Cinéma vs Covid : et si Netflix était la solution à l'embouteillage de films dans les salles françaises ?

La Rédaction | 31 mars 2021
La Rédaction | 31 mars 2021

À cause de la pandémie mondiale, les distributeurs français craignent que leurs films se noient dans la masse. Et si le streaming et Netflix étaient en partie la solution ?

Depuis la seconde fermeture des salles de cinéma en France le 30 octobre 2020, de nombreux films, comme Adieu les cons d’Albert Dupontel ou ADN de Maïwenn, ont vu leur vie être brusquement stoppée. Dans l’attente d’une potentielle ressortie (ou d’un autre canal de distribution), ceux-ci se sont insérés dans une longue file d’attente : celle des productions qui n’en finissent plus de s’entasser à cause de la crise sanitaire.

Selon une enquête du Monde, entre 400 et 420 longs-métrages (français comme étrangers) attendraient patiemment sur les étagères des distributeurs. C’est d’ailleurs pour cette raison qu'Hélène Herschel, déléguée générale de la Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF) a évoqué la crainte d’un “bouchon”.

 

photo, Albert DupontelÀ la recherche des salles perdues

 

Il faut dire que durant l’été 2020, le cinéma français a pu tirer son épingle du jeu en proposant une offre culturelle finalement peu parasitée par les blockbusters américains. Dès lors, les multiples reports pourraient laisser envisager un raz-de-marée de mastodontes, qui en viendrait logiquement à truster la majorité des écrans dans l’Hexagone. Après tout, Disney a bien repoussé l’attendu Black Widow au 9 juillet, tandis que Warner, entre autres, a imposé de nouvelles dates sur des poids lourds comme Godzilla vs. Kong. À ce sujet, Étienne Ollagnier, co-fondateur de Jour2Fête et co-président du Syndicat des distributeurs indépendants (SDI) a déclaré :

“Si Disney récupère 1 000 écrans par semaine et les autres studios 400 à 500 chacun, il restera des miettes pour les cinquante autres films, c’est inextricable”.

 

photoL'embouteillage des sorties, illustration

 

Il est d’ailleurs bon de préciser que même si les exploitants se décidaient à jouer le jeu, Le Monde a annoncé que la reprise des salles obscures se ferait sans doute en trois étapes : une jauge à 35% de places occupées au mois de mai pendant quatre semaines, puis 50% pendant le mois suivant, avant un retour à la normale souhaité pour le mois de juillet. Autant dire que les films qui auront la lourde tâche d’être en première ligne pourraient voir leurs recettes être sévèrement amoindries.

Cependant, l’article a également précisé que dans de telles situations, les gérants de salles ont choisi de ne pas renouveler un accord signé en 2016, pensé pour les contraindre à diversifier leur offre et ainsi soutenir au moins deux semaines les films les plus fragiles contre des aides. Les œuvres auteuristes, dans lesquelles les distributeurs ont souvent investi une partie du budget, pourraient ainsi se retrouver en danger, surtout si leur nombre conséquent impose des sorties précipitées et cannibalisées par la concurrence. À juste titre, le directeur général de Memento Films Distribution, Alexandre Mallet-Guy, a délivré au Monde un discours inquiet :

“La rotation des films risque d’être accrue, leur visibilité sera moindre. Tous les films vont souffrir.”

 

photo, Marine Vacth, MaïwennReverra-t-on ADN sur grand écran ?

 

Mais dans ce cas, quelles solutions dégager pour éviter un trop gros engorgement des sorties ? Sur ce point, la France a bien pris conscience de l’impact du streaming, bien que les multinationales concernées (comme Netflix) n’aient pas accès aux aides au financement mises en place dans le pays. En toute logique, les fonds du CNC obtenus par la TSA (la Taxe Spéciale Additionnelle, qui représente 10,72 % du prix d’un ticket de cinéma) ne peuvent pas être confiés à des œuvres qui ne vont pas à leur tour sortir sur grand écran, ou alors, il en vient à ces productions de rembourser ces aides publiques.

Néanmoins, pour inciter les distributeurs à lâcher du lest, le CNC va proposer début avril une dérogation permettant aux distributeurs de vendre certains de leurs films directement en vidéo à la demande, à une plateforme de SVoD ou à une chaîne de télévision, sans avoir à rembourser le crédit d’impôt ou tout autre soutien économique de l’organisme. Comme l’a expliqué Le Monde : “si les aides publiques s’apparentent à un don, cela devrait faciliter les cessions.”

