Top science-fiction n°10 : Terminator 2

Stéphane Argentin | 7 décembre 2009 - MAJ : 14/12/2023 15:26
Stéphane Argentin | 7 décembre 2009 - MAJ : 14/12/2023 15:26

Pour lancer le compte à rebours avant l'évènement Avatar qui sortira sur nos écrans le 16 décembre prochain, la rédaction d'Ecran Large a remis le bleu de chauffe et a recommencé à se plonger dans une classement impossible.

Après vous avoir proposé notre classement des meilleurs films d'horreur dans l'histoire du cinéma, nous avons opté pour l'univers de la science-fiction et ainsi d'élire ce qui sont pour nous les 31 meilleurs films du genre. La règle de ne pas avoir plus d'un film par cinéaste ne s'applique pas ici (c'était au dessus de nos forces pour certains réalisateurs).

La seule règle que l'on a décidé d'appliquer (et qui sera critiquable comme beaucoup de règles) : un film qui était déjà dans notre classement de l'horreur ne pouvait pas réapparaître dans ce nouveau classement.  14 membres de la rédaction ont donc été invités à envoyer leur liste de leurs 70 films préférés.

A partir de ces listes, on n'a gardé que les films cités plusieurs fois par chacun d'entre nous. On a alors resoumis la liste finale à un vote pour obtenir le classement final que nous allons vous faire découvrir quotidiennement jusqu'au 16 décembre 2009 qui révèlera le numéro 1 de la rédaction.

Un éclairage par jour durant 31 jours sur des incontournables du cinéma de science-fiction.  Et en guest star pour commenter nos choix, on retrouve Vincenzo Natali, le réalisateur de Cube, Cypher, Nothing et du très attendu Splice, étant un parfait ambassadeur du futur de la science-fiction au cinéma.

 

 

10 - Terminator 2, le jugement dernier (1991) de James Cameron

 

Vincenzo Natali : Même si le film n'est pas aussi intelligent que l'original, dans sa manière d'aborder les paradoxes temporels, il a bouleversé la donne par l'introduction des effets digitaux. Ceux qui n'étaient pas nés quand ce film est sorti ne peuvent pas vraiment apprécier l'effet hallucinant que fut le "morphing". Oui, à présent vous pouvez faire la même chose avec un Mac Powerbook aujourd'hui, mais en 1991, cela semblait vraiment organique et réel... c'était comme de la magie !

Luc Besson :  "C'est un classement de journalistes !... Je vous remercie de ne pas avoir mis le 5e élément... Heureusement que c'est pas le même pour les spectateurs !"

Ilan Ferry :

Bigger and Louder, T2 surpasse son prédécesseur et fait franchir à la S.F. un pas de géant.

Laurent Pécha :

L'un des plus grands blockbusters de tous les temps. Supporte le multi-visionnage comme peu de films sur terre. Dommage que James Cameron ait lâché la barre...sans lui, Terminator n'a plus la même saveur.

Jean-Noël Nicolau :

Légèrement surestimé, T2 demeure l'archétype du blockbuster révolutionnaire et efficace. Les scènes d'action demeurent inattaquables, le reste est parfois plus discutable (l'humour, le rythme...).

 

 

 

Sept ans. C'est le temps qu'il aurait fallu patienter avant qu'une suite au plus célèbre cyborg de l'histoire du Septième Art ne voie le jour. Alors qu'aujourd'hui l'annonce d'un « n°2 » est conditionnée en quelques jours à peine après une sortie réussie en salles, une telle durée peut rétrospectivement sembler une éternité. En 1984, Terminator premier du nom se hissa en tête du box office américain le week-end de sa sortie (4 millions de dollars de recettes) avant de terminer sa carrière à quelques 40 millions auxquels s'ajoute la même somme à l'international. Un exploit au regard du budget initial d'à peine 7 millions, de l'absence totale de têtes d'affiche et d'un illustre inconnu derrière la caméra. Mais tel le bon vin, c'est avec le temps que Terminator se bonifia. Comme le disent eux-mêmes Arnold Schwarzenegger (Schwarzy) et James Cameron (Jim), c'est au fil des années, des diffusions télés et de l'exploitation en vidéo que l'aura du film s'intensifia et avec elle la demande grandissante pour un n°2.

