Spetters : le film si dérangeant qu'il a poussé Verhoeven à l'exil

Marvin Montes | 5 septembre 2023 - MAJ : 05/09/2023 14:31
Marvin Montes | 5 septembre 2023 - MAJ : 05/09/2023 14:31

Parmi les oeuvres, toutes fondamentalement provocatrices et explicites, de Paul Verhoeven, il en est une qui pousse la transgression au rang d'orfèvrerie : Spetters.

Les qualificatifs ne manquent pas lorsqu'il s'agit de définir la portée de l'oeuvre, absolument unique, de Paul Verhoeven. En plus de cinquante ans de carrière, celui que l'on surnomme un peu vite "le Hollandais violent" a défrayé la chronique à de nombreuses reprises, à coups de thématiques audacieuses, de sujets brulants et de saillies graphiques incomparables (et pas toujours bien comprises).

De Katie Tipell à Black Book en passant par La Chair et le Sang ou Basic Instinct, le réalisateur, originaire des Pays-Bas, mais aussi actif aux États-Unis et en France, n'a jamais laissé tomber sa verve et son goût immodéré pour la provocation. Il existe pourtant un long-métrage, en l'occurrence le cinquième de la filmographie du cinéaste, qui repousse plus loin encore les limites de l'immoralité, en dépeignant une jeunesse hollandaise dépourvue de tous ses atours charmants : Spetters.

 

Spetters : photoGénération perdue

 

Glissade

En 1980, Paul Verhoeven sort de son premier succès international. Trois ans plus tôt, Le Choix du Destin (aussi connu sous le titre Soldier of Orange) avait en effet investi les salles obscures du monde entier, allant jusqu'à obtenir une nomination aux Golden Globes, dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Tiré des mémoires du légendaire résistant Eric Hazelhoff Roelfzema, Le Choix du Destin se prévalait, en prime de son parrainage par la reine Juliana et du soutien public de l'armée néerlandaise, du statut de film le plus cher jamais produit aux Pays-Bas à sa sortie.

Après cette plongée, plutôt appréciée, dans le milieu intellectuel hollandais (le film articulait son intrigue autour d'étudiants de l'université de Leyde), Verhoeven voit les portes d'Hollywood s'ouvrir devant lui lorsque la Fox tente de lui confier la réalisation de L'empire contre-attaque, suite attendue du succès Star Wars. Pourtant, le réalisateur choisit de brutalement changer de braquet, en livrant une oeuvre centrée autour d'une classe ouvrière désillusionnée et abandonnée. Spetters sort en 1980, et change drastiquement les perspectives d'avenir du cinéaste.

 

Spetters : photoLa motocross, son univers impitoyable

 

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commentaires
Eomerkor
10/09/2023 à 15:23

Je l'ai vu il y a longtemps. Même si j'avoue que je ne me rappelle plus de tout ce qui s'y passe, il y a cette scène de viol collectif qui est tout autant pénible à regarder que révélatrice de l'ambigüité de ce qu'éprouve sa victime (à l'instar du viol collectif dans la "Chair et le sang").
Verhoven aime jouer avec la morale de nos sociétés et ses contradictions, et aussi une certaine perversité dans les échanges humains. On le retrouver tout autant dans ses premiers films que dans ses productions US. Aucune misanthropie chez lui ni le désir de choquer. C’est juste que rien n’est ni tout blanc ni tout noir, ni tout gris mais toujours pleinement humain.
En dehors de la censure de scènes crues, un film comme Spetter pourrait-il voir le jour aujourd'hui ?

Pat Rick
05/09/2023 à 20:35

Un excellent film de Verhoeven.