La Ruse, Babysitter, Sentinelle sud ... les nouveautés cinéma du 27 avril

La Rédaction | 27 avril 2022
La Rédaction | 27 avril 2022

La Ruse, Babysitter, Sentinelle Sud... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 27 avril 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons).

Avec Colin Firth dans un film d'espionnage (mais pas Kingsman), le traumatisme de la guerre d'Afghanistan, des souvenirs laissés par les nazis, une comédie qui boit les larmes des misogynes et les déboires de la ville de Houston.

 

La Ruse : photo, Colin FirthAussi classe qu'en Kingsman

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE

La RUSE

Durée : 2h07

 

 

De quoi ça parle : En 1943, les Alliés espèrent débarquer en Sicile, mais veulent éviter un massacre quasi-assuré. Deux officiers du renseignement britannique se mettent alors en tête d'inventer le plus beau mensonge qui soit pour tromper l'ennemi.

Pourquoi il faut le voir : À première vue, un nouveau film de John Madden, le réalisateur de Shakespeare In Love, peut faire peur. Très vite, on comprend d'ailleurs que La Ruse va souffrir d'une mise en scène hautement académique, typique du cinéma d'époque anglais toujours prêt à glorifier ses héros de guerre. Néanmoins, l'histoire vraie assez improbable derrière ce récit d'espionnage permet de créer une narration plus insidieuse.

Car en se lançant dans l'un des épisodes les plus fameux du contre-espionnage, le film s'offre un sous-texte malin sur le pouvoir de la fiction. De ce cadavre auquel il faut inventer une vie, La Ruse se transforme en jeu de rôle géant, où les inspirations du réel et de l'imaginaire s'entremêlent jusqu'à se confondre. Au milieu de tous ces non-dits, Colin Firth est comme d'habitude excellent sans trop se fouler. Une belle manière de résumer le projet.

La note d'Écran Large : 3/5

SENTINELLE SUD

Durée : 1h36

 

 

De quoi ça parle : De retour d'Afghanistan après une opération qui a viré au carnage, deux vétérans traumatisés tentent de survivre, avant de réaliser qu'ils ont peut-être été victimes de leur hiérarchie.

Pourquoi il faut le voir : Parce que le cinéma de genre français, quand il est question de polar et de politique, demeure un des plus stimulants au monde, comme le prouve le premier long-métrage de Mathieu Gérault, qui suit les parcours heurtés de deux vétérans français. La simplicité et l'intensité qu'il met dans cette paire de portraits abrasifs sont remarquables. À tel point qu'on lui pardonnera facilement une poignée de raccourcis ou d'approximations scénaristiques.

En effet, le metteur en scène et son chef opérateur Laurent Brunet trouvent l'exacte distance entre stylisation et naturalisme brut, afin de nous immerger totalement dans le quotidien aux airs de souffrière de personnages aussi démunis que décidés à survivre. Noir, simple, et sec comme un coup de boule, le film séduit aussi grâce à l'espace qu'il laisse à son duo d'excellents comédiens.

La note d'Écran Large : 3,5/5

L'AFFAIRE COLLINI

Durée : 2h03

De quoi ça parle : Un avocat commis d'office doit défendre Fabrizio Collini, ouvrier à la retraite qui a assassiné sans mobile apparent un notable octogénaire. En tentant de comprendre les raisons de cet acte, il met à jour un des chapitres les plus sombres de l'histoire allemande.

Pourquoi il faut le voir : S'il n'a rien de révolutionnaire dans sa forme et que son rythme pâtit d'un tempo souvent traînant, le film de Marco Kreuzpaintner possède plusieurs plaisants atouts dans sa manche. Tout d'abord, L'Affaire Collini a le bon goût de mettre en avant le comédien culte Franco Nero, qui prêta ses traits au mythique Django dans les années 60, et qui livre ici une prestation magnétique. Mais surtout, il réussit à être un film de procès qui préfère prendre le pouls de la société allemande et de la question du sens de la justice.