 

photo, Garance MarillierMadame Claude, dernier film français en date à débarquer sur Netflix au lieu des salles

 

De quoi provoquer potentiellement un raz de marée de ventes de la part des distributeurs vers les plateformes de streaming pour éviter l'embouteillage qui attend les salles, et particulièrement dangereux pour les petites productions et films indépendants. Depuis le premier confinement, les services de streaming ont récupéré quelques longs-métrages français (ou co-produits avec la France), comme Pinocchio de Matteo Garrone ou Forte de Katia Lewkowicz. Dès ce 2 avril, Madame Claude initialement prévu pour le cinéma terminera d'ailleurs sa course sur Netflix.

Reste à voir maintenant combien d'autres le rejoindront et si cette démarche se popularisera vraiment dans les mois à venir, en attendant la réouverture, on l’espère prochaine, de nos chères salles obscures.

Tout savoir sur Centre National de la Cinématographie (CNC)

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commentaires
Ethan
03/04/2021 à 22:18

@GTB
Et pour éclairer ta lanterne le cinéma est un art et aussi un lieu
- Salle de spectacle où l'on assiste à des projections cinématographiques (larousse

Piqûre de rappel ça fait toujours du bien :)

Si les chaînes de télé ont usé de ce terme c'est tout simplement un argument marketing pour annoncer qu'elle diffuse un film tel jour !

Ethan
03/04/2021 à 21:50

@GTB
Et je rajouterai également que la gestion de cette crise est juste catastrophique en France. Laisser croire que les cinés sont des foyers épidemiques c'est stupide et injuste.

Il y a peut-être des salles qui n'ont pas un système d'aération fiable. Mais est-ce la majorité des cinés ?

Surtout quand on sait que les cinés de nos jours sont surtout des multicomplexes et que le problème de la fiabilité du renouvellement de l'air se pose surtout dans les petits cinémas

Toi ok tu as une bonne situation : un taf, un foyer, un abonnement et tu pourras te mater tranquillement top gun 2 cette année.

Mais toi 5 minutes à la place de ceux qui sont dans la m*rde et qui ne pourront pas le voir

Liberté, égalité, fraternité : ces valeurs t'en fais quoi ?

Tu peux pas faire comme si de déprogrammer des films au profit du streaming c'est normal

GTB
01/04/2021 à 21:20

@Ethan> Les restaurants sont fermés => fermons tous les magasins alimentaires, interdisons la livraison pour ceux qui peuvent proposer cela, et que tout le monde arrête de faire à manger chez soi?
Je vous assure que je cherche à comprendre la cohérence de votre logique, avec difficulté.

Et êtes-vous conscient que le Cinéma ne se résume pas aux exploitants de salles? Que laisser dormir les films en attendant la réouverture des salles c'est un gouffre financier très problématique, potentiellement fatal quand on n'a pas la trésorerie de Disney? Que la VOD/SVOD permet de maintenir en vie l'industrie, et à une partie des métiers qui y sont lié d’exercer et d'être rémunéré?

Ethan
01/04/2021 à 18:20

Alors je comprends pas
Tu peux pas faire comme si il n'y avait pas de problèmes.
Top Gun 2 qui sort en juillet et qu'on est pas sûr de le voir au ciné c'est quand même triste

Je suis désolé mais un moment donné il faut être solidaire. Il fallait pas laisser aller l'industrie du streaming pendant la crise.

Ça veut dire quoi au fond tout ça, on laisse vivre tranquillement des gens pendant que d'autres sont dans la m.rde, et non plus les moyens

Tu trouves ça normal ?

GTB
01/04/2021 à 11:19

@Ethan> Si si j'ai lu.

Hollyweird is terminated
01/04/2021 à 09:14

c'est une excellente chose que Hollywood se crashe, car ils ne proposent plus rien d'artistique, ou si peu,
que de la daube industrielle pre-mâchée a base de dcu mcu , marvel reboot ou spinoff ou des films diversifies et propangandiste aves quota,
a un niveau Français, un nouveau Tavernier pourrait pas faire carriere dans ces condition là, quand ben même il fut un cineaste gauchiste assez militant et doué
vous n'avez plus que des cineates pre formatés validés par le systeme

Ethan
01/04/2021 à 07:38

@GTB
Alors c'est que t'as pas lu mon commentaire

Reallu
01/04/2021 à 02:10

Netflix the best

Marc
01/04/2021 à 00:53

Nous prenons acte une date enfin pour l'ouverture de la culture en mi Mai ! si en Mai toujours pas ouverture des lieux de culture se sera une déclaration claire et net de ce gouvernement de vouloir laisser périr plus de 5000 salle de Cinéma.

MARC
01/04/2021 à 00:13

VIVE LE CINÉMA EN MAI !

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