Zodiac : David Fincher revient sur la relation très tendue avec Jake Gyllenhaal

Gaël Delachapelle | 23 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Gaël Delachapelle | 23 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En pleine promotion pour le très attendu Mank, David Fincher est revenu sur sa relation tendue avec Jake Gyllenhaal, sur le tournage de Zodiac.

En pleine promotion pour Mank son onzième long-métrage, six ans après Gone GirlDavid Fincher a encore laissé son franc-parler légendaire prendre le dessus comme il le fait depuis maintenant quelques semaines. Entre sa vision pessimiste sur les blockbusters hollywoodiens, sa critique de Joker et d'Orson Welles, David Fincher est de retour et il compte bien nous le faire savoir.

En effet, le cinéaste est connu de tous pour son intransigeance envers ses acteurs et son perfectionnisme obsessionnel, et les interprètes de Mank s’en sont également donné à cœur joie pour le rappeler durant la promo du film. Ces derniers ont notamment partagé une anecdote savoureuse, où le réalisateur a bien failli faire péter un câble à son acteur principal, Gary Oldman, au bout de la 100e prise d’une scène clé du film.

 

Photo Jake GyllenhaalQuand tu entends Fincher qui arrive pour t'engueuler...  

 

David Fincher a tendance à épuiser ses acteurs durant le tournage de ses films, c’est une légende bien connue de tous à propos du cinéaste derrière Seven, et ce n’est pas Jake Gyllenhaal, l’acteur principal de son excellent Zodiac, qui vous dira le contraire. En effet, si son rôle de jeune dessinateur obsédé par le célèbre tueur en série en a marqué plus d’un, l’acteur a déjà fait part de son expérience éprouvante sur le tournage, qualifiant la méthode Fincher de "douloureuse", au point de ne plus vouloir collaborer avec le réalisateur à l’avenir.

Dans une interview, auprès du New York Times, pour la promotion de Mank, le cinéaste est revenu sur cette expérience, où il a reconnu avoir été intransigeant avec son acteur principal, qu’il trouvait "trop distrait", à l’époque du tournage :

« Jake était dans une position pas vraiment enviable à l’époque : c’était un jeune homme à qui les gens prêtaient beaucoup d’attention, et qui travaillait pour quelqu’un qui n’autorise pas de jour de pause. Je pense qu’il faut se concentrer sur ce qu’on a dans notre champ de vision, mais je crois que personne ne lui avait jamais demandé avant moi d’être aussi minutieux. Il était beaucoup trop distrait. On murmurait alors que Jarhead [de Sam Mendes, ndlr] allait être un tremplin pour sa carrière, que grâce à ce film il allait changer de ‘ligue’… Alors tous les week-ends, on lui demandait d’aller à un festival : à Santa Barbara, à Palm Springs, à Catalina… Quand il revenait bosser, son esprit était ailleurs, il était dispersé. […]

 

Photo Jake Gyllenhaal, Robert Downey Jr.Robert Downey Jr. qui veille à ce que Jake Gyllenhaal fasse le boulot demandé par Fincher... 

 

Je ne veux pas m’excuser pour mon comportement. Je peux parfaitement entrer en confrontation avec quelqu’un si je le vois se relâcher. Ça arrive à tout le monde de devoir se montrer dur. Je le suis. Alors j’essaie d’avoir de la compassion, mais en même temps, un tournage, c’est : Quatre. Cent. Mille. Dollars. La journée. On n’a qu’une chance, on ne peut pas se permettre de revenir le lendemain pour refaire la scène. […]

Je le répète aux acteurs tout le temps : je ne suis pas là pour prendre en compte votre gueule de bois, la mort de votre chien, le fait que vous ayez viré votre agent ou que ce soit lui qui ait décidé de vous virer. Une fois sur le plateau, la seule chose qui m’importe, c’est : ‘Est-ce qu’on a bien raconté cette histoire ?’ »

Si on avait encore un doute sur l’intransigeance du cinéaste envers ses acteurs sur un plateau de tournage, ça devrait suffire à le dissiper. Une chose est sûre, en poussant ses interprètes jusque dans leurs derniers retranchements, le réalisateur obtient des performances mémorables.

 

Photo Gary OldmanGary Oldman poussé à bout dans Mank

 

On se souvient tous de Jesse Eisenberg dans The Social Network, tout comme on se souvient très bien de Jake Gyllenhaal dans Zodiac, qui reste un jalon aujourd’hui, autant dans la filmographie du cinéaste que dans la carrière de l’acteur. Comme quoi, la douleur paye, et Fincher doit en savoir quelque chose… depuis son expérience désastreuse sur Alien 3.