En effet, plonger dans la manière dont les institutions légales ont choisi de gérer ou non l'après-Seconde Guerre mondiale et les questions de mémoire permet au récit de questionner ce qui fonde le droit, ce qui motive nos oublis collectifs et comment la société peut tenter d'absorber, juger, évaluer ses plus terribles errements.

La note d'Écran Large : 3/5

BABYSITTER

Durée : 1h27

 

Babysitter : photo, Nadia TereszkiewiczUn petit pique-nique

 

De quoi ça parle : De Cédric, un jeune père suspendu par son employeur après une blague sexiste devenue virale sur les réseaux sociaux. Culpabilisé par son frère, il s'interroge sur les fondements de sa misogynie en écrivant un livre. De l'autre côté, sa femme Nadine tente d'écouter son congé maternité, jusqu'à ce qu'une baby-sitter vienne chambouler leur quotidien. 

Pourquoi il faut le voir : Avec son second long-métrage, la réalisatrice québécoise Monia Chokri signe une comédie grinçante sur la masculinité toxique, la charge mentale, l'hypocrisie opportuniste, et surtout la misogynie ordinaire qu'elle dissout à l'acide avec autant de pertinence que d'humour. Babysitter garde aussi un oeil bienveillant sur Nadine, dont le mari ne remarque pas la dépression, et qui se retrouve en tant que femme aux côtés d'Amy jouée par la magnétique Nadia Tereszkiewicz, dont la narration déconstruit intelligemment tous les stéréotypes qu'on serait tenté de lui coller (par misogynie justement). 

En adaptant la pièce de théâtre à succès de la dramaturge Catherine Léger, la réalisatrice a pris soin de rompre avec le statisme de son matériau d'origine. Si la majorité des événements se déroule dans des décors fermés, la mise en scène, parfois chaotique, s'emploie à donner du mouvement à l'ensemble et un véritable traitement cinématographique, notamment par le montage qui accentue les effets comiques. Pour trouver une identité plus singulière sur grand écran, le film délaisse par moment l'ambiance loufoque et l'humour absurde pour plonger vers le surnaturel et l'épouvante dans des scènes oniriques qui provoquent autant le malaise qu'elles suscitent l'intérêt.

Notre critique de Babysitter

La note d'Écran Large : 4/5

GHOST SONG

Durée : 1h16min

 

 

De quoi ça parle : Houston, Texas. Alors qu’un ouragan s’annonce, Alexandra, Will et Nate se battent pour survivre dans une ville qui semble dévorer aussi bien les gens que les rêves. Dans cette atmosphère suspendue dans le temps, ces personnages vivent leur vie entre musique, hallucinations et espoirs de rédemption.

Pourquoi il faut le voir : Parce qu'après le très beau Southern BelleNicolas Peduzzi retourne à Houston avec Ghost Song pour un nouveau film entre réalité et imaginaire. Sauf que cette fois exit les villas gigantesques des riches familles pétrolières de la ville texane et bonjour les gangs, les addictions et la misère. Le cinéaste suit deux anges déchus, OMB Bloodbath et William Folzenlogen, avec leur poésie et leur noirceur, dans une tentative de survivre à leur passé.

Mais Houston les guette, rendue menaçante mais aussi hypnotique par la caméra à la fois contemplative et instable de Nicolas Peduzzi. Ajoutons à ça l'ambiguïté entre documentaire et fiction, exaltée par de vraies séquences de la vie des protagonistes rejouées devant la caméra qui se conjuguent à des images prises sur le vif d'une vie complètement hors du réel (entre guerre de gangs et enfant exclu de sa riche famille).

En résulte une errance aussi éthérée qu'exubérante, rythmée par la progression de l'ouragan Harvey qui s'apprête à frapper la ville, épée de Damoclès sur un monde au bord du gouffre.

Notre critique de Ghost Song

La note d'Écran Large : 4/5

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