Netflix change de stratégie pour ses films après sa perte historique d'abonnés

Déborah Lechner | 2 juin 2022 - MAJ : 02/06/2022 09:43
Déborah Lechner | 2 juin 2022 - MAJ : 02/06/2022 09:43

En réponse à sa perte historique d'abonnés, Netflix aurait décidé de se calmer sur les films d'auteur à gros budgets comme The Irishman au profit de productions plus prudentes (comprenez rentables). 

Si Netflix - toujours surnommé le géant du streaming - donne l'impression d'une ascension constante après avoir transformé l'industrie cinématographique, surtout après le confinement qui a boosté le nombre d'abonnements, tous les signaux ne vont pas verts pour la plateforme. Les résultats du premier trimestre de l'année 2022 ont eu l'effet d'une douche froide avec une perte historique d'abonnés pour Netflix (près de 200 000 utilisateurs de moins dans le monde).

La concurrence accrue de Disney+ et les retombées de la crise sanitaire ont mis un coup de frein à l'expansion du service de streaming, qui réfléchit donc à de nouvelles stratégies économiques : réduction des effectifs en interne, facturation des partages de compte et publicité à l'étude, ainsi qu'une nouvelle branche du côté des jeux vidéo. 

 

  

The Hollywood Reporter a sorti un rapport tiré de plusieurs entretiens avec des sources internes, dont certains cadres et producteurs de Netflix. D'après l'article, la division des films indépendants originaux, qui produisait des longs-métrages d'un budget inférieur ou égal à 30 millions de dollars comme Mank, a également vu ses effectifs être réduits. Une source a cependant affirmé que "les petits films ne vont pas disparaître" pour autant.

En revanche, une autre source a expliqué que "cette tendance à tout faire pour attirer les talents et à leur donner carte blanche est en train de disparaître", à l'instar notamment d'un film à Oscars comme The Irishman de Martin Scorsese qui a bénéficié d'un budget estimé à près de 160 millions de dollars, ou dans une moindre mesure le Okja de Bong Joon-ho à 50 millions de dollars. 

 

The Irishman : WallpaperDans la ligne de mire de Netflix

 

Toujours selon le rapport de THR, Netflix viserait ainsi des projets moins nombreux et plus prudents, sans forcément renier les gros projets rivalisant avec les blockbusters hollywoodiens comme 6 UndergroundRed Notice, Adam à travers le temps ou prochainement The Gray Man (compris entre 115 et 200 millions). Sans oublier la suite de Red Notice et celles d'À couteaux tirés pour lesquelles la plateforme a déposé plus de 450 millions de dollars sur la table des négociations. 

L'article cite cependant un exemple plus concret : "Au lieu de faire deux films à 10 millions de dollars chacun, la société en fera plutôt un seul pour 20 millions de dollars". Le diffuseur ne refusera pas non plus de nouvelles acquisitions, comme en témoigne le récent accord de plus de 50 millions de dollars pour le thriller Pain Hustlers porté par Emily Blunt.

En revanche, aucune directive claire et officielle n'a encore été donnée aux cadres et producteurs de Netflix, même si "des conversations auront lieu avec les producteurs et les réalisateurs dans les semaines à venir au sujet de l'importance et des genres [des films]". D'ici là, The Gray Man, le prochain étalage de billets de Netflix avec Chris Evans et Ryan Gosling, débarquera dès le 22 juillet prochain. 

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commentaires
Laurent SFN
03/06/2022 à 14:28

@GTB. et on est devenu me semble-t-il, bien exigeant sur la quantité et la qualité des plats pour 18€.

Là je ne suis pas d'accord. Déjà Netflix est actuellement le service le plus cher,de même, ce tarif de 18 euros n'est pas là pour justifier le catalogue,mais simplement pour avoir de la 4k et du multi écran, ce qui aujourd'hui peut paraître dépassé...et ce n'est pas parce que c'est pas cher que ça doit être mauvais.

Et on ne s'abonne pas sur Netflix juste pour un programme.Quelqu'un intéressé uniquement par Mr Robot préférera peut être posséder la série en blue Ray...

Je vois plutôt Netflix comme un vidéoclub géant. Pour un forfait raisonnable (comparé aux 2-3 euros par film à l'unité à l'époque des videoclubs), tu as accès à un choix quasi illimité de programmes.

