Scorsese vs Marvel : les réalisateurs d'Avengers : Endgame entrent enfin dans la bagarre

Les productions Marvel sont des triomphes depuis plus de 10 ans, mais il aura suffi de deux phrases de Martin Scorsese pour en mettre tous les participants en PLS.

Alors que le box-office, mais plus généralement la culture populaire de masse, sont actuellement dominés par les produits Disney/Marvel (en 2019, six films ont dépassé le milliard, et cinq viennent de là), on aurait pu croire qu’une remise en question énoncée par un grand cinéaste n’était pas de nature à troubler profondément l’armada de producteurs, réalisateurs et comédiens à l’œuvre sur ces films, et représentés dans leurs innombrables produits dérivés.

Et pourtant, lorsque Martin Scorsese a expliqué qu’en raison de schémas créatifs trop directifs et d’une tentative industrielle d’éliminer le facteur risque, les longs-métrages Marvel lui semblaient sortir de la définition du cinéma qu’il partage, tout Hollywood s’est mis à suer abondamment. On ne compte désormais plus les artistes ou ténors de l’industrie ayant pris fait et cause pour le mastodonte du divertissement planétaire.

C'est tellement pompé sur Ready Player One que c'est forcément du cinéma

Jusqu’à présent, les frangins Russo, entre autres réalisateurs d’Avengers : Endgame, étaient restés silencieux, se gardant bien de participer à ce qui ressemble de plus en plus à une bataille de purée tiède au milieu d’un restaurant d’entreprise pour cadres de la start-up nation. La poussière étant un peu retombée, et les deux réalisateurs ont profité d’une interview accordée au Hollywood Reporter pour exprimer leur point de vue.

« Au bout du compte, pour nous le cinéma, c’est défini par un film qui peut rassembler les gens en vue d’une expérience émotionnelle commune, partagée. »

Des propos sages, que personne ne songerait à remettre en question et qui, il est vrai, rappellent que le grand Scorsese, s’il adresse des reproches plus que pertinents à Disney et ses suiveurs, s’est un peu fourvoyé en les sortant du champ du cinoche. Mais rassurez-vous, les Russo ont une petite couche de populisme à l’ancienne pour vous rappeler que eux, ce sont des gars simples quand même.

 Chadwick Boseman, Anthony Russo et Danai Gurira

« Mais au bout du compte, qu’est-ce qu’on en sait ? On est juste deux types de Cleveland, Ohio et le cinéma, c’est un mot de New-Yorkais, nous, on appelle ça des films. »

Celle-là elle est un peu facile, et parce que nous sommes des gens de paix, on ne reviendra pas sur les définitions de « myopie », « metteur en scène » et « chef de chantier ».

« L’autre façon de voir les choses, c’est de se dire que personne n’est dépositaire du cinéma. Pas nous, pas vous et pas Martin Scorsese. »

Voilà, et puis comme ça, tout le monde est content. Ah sinon, The Irishman arrive sur Netflix le 27 novembre.

"Alors moi je claque des doigts et je fume la moitié des films du vieux là. Et bim."