 

 

 

PLUS VITE, PLUS HAUT, PLUS FORT

Lorsque l'annonce d'un Terminator 2 est (enfin) officialisée, la folie des grandeurs s'installe très vite autour de ce projet titanesque. Il faut dire que, dans l'entrefaite, les deux principaux intéressés sont devenus des géants. Pour T2, Schwarzy décroche ainsi un salaire record pour l'époque de 20 millions de dollars auquel s'ajoutera un luxueux cadeau de la part du producteur Mario Kassar sous la forme d'un jet privé Gulfstream III quasi neuf estimé à 14 millions. De son côté, Cameron est devenu un cinéaste aussi respecté que redouté avec ses deux autres longs-métrages des années 80. Considéré comme l'une des plus belles suites de l'histoire, Aliens, le retour (1986) réussit l'exploit pour un film de SF de décrocher sept nominations aux Oscar tandis qu'avec son tournage à rallonge et son budget explosé, Abyss (1989) appose pour de bon sa couronne de réalisateur « difficile » sur la tête de Jim. Une cohorte de légendes urbaines le suit désormais comme son ombre telles certaines vociférations sur le plateau : « Bordel, c'est exactement ce que je ne voulais pas », « C'était parfait. On la refait » ou encore des membres de l'équipe qui arborent des t-shirts sur lesquels on peut lire « J'ai travaillé sur T2, à présent je peux tout faire ».

 

 

 

 

Formé à l'école Roger Corman, Cameron est en effet capable de faire à peu près tout sur un plateau de tournage tandis que son perfectionniste exacerbé le conduit à exiger en permanence le maximum de l'ensemble de ses collaborateurs. Schwarzy lui-même reconnaitra que son grand ami Jim, déjà exigeant sur le plateau du premier volet, le fut encore davantage sur celui du deuxième. Il faut dire qu'avec un budget initial de 75 millions de dollars qui enflera à vue d'œil pour atteindre au final les 100 millions (autre record pour l'époque), il y a de quoi être exigeant. Les premières bandes-annonces de T2 et leur cortège d'explosions et de courses-poursuites feront toutefois bien vite taire les mauvaises langues. Mais ce seront surtout ces poignées d'images informatiques entraperçues qui laisseront sans voix le public en même temps que l'ensemble de la profession.

 

 

 

UNE REVOLUTION TECHNOLOGIQUE

Alors que le premier teaser montre la chaine d'assemblage du T-800 (des images qui ne figureront nulle part dans le métrage final) avant de se conclure sur le célébrissime « I'll be back », la bande-annonce s'ouvre avec les trois phrases suivantes : « Même fabrication. Même modèle. Nouvelle mission » avant de dévoiler un T-800 désormais reprogrammé pour protéger le futur leader de l'humanité face à un tout nouveau modèle de Terminator : le T-1000. Fruit de l'imaginaire de Cameron devenu possible par la magie de l'informatique, le T-1000 marque une nouvelle étape en matière d'effets spéciaux numériques après une quinzaine d'années de révolutions en tous genres : les séquences spatiales de Star Wars (1977), le projet Genesis de Star Trek II (1982), le chevalier de vitrail du Secret de la pyramide (1985), le premier morphing de Willow (1988) ou encore l'alien liquide d'Abyss (1989). Mais ces différentes avancées ne seront rien comparées à ce que Cameron a en tête pour son T-1000. Les petits génies d'ILM et leurs superordinateurs dotés d'un budget de 5,5 millions de dollars devront ainsi turbiner d'arrache-pied durant près d'un an pour cracher les trois minutes et demi d'images de synthèse de ce cinéma d'un nouveau genre. Trois minutes trente sur les quinze d'effets spéciaux pour un total de 300 plans truqués que comporte le film. De quoi faire taire les détracteurs qui réduisent souvent T2 a une simple démonstration de force (pyro)technique.