On verra donc si la souffrance de Gary Oldman, mais aussi d’Amanda Seyfried et Charles Dance, aura payé dans Mank, dont la sortie est prévue pour le 4 décembre 2020 sur Netflix. En attendant, David Fincher explique comment il veut terminer la série Mindhunter par ici.

Tout savoir sur Zodiac

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commentaires
Stridy
24/11/2020 à 13:52

D'un côté t'as envie de dire que les acteurs ne sont pas du bétail, de l'autre ça fait partie du boulot. Et le salaire est une compensation non négligeable.

alulu
23/11/2020 à 21:15

@Pas simple,

En même temps si les problèmes extérieurs ternissent la compo d'un acteur, méthode Strasberg ou pas, le recentrage est de mise....après la façon, c'est une autre histoire. Il n'y a pas de méthode absolue pour diriger un plateau comme il n'y en a pas pour composer.

jean
23/11/2020 à 20:53

fincher tourne "le Zodiac" comme si c'était lui le Zodiac. C'est une npuveauté dans l'histoire du cinema.

Eddie Felson
23/11/2020 à 20:09

&lulu : effectivement, on pourrait se poser la question ;)

Kyle Reese
23/11/2020 à 19:44

400000 $ par jour. C'est sur ça calme. Pour les acteurs ils faut tout donner en un laps de temps très court. C'est sur c'est un métier. Et c'est sur qu'à ce prix là il n'y a pas trop de tolérance que ce soit pour les acteurs ou le reste de l'équipe, du moins sur des tournages ambitieux. La différence aussi c'est qu'un réal il bosse aussi bien avant et bien après que les acteurs aient joué, enfin je parle surtout des vrais réalisateurs, pas les "directors who don't do shit on their shot" pour les plus vieux qui connaissent. Pour les autres:

Foundation Against Directors Who Don't Do Shit On Their Shoot

https://www.youtube.com/watch?v=9YoxteJMDwo

Cépafo
23/11/2020 à 19:06

Si tous les réalisateurs avaient ce courage et cette obsession "Fincheriens",il y'aurait moins de bouse au cinéma.
L'homme a tout pigé du cinéma:

C'est le réalisateur qui est maitre à bord et qui dirige son équipage. Preuve en est qu'il est l'un des plus grands réalisateurs du cinéma .

Andarioch1
23/11/2020 à 18:52

Bah...
Les acteurs c'est comme les footballeurs, des divas avec un surplus d'ego et de gros problèmes existentiels.
ça leur fait pas de mal de voir un peu la vrai vie et d'en ch... pour faire le job.
Comme ça si un jour ils jouent quelqu'un qui bosse ils sauront de quoi ils parlent.
+1 pour Fisher Lulu

Pas simple
23/11/2020 à 18:23

Je suis assez d'accord avec ce qu'il dit surtout quand tu vois le salaire des acteurs .
Et en même temps si ton travail d'acteur est issue d'une méthode comme celle de Lee Strasberg qui consiste à faire ressortir tes expériences enfouies pour créer une certaine émotion n'ai t il pas utile de rester au fond un peu soi même ou transcender son soi pour ne laisser apparaitre que le personnage que tu incarne !

Fincher se la raconte
23/11/2020 à 17:56

comment çà , il peut pas retourner le lendemain,?
Kubrick , il retourne presque les 3/4 de Eyes wide Shut quand il s'est clashé avec Keitel, qu'il a remplacé par ami cineaste Sidney pollack
officiellement le papy Kubrick a mis 400 jours pour shooter le film!
et on a des doutes s'il avait tout bien fignolé et que c'est sa vraie version
Lucas, lui il retourne carrement ses films plus de 20 apres leurs sorties avec d'immondes cgi à la clé, lol

Gaël Delachapelle
23/11/2020 à 17:54

@fhanachi

Quand Fincher dit "couper votre gueule de bois", il ne parle pas de soigner la gueule de bois de ses acteurs mais bien de montage. Il est très clairement en train de faire allusion à l'idée de devoir "couper au montage" la prise d'un acteur à cause de sa gueule de bois ou de sa tristesse à la mort de son chien... Fincher veut que la vie perso disparaisse lorsqu'il dit action et donc que les problèmes de ses acteurs ne rentrent pas en collision avec leur personnage, d'où cette idée qu'il ne veut pas avoir à "couper des gueules de bois" de son film à cause de ses comédiens (et de leurs problèmes personnels).

On vous l'accorde, à la lecture, cela peut prêter à confusion donc on a légèrement remanié cette phrase, mais l'idée est toujours la même.

Merci pour votre vigilance.

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