Olivia de Havilland : pour ses 104 ans, retour sur une des dernières icônes de l'âge d'or d'Hollywood

Mathias Penguilly | 2 juillet 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathias Penguilly | 2 juillet 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Connue pour ses rôles dans Autant en emporte le ventL'Héritière ou encore dans La Fosse aux serpents, Olivia de Havilland fête ses 104 ans.

Fille d'immigrés britanniques au Japon, l'actrice débarque à Los Angeles au début des années 30. Alors qu'elle ambitionne de devenir professeure comme son père, elle est repérée par le réalisateur autrichien Max Reinhardt qui la convainc de signer un contrat avec le studio des frères Warner. L'actrice n'a pas encore 20 ans, elle entame alors une carrière de cinéma monumentale : en vingt-cinq ans, elle est créditée dans plus de quarante films.

En 1935, après quelques apparitions dans des comédies discrètes (Alibi Ike, Tête Chaude), elle obtient un premier rôle important - celui d'Hermia - dans une adaptation du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Sa carrière s'envole alors. Elle devient une figure du "Golden Age" (âge d'or) d'Hollywood, une période très prolifique pour le cinéma classique hollywoodien, qui commence plus ou moins avec la fin du muet (au début des années 30) et dure jusqu'à la fin des années 50.

 

photo, Olivia de Havilland, Errol FlynnOlivia de Havilland, la toute première Dame Marianne d'Hollywood

 

De ce côté de l'Atlantique, Havilland devient très célèbre après avoir joué Marianne dans la première adaptation des Aventures de Robin des bois en 1938 (elle partage alors l'affiche avec Errol Flynn), ainsi que pour son rôle de Melanie Hamilton, la cousine de Scarlett O'Hara dans Autant en emporte le vent. Ce film, déterminant pour l'actrice (il lui vaudra une première nomination aux Oscars en tant que meilleure actrice dans un second rôle), est à nouveau dans l'actualité ces temps-ci. Au coeur du mouvement Black Lives Matter, la plateforme HBO Max l'avait retiré provisoirement afin de lui adjoindre des documentaires explicatifs des points de vue exprimés - une romanisation du Vieux-Sud esclavagiste.

De nouveau nommée en 1942, elle obtient son premier Oscar de la meilleure actrice en 1947 pour son rôle dans À chacun son destin de Mitchell Leisen. Elle en obtient un second, trois ans plus tard, pour son interprétation de la timide Catherine Sloper dans le mélodrame L'Héritière, réalisé par William Wyler (L'InsoumiseBen HurFunny girl). À cette époque, l'actrice est très en vue à Hollywood, et c'est elle qui a convaincu Wyler d'adapter la pièce éponyme, jouée à Broadway, en lui confiant bien sûr, le rôle-titre.

 

photoUne légende d'Hollywood qui a su bien placer ses pions

 

En dehors des nombreux films dans lesquels elle a joué, Olivia de Havilland est connue pour sa longue rivalité avec sa soeur, l'actrice Joan Fontaine. Les disputes enfantines qui animaient leur relation se sont transformées en véritable guerre ouverte - et ultramédiatisée - alors que les deux frangines entraient en compétition pour l'Oscar de la meilleure actrice en 1942. Pour sa performance dans Soupçons (Alfred Hitchcock), la soeur cadette l'a emporté, vexant Havilland, non récompensée pour son interprétation dans Par la porte d'or. Les deux soeurs refusent de s'adresser la parole des années durant, et se déchirent même à propos des funérailles de leurs parents.

Éternelle rebelle, Havilland n'est pas spécialement reconnue pour avoir bon caractère. Une brève apparition de son personnage dans la série Feud, l'a beaucoup agacé, puisqu'elle y était représentée comme quelqu'un de méprisant et de capricieux.

 

Bette Davis, Olivia de HavillandUne femme de caractère, ici aux prises avec Bette Davis

 

Elle est aussi connue pour avoir mis fin à la toute-puissance des studios du Golden Age. À l'époque, en effet, les acteurs étaient à la merci des choix du studio avec lesquels ils avaient signé (on leur imposait les films dans lesquels ils allaient jouer et ils étaient payés au mois et non au film). Après avoir refusé de tourner dans plusieurs films de la Warner, celle-ci tente de l'attaquer pour que son contrat soit prolongé de facto en guise de réparation. L'actrice les attaque en justice et le juge lui donne raison, estimant que les acteurs hollywoodiens sont réduits en péonage (une forme d'esclavage très en vogue en Californie depuis l'après-guerre).