 

 

 

SARAH CONNOR : LA FEMME EST L'AVENIR DE L'HOMME

Car ce qui meut les longs-métrages de James Cameron, ce sont bel et bien avant tout leurs histoires et leurs personnages. De préférence féminins. La nomination aux Oscars de Sigourney Weaver pour son rôle d'Ellen Ripley dans Aliens, le retour est là pour le confirmer et l'intégralité de la filmographie du cinéaste est là pour le réaffirmer. Chez Cameron, les femmes endossent n'importe quelle armure, prêtes à tout endurer pour ceux qu'elles aiment : périr noyer pour sauver leur mari (Abyss), se donner en striptease devant un parfait inconnu (True Lies), survivre à son bien-aimé contre vents et marées (Titanic), sans oublier bien sûr protéger leurs progénitures contre les créatures les plus redoutables qui soient (Aliens et T2). L'amour conjugal et l'amour maternel sont au cœur du cinéma de James Cameron pour mieux s'opposer à un monde froid (la photographie toute bleutée de T2) et jonché de cadavres (l'hallucinante scène d'ouverture futuriste et ses monceaux de crânes) où l'homme tente encore vainement d'exister en tant qu'entité vivante organique.

 

 

 

L'apparente simplicité des dialogues est d'ailleurs là pour nous exposer toute la dualité de l'homme face à la science : « C'est dans votre nature de vous détruire vous-même » ou encore « Vous ne savez pas ce que c'est que de sentir une vie grandir en vous. Tout ce que vous savez créer, c'est la mort et la destruction » sonnent comme autant de lapalissades qui font pourtant mouches lorsqu'elles sont mises en opposition à la puissance évocatrice des images telle cette tétanisante séquence nucléaire que de véritables scientifiques iront même jusqu'à désigner comme la représentation la plus réaliste qui soit d'une telle explosion. Ce n'est pas un hasard si, sur le même thème, Cameron qualifiera le Ghost in the shell (1995) de Mamoru Oshii de « chef d'œuvre visionnaire », lui qui n'a de cesse de repousser les limites de la technologie en matière de Septième Art tout en questionnant les rapports ambivalents qu'entretient l'Homme avec ses précieux joujoux high-tech.

 

 

 

À ce titre, une séquence présente au sein de la director's cut du film (la seule véritable version pleine et entière de T2) et retirée non sans regret par le réalisateur pour satisfaire au dictat de la durée imposée en salles à l'époque (cf. le commentaire audio du DVD / Blu-ray) illustre à merveille ce concept matriciel du cinéma de Cameron : la scène où Sarah et son fils John décident d'ôter la fameuse puce du cerveau du T-800. Tourné avec le bon vieux système D (Linda Hamilton et sa sœur jumelle, Edward Furlong et sa doublure, Schwarzy et une marionnette de sa tête, le tout filmé à l'aide d'un panotage qui ne trahit en rien l'illusion de miroir), la séquence en question synthétise à elle seule toutes les préoccupations chères à la science-fiction : interroger le spectateur sur ses propres convictions vis-à-vis du monde dans lequel il vit. Faut-il se débarrasser des avancées technologiques détournées de leur fonction originelle et devenues néfastes pour l'Homme ou bien faut-il faire confiance à nos enfants qui sauront faire bon usage des créations de leurs aînés ?

 

 

 

 

À ce titre et loin du simple Terminator 1 gonflé aux hormones et nimbé d'un humour plus « grand public » auquel certains le réduisent bien trop vite, T2 se pose donc comme une œuvre phare du Septième Art, à fortiori de science-fiction et, in fine, de toute la filmographie de James Cameron dont l'unique objectif a toujours été de conter des histoires fortes emmenées par leurs personnages, indépendamment de la technique employée.

Stéphane Argentin

 

 

Tout savoir sur Terminator 2 : Le Jugement dernier

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