Yesman
03/06/2022 à 14:01

"Donc oui, 450 millions c'est beaucoup d'argent...mais ça comprends plus de chose que simplement le budget des 2 suites."

Effectivement, cela n'empêche que la nouvelle politique à Hollywood est de dépenser moins pour gagner plus et que ce genre d'Overall Deals vont arrêter d'atteindre des sommes de plus en plus folles et être revus à la baisse

Le concours de teub pour savoir qui dépensera le plus est terminé, le but du jeu maintenant va être de savoir qui dépense le moins en ayant des marges bénéficiaires de plus en plus grandes, d'où la maximisation des IP déjà en place que l'on peut nommer la Disneyification du business de l'entertainment

D'ailleurs le nouveau patron de Warner Bros Discovery est en train de réorganiser le groupe comme Bob Iger avait réorganisé le groupe Disney, c'est à dire de façon vertical où chaque unités va être organisées et dirigées par silos (exemple : WB pictures/New Line d'un côté, DC Films d'un autre, et WB Animation d'un autre aussi, chaque unité sera indépendante de l'autre et devra faire ses preuves avec des budgets revus à la baisse)

GTB
03/06/2022 à 13:27

@Bayhem> Je comprends tout à fait que le catalogue Netflix dans son ensemble peut avoir un attrait moindre pour un cinéphile qui a déjà vu beaucoup de choses, et/ou qui est abonné à pas mal de services. Bien sûr, ça me semble très cohérent. Mais dans ce cas, on est bien sur une appréciation subjective. L'énorme majorité des gens n'ont pas entendu parlé, pas voulu dépenser une place de ciné ou tout simplement pas eut accès du tout à des films comme Florida Project ou Victoria. Leur disponibilité dans un catalogue SVOD, offrant la possibilité de les lancer pour jeter un coup d’œil, reste un ajout de valeur et d'opportunité. Et la plupart des gens ne seront pas abonnés à plusieurs services. Le catalogue Netflix offre une variété assez inédite, en terme de cinéma/séries du monde, de l'animation (US/Asia/européenne), des docus. Là où un service comme Disney+ ne propose que leurs propres productions. Amazon et Apple sont également un peu moins variés dans leurs propositions.
Subjectivement, l'attrait de ce catalogue peut varier d'un profil spectateur à l'autre. J'en conviens tout à fait. Mais il est une chose de dire que personnellement l'attrait n'est pas si dingue, il en est une autre de prétendre qu'objectivement le catalogue est merdique. Ça n'est simplement pas vrai. Il y a vraiment une grande quantité de choses intéressantes dans le catalogue, parmi tout un tas de médiocrité ça aussi j'en conviens parfaitement. Et si ça râle beaucoup sur les tarifs, on oublie également facilement d'où on part. Oui, 18€/mois c'est une somme. Mais quand Netflix rajoute (parmi 40 autres contenus) l'intégrale de Mr Robot, on a tendance à oublier que pour les voir en BR ou en VOD, il y en a pour plus de 50€. En quelques années d'existence de SVOD, on a un peu oublié le principe de départ (on ne possède pas, mais pour une somme acceptable on peut piocher dans un catalogue), et on est devenu me semble-t-il, bien exigeant sur la quantité et la qualité des plats pour 18€.

Après, il y a aussi l'appréciation personnelle des propositions. Moi je trouve Stowaway injustement méprisé. C'est pas un grand film (j'ai préféré son Arctic), mais il est bien plus réussi que ce qu'on en dit. En échangeant avec d'autres, je me suis rendu compte que beaucoup se plaignant d'incohérences n'ont en fait pas été attentifs pendant leur visionnage, sur un film qui ne prend pas le spectateur pour un abruti, et que ce qu'ils percevaient comme comme incohérences n'en sont pas. Bien sûr il y a le postulat de départ à accepter (ce passager qui se retrouve là sans l'avoir voulu), mais des tas d’œuvres demandent cet accord de postulat de départ. Kotaro en Solo demande au spectateur d'accepter le postulat d'un gamin de 4ans qui vit seul. Postulat improbable qui n'en fait pas un mauvais anime pour autant; il en a justement besoin pour raconter ce qu'il souhaite raconter.