Le magazine Variety la place alors en couverture sous le titre "Olivia de Havilland, électron libre" et sa carrière devient plus riche : libérée du joug des frères Warner, l'actrice s'octroie le droit de tourner dans tous les films qu'elle souhaite, y compris ceux produits par d'autres studios.

 

photo, Olivia de HavillandRebel WITH a cause : Olivia de Havilland à l'attaque des studios hollywoodiens

 

À partir des années 60, alors que le cinéma classique hollywoodien entre dans une période de déclin, ses apparitions à l'écran se raréfient. Entre 1960 et 1979, elle n'a ainsi joué que dans huit films. Elle disparait complètement des radars à partir des années 80, ne faisant que quelques rares apparitions télévisées. 

Suite à la mort de Kirk Douglas en février dernier, l'actrice est généralement considérée comme la dernière "étoile" de l'âge d'or hollywoodien. Sa dernière apparition cinématographique date de 2009 : elle était alors la narratrice du documentaire I remember better when I paint du français Eric Ellena. Elle entretient d'ailleurs une relation particulière avec la France : elle a été la première femme à présider un jury cannois (en 1965) et elle y vit depuis son mariage avec un journaliste de Paris Match, au milieu des années 50.

Malgré son statut de doyenne d'Hollywood, l'actrice est toujours en excellente santé : l'année dernière, elle s'était fait offrir un vélo pour son anniversaire... Un an plus tard, elle est l'une des dernières super-célébrité de l'âge d'or hollywoodien après les décès de Kirk Douglas, Julie Gibson ou encore Diana Serra Carey. Longue vie !

 

photo, Autant en emporte le ventOlivia de Havilland, la doyenne, au chevet de tout Hollywood

Tout savoir sur Olivia de Havilland

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commentaires
Vango
03/07/2020 à 14:37

@ Adam ( je reste sage promis)

De rien ;)

"Captain Blood", "Robin Hood" et "They Died..." sont trois de ses neuf (il me semble) collaboration avec Errol Flynn, comme tu le mentionnais précédemment, je me permets de mettre cet élément en avant.

Sinon comédie méconnue selon moi que "The Strawberry Blonde" devant laquelle on passe un bon moment (et tu y retrouveras également James Cagney et Rita Hayworth).

Bonne(s) séance(s) d'avance si d'aventure tu te lances dans ces/ses film(s !.

Adam ( je reste sage promis)
03/07/2020 à 12:25

@vango merci pour la liste

ThiboS
03/07/2020 à 11:43

@vango

La qualité a décliné ? Par rapport à une époque où les critiques faisaient 30 lignes, pleines de private jokes entre rédacteurs, où un sexisme latent d'ado en chaleur ? Avec plus de mention du physique des actrices que d'arguments sur la mise en scène ?

Pour moi la qualité a grimpé, et de loin. On est passé d'un gros blog de potes à un site avec de dossiers, des critiques parmi les plus radicales et libres. Ce côté "c'était mieux avant" repose sur la nostalgie j'imagine car il suffit encore aujourd'hui de retomber sur des articles (notamment critiques, vu que j'ai aucun souvenir de dossier digne de ce nom) pour voir à quel point c'était de la rigolade avant.

Vango
03/07/2020 à 09:13

Sinon, je ne les ai pas tous vu mais voici quelques films d'Olivia de Havilland que je recommande:

"Captain Blood" (1935)
"The Adventures of Robin Hood" (1938)
"Gone With The Wind" (1939)
"The Strawberry Blonde" (1941)
"They Died with Their Boots On" (1941)
"The Dark Mirror" (1946)
"The Snake Pit" (1948)
"The Heiress" (1949)

Vango
03/07/2020 à 09:06

@ecranlarge

Un plaisir de lire cette hommage !

Continuez de publier de tels articles. Je vous suis depuis de nombreuses années, quand la page du site était alors de couleur rouge et j'avais hélas constaté que depuis le changement de présentation, la qualité de vos publications avaient globalement décliné.

Babyface
03/07/2020 à 02:43

Bel article, ça fait plaisir de mettre en lumière des legendes de leur vivant.

Adam ( je reste sage promis)
02/07/2020 à 22:21

Incroyable elle est encore vivante?? C est triste a dire mais je me souviens plus d errol flyn ou d autres persos que d elle

Ninice
02/07/2020 à 17:14

Par contre le robin des bois de 38 n'est pas du tout le premier film sur le sujet (1922, douglas fairbanks par exemple)

Free Spirit
02/07/2020 à 16:54

ROBIN DES BOIS avec EROLL FLYNN reste un souvenir Mémorable; qui est pour moi la Meilleur Version...

Pat Rick
02/07/2020 à 16:00

Très grande actrice...dont certains films pourraient de nos jours faire grincer des dents les politiquement corrects.