois par an. A contrario, plus de 6 Français sur 10 seraient abonnés à des offres de streaming à la demande ou à des chaînes payantes.

Un chiffre impressionnant qui a été gonflé par la crise sanitaire comme en témoignent les 32% des abonnés à une plateforme qui seraient devenus clients d'une plateforme durant la période de fermeture des salles de cinéma liée à la Covid-19.

 

Stranger Things : photo, Robert EnglundLe cinéma s'invite dans les séries, mais les spectateurs quittent les salles...

 

Crimes of the streaming

Cette hausse significative d'abonnements ne serait pas un problème en soi... si elle n'empiétait pas sur la fréquentation des salles de cinéma. Une baisse historique de l'affluence dans les salles obscures a été constatée ces derniers mois, les exploitants peinant en partie à se remettre de la pandémie de Covid-19. 41% des abonnés échantillonnés par l'IFOP disent aller moins au cinéma, voire plus du tout pour 12%, depuis qu'ils souscrivent à une offre de streaming légale.

S'il n'est question que d'une étude menée sur 2 000 individus, ces chiffres contredisent tout de même l'hypothèse d'une cohabitation naturelle entre les plateformes de SVoD et les salles de cinéma. Pour nuancer ce constat, rappelons que 2/3 de ceux que l'étude appelle les "habitués du cinéma" (les curieux qui s'aventurent au moins une fois par mois dans les salles obscures) possèdent au moins un abonnement à une plateforme de streaming.

 

Loin du Périph : photo, Laurent Lafitte, Omar SyQuand les salles foncent dans le mur ?

 

Everything Everywhere on Netflix

Une victoire semble tout de même en train d'être remportée par la SVoD avec du contenu sériel ou filmique consulté au minimum une fois par semaine par 2/3 des abonnés. Sans surprise, une plateforme sort du lot avec 45% de l'échantillon qui sont abonnés à Netflix, suivi par les 28% d'Amazon, les 19% de Disney+ et les 14% de MyCanal.

Et lorsque l'on jette un oeil à ce que regardent les spectateurs de ces offres de streaming, on constate que le format sériel est privilégié avec 13 séries qui font partie des 20 productions les plus regardées de ces plateformes - Netflix arrivant en tête en remplissant le podium. 52% des abonnés interrogés regardent principalement des séries contre 18% des films. Un témoignage des nouvelles habitudes des consommateurs qui s'éloignent de plus en plus de celles proposées par les salles.

 

Photo Michelle YeohDes petits sauveurs du grand écran ?

 

Reste à voir comment ces chiffres vont évoluer à l'avenir, le succès de certains gros films comme Spider-Man : No Way Home et The Batman, mais aussi de plus petits comme Everything Everywhere All at Once, donnant de l'espoir sur l'avenir des salles de cinéma comme lieu d'événementialisation de la sortie d'un film, plus que n'importe quelle plateforme de streaming.

Tout savoir sur Netflix

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Ethan
20/05/2022 à 00:12

@GTB
Évidemment mais tout est une question de dosage ! Et là ils sont allés trop loin.
Heureusement tout ça est derrière nous maintenant

GTB
19/05/2022 à 14:41

@Ethan> Je ne parlais pas de ce qui a été décidé spécifiquement pour les salles (ce qui n'a pas toujours été très malin), mais des mesures au global.

Pour ce qui est des "libertés individuelles", je me permets de rappeler que les cadrer est le principe même de la vie en société. Bien avant cette pandémie, les journées étaient déjà régies par une limitation des libertés individuelles. Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez, comme voulez, quand vous voulez. Plus que des limitations même, tout citoyen a un tas d'obligations à remplir constamment.
Donc la question ne concerne en aucun cas les libertés individuelles, puisque ça fait belle-lurette qu'on consent à en céder un sacré paquet pour le bien commun; mais plus de savoir si pendant cette période c'était justifiable pour le gain général que cela apportait. C'est un autre débat :).

Ethan
19/05/2022 à 13:19

@GTB
Ça reste à voir, les cinés ont été carrément fermés et sur les restrictions moins radicales elles ne tiennent pas compte de tout les créneaux horaires d'une semaine. Considérer que les séances du samedi soir sont les mêmes en affluence que celle du lundi ou jeudi c'était juste gêner ceux qui n'avaient pas envie de se faire vacciner.

Les décisions n'étaient pas mesurées et on a atteint aux libertés individuelles. Donc dire que sans cela le nombre de cas auraient augmenté c'est faux.

Si le virus a continué a muter, c'est qu'on a relâché les gestes barrières. C'est un fait.