Sinon pour ceux qui débattent sur la somme débourser par Netflix pour Knives Out 2 et 3, il est important de comprendre que cette somme concerne un pack : ils ont acheté la licence (acheter juste un film et acheter une licence, c'est pas le même tarif) avec donc en plus des 2 suites la possibilité d'en faire d'autre choses (série, des spin off, ce qu'on veut). Ils ont donc payer la licence aux ayant-droits : T-Street, fondé par Rian Johnson et Ram Bergman. Les 200 millions touché par T-Street leur permettra également de financer d'autres films de leur côté. Dans les 450 millions il y a donc l'achat de la licence, les budgets des 2 films, ainsi que la disponibilité contractuelle de Daniel Craig. Et demander à un acteur de rester disponible, ça se paie également plus qu'un simple salaire. D'autant que pour un film salles, le salaire direct à débourser pour être minoré et compensé par des interessements (pourcentages sur les recettes du film, parfois nettement supérieur au salaire en cas de gros succès)...ce qui n'est évidemment pas possible en SVOD. Le salaire est donc ajusté en conséquence.
Donc oui, 450 millions c'est beaucoup d'argent...mais ça comprends plus de chose que simplement le budget des 2 suites.

Yesman
03/06/2022 à 12:23

"Et sur ces 450 millions, Rian Johnson, son producteur et Daniel Craig vont chacun toucher 100 millions (ils ont un accord en ce sens, comme le premier film a pu se monter et trouver des financements, des distributeurs, le reste de la distribution, etc. à partir du moment où Craig a été intéressé par le rôle). Ce qui laisse 75 millions pour le reste du budget de chaque épisode.
Là encore, ça peut sembler un investissement stupide (dépenser 450 millions pour deux films à 75), mais la sortie du 2 va être un événement qui peut convaincre des gens de s'abonner et qui va améliorer l'image de marque de tout Netflix."

Voilà, vous avez en quelques phrases le pourquoi du comment Netflix prend cette décision.

Les studios vont faire de même, en commençant par Warner, la chasse aux grands noms et projets avec des overall deals pharaonique est terminée (le comble étant que c'est Netflix qui avait ammorcé cette montée en flèche des montants proposés pour avoir l'exclusivité sur certains projets)

Comme dit plus bas, les actionnaires ont besoin d'être rassurés et ce qu'ils veulent c'est que le concours de teub entre les studios et plateformes de streaming pour savoir qui dépensera le plus pour attirer tel ou tel réalisateur/producteur/acteur s'arrête et que les montants arrêtent de grimper

Simplification de ce qu'il se passe actuellement à Hollywood via Wall Street : dépenser moins pour gagner plus ! Y'a rien à ajouter, tout est dit

Dwigt
03/06/2022 à 11:09

@Bitdaybreak

Oui, ça inclut la perte de ces deux millions d'abonnés russes. Sans cela, le nombre total aurait progressé.
Dans la pratique, la presse généraliste a parlé d'une perte sèche sans chercher à comprendre ce que ça recouvrait. Mais les investisseurs et la presse spécialisée connaissent le détail de ce chiffre, et ont fait la part des choses. Et la situation reste décevante, d'où la baisse du cours en bourse : les perspectives en matière de nouveaux abonnés sont moins bonnes que prévues, la concurrence continue à se renforcer, et c'est ça qui est "sanctionné".

@Jere

Les deux suites d'À couteaux tirés ont fait l'objet d'une vente aux enchères avec Amazon et Apple, d'où les 450 millions. Ça peut paraître une somme astronomique, mais ça reste ce que l'on pouvait imaginer comme recettes pour la production si les films avaient pu sortir au cinéma (À couteaux tirés a fait 310 millions de dollars au box office ciné pour un budget de départ de 40 millions, le bouche à oreille est resté très positif, et on pouvait espérer deux nouvelles histoires du même niveau).

Et sur ces 450 millions, Rian Johnson, son producteur et Daniel Craig vont chacun toucher 100 millions (ils ont un accord en ce sens, comme le premier film a pu se monter et trouver des financements, des distributeurs, le reste de la distribution, etc. à partir du moment où Craig a été intéressé par le rôle). Ce qui laisse 75 millions pour le reste du budget de chaque épisode.
Là encore, ça peut sembler un investissement stupide (dépenser 450 millions pour deux films à 75), mais la sortie du 2 va être un événement qui peut convaincre des gens de s'abonner et qui va améliorer l'image de marque de tout Netflix.

Parce que, bon, franchement, j'ai enfin pu voir hier soir un extrait de Red Notice (la scène de la corrida), et c'est totalement abyssal au niveau des trucages (les incrustations sur fond vert sont ignobles), les dialogues sont du pouet pouet (il aurait fallu au moins une ou deux réécritures), on a l'impression que Reynolds et Johnson ne se sont jamais parlé directement et pourtant, ça coûte 200 ou 250 millions, ce truc… Ça peut tenter des abonnés en mal d'idées un soir, mais franchement, personne ne va rejoindre Netflix pour ce qui ressemble plutôt à un mockbuster. Et pourtant, ils ont commandé une suite. Là, oui, ça laisse pantois. En comparaison, ils en auront pour leur argent avec les deux suites d'À couteaux tirés, avec pas mal d'acteurs sympas au générique, une histoire qui supportera d'être revue, des critiques plus favorables, etc.

Bayhem
03/06/2022 à 10:52

@Kynapse @MystèreK

Je connais le principe de cette chute significative dont vous parlez tous deux, mais vous ne m’enlèverez pas que cette façon de penser, tournée tout entière autour du "Kapital", (oui, oui, celui avec un K) et donc financière et sans la moindre raison (celle qui s'oppose à l"émotion), est folle.
Mais oui, je vous concède sans souci que la symbolique d'une perte d'abonnés, aussi ridicule soit-elle, quand on attendait une hausse, est forte.

@GTB
Mais persiste, l'ami, persiste, et n'en sois pas désolé, nous débattons.
Étant donné que je possède tous les services ou presque proposant du cinéma, je juge Netflix ben et bien sur son catalogue original (et sur ses acquisitions seulement visibles chez eux sous nos latitudes), pas sur les toutes les autres choses qu'il propose et que je peux donc trouver ailleurs, voire dans ma vidéothèque personnelle. Et en termes de cinéma, puisque bien que client de série, le cinéma est mon art préféré.

Dans ce cas-ci, il me semble logique que puisque tu étayes avec de nombreux exemples, je fasse de même...
Évidemment, il est aussi question de goûts mais si Netflix a ses perles (The Irishman, Don't Look Up, Roma, Outlaw King et d'autres) il a aussi un lot impressionnant, en termes de cinéma, pas mal de non-cinéma justement.
Red Notice, L'Outsider, I Care A lot, Le Passager n'°4, Sand Castle, Aucun Homme ni DIeu, Spenser Confidential, la Terre et le Sang; Balle Perdue, The Cloverfield Paradox, The Old Guard, Bushwick, Anon, Minuit dans l'Univers, Project Power, La Femme à la Fenêtre, un Papa Hors-Pair, Love & Monsters sont des propositions qui oscillent entre le moyen et le mauvais, ce ne sont que quelques exemples.

En outre, là où je te rejoins, c'est qu'en effet, le catalogue est si mal géré et dégueule tellement de "contenu" toutes les semaines qu'il est aisé de rater le bon.
Mais comme tu le vois, avec un angle peut-être un peu différent qui me semble se tient, on peut aisément trouver le contenu qualitativement famélique.

Bitdaybreak
03/06/2022 à 10:21

La perte de 200 000 utilisateurs, ça prends en compte la fermeture de Netflix en Russie ?

Sebb52
03/06/2022 à 08:33

Comme Eddie Felson je passe plus de temps à chercher quelque chose à regarder que regarder directement un film ou une série.
En un an j ai du regarder entièrement une série et un film..
Il y a trop de médiocrité.
Le comble je passe plus de temps sur les séries arte que Netflix...
Désabonnement en vu.

Niconico
02/06/2022 à 22:36

"Calmer", pardon, mon pouce de 12 centimètres a rippé sur la touche de 3 mm

Niconico
02/06/2022 à 22:34

La vache ils se gavent les mecs quand même. 160 millions pour Irishman !
450 millions pour deux films... Mais ils bouffent tous au "12 étoiles" tous les jours !
Tu m'étonnes qu'ils perdent du fric MDR et qu'on me dise pas c'est normal, j'ai fais de la régie sur des petits telefilms français et malgré les maigres budgets tous le.monde le vivaient bien. Logés, nourrit correctement payé c'était cool mais là c'est une autre planète ! Et ce n'est pas que des films ultra spectaculaires hein, il y a des drames ou ça parle pendant 2 heures dans des restaurant et sa banque 200 millions le film wow !
Sacré vies les mecs ! Tu m'étonnes qu'ils veulent calmet le jeu lol

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