Sur le virus oui il faut faire attention

GTB
19/05/2022 à 11:58

@mega scriptée Pandemie du millenaire> Cela vous amuse-t-il de balancer des âneries pareilles? Que vous soyez en désaccord avec la politique menée est une chose, que vous fassiez de la désinformation scientifique en est une toute autre.
Pour rappel, la grippe c'est entre 250.000 et 650.000 morts mondiales/an depuis plus de 10ans. La pandémie covid c'est actuellement proche de 6.5 millions de morts mondiales. 523 millions de contamination. Un taux de létalité autour de 1.20. Et cela AVEC les mesures exceptionnelles sanitaires prises mondialement. On serait bien au dessus sans cela.
Et surtout il est parfaitement idiot de ne prendre en compte que les morts. A côté de cela, une contamination Sars-cov2 laisse dans un nombre notable de cas des séquelles de santé sur plusieurs semaines/mois gênantes voire handicapantes.
Et tout ce que je dis là est aisément vérifiable dans les publications de la communauté scientifique (accessible à tous, quand on se donne la peine d'aller la lire). Jusqu'à maintenant, tous ceux qui souhaite faire croire que Sars-cov2, est en fait un virus parfaitement inoffensif, se gardent toujours de citer des sources, scientifique, fiable et sérieuse.

J'entends bien qu'on désapprouve certaines décisions politiques. Bien sûr. Mais sur l'aspect santé et scientifique, un peu de respect envers les contaminés me semble être de mise.

mega scriptée Pandemie du millenaire
19/05/2022 à 11:27

les cinoches ont acceptes:
les fermetures sans broncher,
les pass et qr sans broncher
les masques et les 2 metres sans broncher,
tout çà au frais contribuable,
Et pour une pandemie moins mortelle qu'une grippe....
la seule pandemie ou au niveau occidental on ne note pas un recul de l'âge moyen des deces HUm HUm.....

Rayan
19/05/2022 à 03:35

Mokuren

"Quand on nous déverse des Marvel à la pelle pendant toute l'année"

4 films sur 100 000...

Mais quand est ce que vous allez arrêter de faire les clowns ???

Ethan
19/05/2022 à 01:16

Oui et elles ont été favorisées lors de la crise il faut le rappeler. Je pense que ça regarde la conscience de chacun moi perso je préfère aller au cinéma. Les SVOD ne m'intéressent pas car si on consomme dans ce sens ce n'est plus le cinéma qu'on aime et d'une certaine manière il se meurt. Un complexe cinématographique un cinéma ça ne vaut pas le petit écran. Laissons plutôt le petit écran pour rediffusions, vos, dvd.

Top Gun 2 va faire revenir les gens profitons de cet occasion pour s'éloigner des svod

Mokuren
18/05/2022 à 20:36

Merci pour cet article intéressant et sourcé.
De mon point de vue, il y a un autre sujet : celui de la baisse de qualité et du manque de diversité de l'offre en salles.
Quand on nous déverse des Marvel à la pelle pendant toute l'année, on se lasse et on va voir ailleurs. Je peux comprendre qu'on aime ce genre de films, mais pas que ces films monopolisent 3 à 4 salles en permanence dans chaque multiplexe. C'est du matraquage, d'autant que ces films très chers se contentent de recycler les mêmes formules à l'infini. Quand il y a une nouveauté, c'est à la marge et le reste reproduit un canevas qu'on connaît par cœur.
Toujours concernant Hollywood, la quasi inexistence des créations originales en dit long. Je me souviens qu'il y a dix ans, j'avais lu que moins de 5% des films hollywoodiens n'étaient ni des remakes ni des adaptations. Je me demande ce qu'il en est aujourd'hui, mais je pense que c'est pire...
Quant au cinéma français, je passe sans doute à coté de bons films, mais le problème est que ces derniers ne sont tout simplement pas attirants. L'absence d'ambition artistique est telle qu'on se dit toujours qu'on en profitera aussi bien à la télévision, quand ils sortiront sur une plateforme.
A côté de cela, quand on navigue sur Netflix et consort, on découvre tout un tas de films et de séries en tous genres, avec des niveau budgets différents. Il y a de grosses daubes (j'ai vu Choose or Die, lol), mais il y a aussi des petites surprises inattendues (je viens de finir Poupée Russe S1 et je me suis bien amusée). Il y a aussi des séries étrangères, notamment coréennes, espagnoles, allemandes, etc. Les séries coréennes, par exemple, racontent des histoires très créatives, en plus d'être débarrassées du côté idéologique à l'occidentale.
En bref, les plateformes élargissent nos horizons.
Alors oui, je fais partie de ces personnes qui vont beaucoup moins au cinéma depuis qu'il y a les plateformes. Et je continuerai tant que le cinéma ne se remettra pas en question.

the badman
18/05/2022 à 19:50

A chaque débat de ce genre, jamais on aborde la qualité de ce qui est proposé.

Le cinéma à perdu des spectateurs, à cause de plusieurs facteurs, l'un d'eux c'est la qualité des produit. En dehors du box office, quel film à mis une claque aux gens. A créé un gros bouche à oreille après sa sortie? J'en vois aucun.

Je suis près à allez au ciné, a payé 10 balles, mais rien en me tente souvent. Sans compter les fin stratège des studios, qui sans que le film finisse sa vie au ciné, le propose en vod.

Eddie Felson
18/05/2022 à 18:32

@DL
Je sais ! :)
Et en plus, le public, sauf à de très rares exceptions, ne dégaîne pas son portable pdt les séances et respecte ses voisins… ça doit être spécifique à la Région tant ce ressenti semble ici à contre courant de ce que j’ai souvent pu lire ici. Pourvu que ça dure!!!

Plus